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Fenrir Greyback, trop méchant pour Harry Potter ?

Malgré sa présence réduite à l’écran et dans les tomes de la saga, Fenrir Greyback a su marquer les esprits. Quelques lignes ou une brève apparition suffisent à le présenter comme un personnage cruellement terrifiant.

En cette période d’Halloween, quelle meilleure idée que de lever le voile sur ce loup-garou aux crocs acérés, pour mieux comprendre sa place et ses interprétations dans l’œuvre Harry Potter ?

Qui est Fenrir Greyback ?

Le problème est que l’histoire de Greyback nous est entièrement inconnue : quand a-t-il été mordu, par qui et dans quelles circonstances ? Pas de réponse. Tout ce que l’on sait, c’est qu’il était déjà un loup-garou lors de la première guerre, rallié à la cause de Voldemort. Les livres et Pottermore nous apprennent également que c’est lui qui a transformé Remus Lupin, alors que ce dernier n’était encore qu’un enfant âgé de quatre ans, pour se venger de son père qui avait insulté les loups-garous.

Greyback est donc avant tout un personnage entouré de mystère et de zones d’ombre. Disséminées dans l’un ou l’autre dialogue de Harry Potter, le lecteur retrouve quelques bribes de caractérisation qui très vite s’avèreront être les seuls traits du personnage. Greyback, ainsi, est présenté comme « le plus sauvage des loups-garous vivant aujourd’hui » (Lupin à Harry dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, chapitre 16). Ses quelques répliques ne viendront que renforcer ce sentiment étrange et inquiétant que sa description — aussi bien physique que caractérielle — avait déjà pu inspirer.

Tu sais à quel point j’aime les enfants, Dumbledore.

Greyback, dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (chapitre 27).

Greyback est donc un méchant vraiment méchant ! Bien sûr, il est dans le « mauvais camp » aux côtés de Voldemort, mais ce n’est pas tout. Il se montre sans pitié à chaque fois qu’il en a l’occasion, se vouant entièrement à sa nature de loup-garou et cherchant à transformer le plus grand nombre. Étant donnée la peur instinctive qu’il semble avoir fait naître chez de nombreux lecteurs et spectateurs de la saga, l’envie d’en savoir plus se fait d’autant plus pressante.

Monstre ou humain ?

Il est facile de l’oublier, mais le loup-garou sans pitié qu’est Greyback a d’abord été un simple être humain mordu par une autre de ces créatures. Dès lors, on peut se demander comment était l’homme avant qu’il ne devienne un loup-garou. Est-ce cette seconde nature qui l’a peu à peu transformé en monstre prédateur ?

À l’instar d’autres personnages de la saga — Voldemort en lice —, Greyback a une personnalité qui s’est fracturée, divisée à un moment donné : d’un côté l’humain (ou ce qu’il en reste), et de l’autre côté l’animal, la bête. Ce qui le rend effrayant, ce n’est pas juste d’être un loup-garou, mais plutôt d’être un homme qui choisit de se comporter en bête même lorsqu’il n’en est pas une.

Portrait de Fenrir Greyback.
Fenrir Greyback par Makani.
© Encyclopédie Harry Potter (EHP)

Lupin et Greyback sont évidemment construits en miroir : tous deux ont cette même fracture identitaire. Chez Lupin, entre le monstre et l’humain, c’est l’humain qui l’emporte. Chez Greyback, c’est l’inverse : le monstre a pris le dessus sur l’homme, tant et si bien qu’il n’en reste plus rien. Ce « glissement » de l’homme vers la bête a même lieu physiquement : ses dents sont pointues même lorsqu’il n’est pas transformé ((Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, chapitre 27) et sa voix ressemble à un aboiement rauque.

Ce qu’il y a d’horrible chez Greyback semble tenir en cette constatation : même lorsqu’il est humain, il reste un « monstre ». Il l’est même d’autant plus, si l’on joue un peu sur les mots, puisqu’il est censé pouvoir se contrôler pleinement sous sa forme humaine, être totalement maître de ses actes, et en dépit de cela, en dépit de sa conscience d’homme, il choisit de tuer, de blesser, d’être cruel et sans pitié.

Est-ce que l’homme qui a précédé à la transformation avait déjà ce potentiel de prédateur sanguinaire en lui ? Est-ce que l’animalité a réellement remplacé l’humain ? Et, dans ce dernier cas, y aurait-il encore un maigre espoir de retrouver au fond de lui une infime trace d’humanité ?

Un personnage chaotique ?

Si l’on se fie à la thèse de l’alignement moral des personnages, Greyback se catégoriserait sans nul doute dans la case « chaotique mauvais » !

Il est d’abord un électron libre, soumis à aucune idéologie. Il suit Voldemort simplement parce que cela lui permet de tuer et de transformer des gens. Certes, il considère que les loups-garous sont supérieurs et doivent se venger des gens normaux, ne pas renier leur vraie nature et transformer le plus de monde possible, mais cette opinion est bien moins renforcée que l’impression de gratuité de ses agissements.

— Tu crois qu’elle [Bellatrix] me laissera un morceau de la fille quand elle en aura fini avec elle ? susurra Greyback. J’en mangerais bien une ou deux bouchées, pas toi, le rouquin ?

Greyback à Ron à propos de Hermione, dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (chapitre 23).

