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Podcast PLAGE ep. 4 : Et si Rogue était barbu ?

La question-titre de cet épisode vous semble étrange ? Et pourtant, les illustrateurs.trices des premières éditions américaines et françaises ont bien imaginé le Professeur Rogue avec une barbe… Moona replonge avec Pantalaemon dans l’enquête de ce dernier sur la représentation de la pilosité faciale du Maître des Potions.

Partageant régulièrement dans les colonnes de la Gazette sa passion pour les illustrations de couverture et les différents choix des artistes, Pantalaemon avait remarqué un détail curieux dans le travail de Jean-Claude Götting et Mary GrandPré : ils représentent Rogue avec une barbe. Revenir sur les réflexions qui avait accompagné l’écriture de cet article permet d’aborder la question de la liberté d’interprétation des illustrations. L’occasion d’imaginer nos personnages favoris autrement que leur incarnation filmique ?

Animation : Moona
Invité : Pantalaemon
Montage : Leely
Graphisme : Salem

Transcription : Rowenaz

Ambiance estivale 

Cet été, ASPIC est en mode P.L.A.G.E ! Le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival. Prenez votre tuba, et plongez entre les vagues des articles d’analyse des rédacteurs de la Gazette du Sorcier ! 

Moon (M) : Sorcières, sorciers et moldus, érudits ou curieux, bienvenue pour ce nouvel épisode de P.L.A.G.E, le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival, le format d’été de ASPIC ! Je suis Moon, rédactrice, et membre du club de lecture au sein de la Gazette, et aujourd’hui je vous propose de rentrer dans les coulisses de l’article intitulé « Par la barbe de Rogue », avec son auteur Pantalemon. 

Pantalemon (P) : Hello ! 

M : Alors, Panta, bien que je doute que qui que ce soit ignore qui tu es sur ce podcast, peux-tu malgré tout te présenter s’il te plaît ? 

P : Je vais le faire très rapidement parce que je me suis présenté déjà très récemment. Je suis l’ancien rédacteur en chef de la Gazette, j’ai repris le site en 2011 et actuellement je suis directeur de la publication, depuis plus de 10 ans, j’ai écrit beaucoup d’articles de toute sorte sur le site. 

M : Notamment des articles d’analyse. Justement, pour parler de cet article qui s’intitule « Par la barbe de Rogue », on peut dire qu’il est insolite ! Comment t’es venue l’idée de traiter de ce sujet qu’est la pilosité faciale du professeur Rogue ? 

P : C’était au moment où Jim Kay travaillait sur les illustrations, j’ai voulu retrouver un peu des vieilles illustrations, des vieux dessins…etc. Il y a un dessin que j’ai souvent cherché qui était le dessin sur la quatrième de couverture du tome 1 de Harry Potter à l’École des Sorciers en français par Jean-Claude Gutting, où Rogue avait une barbe. C’était sur les premières impressions uniquement, et après il a été supprimé. Du coup, c’était un moment où les illustrations intéressaient un peu tout le monde, il y avait des brouillons de J.K Rowling… Et je me suis demandé pourquoi cette illustration m’intéresse tellement. Je me suis posé la question et je me suis dit que j’allais écrire un article à ce sujet. 

M : En fait c’est plutôt l’image qui t’as amené à cette analyse, plutôt que le texte. 

P : Tout à fait ! C’est l’image et le contexte : on parle d’illustrations, pourquoi, qu’est-ce que j’attends, pourquoi cette illustration-là me fascine un peu, pourquoi je suis curieux de la retrouver ? Pourquoi j’y pense dans le contexte actuel ? Pourquoi les illustrations de Jim Kay qui vont arriver à l’époque sont importantes ? Qu’est-ce que ça nous apporte que Rogue ait une barbe ou pas ? Je suis allé retrouver aussi les brouillons de Rowling avec ses dessins à elle, où on voyait que Rogue avait une barbe. J’étais tombé aussi sur les illustrations de chapitres des tomes américains par Mary GrandPré où Rogue a une barbe… Je me suis dit que c’était fou qu’ils aient tous dessiné Rogue avec une barbe, et depuis qu’on voit les films avec Alan Rickman où il est imberbe, plus jamais personne n’a dessiné Rogue comme ça, alors que tout le monde était à une époque d’accord sur la représentation de Rogue avec une barbe. 

