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Critique – The Boy Who Lived de David Holmes

Les autobiographies des acteurs de la saga se sont multipliées ces dernières années (Alan Rickman, Tom Felton…). Le nom de David Holmes ne vous est certes pas aussi familier. Et pourtant, The Boy who lived est un témoignage exceptionnel, d’une personnalité tout aussi exceptionnelle.

Les plus fidèles lecteur.ice.s de la Gazette le savent déjà : ce livre porte le nom d’un documentaire produit et co-écrit par Daniel Radcliffe. Il y mettait en lumière son ami David Holmes, qui a été sa doublure cascade sur les six premiers films de la saga potterienne, jusqu’à ce qu’un terrible accident durant la préparation d’une cascade des Reliques de la mort – partie 1 le laisse tétraplégique. Le documentaire est sorti en 2023, et est disponible depuis quelques mois pour le public français sur la plateforme de streaming Max.

A la suite de la réalisation de ce documentaire, le principal intéressé, David, a écrit cette autobiographie qui vient compléter son histoire. Deux membres de la rédaction se sont plongés dans le livre, uniquement disponible en anglais à l’heure actuelle, pour vous partager leur avis ; l’une ayant vu le documentaire, l’autre non.

David Holmes (cascadeur) et Daniel Radcliffe dans Harry potter et l'Ordre du Phénix

Avertissement : le livre aborde des thématiques qui peuvent ne pas convenir à tous les lecteur.ices en fonction de leur sensibilité et expériences personnelles. Les sujets sensibles comprennent : harcèlement (scolaire et professionnel), consommation de drogues et addictions, traumatisme post-accident, pensées suicidaires.

Lire The Boy Who Lived sans avoir vu The Boy Who Lived, par Fantine

Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas veillé si tard à cause d’un livre. Incapable de le lâcher,The boy who lived m’a accompagnée partout où je suis allée pendant une semaine, saisissant le moindre instant pour pouvoir continuer à le lire.

La retranscription de la scène de l’accident sous forme de scénario dès le premier chapitre m’a tout de suite happée dans l’histoire, et j’ai eu l’horrible impression de vivre avec David Holmes la violence et l’horreur du moment.

Immédiatement en empathie avec David Holmes, le livre m’a fait passer par toutes les émotions possibles. Ses anecdotes folles sur le tournage des Harry Potter m’ont empli de nostalgie. Son entraînement extrême pour réussir à briller dans le milieu m’a impressionnée, et son humour gras pour dédramatiser les conséquences de l’accident m’a fait exploser de rire. Et puis, évidemment, les moments douloureux où l’émotion le submerge m’ont fait verser quelques larmes.

L’écriture de David Holmes étant presque orale, j’avais l’impression d’entendre son histoire, plus que de la lire. Il s’exprime avec des mots crus, ne se censure que lorsqu’il en a l’obligation (notamment concernant l’enquête suite à son accident). Son récit est ponctué de flashbacks, flashforwards, et commentaires rétrospectifs sur ses erreurs commises ou sur des souvenirs particuliers.

J’ai particulièrement aimé ses prises de conscience face à l’univers machiste des cascadeurs. Les prises de risque inutiles, mettant en danger sa vie et / ou celle d’autrui pour prouver son sang-froid sont racontées avec recul et sagesse.

Parmi les nombreux tests de sang-froid particulièrement dangereux auxquels David Holmes a été confronté lors de sa carrière, celui que Greg Powell, le coordinateur de cascade sur toute la saga, a décidé de lui faire subir en voiture m’a particulièrement marqué. Alors que David le conduisait chez lui après le tournage. Greg a soudainement mis ses mains devant les yeux de David et l’a fait conduire à l’aveugle jusqu’à l’arrivée. Plus tard, Greg le challengera dans une course poursuite, le faisant conduire à plus de 250 km/h au milieu de la circulation. David en parle sans idéaliser ni glorifier ces moments épiques. Il avoue qu’il a eu une poussée d’adrénaline, mais se rend compte combien c’était dangereux et irresponsable.

Derrière ce langage, j’ai vu une sincérité simple, directe, et surtout l’envie généreuse de David Holmes de nous partager comment il affronte avec courage et force d’esprit sa condition de tétraplégique. Le combat de tous les jours qu’il mène pour repousser sa dégénérescence neurologique n’est ni romantisé, ni dramatisé. Il souhaite rappeler à ses lecteur.ice.s leur chance d’être en vie, et combien il est important de garder une attitude positive.

Durant ma lecture, j’ai été piquée de curiosité et j’ai cherché sur internet des vidéos de lui pratiquant la gymnastique, j’ai voulu revoir les scènes de cascade qu’il mentionne, et trouver des vidéos de backstage. Même si ses explications concernant les cascades sont très claires et visuelles, j’avais tout de même besoin et envie de voir des images. Mes recherches m’ont finalement amenées à la bande annonce du documentaire qui s’intitule également The Boy who lived, et le livre m’a bien donné envie de le regarder.

