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Sirona Ryan – le premier personnage transgenre du Wizarding World fait débat

La sortie du jeu Hogwarts Legacy : l’Héritage de Poudlard n’est pas le long fleuve tranquille qu’elle aurait pu être il y a quelques années. Entre les relents d’antisémitisme (déjà évoqués) et le militantisme transphobe de J. K. Rowling*, le terreau est propice à la polarisation. Le battage médiatique autour de la sortie du jeu contribue inévitablement à raviver les polémiques, et alimente le moulin des uns comme des autres.

C’est dans ce contexte que la rencontre avec Sirona Ryan, tenancière des Trois Balais dans Hogwarts Legacy, survient pour les joueurs. Au détour d’une ligne de dialogue, elle indique que ses camarades de classe la reconnaissent peu, car ils la connaissaient comme « un sorcier, pas comme sorcière« . Certains sont passés à côté de cette allusion discrète à la transidentité du personnage, mais le débat autour des positions politiques de Rowling a très rapidement rattrapé le jeu.

Une tentative de main tendue

L’inclusion du premier personnage transgenre du Monde Magique semble pourtant, sur le papier, être un beau geste. Les équipes créatives et développeurs du jeu ont clairement cherché à proposer un monde plus inclusif et réaliste en matière de diversité. Couple lesbien ; élèves venus de continent différents et aux origines multiples (après tout, le Royaume-Uni est un pays multiculturel depuis longtemps) ; personnalisation assez libre qui permet d’associer voix masculine et corps plutôt féminin (ou inversement) ; répliques faisant référence au personnage principal par un pronom neutre (en anglais)… L’ajout de Sirona Ryan apparaît comme une tentative de plus pour se distancer des propos de l’autrice.

Le personnage est d’ailleurs, probablement, doublé par une femme trans dans la version originale (Rebecca Root). « Probablement« , car les doubleurs et doubleuses ne sont pas associé.e.s à des personnages spécifiques au générique. Si c’est bien le cas, c’est une approche plutôt respectueuse, qui permet à une personne issue d’une communauté et même engagée au sein de celle-ci d’incarner un personnage censé les représenter.

Alan Tew, game director, a ainsi affirmé à IGN : « Nous savons que les fans du Wizarding World sont un public diversifié. Notre but, c’est de nous assurer que ce public, qui a toujours rêvé de ce jeu, puisse se sentir accueilli à bras ouverts. Que ce monde est leur foyer, et qu’ils peuvent y écrire leur histoire. »

Malheureusement, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Dans leur représentation de ce personnage, les développeurs ont commis un certains nombre de faux pas aux yeux d’une partie de la communauté LGBTQ+ et de ses allié.e.s.

Des décisions artistiques critiquées

Tout d’abord, le nom du personnage, Sirona Ryan, a été fortement décrié. Certains ont pointé du doigt le fait que « Sirona » commencer par « Sir« , une formule de respect masculine en anglais. Les diminutifs des noms étant communs au Royaume-Uni, le personnage serait très facilement appelé « Sir« , ce qui semble malvenu.

Sirona est pourtant un nom féminin, tiré de la mythologie celtique. Cependant, l’un des attributs de la déesse Sirona est le serpent (qui, dans l’Antiquité, représente la mort, associé aux œufs pour la vie). Une coïncidence (ou pas) qui évoque une métaphore pour des organes génitaux masculins. Le fait que Sirona soit également tenancière des Trois Balais rappellerait la désignation de « third leg », utilisée de manière péjorative en anglais pour parler d’un pénis. Les fans de la saga eux-mêmes plaisantent souvent sur des allusions grivoises aux balais et au « serpent dans la Chambre des Secrets ».

Son nom de famille est également remis en question. Si, aujourd’hui, « Ryan » est de plus en plus utilisé de façon neutre, tant pour un homme que pour une femme, son étymologie (« righ an » en gaélique) se traduit par « petit roi ». Baptiser une femme transgenre « Sirona petit roi« , ça ne passe que moyennement. Certains détracteurs ont ironisé en proposant d’autres noms potentiels, comme « Nota Woman » (Pasune Femme).

Enfin, la voix en anglais paraîtrait masculine et serait même « celle d’un homme« . Cet argument devient lui-même problématique lorsqu’on sait que le personnage a probablement été incarné par une femme trans… mais certains soulignent que Rebecca Root, coach vocal, a une voix habituellement plus féminine, et qu’il lui aurait été demandé expressément de prendre une tessiture plus grave. Ce serait donc un choix (inapproprié), pour insister sur la transidentité de Sirona.

