Interviews avec les créateurs du jeu vidéo 5
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Comme vous le savez, nous avons pu visiter les studios d’EA Games, les créateurs du jeu vidéo Harry Potter et l’Ordre du Phénix. Pour ceux qui les auraient manqués, vous pouvez lire la première partie du compte-rendu de la journée et les impressions de D-Diggle. Dans ce deuxième tiers du compte-rendu, vous pourrez découvrir nos discussions avec cinq membres de l’équipe. Nous étions accompagnés d’Ilse, de WizardZone, et bien souvent, ce qui devait être une interview a dégénéré en conversations entre fans…
Kelvin Tuite est le directeur artistique des jeux Harry Potter. À peine entrés dans la salle, il a commencé à vouloir tout nous montrer sur le jeu. Son enthousiasme pour Harry Potter est tel que chaque question provoquait une réponse de dix minutes, plus proche de l’envolée lyrique que de la déclaration officielle.
Ce dont il est le plus fier, c’est qu’on est totalement immergé dans le jeu. Contrairement aux jeux précédents, il n’y a jamais un seul écran « chargement en cours » – ce qui est une prouesse technique sur les consoles les plus anciennes. Du coup, on a beaucoup plus l’impression d’être dans le film. De plus, alors que dans le jeu 4, la trame était une excuse pour provoquer des missions sans grand rapport avec ce qui se passe dans le livre ou le film, dans ce jeu-ci, chaque mission correspond à un événement de la trame. L’histoire sera racontée par les personnages pendant le jeu, et pas pendant les écrans de chargement…
Comme vous le savez, 22 acteurs des films ont pris part au jeu vidéo (et 1500 doubleurs à travers le monde en ont fait autant). C’est même vrai de quelques acteurs qui n’étaient pas présents dans l’Ordre du Phénix. Les fans avaient demandé que les parties coupées du film apparaissent tout de même dans le jeu, et les créateurs ont donc intégré tous les personnages, même ceux qui avaient été coupés. On retrouvera donc Colin Crivey, dont la voix est jouée par l’acteur qui l’interprétait dans le film 2, Hugh Mitchell. Quatre ans après le tournage, il s’est immédiatement remis dans la peau du jeune homme un peu fou – à la petite différence près qu’il parle maintenant d’une voix de baryton.
La visite de Poudlard tient à coeur à Kelvin Tuite, qui adore par exemple aller visiter les toilettes de Mimi. On peut même y ouvrir le lavabo pour découvrir l’entrée de la Chambre des Secrets (mais pas y entrer : elle a été bouchée par l’administration de l’école). Pour rendre la vie à Poudlard encore plus réelle, deux des priorités dans le jeu Prince de Sang-Mêlé seront l’intégration du Quidditch, qui joue une part importante dans l’histoire, et la création de nouveaux lieux comme Pré-au-Lard. Kelvin Tuite espère qu’on pourra aller à pied du dortoir des Gryffondor à la boutique Zonko’s.
Justin Manning, le producteur, nous emmène ensuite rendre visite aux programmeurs. Chacun a face à lui deux ou trois écrans gigantesques et au moins deux consoles différentes. En se basant sur les plans utilisés pour le films, ils recréent chaque feuille morte et chaque ride. Les créateurs du film avaient déjà dû créer une version digitale d’une quinzaine d’acteurs : ceux qui volent, que ce soit sur un balai en emmenant Harry à Londres, ou sur un Sombral en se rendant au Ministère. Pour ces personnages, il était « facile » de créer un personnage de jeu qui ressemble à l’acteur. Et puis pour les autres, les producteurs ont décidé de faire venir tous les acteurs au studio, et de créer leur propre version numérique. D’où un mur gigantesque couvert de prises de vues d’une petite centaine d’acteurs sous toutes les coutures. Nous avons pu assister à la mise en place des rides de McGonagall (il y en a plus ou moins selon la console : il faut un jeu plus léger pour la PlayStation 2, donc des visages moins élaborés). Mais le plus difficile, c’est le regard…
Quand nous sommes arrivés dans le bureau de Harvey Elliott, il nous attendait en regardant une fois de plus la bande-annonce. Juste pour le plaisir. Normal : ce qu’il préfère, c’est le Grand Escalier, qu’il parcourt dans tous les sens. L’autre partie à laquelle il revient encore et toujours, c’est le jeu d’échecs sorciers. Il y a trois élèves à battre : un de Gryffondor, que nous avons vu à l’oeuvre et qui joue franchement mal, puis un de Serpentard, légèrement meilleur, et enfin un de Serdaigle : Harvey Elliott n’a encore jamais réussi à le battre, mais à chaque fois, il a l’impression qu’il pourrait y arriver, d’où un irrésistible goût de reviens-y. Bien entendu, il n’est pas nécessaire de gagner aux échecs pour finir le jeu : c’est juste un petit bonus.
