Podcast PLAGE ep. 5 : Être sœur dans Harry Potter
L’été touche bientôt à sa fin, et avec lui notre série de podcasts d’été, qui vous a emmené dans les coulisses de l’écriture des articles d’analyse de la Gazette. Pour ce dernier épisode, Noémie invite Moona à partager ses réflexions autour de son article sur les relations entre sœurs dans la saga Harry Potter.
Intéressée par le concept de sororité, Moona s’est plongé dans la variété de représentations de sœurs dans la saga. Son article explore quatre exemples : Lily et Pétunia, Padma et Parvati, Fleur et Gabrielle, et le trio Andromeda, Bellatrix et Narcissa. Sens et symboliques derrière les noms, références mythologiques, symbolique des couleurs… L’analyse littéraire de ces personnages s’enrichit de nombreuses sources, qui montre la complexité et la variété des relations entre sœurs.
Animation : Noémie
Invité : Moona
Montage : Moona et Marjolaine
Graphisme : Salem
Transcription : Rowenaz
Ambiance estivale
Cet été, ASPIC est en mode P.L.A.G.E ! Le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival. Prenez votre tuba, et plongez entre les vagues des articles d’analyse des rédacteurs de la Gazette du Sorcier !
Noémie (N) : Sorcières, sorciers et moldus, érudits ou curieux, bienvenue pour ce nouvel épisode de P.L.A.G.E, le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival, le format d’été de ASPIC ! Je suis Noémie, responsable des illustrateurs de la Gazette ainsi que de la version papier, et aujourd’hui je vous propose de rentrer dans les coulisses de l’article « Être soeurs dans Harry Potter » avec son autrice, Moon. Salut Moon !
Moon (M) : Salut Noémie !
N : Présente-nous un peu qui tu es, ce que tu fais, ta maison, tout ça…
M : Au sein de la Gazette je suis principalement rédactrice. Ce que j’aime bien c’est surtout les articles de fond sur des sujets qui me tiennent à cœur. Plus récemment je me suis proposée pour faire partie du club de lecture. Et sinon je suis journaliste dans la vraie vie et je suis à gryffondor !
N : Présente-nous un peu ton article… Comment cette idée d’écrire cet article est-elle venue ? Parce que généralement ces relations sont souvent mises au second plan derrière des relations plus fraternelles du type Ron et ses frères, les jumeaux Weasley, Sirius et Regulus… Des personnes masculines.
M : C’est vrai. Tout simplement, quand on fait partie de la Gazette du sorcier on a un petit logiciel et dessus on a une liste d’articles à traiter, pour être tout à fait honnête. Il est vrai que ce titre faisait partie de cette fameuse liste, et quand je suis tombée dessus par hasard, c’était une période où dans ma vraie vie personnelle j’étais hyper concernée par tous ces sujets qui traitent de la sororité, des femmes…etc. Pour vous donner un exemple, je finissais tout juste de lire le livre « Sorcières, la puissance invaincue des femmes » de Mona Chollet, qui est vraiment génial. J’avais commencé “Le Deuxième Sexe” de Simone de Beauvoir… vraiment des lectures hyper féministes, mais surtout des livres qui portent sur la femme, sur les relations qu’elles ont entre elles et avec les autres, avec le monde qui les entoure. Le lien sororal me fascine énormément. Ce titre, c’était du pain béni pour moi ! Donc je l’ai choisi.
N : Je vois ! T’as fait des recherches pour l’article ? Tu as utilisé certaines sources en particulier ? Sur quoi tu t’appuies, comment est-ce que tu as voulu organiser cet article ?
M : Je pense que c’est important de le rappeler, mais quand on écrit un article d’analyse, je pense que notre source première c’est vraiment le texte en lui-même, le récit. Les mots sont déjà une source hyper riche pour un article d’analyse. Je me suis tout simplement replongée dans Harry Potter, dans la saga depuis le début pour revenir à cette genèse, ces différentes relations, comment est-ce qu’elles se sont construites au fur et à mesure des opus… Plus globalement, il y a plein de fois où mes cours de prépa, j’étais en prépa Hypokhâgne puis Khâgne, m’ont servi, notamment pour parler des trois sorcières de MacBeth. C’est un cours qui m’avait marquée donc j’étais ravie de voir qu’il y avait un lien entre les sœurs Black et les sorcières de MacBeth ! Il y a quelque chose par exemple qui sert toujours dans Harry Potter, c’est ce qu’on appelle l’onomastique. C’est le fait d’analyser le nom d’un personnage, de mettre en lien l’étymologie du nom avec le caractère du personnage et ses actions dans le récit. C’est un procédé littéraire qui fonctionne toujours hyper bien, et dans cet article en particulier ça fonctionne très très bien. Globalement, je pense que tout ce que je lis en général m’a servi. C’est un truc dans lequel je baigne personnellement donc ça ressort un petit peu à la demande, je pourrais en parler pendant des heures !
