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De quoi la sorcière est-elle l’emblème ?

Après avoir été chassée et persécutée pendant des siècles, la sorcière revient en force depuis une vingtaine d’années. Elle a cessé d’être exclusivement laide et cruelle, elle est même devenue un symbole cool, glamour, mais aussi politique : tout ça avec l’aide de la pop culture.

Si depuis quelques temps la figure de la sorcière est passée d’un symbole de monstruosité et de dégoût à un symbole positif de résistance, ça n’a pas été sans l’aide d’une grande partie de la culture populaire des années 1990 à aujourd’hui.

De multiples visages

Rappelons d’abord que cette figure de la sorcière n’a pas toujours été celle que nous connaissons aujourd’hui, ou même celle que nous connaissions il y a deux cent ans. Avant que les grandes religions monothéistes, dont le christianisme, conquièrent le monde, la sorcière était respectée.

Le paganisme étant encore souvent associé à la sorcellerie, c’est aussi tout une catégorie de la population qui ne pratiquait pas « la bonne » religion qui était visée. Car la sorcière avait bien souvent une vocation de sage, de médecin, de part sa proximité avec la nature : comme dans La Petite fadette de Georges Sand. Cette figure devient religieuse et politisée avec l’arrivée de l’Inquisition, et la fameuse « chasse aux sorcières ».

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Dès lors la sorcière est le symbole de ce qu’il faut éradiquer, d’un lien étroit avec le mal, mais surtout un prétexte du pouvoir en place pour éliminer les femmes qui représentent une forme de pouvoir. Les contes et les chansons ont façonné les inconscients, puis ce fut le tour de la littérature, du cinéma et de la télévision. Et, longtemps après les procès de Salem en 1692, la sorcière a gardé ce mauvais rôle dans les esprits, que ce soit celle du Magicien d’Oz, ou celle de Blanche-Neige. C’était sans compter sur une petite révolution à partir des années 1970, mais surtout 1980 et 1990.

Une nouvelle image à travers la culture populaire

La sorcière auparavant cantonnée au rôle de la méchante devient alors l’héroïne, comme dans Ma Sorcière bien-aimée : la magicienne est alors ce qui se cache derrière l’apparence de parfaite ménagère américaine. Elle devient un visage familier et bienveillant, comme celui des super-héroïnes de Sailor Moon, ou de Grand-mère Feuillage dans Pocahontas. Avec Harry Potter, la sorcellerie s’étend à un univers entier, fait de personnes bien attentionnées, et d’autres non : comme nous, les magiciens sont plus nuancés que « gentils » ou « méchants ».

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Après s’être rendue sympathique et « normale », la sorcière redevient aussi puissante. Après avoir incarné une forme de féminisme dans les années 1980 comme dans Les Sorcières d’Eastwick, la faiseuse de magie devient une égérie du cool. De Buffy à Sabrina, en passant par Dangereuse Alliance, Charmed ou récemment American Horror Story : Coven: depuis les années 1990, le look, l’attitude, et la rébellion deviennent sorcellerie. Plus récemment, la série Penny Dreadful a entrepris de rétablir l’image de la sorcière, non pas en l’adoucissant à l’extrême, mais en développant les combats qu’elle incarne, dont celui du féminisme.

Dans tous ces différents cas, il s’agit pour lesdites sorcières de faire entendre une voix trop souvent tue : que ce soit au niveau du genre, de la sexualité, de l’ethnie, de la classe sociale ou de l’âge. Cette figure est redevenue contestataire, tant et si bien que des mouvements politiques lui empruntent ses codes, comme W.I.T.C.H aux États-Unis, qui manifeste son féminisme en chapeau noir.

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À travers la littérature, mais aussi nos petits et grands écrans, les sorcières se déclinent et redeviennent de plus en plus un symbole positif, de pouvoir et de sagesse, incarnant des luttes féministes et sociales. Et, si l’image de la sorcière a longtemps été celle de l’anonymat, de l’infiltrée dans la société, elle tend aujourd’hui à sortir de l’ombre, n’en déplaise aux moldus.

Sources :

Mots-clésOpinion/Analyse
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