Clairement un fan des livres, Harvey Elliott ira acheter le tome 7 à minuit. Mais pas dans une grande librairie : trop de queue, il risquerait d’attendre plus longtemps… En tant que fan, il a insisté pour que tout ce qui a été créé pour le jeu et qui ne figurait pas dans les livres soit soumis à l’approbation de J.K. Rowling avant d’être intégré. Et il s’amuse des petites références faites aux tomes suivants ou précédents ; ainsi, on apprend dans le tome 6 qu’Ernie McMillan est fort en Potions, et le jeu utilise donc ce personnage à chaque fois qu’il est question de potions.
Il a également précisé certaines différences entre consoles : avec la PSP, on pourra faire des batailles à six, alors que la Nintendo DS se concentre plus sur les mini-jeux. Par contre, les autres versions sont toutes très similaires, si ce n’est que les consoles plus puissantes comportent plus de détails.
Wayne Stables, qui dirige l’équipe de synthèse d’image, ne peut pas se plaindre de sa carrière : avant de travailler sur le jeu Harry Potter, il occupait le même poste sur les films du Seigneur des Anneaux. Il est donc celui qui décide quels sont les bugs qu’il faut à tout prix fixer : le temps ne permet pas de tout faire, et il se désole donc de toutes les petites choses qui n’ont pas pu être réparées (et que personne sauf lui ne remarquera jamais). Mais il est particulièrement fier de tous les endroits un peu loufoques, et finalement sans importance, mais qui ont tout de même été ajoutés au jeu, parce que « ça fait Poudlard ». Cette passion des lieux, il l’a mise à profit pour une vue du soleil se couchant derrière les collines, ou pour la scène où suit Hedwige qui entre dans Poudlard en volant, et il aimerait l’utiliser pour créer le Chemin de Traverse dans le jeu 6. Et puis, comme tous les autres, il est émerveillé par la version PS2 : chaque bit disponible a été utilisé. La console a sept ans d’âge, ce qui en fait un ancêtre, et le jeu est tout de même visuellement très beau.
Il se définit avant tout comme un fan de science-fiction, qui sait donc ce que c’est que d’être un fan, et a donc voulu créer un jeu pour les fans, pas les médias. Et puis quand on lui pose la question « mais vous, vous êtes fan de Harry Potter ? », il répond sans hésiter « oui, bien évidemment ».
Chris Roberts, le designer, est sans le plus fan de tous, et « l’a toujours été ». Il a pu nous confirmer que Kreattur était dans le jeu, ainsi que la S.A.L.E. et Dennis Crivey. Par contre, Nigel, qui a été créé pour les films (le jeune garçon blond qui livre sa robe de soirée à Ron dans le film 4) n’existe pas dans les livres, et ne sera donc pas dans le jeu vidéo. Par contre, le pire souvenir de Rogue a dû être coupé (mais les autres souvenirs sont tous là).
Une des missions à accomplir sera de saboter la grande horloge (qu’on voit beaucoup dans le fiml 3, et apparemment dans le film 5 aussi). Il comptait utiliser Neville pour cette mission, mais comme tous les autres détails, il a vérifié avec J.K. Rowling, qui lui a conseillé d’utiliser Dean Thomas à la place : « ça correspond plus à son caractère ».
La vidéo ci-dessous montre à quel point il est fier du travail accompli : tout ce qu’il dit, c’est « c’est clair : je veux aller à Poudlard ».
Tous semblaient vouloir ajouter encore plus de choses dans le jeu suivant : le Quidditch, Pré-au-Lard, le Chemin de Traverse, plus de choses dans les cours… Toute l’équipe est déjà en train de prendre des notes sur le livre pour voir comment s’y prendre.
Vendredi prochain, nous publierons nos impressions sur le jeu lui-même.
Harry Potter et l’Ordre du Phénix sortira le 28 juin 2007 sur Nintendo Wii™, PlayStation® 3, Xbox 360™, PlayStation® 2, PSP® (PlayStation® Portable), Nintendo DS™, Game Boy® Advance et PC Windows.