Logo Gazette du Sorcier
menu fermer
La Gazette Logo du Sorcier
L'actualité Harry Potter et Animaux fantastiques depuis juillet 2000 !
Accueil / Biopics de Harry Potter / L'Ordre du Phénix / Arresto Momentum ! De sable et de verre : la lutte entre Harry Potter et Voldemort au Ministère

Arresto Momentum ! De sable et de verre : la lutte entre Harry Potter et Voldemort au Ministère

J’ai longtemps considéré David Yates comme un hérétique, profanateur du temple sacré de l’Ordre du Phénix, celui des Harry Potter que j’avais le plus lu, aimé, et qui avait tant enrichi et complexifié l’univers de Rowling. Je reprochais au film des Fred et George trop effacés, fulminais que Cho ait été sacrifiée (c’était en ces temps où le moindre écart du livre condamnait un réalisateur à opprobre), tempêtais contre le manque de profondeur politique du film, mais m’étonnais surtout de sa coloration neutre, à des années-lumière de la chaleur des pages.

danielandyates.jpg

Ce n’est que tout récemment, en parcourant le film image après image pour dégoter des questions farfelues à imposer aux lecteurs de la Gazette, que j’ai pris conscience de la complexité de la mise en scène de Yates. Il s’imposait donc d’incanter un Arresto Momentum ! pour analyser l’une des scènes emblématiques du film, son dénouement, où tout se passe tellement vite que sortir les Multiplettes pour le comprendre n’a rien de superflu…

Harry se retrouve seul pour repousser Voldemort

Si l’attention des spectateurs a été accaparée par le faste de l’opposition de style entre Voldemort et Dumbledore, à grands renforts de serpents de feu et sphères hydriques, Voldemort parvient assez rapidement à écarter Dumbledore du combat pour s’attaquer directement à Harry. Les deux personnages livrent un duel de Légilimancie en cinq rounds, à l’issue duquel Harry parvient à repousser Voldemort.

La culpabilité et la solitude, au cœur de la stratégie offensive de Voldemort

Depuis le début du film, Yates a placé une petite dizaine de séquences rapides de plans-souvenirs, la plupart du temps lorsque Harry rêve. Celles-ci, de plus en plus violentes dans leur charge émotionnelle, induisent une sérieuse remise en question du sorcier à lunettes. Voldemort, ainsi que Luna l’avait annoncé dès la scène des Sombrals, souhaite que Harry se sente seul. C’est évidemment ce sur quoi il insiste, donc, au cour de ses premiers assauts de Légilimancie.

Visions de Lily, morte pour le sauver; de Sirius, qui constituait son principal espoir d’avoir un jour une réelle famille ; de Cédric, dont il ne parvient pas à faire le deuil ni à parler à quiconque, pas même à Cho. Voldemort tape là où ça fait mal : l’absence des êtres chers.

Retours de Cédric et Sirius, pour rappeler la solitude, la culpabilité, le deuil, auxquels s’ajoute un Détraqueur, histoire de réveiller les bonnes vieilles peurs de Harry. Vicieux, le Seigneur des Ténèbres ! « Jusqu’à la dernière exquise goutte d’agonie », disait Rogue… Nous y voilà !

En tête-à-tête avec Harry, Voldemort s’impose dans son esprit

Après l’avoir rendu vulnérable par deux premières salves d’images mentales, Voldemort s’immisce dans l’esprit de Harry et en prend le contrôle, s’appuyant à nouveau sur sa peur de la mort en rappelant le risque qu’il a fait courir à une de ses figures paternelles de substitution, Arthur Weasley.

Le retour en force de l’amour

Leitmotiv de la saga, c’est à nouveau l’amour qui vient aider Harry à surmonter l’adversité. Au moment où il comprend que ses amis sont en vie et les voit accourir vers lui, Harry focalise son esprit sur des souvenirs positifs. Ce moment marque le retour en force de Dumbledore au chevet de Harry: « Ce ne sont pas vos ressemblances qui comptent. Ce sont vos différences… »

La dernière passe d’armes

Le dernier temps de cet affrontement est le plus intense, et aussi celui dont les images s’enchaînent le plus rapidement.

Prenez le temps de faire défiler toutes les images. On y retrouve Harry s’observant avec le visage de Voldemort dans le Miroir du Risèd, puis une attaque mentale de Voldemort pour répondre aux souvenirs positifs: Détraqueur, Cédric. Deux images, séparées par un plan sur le labyrinthe de la Coupe de Feu, renvoient ensuite au duel Voldemort/ Dumbledore, et l’impulsion donnée par Dumbledore et Fumseck permet à Harry de repousser Voldemort. Il brise le miroir du Risèd de plusieurs coups de poings et parvient à chasser Voldemort. Harry l’a emporté.