M : En effet. Justement, ce qui m’a beaucoup impressionnée à la lecture de l’article c’est que j’ai l’impression que tu as effectué – forcément comme c’est un article d’analyse – un travail de recherche très important. Mais je me demande : est-ce que c’est quelque chose que tu as collecté avec le temps ? Là, tu parles du fait que lors de la sortie des tomes avec les illustrations de Jim Kay ça intéressait tout le monde donc ça a donné lieu à ce sujet… Voilà, est-ce que c’est quelque chose que tu avais en tête et que tu as collecté au fil du temps ou tu as cherché au moment de l’écriture de l’article ? 

P : C’est quelque chose que j’avais déjà regardé parce que les illustrations des chapitres des tomes américains, par exemple, c’est quelque chose que j’avais déjà cherché à remettre en avant. Par exemple, avec ces illustrations, je n’avais jamais capté que ce fameux personnage avec une barbe c’était Rogue. Je me demandais un peu qui c’était. Je n’avais jamais vraiment fait attention que c’était lui. Cette illustration de Jean-Claude Gutting m’intéressait parce que je me disais que c’était intéressant de voir que sur la couverture française, il y a eu ce personnage qui a été supprimé pour une raison ou une autre. J’ai fait des recherches un peu supplémentaires pour rédiger cet article, c’est à dire que j’avais contacté à l’époque Jean-Claude Gutting lui-même pour lui demander s’il y avait une raison pour laquelle il avait dessiné Rogue avec une barbe, et s’il y avait une raison pour laquelle il avait été supprimé par la suite. 

M : Et alors ? 

P : Et alors il faut comprendre que Jean-Claude Gutting a fait beaucoup d’illustrations, c’est un artiste qui travaille beaucoup en dehors de Harry Potter, et à l’époque sa première réponse était « Je n’ai jamais fait de tel dessin ! ». Moi qui cherchais une illustration en haute définition du dessin, je me suis dit « Ah, c’est quand même ballot si lui-même ne s’en souvient pas ! ». Et j’ai trouvé quelqu’un d’autre qui avait le vieux livre avec le dessin de Rogue dessus, qui m’a donc envoyé une photo, que j’ai envoyée à Jean-Claude Gutting qui m’a dit « Ah oui, effectivement, j’avais fait ce dessin ! Je n’en ai plus la trace mais oui, maintenant que vous le dites, effectivement j’avais fait ce dessin. Je ne sais pas pourquoi il a été supprimé. ». 

M : D’accord, donc petite déception quand même. 

P : Oui, petite déception. Je me suis dit « Bon, j’avais peut-être un truc intéressant-là, et finalement il y a n’y a pas de réponse ». Mais voilà, ça ajoute un peu au mystère de pourquoi Rogue était barbu à une époque et ne l’est plus. 

M : C’est fou ça ! J’imagine que… En tout cas, moi qui ait écrit aussi quelques articles d’analyse, c’est un petit peu particulier d’aller voir, d’avoir une source comme ça, vivante, comme Jean-Claude Gutting. Comment s’est passée ta prise de contact avec lui ? C’est quelque chose d’habituel pour toi, quand tu rédiges, ou c’était assez ponctuel ? 

P : C’est quelque chose qu’on essaie de faire de temps en temps, d’aller à la source directement et de demander aux personnes qui pourraient nous répondre. La prise de contact s’est faite… Il fallait trouver son contact, écrire un mail en expliquant. Pour moi c’est quelque chose… J’aime beaucoup ce qu’il a réalisé pour les livres d’Harry Potter, je trouve que les premières couvertures de la saga sont vraiment superbes, donc j’espérais une réponse, évidemment ! C’est toujours un peu une bouteille qu’on jette à la mer, on n’est jamais certain. C’était chouette d’avoir une réponse même si ce n’était pas celle qui était attendue, au final. C’est vraiment super cool qu’il ait pris le temps d’échanger deux trois mails pour discuter de ça ! 

M : J’imagine ! 