Et pour l’organisation, j’ai choisi d’aborder chaque fratrie séparément. C’est vrai que plus j’y pense, avec le recul, je me rends compte que même si j’avais voulu faire le lien entre ces fratries, je ne sais pas si j’aurais pu ! Elles n’ont aucun point commun, sinon le fait d’être sœurs. C’est différentes soeurs, elles sont incomparables et elles ont toutes un fonctionnement qui leur est propre : les Evans, les Delacour, les Patil, les Black… elles n’ont aucun rapport entre elles. Il n’y a aucun moyen de les comparer vraiment intrinsèquement.
N : Je vois ! Est-ce que tu as découvert ou appris quelque chose qui t’a particulièrement marquée en travaillant cet article et sur cette analyse ?
M : Oui, à fond ! C’est vrai que j’ai adoré, pour reparler un peu de l’onomastique, revenir sur l’étymologie des noms. C’est hyper flagrant, on ne peut pas ne pas le voir, ne pas chercher à comprendre tous ces personnages, pourquoi est-ce qu’on les a appelés comme ça…etc. Donc un peu cette idée de Lily, la douce, Pétunia la vénéneuse, Bellatrix la belliqueuse… C’est vrai que c’est flagrant ! C’est génial ! J’ai fait plusieurs années de latin, et encore maintenant j’adore apprendre de nouvelles choses par rapport à l’étymologie. On imagine toujours des origines très anciennes dans le latin, dans le grec, dans des langues mortes… Par exemple, j’ai découvert que le prénom Pétunia avait pris tout son sens à l’époque victorienne, ce qui est donc très récent. Là où j’ai le plus appris, c’est avec les sœurs Patil. Je ne connais vraiment rien de la culture indou, je connais juste le fait que leur société est divisée en castes et que tout en bas il y a les intouchables et c’est assez affreux ce qu’ils vivent… Ça m’a permis de me plonger un peu dans le sanskrit, leur écriture, pour m’apercevoir que Padma et Parvati avaient quasiment la même façon de s’écrire, ce qui est hyper flagrant puisqu’elles sont jumelles. Il y a eu énormément de sites qui parlaient de la symbolique des couleurs en Inde qui est extrêmement forte, qui est très exploitée par les indou eux-mêmes. Ça m’a permis de comprendre encore plus de choses de la saga et des choix de J.K Rowling, surtout au sujet des deux robes qu’elle avait imaginées pour les deux sœurs lors du bal dans le quatrième tome.
N : C’est sûr que toute la symbolique prend forme !
M : Tout découle, tout devient clair comme de l’eau de roche. Comme quoi ça vaut vraiment le coup parfois de creuser quelque chose qui paraît juste… Des belles couleurs, une belle robe pour une soirée, non, en fait elles sont d’origine indou, ces couleurs là évidemment ce n’est pas du hasard.
N : Il y a beaucoup plus derrière, c’est toute une symbolique culturelle.
M : Ça, qu’est-ce que j’en savais avant de lire tout ça ? Pas grand chose !
N : Justement, j’ai beaucoup aimé le fait de voir les trois aspects de ce rapport à la magie, comme tu parles, cette relation conflictuelle de Lily et Pétunia qui est aussi liée à la signification de leur prénom, l’amour de Gabrielle et Fleur qui est aussi avec cette dimension de signification du prénom, et l’aspect du trio Bellatrix – Andromeda – Narcissa. Tu as tout de suite eu l’idée de cette organisation ou ça t’est venu au fur et à mesure des recherches ?
