Critique – Le Journal d’Alan Rickman
Le Journal d’Alan Rickman, journal personnel de l’acteur qui a incarné, notamment, Severus Rogue, est disponible en version française depuis le 3 janvier, aux éditions Hachette. La Gazette a reçu un exemplaire et vous partage ses impressions !
« Un bon jeu d’acteur frappe toujours le public avec la force et l’unité d’une bombe bien ciblée – on n’est conscient de l’explosion ou de la série d’explosions que sur le moment – après quoi on peut étudier la dévastation ou réfléchir à la façon dont une bombe est fabriquée. »
Alan Rickamn, Le Journal d’Alan Rickman
Un livre très attendu…
Alan Rickman est sans doute l’un des acteurs les plus appréciés et nul doute que les fans l’attendait avec impatience, moi la première. J’avais envie de connaitre davantage cet homme si mystérieux, autant à la ville qu’à l’écran. J’avais envie de connaitre sa manière de penser, de savoir comment il se préparait pour un rôle, ou encore quelles étaient les raisons qui l’ont poussé à accepter de jouer dans tel ou tel film. J’avais donc hâte de me plonger dans ce livre, pensant qu’il allait répondre à toutes mes questions concernant ce grand acteur.
J’ai d’abord été extrêmement touchée par la préface d’Emma Thomson, on ressent tout l’amour et l’admiration qu’elle portait à son ami, et mes attentes concernant cet ouvrage ont sans doute atteint leur paroxysme à ce moment-là. Attentes qui sont bien vite retombées, à la lecture d’une seule et unique phrase à la suite de cette préface si touchante : « Nous ne savons pas si Alan voulait que ses journaux soient publiés ou non. » Petite phrase innocente, qui rend la lecture quelque peu compliquée. Dès lors, j’ai eu l’impression de lire quelque chose de secret, d’intime, qui n’était pas destiné au grand public. Cette impression n’a fait que s’accentuer au fil de ma lecture, étant donné la vulnérabilité et la futilité de certaines entrées. Savoir par exemple qu’il a fait cuire des pâtes le 6 juin 1994, n’a pas changé ma vie.
… mais qui peine à convaincre
Même si ma lecture a parfois été laborieuse, j’ai beaucoup aimé le style assez cru et sarcastique du début. Mais au bout de 200 pages avec le même genre de réflexions, sans changement de rythme, ou de cohérences entre elles, j’ai commencé à perdre le fil et je cherchais uniquement les moments où il tournait pour avoir quelque chose à me mettre sous la dent. Il mentionne quelque fois Harry Potter, mais si vous voulez le lire pour ça, passez votre chemin, vous allez être déçus.
Au milieu du journal, il y a quelques images de ses vrais journaux remplis de dessins et croquis, ainsi que des photos personnelles en compagnie de sa femme, ou prises lors de tournages. Ces petites pages sont celles que j’ai préférées. Elles sont colorées, pleines de vie et apportent de nombreuses couches de lecture. Malheureusement, les dessins ont tous été retirés pour ne laisser qu’une succession de dates, je regrette le choix de l’éditeur de les avoir enlevées, la lecture aurait été tellement plus agréable !
Dans l’annexe contenant ses journaux antérieurs, Rima Houghton, sa veuve, explique qu’il a tenu un journal occasionnel entre 1974 et 1982, et qu’à partir de 1993 et jusqu’à la fin de sa vie, il en a tenu un plus fréquent, d’où cet effet « agenda ». J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié ces annexes. Il n’y a qu’une quinzaine de pages, mais elles possèdent de profondes réflexions sur le fait d’être acteur ou sur son manque de confiance en lui. Chaque remarque est travaillée et empreinte de poésie, choses qui manquent cruellement dans le texte principal.
En conclusion
J’aurais peut-être davantage apprécié ce livre si l’on y avait partagé l’expérience d’Alan Rickman lorsqu’il travaillait sur un film ou un plateau de tournage, mais les jours se succèdent et se résument essentiellement à une liste de noms. Parfois certes, certaines entrées m’ont fait rire, mais ça n’a pas estompé cette impression de lire quelque chose d’intime.
Je pense toutefois qu’il vaut la peine d’être lu si vous souhaitez en apprendre plus sur sa vie de tous les jours et ses nombreux dîners, mais si vous voulez en savoir plus sur sa manière de travailler, ce n’est pas ici que vous trouverez vos réponses.
Commander ce livre
Alan Rickman, Le journal d’Alan Rickman (Miceal Beausang-O’Grafia, Trad). Hachette Heroes. 576 pages, 28€.
Merci aux éditions Hachette Heroes de nous avoir fourni un exemplaire pour la rédaction de cette critique.