P : C’est sûr que si c’est un article qui permet ce genre de prise de contact on le fait. Quand on analyse un personne on n’écrit évidemment pas à J.K Rowling pour lui demander si notre analyse de Luna Lovegood ou de Fleur Delacour est exacte. Ce n’est pas la même idée, on ne cherche pas de la même manière une réponse, élucider un mystère sur une illustration disparue… 

M : D’ailleurs je trouve que sa réaction en dit long sur l’évolution de la perception d’Harry Potter dans le monde réel. C’est dingue qu’il ne s’en rappelle plus ! Aujourd’hui, quelqu’un qui dessine pour la licence s’en rappelle ! C’est fou que ça lui soit sorti de la tête. 

P : Je pense qu’il y a beaucoup de choses, oui. C’est sûr qu’à l’époque c’était un contrat comme un autre. Ce n’est pas la même chose quand on est embauché à l’heure actuelle pour faire les illustrations d’Harry Potter, c’est énorme, c’est un phénomène mondial, les couvertures vont être mises en avant dans le monde entier, y a  des collectionneurs qui cherchent à avoir toutes les couvertures… C’est un énorme contrat ! Là c’était un petit contrat comme ça, parmi beaucoup d’autres. Ça reste son travail, ça reste un contrat. Parfois on ne se souvient pas d’un petit dessin qui est même assez anecdotique, sur lequel on a travaillé il y a plus de vingt ans. 

M : C’est clair ! Pour revenir un petit peu à Rogue et à sa barbe, j’ai vu dans l’article que tu as choisi de mettre plusieurs illustrations, est-ce que tu les a toutes mises ou est-ce que tu les a sélectionnées ? Et si oui, pourquoi celles-ci ? 

P : Je pense que j’ai mis toutes les illustrations sur lesquelles Rogue avait une barbe. Finalement elles ne sont pas si nombreuses que ça. Mine de rien les illustrations de Rogue avant les films ne sont pas nombreuses non plus. Je pense que c’est quasiment l’intégralité des illustrations de Rogue qui datent d’avant la sortie des films… Non, c’est faux, il y a quelques posters aussi mais où c’était difficile de voir le personnage de manière aussi claire parce que c’étaient des versions pas en suffisamment haute définition. C’est une sélection d’illustrations qui est vraiment là pour illustrer le propos et pour qu’on comprenne bien de quoi on parle, qu’on voie bien qu’il y a différents types de barbes : il y a la barbe de trois jours, il y a la barbe assez fournie, il y a la barbe bien entretenue de Mary GrandPré… Et aussi l’idée d’avoir cette barbe chez Mary GrandPré qui est vraiment très en pointe, qui rappelle presque le bouc un peu diabolique, c’est une réflexion qui se construit aussi un peu… Pourquoi est-ce qu’on pourrait le dessiner comme ça ? Qu’est-ce qui permettrait d’imaginer ? Qu’est-ce que ça apporte au personnage de la dessiner de cette manière ? 

M : J’ai beaucoup aimé la première phrase que tu as écrite dans ton article ! Pour les auditeurs qui ne l’ont pas sous les yeux, cette phrase c’était « Cet article n’est pas destiné uniquement à vous faire prendre conscience d’un fait peu connu et reconnu ; au travers de ces lignes c’est aussi un désir de rappeler que la saga est avant tout une série de livres et que l’imaginaire y a sa place ». Pourquoi est-ce que c’était important de rappeler cela pour toi ? 