J’espère qu’avoir lu le livre en premier me permettra de me prémunir de trop violentes montagnes russes émotionnelles face au documentaire.

Lire The Boy Who Lived en ayant vu The Boy Who Lived, par Marjolaine

J’ai partagé dans un précédent article mon enthousiasme pour le documentaire, qui m’avait profondément émue. Je me suis donc plongée avec grand intérêt dans l’autobiographie, avec l’avertissement en préambule de Daniel Radcliffe : le livre contient tout ce qui n’a pas pu être inclus dans le documentaire, pour des raisons qui seront évidentes à la lecture.

Et en effet, le récit de David est beaucoup plus cru, il se permets d’aborder de manière frontale des thématiques passées sous silence à l’écran, comme la place de la drogue et des excès en tous genres dans son parcours, avant et après l’accident. Il n’épargne au lecteur aucun détail intime sur le rapport à son corps, sans jamais tomber dans le sordide. Son ton, son humour parfois trash, mais hilarant permettent de désamorcer toute sensation de voyeurisme malaisant, sans nous épargner la réalité très concrète, du métier de cascadeur d’abord, puis du quotidien de personne tétraplégique.

L’autre principale différence, qui impacte profondément le ton du récit, est le point de vue. Le documentaire se concentrait autant, voir plus, sur celui de son entourage que sur celui de David. L’amitié était au cœur du récit, et le fil rouge de la narration. Le fil rouge ici, c’est la philosophie de vie de David, que l’on comprend avec une acuité que ne pouvait saisir que partiellement le documentaire. Celle qui s’est forgée dans sa vocation de cascadeur, et qui a impacté sa manière de vivre son handicap.

David Holmes, cascadeur de la saga Harry Potter, avec Daniel Radcliffe

Il insiste énormément sur le message qu’il veut faire passer avec ce livre : il ne veut pas être vu comme une victime. David connaissait les risques de son métier, et aimait vivre dangereusement. Il s’est blessé en faisant quelque chose qu’il aimait par-dessus tout. Cela n’empêche pas les douleurs, les énormes challenges de vivre tétraplégique, mais en voyant toutes les autres personnes paralysées dans des circonstances beaucoup plus dramatiques, il remet les choses en perspective. (“if it’s tragedy porn you are after, maybe go elsewhere.” p.8)

Au-delà de tout ce qui touche au tournant de sa vie que fut l’accident, une bonne partie du livre est aussi une plongée inédite dans le quotidien des tournages des films Harry Potter. Découvrir le quotidien le plus concret du travail de cascadeur est passionnant (et terrifiant), mais c’est la façon irrésistible qu’a David de décrire les personnes qu’il a côtoyé sur les tournages qui m’a plu le plus. L’équipe des cascadeurs et ses personnalités larger than life ; mais aussi les réalisateurs, les acteurs, avec en tête, la relation privilégiée et la profonde amitié entre David et Daniel Radcliffe. Le regard de David sur le jeune Dan, son évolution, les challenges qu’il a dû surmonter, sont racontés avec une tendresse très touchante.

Si vous avez aimé le documentaire, et qu’une lecture en anglais ne vous fait pas peur, The Boy who lived est un parfait complément, et une découverte encore plus profonde de la personnalité généreuse, débordante de vie et inspirante qu’est David Holmes.

Anecdotes de tournages

Si votre niveau d’anglais ne vous permets pas de vous plonger dans cette lecture passionnante, voici une sélection d’anecdotes livrées par David sur les coulisses des films : 