Le sable et le verre, une symbolique soigneusement filée dans la mise en scène

Dès que Dumbledore marque un signe de faiblesse dans son duel face à Voldemort, ce dernier en profite pour briser les fenêtres de l’atrium de Ministère et en diriger les éclats vers Harry. Oui, c’est le fameux moment Shakira de Voldemort, bref…

Sous l’effet de la protection de Dumbledore, les bris de verre se transforment en sable. Ces deux éléments, verre et sable, sont au cœur de la construction dramatique du film. Le verre renvoie à la transparence, à l’idée qu’Harry ne peut rien cacher à Voldemort. Mais il renvoie aussi aux miroirs, donc à l’introspection, ainsi qu’à la salle sur Demande où il construit sa posture d’adulte et de leader du combat contre Voldemort.

Parmi les miroirs, évidemment, comment ne pas parler de la destruction du miroir du Risèd ? Symboliquement, cela signifie que Harry renonce à ses espoirs d’enfant: revoir ses parents, avoir une famille, et qu’il renonce à cette faiblesse pour se préparer à ce qui l’attend. Et pourtant, quelques mois seulement avant l’affrontement, lorsque Rogue s’introduit dans l’esprit de Harry, la famille rêvée du miroir y figure parmi ses pensées les plus chères. On comprend donc toute la portée de ce sacrifice.

D’autre part, le sable, image du temps qui glisse et nous échappe, évoque également l’introspection puisque les visions de Harry l’amènent systématiquement aux souvenirs positifs des premier, deuxième et troisième films : à son enfance. En grandissant, Harry prend conscience de la mort, apprend le deuil – ce que les Sombrals sont également là pour rappeler – et éprouve un besoin protecteur de solitude. À plusieurs reprises il se trouve ou se met à distance d’Hermione et Ron, pourtant ses plus proches amis. Il convoque ses souvenirs positifs dans ses visions, car malgré cela il refuse de renoncer à cette amitié.

« Il est impossible de ressentir tout ça à la fois sans exploser! »

Bien vu, Ronald. Et c’est précisément là le but de Voldemort : faire craquer Harry, le rendre fou. Toute cette épreuve de la mélancolie et du doute, associés à la douleur d’avoir perdu Cédric, et à bien plus forte raison Sirius en fin de film, mènent à cet ultime affrontement de Harry avec lui-même : comment se définit-il ? Est-il capable de résister à Voldemort ?

Une restitution fidèle de l’essence de l’Ordre du Phénix

Eh bien, oui. Une fois qu’on a regardé tout cela de plus près, le film gagne en complexité, et du coup on se doit de signaler certaines réussites dans l’adaptation du roman:

  • L’échec stratégique de Dumbledore : dans les livres comme dans les films, il mise sur la distanciation d’avec Harry pour se protéger, et laisse ainsi seul un adolescent en proie au doute et à la souffrance. Mauvaise idée.
  • La construction du héros Harry : en colère, inquiet, en quête de repères, bref, troublé, jamais il n’est pour autant abattu. Harry est et reste un héros.
  • La construction de l’antagoniste Voldemort : coups bas, perfidie, manipulation, délectation de la souffrance d’autrui… Voldemort définit ici ses lettres de noblesse dans l’art d’être un bon méchant.
  • Le message global de l’oeuvre de Rowling sur l’amour et l’amitié : comme dans les livres, c’est le fait que ses amis soient en vie qui donne à Harry la force de se battre.

… Et c’est pareil pour le reste du film?

Oui et non.

Certaines choses doivent être réhabilitées. Toutes les transitions à base de Unes de journaux, par exemple, apportent de la complexité à l’univers politique ainsi qu’au traitement médiatique du personnage de Harry.

Neville posant une Gazette du Sorcier au titre sensationaliste

En revanche :

  • Cho est toujours bousillée par ce film.
  • Drago et Ron sont quasiment inexistants alors que c’est leur première année en tant que préfet et qu’ils sont sensés être au sommet de leur gloire (surtout Ron !)
  • Le Quidditch est mort. Vive le Quidditch !
  • Le Chicaneur n’est pas du tout utilisé, ce qui est bien dommage.

BREF ! On en ressort avec le sentiment que le film aurait pu être très bon. Les choix faits pour une adaptation en temps limité ne sont pas foncièrement mauvais. Mais tous ces détails sont complètement invisibilités par le montage final, alors que les absences se font ressentir. Un sentiment de gâchis, donc, pour un travail de fond plutôt fidèle au livre. Pour se consoler, ou se frustrer plus encore, on peut toujours consulter la liste des scènes coupées au montage

Vous avez aimé cet article ? Vous pouvez soutenir la Gazette du Sorcier sur Logo tipee.com
Soutenir la Gazette sur Tipeee

Laissez-nous un commentaire !

La Gazette c'est aussi...

Podcast
Podcast
Vidéo
@LaGazetteDuSorcier @GazetteSorcier GazetteDuSorcier @gazette_du_sorcier @gazette_du_sorcier Flux RSS