P : Parce que souvent on voit que l’imaginaire des films a très fortement remplacé ces illustrations. On oublie que certains personnages sont dans les films complètement différents de ce qu’ils sont dans les livres. Mais aussi que dans les livres on a une place énorme pour l’imagination, pour réinterpréter. Et parfois on voit des personnages qui sont dessinés de manière extraordinaire et qui sont tout aussi valables mais il y a plein de gens qui disent « Non, ce n’est pas vraiment le personnage… ». C’était le moment où il y avait Pottermore qui était encore en cours, il y avait les nouveaux films Animaux Fantastiques, Cursed Child qui étaient encore attendus, il y avait ce projet de ces illustrations qui arrivait… Il y avait un peu un espoir, une idée de préparer à : ça pourrait être complètement différent de ce que vous avez en tête et ce ne sera pas pour autant une mauvaise chose, au contraire ! Ça va renouveler, ça va donner un souffle de fraîcheur, ça va amener quelque chose de nouveau, de différent, ça va nous permettre de découvrir les personnages sous un nouvel aspect avec des symboles différents…etc. L’idée était vraiment : laissons-nous imaginer parce que ça nous permet de découvrir et de penser à plein de choses complètement incroyables, et c’est anecdotique la barbe de Rogue mais quand on y pense c’est le symbole d’un imaginaire de ce personnage. On ne nous décrit jamais s’il a une barbe ou pas et personne ne peut remettre en question le fait que Rogue a une barbe si on veut ! C’est tout à fait potentiellement vrai et on voit que l’autrice elle-même l’imaginait un peu ainsi. Ça nous montre aussi à quel point notre perception est marquée par les films ou marquée par certains dessins, par certaines illustrations… C’est un appel à se rappeler constamment, presque, que c’est juste une représentation et qu’il y a plein d’autres manières de se l’imaginer. Et qu’il y a beaucoup de choses qui sont libres d’interprétation pour les fans, qui sont à nous de voir et de voir quelle porte ça ouvre.

M : En effet. C’est beau ! C’est drôle que ça passe par quelque chose d’aussi simple, un petit détail qui en dit long sur comment on s’approprie les œuvres, que fait-on des images mentales qu’on se crée. 

P : Oui, je le disais, c’est à moitié une blague, mais les gens qui font un cosplay de Rogue, si vous avez une barbe, vous ne devez pas être un sosie de Alan Rickman pour faire un cosplay de Rogue ! Vous ne devez pas être un sosie de Evanna Lynch pour faire un cosplay de Luna Lovegood. Vous pouvez cosplayer le personnage des livres et imaginer comment le personnage des livres pourrait être, pourrait s’habiller, sur la base de quelques petits détails… Et après c’est un imaginaire pour vous. Moi j’adore voir en conventions des gens qui sont habillés en personnages et où tu te dis « Mais attends, c’est qui ? », et ils te disent « Je suis Charlie Weasley »… Ah ouais ! C’est quelque chose qui peut s’étendre à plein d’autres domaines que juste les illustrations et notre imaginaire vraiment lié aux représentations en 2D. J’espérais que Jim Kay le dessine avec une barbe, bon , c’est raté… 

M : Ecrivons-lui ! 

P : Je ne désespère pas de voir d’autres changements. 

M : Complètement ! C’est clair que ce serait intéressant mais je pense que mine de rien c’est tellement ancien maintenant Harry Potter, c’est tellement dans notre inconscient, même les films… Ce serait un petit tremblement de terre, ce serait très perturbant, je pense. Je ne sais pas d’ailleurs si on ne perdrait pas des gens qui n’accrocheraient pas à ça. 

P : C’est sûr, mais en même temps on voit des réinventions, on voit l’édition illustrée de MinaLima qui réinvente un peu Poudlard, l’édition de Jim kay qui réinvente Poudlard aussi… Poudlard, mine de rien, ça pourrait être aussi un article en soi. Poudlard c’était ça aussi avant, et ce n’était pas le Poudlard des films… Il y a d’autres manières d’imaginer Poudlard. C’est un sujet que j’adore, les illustrations ! Ce n’est pas un secret. Les portes que ça ouvre, les chamboulements que ça peut amener… C’est une invitation à garder l’esprit ouvert, à rester curieux. Par exemple, si on va dans d’autres représentations, Cursed Child, certains personnages n’ont pas… On a beaucoup parlé d’Hermione noire parce que c’était un rôle principal, il y a peu de gens qui savent que Hagrid est joué par un acteur noir également, qui est le même qui joue le Choixpeau. Pourquoi pas ? 

M : Pourquoi pas ! C’est clair. Plus généralement, lorsque tu as écris cet article, est-ce qu’il y a des choses que tu as découvertes, apprises et qui t’ont marqué ? 

P : J’avais découvert que Gutting ne se souvenait pas de ce dessin, ça m’avait un peu marqué. 

