Critique : Les Animaux Fantastiques – les Secrets de Dumbledore, texte du film
Après sa sulfureuse sortie en avril dernier, le film Les Secrets de Dumbledore paraissait cet été en DVD. L’ouvrage dédié au texte du film a rapidement suivi !
Le contenu making of
Ce livre se démarque évidemment des deux précédents par sa première de couverture. En effet, les deux premiers avaient bénéficié du travail du fameux studio de graphistes MinaLima. Arabesque, tracé manuel, on retrouvait la patte artistique du duo. Ce troisième ouvrage prend une direction totalement différente. La première de couverture nous propose une esthétique inspirée de l’affiche du film. De plus, elle envoie un message clair. Poudlard est visible dès la couverture, il ne sera jamais bien loin dans l’intrigue !
Par ailleurs, en terme de contenu, l’ouvrage propose un enrichissement par rapport à ses deux aînés. En effet, en plus du script, les éditeurs ont inséré de la matière qui nous permet d’avoir un aperçu des coulisses du film. David Heyman, producteur, Eddie Redmayne, Jude Law et d’autres membres de l’équipe et du casting commentent l’écriture ponctuellement. Des encarts en pleine page leur sont même réservés.
Il est intéressant d’avoir une idée de leur propre perception de l’image ou du personnage qu’ils incarnent à le lecture.
Le « sérieux » de l’image se retrouve aussi dans la maquette des pages à l’intérieur de l’ouvrage. En effet, les arabesques sont beaucoup plus discrètes, et les illustrations ne sont plus simplement décoratives. Leur caractère « enfantin » laisse place à des images développées par la direction artistique des Animaux Fantastiques.
En effet, nous avons accès à de véritables de documents de travail. Croquis, dessins conceptuels et autres sont insérés dans le texte. Nous pouvons ainsi admirer les croquis de nombreux personnages (voir ci-dessus) et constater que l’imaginaire des équipes techniques a fait son chemin jusqu’au plateau de tournage ! Cela permet de plonger un peu plus derrière la caméra, en l’absence d’autre livre sur les coulisses du film.
La continuité sacrifiée
Néanmoins, il est difficile de nier que le design de ce troisième ouvrage n’assure aucune continuité avec les deux précédents. Il fait peut-être pour certains « un peu tâche » sur la rangée de bibliothèque. Si on comprend que ce n’est pas exactement le même type de contenu que l’on nous propose, on regrette tout de même de ne pouvoir toucher du bout des doigts le travail de MinaLima une fois de plus.
En outre, les inserts, informatifs, peuvent parfois couper la lecture, d’autant plus qu’ils sont souvent en pleine page. Heureusement ils sont toujours liés au contenu de la page que l’on vient de terminer, ou de la page qui suit !
La richesse du texte
Comme pour le texte des deux films précédents, le livre apporte des précisions dans ses didascalies qui sont absentes à l’écran. La différence entre le monde miroir dans lequel Dumbledore affronte Credence, et la dimension étrange dans laquelle il affronte Grindelwald, sont ainsi plus claires. Les précisions des acteurs ajoutent également de la profondeur aux personnages. On apprend par exemple que la haine de Grindelwald envers les moldus lui viendrait d’un traumatisme d’enfance.
Mais ce qui frappe également dans ce livre, c’est l’usage plus régulier de métaphores. Le gardien de la prison tombe de sa chaise « comme un tronc d’arbre qu’on abat » ; une précision inutile dans un script de film. Lorsque Dumbledore et Grindelwald s’affrontent, « le monde s’arrête de tourner » puis « le monde se remet à tourner », pour indiquer ce sentiment de temps suspendu. Les images, métaphores et simile qui trouvent plus naturellement leur place dans un roman, sont plus nombreux dans ce texte.
Le livre apporte donc des informations potentiellement utiles à une meilleure compréhension de l’histoire mais, ce faisant, il souligne aussi paradoxalement les manquements du film. Il nous rappelle que la saga ne fonctionne que très moyennement au cinéma, parce que le format des scénarios n’est pas adapté à l’écran.
Pour acheter « Les Secrets de Dumbledore, le texte du film » :
Merci Gallimard Jeunesse de nous avoir fait parvenir ce livre.