L’écran de fumée

Bien que, selon le studio Avalanche, J. K. Rowling ne soit pas impliquée dans le processus créatif du jeu, certains y ont donc vu un geste hypocrite. L’inclusion de ce personnage transgenre serait, au mieux maladroite, au pire volontairement moqueuse. Elle servirait également à rassurer les indécis, quant au fait qu’acheter le jeu n’équivaudrait pas à soutenir les positions de J. K. Rowling.

Malheureusement, à la découverte de ce personnage, les réactions transphobes ne se sont pas faites attendre. Des joueurs ont ainsi fait part de leur impatience à l’idée d’utiliser des sorts impardonnables sur Sirona, et la désignent désormais au masculin.

Quoi qu’il en soit, que Sirona Ryan soit intégrée avec de bonnes intentions ou par pur calcul marketing, le geste reste symbolique. Même si l’équipe du jeu ne partage pas les opinions de J. K. Rowling, le succès de Hogwarts Legacy renforce l’autrice tant financièrement que culturellement. La présence de personnages transgenres n’apporte pas de vraie réponse au problème de fond dénoncé par de nombreux.ses fans et allié.e.s de la communauté LGBTQ+.

Qu’on le veuille ou non, malgré son inclusivité, contribuer au succès de Hogwarts Legacy, c’est :

  • Enrichir J. K. Rowling, qui investit notamment dans des procès contre les principales associations LGBT britanniques, comme Stonewall.
  • Indiquer aux équipes marketing du monde entier que l’univers de Harry Potter reste un investissement rentable, ce qui finira par enrichir J. K. Rowling même si elle a déjà touché les droits pour Hogwarts Legacy.
  • Contribuer au sentiment de l’autrice que la majorité des fans partage ses opinions.
  • Amplifier l’aura médiatique de Rowling, et donc la portée de ses prises de position.

Chacun est libre ensuite, en son âme et conscience, d’agir comme bon lui semble face à cet inéluctable constat. Que l’on accorde, ou non, du crédit aux critiques visant la présence de Sirona Ryan.

Sources : EW, GamesHub, JV.com, TheGamer, Neon, PinkNews

* Mais qu’à dit J. K. Rowling ? Bref rappel

J. K. Rowling milite, notamment, contre l’adoption d’une loi en Écosse qui permettrait aux personne transgenres d’obtenir plus facilement un « Certificat de genre« . Selon le site du gouvernement britannique, ce certificat permet de faire 3 choses :

  • Mettre à jour le certificat de naissance, pour refléter un changement de genre
  • Être reconnu dans son genre lors de son mariage
  • Être reconnu dans son genre sur son certificat de décès.

Le site précise également qu’un tel certificat n’est pas nécessaire pour mettre à jour ses documents d’identité (passeport, carte d’identité). Il n’a donc aucun impact sur la vie quotidienne et permet simplement aux personne transgenres de ne pas être mé-genrées dans des cas très précis. Ce certificat ne facilite aucunement la transition en elle-même, il s’agit plutôt d’une ultime étape pour finaliser celle-ci.

Actuellement, obtenir un tel certificat est un véritable parcours du combattant. Il faut avoir plus de 18 ans ; disposer de deux lettres par des médecins qui approuvent la démarche ; et prouver par un dossier complet que la personne « vit dans son genre désiré » depuis 2 ans. Dans le cas d’un homme trans, donc, il doit prouver qu’il utilise les toilettes des hommes depuis au moins 2 ans, et que son entourage interagit avec lui comme avec un homme.

La réforme à laquelle J. K. Rowling s’oppose vise à simplifier la démarche, en éliminant l’obligation des lettres de médecins ; en réduisant à 3 mois la durée sur laquelle la personne doit prouver son identité ; et en rendant la démarche accessible dès l’âge de 16 ans. L’autrice prétend que ces changements auraient des conséquences négatives sur les personnes cisgenres (personnes qui ne sont pas transgenres), alors que les législateurs rappellent que ce ne sera aucunement le cas. Rowling soutient également des personnes ouvertement favorables à « réduire le nombre de personnes transgenre » qui sont « un problème pour un monde sain«  selon leurs propres mots, et soutien la thèse selon laquelle la transidentité serait le fruit d’une contagion sociale.

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