M : C’est fou ! 

P : C’est une anecdote. Je ne m’attendais pas à ça. J’avais fait quelques recherches, j’avais appris que la manière dont la barbe était taillée sur les illustrations de GrandPré était une taille Van Dyke, j’avais appris ça aussi… C’est des petits détails, c’est amusant. On en apprend un peu tous les jours ! J’avais appris que le personnage sur ces illustrations de chapitres c’était Rogue. Il y en a une où il a la carte du Maraudeur et je ne me souvenais plus du tout, à l’époque, qu’à un moment il avait la carte. Effectivement, il l’a puisqu’elle l’insulte quand il essaie de l’ouvrir. Quand on voit l’illustration de base, on se dit « Est-ce que c’est Lupin ? Pourquoi Lupin reviendrait autant de fois dans tout plein d’autres chapitres ? ». Et c’est là que ça devient évident : en fait c’est Rogue. C’avait été un peu une redécouverte là-dessus, parce que je me souvenais du dessin de Gutting, je me souvenais des brouillons de J.K Rowling, mais j’avais redécouvert les illustrations de Mary GrandPré sur ce point là. 

M : Donc plein de petites anecdotes ! Est-ce que la barbe de Rogue t’intéresse autant parce que toi-même tu es barbu ? Pour les auditeurs qui ne le savent pas… 

P : Peut-être, je ne sais pas ! Je pense qu’à une époque où je m’habillais en sorcier j’aimais bien dire que j’étais Sirius Black… Et en fait, ça pourrait être Rogue aussi, très chic, très simple, avec un gilet noir… Ça pourrait être Rogue avec une cape…. C’est vraiment plus le sujet de ces illustrations, de ces interprétations différentes. C’est sûr que c’est un détail qui résonne un peu, mais Rogue n’étant pas mon personnage préféré, mon envie n’est pas de m’assimiler à lui et de dire « Regardez, Rogue a une barbe comme moi ! ». Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment une bonne raison ni que ce soit très très glorieux. Je n’apprécie pas particulièrement Rogue. 

M : C’était une plaisanterie plus qu’une vraie question. 

P : Je m’en doute mais c’est vrai qu’on peut se poser la question ! 

M : Est-ce que la barbe de Rogue t’a mené à une réflexion sur les autres représentations des personnages qui sont barbus ? Ça a ouvert un peu la réflexion ? 

P : Elle m’a emmené à une réflexion sur la symbolique de la barbe. C’est vrai que je me suis dit : pourquoi est-ce qu’on le représenterait avec une barbe ? Est-ce que c’est parce qu’on le décrit comme un peu négligé dans son apparence ? Est-ce qu’on estime qu’une barbe c’est négligé ? Est-ce qu’il a une barbe parce que c’est un peu démoniaque ? Est-ce qu’il a une barbe parce que c’est la sagesse, les professeurs de Poudlard… ? On a Hagrid qui a une barbe, Dumbledore qui a une barbe… Est-ce que c’est le côté figure paternelle ? Harry en apprend beaucoup de Rogue. Ça m’a plus amené à m’interroger sur la symbolique de la barbe dans Harry Potter. Après j’avoue que je ne me suis pas beaucoup penché dessus, là ça serait plus une analyse littéraire que les illustrations. Mais là, maintenant que tu le dis, peut-être qu’il y a quelque chose à creuser, retrouver quels personnages ont une barbe et dans quelles circonstances. Dumbledore c’est évident, Hagrid aussi… Est-ce que la barbe dans Harry Potter a une importance particulière ou pas ? Je ne sais pas. Il y a bien eu des analyses sur : est-ce que les chaussettes ont une importance particulière dans Harry Potter ? 

M : Ah oui donc il y a vraiment un sujet. Il n’y a pas de sous-sujet dans Harry Potter, tout mérite analyse, n’est-ce pas ? 

P : Tout à fait. “La symbolique des chaussettes dans Harry Potter”, elle est en anglais sur Lexicon. C’est un article très amusant à lire mais très intéressant aussi sur Dumbledore qui dit qu’il se voit dans le miroir du Rised avec de grosses chaussettes, Madame Weasley qui offre des chaussettes, Dobby qui offre des chaussettes… Et finalement les chaussettes sont omniprésentes et représentent peut-être quelque chose. 