Si nous comparions Greyback à Voldemort ou même aux Malefoy, personnages extrêmement positionnés sur le plan idéologique (même plus que Voldemort lui-même), cela semble évident. Les Malefoy n’agissent que par idéologie, elle-même transmise par tradition, et reculent lorsque cela devient justement trop risqué, trop « cruel ». Ils ne se salissent pas les mains. Voldemort, pour sa part, s’est surtout construit et positionné par rapport à ses propres origines, donc pour des raisons profondément intimes, personnelles et identitaires. Il n’a pas peur d’agir par lui-même parce qu’il est convaincu de ce que sa haine a fait germer dans son esprit.

Fenrir Greyback dans le film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (attaque du Chemin de Traverse).
Fenrir Greyback dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé.

Greyback, enfin, ne donne à aucun moment l’impression d’agir par conviction de quoi que ce soit. Il agit uniquement par plaisir, et c’est d’ailleurs cela qui le rend si inquiétant : il est imprévisible, sans limites. Il n’a besoin d’aucune justification pour commettre ses crimes : sa propre nature de loup-garou ne lui sert pas d’excuse puisqu’il l’assume pleinement, la revendique même, et l’adopte sciemment dans les moments où il n’est pas transformé.

Greyback ne subit pas sa bestialité comme le fait Lupin, mais ne la justifie pas non plus par des desseins vengeurs ou politiques comme le fait Voldemort. Greyback n’a rien à prouver et sa bestialité, il la choisit toujours.

La figure du prédateur

La peur qu’inspire Greyback a quelque chose de malaisant, voire de dégoûtant pour certains, de tordu même. Il semble qu’elle se rapproche en réalité d’une peur instinctive, animale : la peur du prédateur. La figure du prédateur implique forcément une proie, et il n’est jamais plaisant de se sentir comme l’élément traqué, faible, vulnérable.

Il y a ici tant de gorges à lacérer… Délicieux, délicieux…

Greyback à Dumbledore dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, chapitre 27.

Même en gardant une distance à l’égard des interprétations paraissant trop « faciles », il me semble intéressant de noter qu’un bon nombre de personnages de Harry Potter sont assimilés à des animaux, à la façon des personnages des fables. Il s’agit là d’un procédé connu des textes se destinant à un public d’enfants mais aussi aux adultes qui, en lisant la même chose, pourront l’élever sur un plan de signification moins candide, plus inquiétant peut-être.

En ce sens, il serait pertinent d’analyser la manière dont la peur instinctive du prédateur est reçue par l’enfant et par l’adulte. L’enfant, peut-être, aura peur de Greyback le loup-garou comme d’un monstre sous le lit. L’adulte, pour sa part, craindra Greyback l’être humain capable d’agir comme un monstre sûrement davantage…

Nombre de fans se sont en tout cas « amusés » à construire des ponts de signification entre l’œuvre et la réalité, à faire des liens parfois très ténus entre le monde de Harry Potter et le nôtre. C’est après tout une façon de faire sens, d’assimiler un texte, un film, une histoire. Chacun trouve en ce qu’il lit, regarde et découvre ce qui fait le plus de sens dans son esprit, ce qui fait écho à sa réalité. C’est même là toute la richesse de l’art : il s’interprète.

Greyback n’a donc pas non plus évité les parallèles. La menace prédatrice qu’il fait constamment peser sur le monde a pu trouver un triste écho dans d’autres formes prédatrices existant dans notre société : la perversité sexuelle, par exemple, mais aussi la super-propagation, c’est-à-dire la contamination volontaire du plus grand nombre de gens par une maladie souvent dangereuse — ici, la lycanthropie.

Il n’est pas question d’ériger ces interprétations parfois très étirées en vérités absolues qui feraient réellement partie du texte. À nouveau, il est simplement marquant de rappeler que l’évasion dans des univers de fiction est aussi une façon de traiter le monde réel.

Greyback est terrifiant, oui… mais il perd à la fin (même si on ignore ce qu’il devient : est-il mort ou a-t-il fui ?) Voilà peut-être ce qu’il faut en conclure ? Comme l’entièreté de la saga nous l’a appris : le bien triomphe toujours.

Hermione repoussant Greyback du corps de Lavande Brown dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé.
Hermione repoussant Greyback du corps de Lavande Brown dans Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé.

Conclusion

Contrairement à ce qui se dit parfois, Greyback n’est pas un personnage spécialement plus « méchant » que les autres méchants de la saga. Faut-il rappeler que Voldemort a tué d’innombrables personnes et qu’il a également tenté de tuer un bébé de sang-froid ? Bellatrix a longuement torturé Hermione et les parents de Neville. Dans un autre genre, Queudver a trahi ses amis en sachant pertinemment que cela les mènerait à leur perte. Ne doit-on pas aussi parler de Rogue ou de Dumbledore qui, en termes de talents de manipulation, n’ont clairement rien à envier à personne…?

La force de Harry Potter est d’avoir grandi avec son public. En outre, son écriture rend la caractérisation de ses personnages lisible à plusieurs niveaux, ouvrant la porte à de nouvelles nuances à chaque fois que nous réouvrons le livre.

Fenrir Greyback bloquant un sort dans le film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé (scène de la destruction du Terrier).
Greyback dans le film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé.

Ce qui est certain, c’est que, pour ceux qui oseront fouiller son passé, Fenrir Greyback devrait largement mériter sa propre origin story ! Pensez-y pour Halloween…

Sources : Wizarding World, TVTropes, Encyclopédie Harry Potter (EHP).

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