  • David s’est cassé une côte sur le tournage du premier film, lorsque Harry fait face à Quirrell. On lui demande de ne rien dire pour éviter la paperasse, tant qu’il ne s’est pas perforé un poumon, il n’y avait rien à faire d’autre que de prendre sur lui-même. (p.11-12)
  • Lors des premiers jours du tournage du premier film, pour la scène de la descente du Poudlard Express à Pré-au-Lard, les vigiles ont dû faire la chasse aux paparazzis qui tentaient d’avoir les premiers clichés du trio Harry, Ron, Hermione. (p.50)
  • Les tests pour le vol sur balais :
    • Greg Powell, le coordinateur de cascade, avait eu l’idée complètement folle de suggérer à ce que les scènes de vol en balais soient tournées avec des enfants cascadeurs sautant en parachute depuis un avion avec des balais. L’idée s’avérant impossible à assurer, et peu pratique vu que les visages des acteurs devaient apparaître, ce fut rapidement abandonné. (p.51)
    • David Holmes fut le premier cascadeur à réussir le vol sur un balai. Le premier essai consistait à réussir à tenir sur une selle de vélo montée sur un balai, le tout fixé sur un bras mécanique. Ce fut un succès, mais le vol en balais demandant plus de mouvement, le second essai fut bien plus sportif. Le balai était accroché à une grue, elle-même sur une voiture qui roulait jusqu’à 50 km/h. David a obtenu le poste de doublure cascade principale de Harry Potter grâce à ce test.
    • Les descriptions du travail sur les balais reviennent beaucoup, notamment pour mentionner l’inconfort sur les premiers films. Avec le temps, les équipes ont amélioré le siège des balais, jusqu’à les mouler sur mesure pour le 6ème film.
  • David nous offre une hilarante description de Chris Carreras, le 1er assistant réalisateur de Chris Colombus. Si Chris Colombus était jovial et bon enfant, Chris Carreras était effrayant et maintenait les enfants en place, grâce à son aura à la Severus Rogue. (p.57)
  • David a été la doublure cascade de Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Tom Felton, mais aussi d’Emma Watson, c’est lui qui est allongé dans les toilettes lors de l’attaque du troll. Il incarne Ron sautant depuis la pièce d’échiquier dans le premier film. Il incarne Drago Malfoy lors de la scène du duel dans la Grande Salle dans le second film. (p.58)
  • Daniel Radcliffe voulait faire ses propres cascades et s’est légèrement blessé sur sa première, lors de la scène dans le premier film quand Harry fait face à Voldemort et tombe en arrière. Daniel s’étant mal placé, il s’est cogné la tête contre le mur derrière lui. David Holmes, qui devait s’assurer que tout se passe bien, s’en est extrêmement voulu. (p.72)
  • David Holmes énumère plusieurs accidents de cascades, notamment sur le tournage du deuxième film, dont un où ils ne sont pas passés loin d’un drame avec la Ford Anglia et le jeune cascadeur Tolga. Lorsque Ron et Harry volent avec la voiture pour aller à Poudlard, Ron est éjecté hors de la voiture et se rattrape à la portière. Lors du tournage, la voiture se met à tourner, Tolga tombe de la voiture, mais l’opérateur chargé de faire tourner la voiture l’a fait accidentellement descendre, faisant passer la portière de la voiture à quelques centimètres du crâne de Tolga, manquant de peu de le tuer sur le coup. (p.110)
  • Focus sur le tournage de la scène du club de duel, sa préférée. Rowley Irlam, le cascadeur pour le rôle de Gilderoy Lockhart, s’est blessé juste avant que David ne doive faire ses cascades. Le câble qui devait tirer Rowley était trop puissant, le faisant violemment atterrir tête la première sur le sol au lieu de la table. David a fait sa cascade pour le rôle de Malfoy 8 fois. Il a eu très mal, mais la récompense fût grande : la reconnaissance de Alan Rickman. (p.111-114)

Le livre nous offre une galerie de grands acteurs, qui ont tous le droit à leurs anecdotes.

  • David Holmes rend particulièrement hommage à Alan Rickman, qui avant de signer pour les films, avait pris la tête d’un groupe d’acteurs pour négocier une clause sur les royalties : le paiement serait calculé sur la même base pour tout le monde (acteurs, cascadeurs, figurants) à savoir le nombre de jours passés devant la caméra. Cette clause a permis à David d’avoir le nombre maximum de royalties possibles, à savoir 25 jours par film, et de toucher le même montant que les plus grand.e.s acteur.ice.s de la franchise. (p. 114)
  • Lors du tournage du premier film, David Holmes avait 17 ans. Il aimait passer du temps dans la cabane de Hagrid avec Robbie Coltrane, raconter des blagues. Un jour, Robbie Coltrane l’a repris sur un commentaire que David a pu faire “nous ne faisons pas ce genre de blagues. C’est un peu misogyne”. (p.82-83)
  • Lors du tournage du 4ème film, pour la 2ème tâche dans le lac, David a passé 4 mois à tourner sous l’eau, ce qui était particulièrement épuisant et dangereux. Les prises pouvaient durer jusqu’à deux minutes sous l’eau, et la profondeur du bassin était de 6 mètres. Dû à la pression de l’eau et l’apnée, David a contracté une inflammation des poumons. (p.127-129)
  • Les scénarios avaient un filigrane par personne, afin que Warner Bros puisse connaître la source de la fuite. Quelqu’un a tout de même réussi à perdre son scénario dans les transports londoniens. Il a été récupéré par un journal, avec lequel Warner Bros a dû passer un accord afin d’empêcher la publication du script. (p.135)
  • La dernière performance à l’écran de David Holmes comme cascadeur était dans Harry Potter 6, dans la scène de la confrontation entre Harry et Rogue dans la cour du château. La description est marquante. Au milieu de géants du cinéma, David Holmes tire sa référence en tant qu’Harry Potter. (p.145-146)

Acheter The Boy Who Lived, par David Holmes

David Holmes, The Boy Who Lived : When Magic and Reality Collide : My Story.
Hodder & Stoughton. 272 pages, 28€ (14.99€ en format numérique).

Merci aux éditions Hodder & Stoughton de nous avoir fourni un exemplaire

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