M : En effet ! Intéressant. 

P : Il n’y a pas de sous-sujet. 

M : Vraiment, la preuve en est ! Donc toujours pour revenir à la barbe de Rogue, qui est un super tremplin pour parler de plein d’autres choses… Bon, même si moi je connais la réponse, qu’est ce qui pourrait amener ton article à être mis à jour dans l’avenir ? Est-ce que tu comptes y revenir ? Es-ce que tu comptes faire évoluer ton article dans l’avenir si l’occasion se présente ? 

P : Je pense que cet article-là ne va pas bouger. Il a déjà été mis à jour parce que comme j’y évoquais l’espoir que Jim Kay change la représentation et qu’il ne l’a pas fait… J’ai quand même rajouté que ce n’était finalement pas le cas. Après, comme on a discuté là, peut-être qu’il y a aura un article sur la symbolique des barbes, peut-être que je referai un focus sur un autre personnage où tout à coup on trouverait des illustrations et on se dirait « Ah oui c’est dingue, ça a tellement changé ! C’est une représentation tellement différente ! ». Mais je pense que cet article va rester là pour la postérité, il est bien comme il est, il est juste ce qu’il faut d’absurde pour être amusant à lire, et en même temps si on se plonge derrière sur les questions qu’il soulève, je pense que ça peut nous emmener assez loin. La preuve en est, cet épisode ! 

M : Alors tu disais que l’illustration c’est un sujet qui t’intéresse en règle générale, pour les auditeurs est-ce que tu as d’autres articles que tu as écrits où tu analyses des illustrations à conseiller ? 

P : C’est souvent moi qui rédige les articles sur les couvertures des tomes, les nouvelles couvertures qui sortent, où je fais souvent un peu une analyse de pourquoi ces couvertures-là, ce qu’elles représentent… parce que ce n’est pas toujours évident. Il y a l’article sur les couvertures thaï, les nouvelles couvertures, qui regorge de détails, qui est je pense super cool à lire, parce que c’est des illustrations hyper riches et vraiment incroyables. Et après, si vous consultez tous ces articles sur les couvertures, il y a un quiz sur les couvertures de Harry Potter dans le monde qui peut être amusant aussi pour découvrir un peu des choses en testant votre connaissance ou un peu essayer de deviner certaines choses, d’où viennent certaines illustrations, d’où viennent certains dessins… C’est un sujet que je traite souvent, et après si vous avez l’opportunité un jour de croiser la Gazette dans un événement où on présente une conférence, il est possible que la conférence soit présentée par moi et soit sur le sujet de Poudlard dans les livres et les illustrations. Il n’existe pas sous forme d’article, c’est une conférence à 100%, réservée aux conventions ! 

M : Ah là là, quel teasing ! 

P : Malheureusement, les conventions en ce moment c’est difficile… J’espère qu’un jour ça reviendra ! 

M : Ah oui, on l’espère, c’est clair ! Pour rebondir, tu citais ces premières de couverture thaï, justement ce serait intéressant de savoir que la barbe, je ne crois pas me tromper en disant qu’elle a aussi une symbolique selon les cultures dans lesquelles elle est présente. Est-ce que Rogue tu l’as déjà vu sur une de ces couvertures ? Ou plus généralement ces ouvrages-là ? Je ne sais pas si vous avez eu accès à des close-up des romans ou quoi ? 

P : J’avoue que dans les couvertures thaï je ne pense pas que Rogue est représenté, mais je me souviens qu’il est représenté notamment sur les couvertures ukrainiennes, il a une apparence qui ressemble beaucoup à Alan Rickman – je ne suis plus certain de à quel moment les couvertures ont été créées. Il me semble que c’était d’après Alan Rickman. Il y a beaucoup de couvertures mine de rien qui vont reprendre les personnages tels qu’ils apparaissent dans les films, ou s’en approchent énormément… Il y a aussi beaucoup de couvertures qui vont éviter un maximum de représenter des personnages secondaires ou de les représenter de manière reconnaissable, un peu comme c’était le cas sur Pottermore, pour ne pas heurter les lectures ou les lectrices qui ont l’image des films en tête, tout en laissant l’imaginaire s’exprimer. C’est une approche que je trouve assez intéressante mine de rien. L’approche de Pottermore était vraiment particulière dans ce sens là, mais on voit quand même beaucoup d’illustrations qui restent proches des films ou inspirées des films. C’est compliqué, c’est difficile de se séparer de l’imaginaire ! Je ne suis pas certain que culturellement non plus les gens cherchent. C’est un risque pour les éditeurs. 