M : Non. Les premières sœurs qui me sont venues en tête, ce sont les sœurs Black. Le trio était mon bloc de départ. Il faut savoir qu’en littérature le fait qu’elles soient en trio est déjà hyper intéressant, hyper riche. J’aime beaucoup le fait qu’elles soient une représentation antagoniste des trois Grâces de la mythologie. Les trois Grâces qui incarnent la beauté, la créativité, le charme… Il y a une polarisation du bien et du mal qui est très très forte donc c’est hyper intéressant. Il y a aussi cette fameuse graduation dans leur rapport à la Blackitude, si on peut dire. Et encore une fois, ce type de configuration c’est vraiment du pain béni quand on analyse un texte, un récit. Je pense aussi au fait qu’elles soient trois, ça peut également nous faire penser aux trois parques de la mythologie grecque, ou encore plus loin à la trinité. Ce qui est intéressant c’est de partir un peu de ça et de tenter de faire le lien si jamais c’est possible, et en l’occurrence là ça a très bien marché avec les trois sorcières de MacBeth.
Après, ce qui m’a demandé le plus de recherche c’est les sœurs Evans. On avait évidemment conscience qu’il y a ces deux sœurs puisque c’est dès les premières lignes d’Harry Potter qu’on apprend l’existence de pétunia. Le fait que Lily soit décédée a rendu un petit peu les choses plus difficiles puisqu’il fallait vraiment piocher le peu d’éléments qu’on a sur elle…
N : Oui, que les souvenirs.
M : C’est ça, exactement. C’était un petit peu une enquête donc ça m’a énormément plu, forcément. Le fait qu’elle soit morte cristallise complètement le rapport des deux sœurs. Je trouve que si Lily avait été en vie, le côté noir, jaloux, malsain de Pétunia aurait été beaucoup moins accentué. Là le côté doux, aimant, généreux de Lily est idéalisé au possible et c’est justement dû au fait qu’elle n’intervient jamais directement dans l’œuvre, je pense. La noirceur de Pétunia devient complètement insupportable, c’est vraiment la survivante maléfique de ce duo. Pourtant, on apprend que dans l’enfance elles ont connu des jours heureux, ce qui est complètement dingue ! C’est encore plus touchant quand on comprend – quand on est adulte, je pense que les enfants ne s’en rendent peut être pas compte – que Pétunia est juste une femme qui souffre énormément. Sa jalousie pour sa sœur l’a complètement mangée au fur et à mesure des années. Donc en fait c’est hyper triste !
N : Et surtout le fait qu’il n’y ait jamais pu y avoir de discussion après. Vu qu’elle est partie, ça s’est stoppé net et cette rancœur continue d’exister et de grossier.
M : Totalement ! J’en parle aussi dans l’article, ça me fait limite penser à une tragédie grecque. Il n’y a pas de résolution, il n’y pas de réconciliation, chacun reste avec sa haine et on sait à quel point la haine est destructrice, ça parait fou. Pour sa propre sœur, c’est dingue ! Donc il y a ces fameuses soeurs Delacour… Ce qui est assez drôle c’est que je les avais un petit peu oubliées, pour être honnête. Je m’en suis rappelé au moment où l’article avait déjà été relu et je me plongeais dans Harry Potter 4, vraiment la grosse honte ! Je me suis dit « Ah mais oui c’est vrai, il y a ce duo tout frais sorti d’un conte de fées qui existe ! ». Ça rentre parfaitement dans le sujet. C’est hyper drôle parce que cette relation est très peu développée, on sait très peu de choses de Fleur et Gabrielle, on a déjà des prénoms encore une fois qui sont très lourds de sens… L’analyse porte sur le peu de choses que l’on sait à propos de ces deux sœurs. Toutes les images qu’on a d’elles sont très fortes, c’est la solidarité, l’amour inconditionnel, cette sororité hyper saine, hyper forte… Tout ce dont on rêve quand on a une sœur, quand on apprend qu’on va avoir une petite sœur, on se dit qu’on va la protéger, qu’on va l’aimer, qu’on va lui montrer le monde…etc. Moi j’ai une sœur par exemple, et j’ai une relation hyper saine avec elle, c’est génial, j’adore ma sœur, et c’est un peu une projection de Fleur et Gabrielle. Si on devait un petit peu écrire la relation que j’ai avec ma soeur, ça ressemblerait plus à la relation de Fleur et Gabrielle que celle de Lily et Pétunia, qui est terrible par exemple.
N : C’est mieux !
M : Oui c’est mieux mais je sais que ce n’est pas toujours le cas, parfois les soeurs ne s’aiment pas aussi dans la vraie vie mais c’était agréable je trouve d’avoir quelque chose de très positif, de très sain, très simple… On développe beaucoup la fratrie Weasley, il y a beaucoup de positif, on sait qu’ils se charrient mais il y a toujours ce côté bon enfant. Finalement on sait qu’ils sont toujours là les uns pour les autres, ils se soutiennent dans leurs galères de la vie, on sait que les Weasley n’ont pas une vie simple… Et du côté des filles il n’y avait pas ce côté sain, cool, chouette. Ça peut être chouette aussi d’avoir une soeur !
