Hogwarts Legacy – Des fans dénoncent un scénario aux relents antisémites
Presque plus attendu que Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore, le futur jeu vidéo Hogwarts Legacy a déjà fait couler beaucoup d’encre… et ce n’est pas terminé. Les annonces faites lors du State of Play ont suscité l’enthousiasme de certains, mais elles ont, au contraire, été une douche froide pour d’autres.
Si nous sommes nombreux à avoir hâte de découvrir toutes les promesses de ce monde ouvert, l’intrigue même du jeu fait grincer des dents.
Une histoire de gobelins
Pour prendre la mesure du problème, il faut revenir un peu en arrière. Depuis des années, la représentation des gobelins est reprochée à la saga comme un trope antisémite. Nez et doigts crochus ; relation particulière à l’argent… ces éléments font échos à la propagande Nazi. Certains critiquent cet aspect dans les livres, mais ce sont surtout les films qui ont accentué le parallèle. Il suffit de mettre en parallèle les images du film et les affiches de la Seconde Guerre Mondiale pour retrouver la ressemblance.
La parallèle fait débat, même pour certains Juifs, qui estiment que la figure folklorique du gobelin n’est liée que de loin à la propagande. Ou plutôt, que la propagande a utilisé les caractéristiques des gobelins du folklore, et que ni Rowling ni l’équipe des films ne peuvent être blâmés pour l’usage que les Nazis en ont fait.
L’excuse n’est pas absurde, mais elle ne se tient pas non plus tout à fait. Rowling n’a jamais hésité à s’écarter des mythes préexistants ; ses elfes ne sont pas ceux de Tolkien. Les êtres de l’eau du film ne sont pas non plus des sirènes au sens le plus traditionnel du terme. Les descriptions mythologiques des gobelins sont par ailleurs très fluctuantes, en fonction des pays. Il est donc théoriquement possible de décrire des gobelins qui ne tombent pas dans un cliché aux échos douloureux.
Malheureusement, le premier film de la saga Les Animaux fantastiques en remet une couche. Et là, il n’y a pas de livre pour prétendre que les films ont empiré la situation. Dans le scénario qu’elle a rédigé seule, Rowling fait du seul gobelin… un tenancier de bar véreux, voir mafieux. L’appel de l’argent, tout ça, tout ça…
Par ailleurs, d’autres polémiques sont venues, depuis, nourrir ces accusations. Très récemment, Rowling a pris parti pour un mouvement transphobe dont l’une des idées est l’existence d’un complot soutenu par des milliardaires juifs pour financer « l’agenda LGBT transhumaniste » (voir aussi). Un complot mondial, orchestré par de riches juifs pour déstabiliser la société, ça ne vous rappelle rien ?
Déjouer le complot
Résumé en une phrase, cette idée fait froid dans le dos. Elle nous renvoie aux périodes les plus sombres de notre histoire. C’est pourtant, d’une certaine manière, l’intrigue de Hogwarts Legacy, L’Héritage de Poudlard. Les joueurs vont devoir déjouer une tentative de révolte des méchants gobelins, ceux que les sorciers asservissent depuis des siècles, qui manigancent en secret. Les gobelins, auxquels les sorciers ont retiré le droit de détenir une baguette… Qui ont dû attendre 1865 pour obtenir le droit de gérer en autonomie une banque fondée par l’un des leurs en 1474…
Autant dire qu’ils ont des raisons de se révolter ! Le jeu se déroule fin des années 1800, la gestion autonome de Gringotts date d’à peine plus de 40 ans ! Les gobelins ne sont toujours pas représentés au sein des institutions gouvernementales ; une carte de chocogrenouille glorifie Yardley Platt, un tueur de gobelins, etc… Ce n’est d’ailleurs pas leur première révolte, comme nous le rappellera sans doute le professeur Binns, et les précédents conflits n’ont probablement pas été résolus autour d’une tasse de thé.
Alors, certes, la différence est qu’il n’y a pas de complot mondial juif, tandis qu’il y a une véritable menace de la part des gobelins. Ils s’allient d’ailleurs à un certain Rookwood, ancêtre d’un Mangemort connu et issu d’une famille de Sang-Pur dont l’idéologie n’est plus a commenter. Malheureusement, associé aux polémiques déjà existantes, certains considèrent le sujet au mieux maladroit, au pire dangereux et inconscient.
Esclavage et liberté
En plus d’un scénario qui matérialiserait ou s’inspirerait d’une théorie complotiste et raciste, un autre élément de la bande-annonce a fait tiquer certains fans. Le personnage principal du jeu et, à travers lui, les joueurs, sera ainsi assisté par un elfe de maison, autrement dit un esclave.
Avec Hermione, les livres essayent de dénoncer le statut de ces êtres magiques, mais on nous fait également passer le message de « finalement, ils sont heureux d’être esclaves« . On sait par ailleurs que leur esclavage n’a pas été souvent remis en question par d’autres sorciers. Certains s’inquiètent donc de ne pas voir cette situation abordée avec la nuance qu’elle mérite et qui s’impose.
La question se pose donc : les joueurs seront-ils esclaves du scénario eux-mêmes ? Ou pourront-ils s’en libérer, en offrant des vêtement à Deek et en luttant aux côtés de gobelins après avoir écarté Rookwood, par exemple ?
Car tout n’est pas encore joué : nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise qui ferait finalement du mage noir le véritable ennemi à abattre, tandis que Ranrok, le chef des gobelin, se retourne également contre lui. Après tout, le jeu nous propose en théorie de choisir notre camp. Et Deek mérite sa liberté autant que Dobby. On peut donc espérer que ces possibilités s’offriront à ceux qui se sentent de rectifier les erreurs du monde des sorciers.
Sources : ScreenRant, Madmoizelle