M : Et ce serait intéressant de savoir… – je ne sais pas du tout comment ça se passe au moment de l’élaboration d’une couverture, – mais de savoir si ces illustrateurs ont un cahier des charges, ou s’ils ont vraiment un parti à prendre libre, pour la représentation d’un personnage. Ou est-ce qu’on leur dit « Non il faut qu’il y a tel ou tel trait, il faut qu’il y ait ça qui apparaisse pour qu’il soit reconnaissable » ? Je ne sais pas si toi tu sais ? 

P : Ça dépend des pays, ça dépend de ce que veut réaliser la maison d’édition. Si elle dit « On veut que telle scène soit représentée » ou s’ils laissent le choix. On sait en tout cas qu’à l’époque des premières couvertures les illustrateurs avaient soit une liste de scènes à choisir – puisqu’ils n’avaient pas toujours tout le livre entre les mains donc on leur disait « Voici les trois extraits sur lesquels tu peux te baser pour faire ton dessin » – soit ils avaient quasiment une obligation. Sur le tome 3 c’était Buck et c’était quasiment tout ce qui pouvait être sur le tome. Cette sélection de scènes est souvent maintenue à ce niveau-là parce que c’est des scènes emblématiques, qui permettent d’identifier le tome très rapidement, parce que dans notre imaginaire collectif on associe le tome 3 à une couverture avec Buck donc on va souvent avoir Buck, Harry, potentiellement Hermione sur la couverture parce que du coup « Boum ! », on sait que c’est le tome 3. Mais je ne saurais pas dire au niveau vraiment de la représentation des personnages spécifiquement s’il y a des règles. Je sais qu’il y a une couverture espagnole qui a été refusée par les agents de J.K Rowling parce qu’elle était trop proche des films. 

M : Ah donc quand même ! Il y a cette nécessité de distance. 

P : Il y a une nécessité de ne pas mélanger. On ne verra pas de couvertures d’Harry Potter avec des images des films, ce n’est pas la même chose. Généralement il ya plein de livres qui sortent où on voit réutilisées les images du film sur la couverture pour que ça marque – là il y a clairement une distinction qui est faite. On ne verra jamais ça. C’est super cool dans un sens, ça permet de faire plein de découvertes et de voir plein d’interprétations différentes à travers le monde de comment on peut représenter des scènes emblématiques de Harry Potter dans des illustrations au format particulier. 

M : Intéressant ! Pour revenir un petit peu à l’article que j’ai sous les yeux, c’est vrai que tu as fait le choix d’analyser avec une illustration. Tu analyses chacune des illustrations. Est-ce qu’il y en a une qui t’a particulièrement plu dans celles que tu as sélectionnées ? Une que tu as préférée aux autres, où tu t’es dit « Ça c’est le Rogue tel que je l’imagine, c’est ce personnage-là que j’ai moi dans mon esprit » ? 

P : Oui, je pense que le Rogue de Mary GrandPré me plaît pas mal. Cette barbe a un côté assez sinistre et diabolique, que je vois bien Rogue entretenir, ce personnage sombre, méchant… Mais en même temps, qui nuance son côté négligé, ses cheveux gras, mal lavés. Il a ça, mais en même temps il prend le temps de se tailler la barbe au millimètre pour avoir ce Van Dyke parfait. Ça rend le personnage encore plus ambigu, plus nuancé, ça lui ajoute une touche un peu… une “apparence”. Comme on le sait, Rogue est vraiment très fort pour maintenir les apparences et entretenir une façade. Donc oui, je pense que les illustrations de Mary GrandPré, les illustrations de chapitre qui le dessinent comme ça sont sans doute les images auxquelles j’adhère le plus. 