N : Il y a toujours un côté un peu malsain au niveau des filles, généralement, un peu le cliché classique de « les filles c’est du crêpage de chignon ».
M : Je suis complètement d’accord avec toi ! Les soeurs Delacour, pour le coup, ce ne sont pas elles qui vont casser les clichés parce que c’est la douceur, la gentillesse… Elles sont très clichées aussi mais au moins elles ont ce mérite de nous prouver que les sœurs peuvent bien s’entendre et être soutenantes l’une pour l’autre. Les soeurs Patil, je ne les ai pas considérées comme ça puisqu’elles sont jumelles et je trouve que ça apporte encore un degré… – Je n’aurais pas analysé les sœurs Patil dans le fait qu’elles s’entendent bien, puisqu’elles sont jumelles ; il y avait déjà tellement de choses à dire à ce propos !
N : De connexion, de fusion qui est plus complexe à décrire…
M : Tout à fait. Autant ça c’est ce que j’espérais trouver dans les écrits, quand je suis revenue un peu au texte lui-même j’avais l’espoir d’avoir des petits phrases comme ça placées un peu ici et là, du genre « Elle a fini sa phrase » ou alors « Elles se comprennent sans se regarder » mais en fait pas du tout ! Ce n’est pas du tout ce qu’on nous dit d’elles. Elles sont dans deux maisons différentes dans les livres, elles sont complémentaires au niveau de leurs robes, et c’est tout. Ce n’est pas plus exploité que ça.
N : C’est plus une complémentarité.
M : Voilà, plus que leur ressemblance.
N : Je pense que ça fait aussi un peu de bien du fait que les jumeaux Weasley sont très dans le côté « l’un est le reflet de l’autre ». Que là il y ait deux jumeaux qui ne sont pas vraiment le cliché des jumeaux, de l’un qui finit la phrase de l’autre, qui sont identiques, avec la mère qui les confond… Chacun a vraiment sa personnalité, chacune dans une maison différente, et a ses propres amis, ce genre de choses.
M : Les jumeaux Weasley, il y a tellement à dire sur eux, mais leur gémellité, on n’en peut plus à la fin. Les sœurs Patil ne sont pas du tout présentées de la même manière et c’est intéressant aussi, en soi.
N : Justement, tu comptes faire un update de cet article avec les personnages des Animaux Fantastiques comme Tina et Queenie ?
M : Très bonne question ! Ça pourrait être une super idée, d’ailleurs comme je te le disais je peux vraiment parler de ce genre de sujets pendant des heures, écrire beaucoup – ça m’intéresse énormément. Mais il est vrai que personnellement la saga Harry Potter, du tome 1 au tome 7, c’est un microcosme à part entière et faire un update en rajoutant ce duo-là, je ne pense pas. Mais en revanche ouvrir un nouveau chapitre avec ces différentes fratries qu’il pourra y avoir à l’avenir, pourquoi pas ! Moi ça me dit forcément. ça me botte à fond !
N : On va attendre le troisième opus, voir ce qu’il en est !
M : Qu’est-ce qu’ils vont nous sortir ? Exactement.
N : C’est ça ! Écoute, je te remercie Moon d’avoir pris ce temps pour nous parler de ton article.
M : C’était un plaisir !
N : Plaisir partagé !
M : Génial.
N : Vous pouvez suivre la sortie des épisodes de PLAGE tout l’été sur la page Facebook de l’Académie des Sorciers et de la Gazette du Sorcier, sur Twitter @aspic_gds. N’hésitez pas à partager vos réactions sur les réseaux, par mail à redaction@gazette-du-sorcier.fr, et bien sûr sur notre Discord où on a tout un serveur pour vous ! Vous pouvez aussi nous soutenir sur le Tipee de la Gazette. Et cher auditeur, n’oublie pas…
Toutes : PRENDS TA BOUÉE D’ABORD !
Pour creuser le sujet de l’onomastique et des références à l’antiquité, plongez dans les archives d’ASPIC, et notamment l’épisode 9 en compagnie de Silène Edgar, et l’épisode 14 avec Blandine Le Callet. Et si il vous faut d’autres arguments pour réhabiliter Fleur Delacour que le fait qu’elle soit une grande sœur modèle, lisez ceci !
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