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Un poème pour Rowling fait polémique

Début avril, un grand tournoi de Slam se tenait aux États-Unis. Parmi les poèmes présentés, l’un était dédicacé à JK Rowling et a énormément fait parler de lui depuis. En effet, l’auteur du poème attaquait JK Rowling sur sa représentation bancale des minorités.


Lors du College Unions Poetry Slam Invitational 2013, Rachel Rostad n’y est pas allée avec le dos de la cuillère dans son poème “To JK Rowling, From Cho Chang” (À J.K. Rowling, de la part de Cho Chang). Déclenchant l’enthousiasme de la foule à l’annonce de son titre, c’est ensuite un énorme débat auquel elle a donné naissance. (La vidéo originale semble avoir été supprimée, mais d’autres interprétation permettent de retrouver le texte intégral)

En effet, dans ce texte, “Cho Chang” critique sa créatrice pour lui avoir donné un nom composé de deux noms de famille coréens alors qu’elle serait sensée être chinoise. Pour parachever l’argument, elle explique d’ailleurs que “Me nommer ‘Cho Chang’ revient à nommer un stéréotype de Français ‘Garcia Sanchez’”. Si vous avez du mal à l’oral en anglais, vous trouverez son texte ICI.

Bien sûr, cet argument n’est pas tout à fait exact : Cho et Chang sont potentiellement des noms chinois, mais ils sont rarement associés… et, surtout, Cho n’est jamais explicitement qualifié de chinoise, ni même d’asiatique. Seul son nom suggère qu’elle serait originaire de la région, mais elle semble avoir vécu longtemps au Royaume-Uni (cf son amour pour les Tornades de Tutshill). Autre source de confusion, l’actrice Katie Leung, qui interprète le personnage au cinéma, est bien bien d’origine chinoise, mais elle aussi n’a jamais vécu qu’au Royaume-Uni.

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Cependant, l’idée derrière l’argument, qui n’est pas le seul, est que J.K. Rowling participe involontairement à la stigmatisation de minorités, en se servant de stéréotypes sans réellement les déconstruire. Ainsi, “entre moi [Cho], Dean et les jumelle indiennes, Poudlard compte… cinq personnes de couleur ? Peu importe que nous soyons tous des personnages secondaire. Nan, vous n’êtes pas raciste ! / De la même manière vous n’avez rien d’homophobe parce que Dumbledore est purement gay ! / Bien sûr, ce n’est jamais mentionné dans les livres”. En bref, Cho n’est là que pour “remplir le quota ethnique”. Cette idée avait été présentée lors de la conférence académique de St Andrews en mai 2012

Rachel accuse surtout l’autrice de garder l’image traditionnelle de la femme asiatique dans un livre si populaire, faisant de son personnage une “bestselling caricature”. Cho est ‘inévitablement‘ intelligente (le stéréotype des chinois au Royaume-Uni étant d’être un peu nerd sur les bords) mais faible ; elle a besoin de son chevalier “blanc” et n’est qu’une victime lorsqu’elle le perd.

La discussion aurait pu s’arrêter là, de nombreuses voix s’élevant contre cette opinion pour des raisons plus que diverses. Cependant, la slameuse a décidé de répondre à ses détracteurs dans une seconde vidéo, moins rythmée cette fois, dans laquelle elle explique plusieurs points et remet la balle au centre. Si vous avez du mal à l’oral en anglais, vous trouverez une retranscription ICI.

Elle rappelle ainsi que Jo elle-même a affirmé avoir fait de Cho Chang un personnage faible, afin que Ginny en paraissent plus forte et sûre d’elle. Aux femmes asiatiques qui l’accusent de ne pas réellement parler en leur nom, car elles ne sont pas du même avis, elle répond qu’elle n’a jamais prétendu le faire et qu’il est regrettable qu’on considère automatiquement que sa voix est celle d’une communauté entière. Quant au nom de Cho Chang, elle s’excuse sur la simplification à laquelle elle a dû se résoudre dans son texte.

Ces minorités secondaires, comme Cho Chang et son “nom aussi générique qu’un costume de ninja”, trouvent certes leur place dans un roman axé sur la compassion et l’entraide, mais l’absence de relief et d’identité propre qui les caractérise ne les rendent que plus décevants aux yeux de Rachel.

Comme le remarque Reni Eddo-Lodge dans un article sur le blog The F Word, ce n’est pas ici JK Rowling qui est directement attaquée ou critiquée ; “contester la manière dont quelqu’un ou quelque chose maintient le status quo ne signifie pas le détester ou désirer son boycott”. C’est plutôt un système et “la fétichisation ainsi que la fragmentation répétée des femmes asiatiques dans la culture populaire” qui sont ici remis en question. Rowling, bien que son livre soit par de nombreux aspects progressiste, participe à ce maintient du status quo.

Quelle que soit l’opinion sur la question, il ne fait pas l’ombre d’un doute que le débat valait la peine d’être lancé (ou popularisé). De même que Rachel Rostad mérite le respect de chacun pour sa réaction posée face à des critiques manquant parfois de mesure.

P.S. :
Les traductions de vers ont été réalisée avec l'accord exprès de l'auteur, contactée par nos soins. Si vous aimez l'idée de poésie basée sur Harry Potter, nous vous rappelons l'existence des Half-Blood Poems, par Christine Lowther, qui valent un coup d’œil.
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