M : Est-ce que tu es sensible aussi à son style et à son coup de crayon ? 

P : Oui, c’est sûr que j’aime beaucoup ce qu’elle fait et ce qu’elle a fait, se pencher sur les en-têtes de chapitres des tomes américains ça apporte énormément de petites illustrations. C’est ce qu’il y avait de plus proche d’une édition illustrée avant d’avoir les tomes de Jim Kay. C’est quelque chose qu’on regrette parfois aussi, c’est que les tomes de Harry Potter en français n’aient pas ces illustrations en en-tête de chapitres. Elles les avaient dans les deux premières éditions mais elles ont été supprimées après. Moi je me dis parfois que ça aurait été cool ! C’est sûr qu’elle a fait des choses très réussies, en plus en noir et blanc, ce qui laisse la place à l’imaginaire et en même temps nous donne quelques éléments tangibles pour imaginer cet univers. 

M : C’est vraiment intéressant le travail qu’eux-mêmes font sur le personnage pour l’élaborer. En tout cas dans l’article c’est frappant à quel point selon la personne un personnage change du tout à au tout dans l’image qu’il renvoie de lui-même. Je vous invite à aller voir les illustrations, elles parlent d’elles-mêmes. Une image vaut mille mots. N’est-ce pas ? 

P : Oui ! Moi j’invite à aller voir des centaines et des centaines d’illustrations, du monde entier : les fanarts, aller trouver les illustrations les plus inédites de chaque personnage et faites votre propre cadavre exquis ! Quel élément du personnage vous semble le mieux… Et ça peut inclure les représentations des films ! 

M : D’ailleurs tu disais que l’illustration t’intéresse vraiment à titre personnel. Est-ce que toi tu t’es déjà lancé dans un dessin de Rogue ? 

P : Non, je suis incapable de dessiner, je n’essaie même pas ! Moi je manie les mots, le crayon il ne faut pas. Je fais du bonhomme bâton, il ne faut pas chercher plus ! J’exagère, je suis au niveau hiéroglyphes égyptiens… 

M : Quand même ! 

P : C’est de face et de profil en même temps… 

M : Donc il ne faut pas attendre de Panta un dessin de Rogue quoi ! 

P : Non, jamais je ne dessinerai comment je l’imagine, c’est une impossibilité physique ! 

M : Toi, quand tu penses à ce personnage, tu le vois avec une barbe ou pas, alors ? 

P : Ça dépend ! C’est impossible à dire. Parfois j’ai des scènes des films, parfois j’ai des illustrations qui viennent… Mais je n’ai pas assez parcouru l’édition américaine pour vraiment m’ancrer le personnage de Marie Grandpré dans la tête. 

M : En tout cas c’est clair que ton article a le mérite de semer le doute ! Moi je ne m’étais jamais posé la question, et rien que pour ça c’était intéressant de soulever ce détail, ces petits poils marrons sur des joues. 

P : Ravi que ça t’ait ouvert un nouvel horizon ! 

M : Merci beaucoup Panta pour toutes ces réponses. Nous avons hâte de découvrir les prochains sujets que tu choisiras d’explorer dans les articles à venir. Vous pouvez suivre la sortie des épisodes de PLAGE tout l’été sur les pages Facebook de L’Académie des Sorciers et de La Gazette du Sorcier, sur Twitter @ASPIC_gds, n’hésitez pas à partager vos réactions sur les réseaux ou par mail à redaction@gazette-du-sorcier.com et sur notre discrod. Vous pouvez aussi nous soutenir sur le Tipee de la Gazette du Sorcier. Et cher auditeur, n’oublie pas… 

Tous : PREND TA SERVIETTE D’ABORD ! 

Ambiance de plage

Pour prolonger l’épisode, vous pouvez retrouver de nombreux articles décortiquant le travail des illustrateurs d’Harry Potter :
Les nouvelles couvertures de Harry Potter en Thaï
14 couverture internationales incomprises
Quiz : Connaissez-vous ces couvertures Harry Potter ?
Les inspirations de Jim Kay

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