« Une année dans la vie de J.K. Rowling » : retranscription intégrale
Le documentaire « Une année dans la vie de J.K. Rowling » (« J.K. Rowling… a year in the life ») a été diffusé au Royaume-Uni le 30 décembre 2007. Pour l’instant, aucune diffusion en France n’est prévue, mais on peut espérer… En attendant, voici la retranscription intégrale, avec quelques captures d’écran.
En italiques, les commentaires de la voix off (faite par le réalisateur, James Runcie). Comme vous pouvez vous en douter, la transcription et la traduction d’une vidéo d’une heure prennent du temps ; le style de la traduction n’est donc pas toujours très joli, ce dont je suis désolé.
Vous pouvez voir le documentaire (en anglais) ICI, mais l’accès est bloqué à certains ordinateurs – en théorie, seuls les ordinateurs britanniques ont accès à la vidéo ; en pratique, certains français y arrivent aussi, alors ça vaut le coup d’essayer… Vous pouvez donc soit utiliser cette retranscription comme un ersatz du documentaire, soit avoir la vidéo et la retranscription face à face, pour mieux comprendre ce qui se dit.
Voici la maison de campagne de J.K. Rowling, dans le Perthshire [proche d’Édimbourg]. Une fois à l’intérieur, je décidai de commencer le film par quelques questions directes.
- Quelle qualité estimez-vous le plus ? Le courage.
- Quel défaut méprisez-vous le plus ? La bigoterie.
- Pour quelle faute avez-vous le plus d’indulgence ? La gloutonnerie.
- Quel est votre principal trait de caractère ? Je tente ma chance.
- De quoi avez-vous peur ? De perdre quelqu’un que j’aime.
- Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez un homme ? La morale.
- Et chez une femme ? La générosité.
- Qu’estimez-vous le plus chez vos amis ? La tolérance.
- Quel est votre principal défaut ? Je pète les plombs.
- Quelle est votre occupation préférée ? Écrire.
- Quel est votre rêve de bonheur ? Une famille heureuse.
Ce rêve d’une famille heureuse vient en partie d’une enfance difficile. Tout comme Harry Potter, son héros orphelin, Joanne Rowling a grandi dans une banlieue anglaise, d’abord à Yate, tout près de Bristol, puis à Winterbourne, à quelques kilomètres de là. Sa maison avait même un placard sous l’escalier, mais contrairement à Harry Potter, Jo n’y dormait pas. [Extrait de l’École des sorciers : Harry sortant de son placard]. L’anniversaire de Jo est le même que celui de Harry, le 31 juillet, et elle et sa sœur Di ont elles aussi subi des économies quand elles étaient jeunes.
[Jo et Di regardent des photos de leur enfance.]
James : Comment étiez-vous coiffées ?
JKR : Ça ne se fait pas !
Di : Nos coiffures étaient horribles.
JKR : C’était de la maltraitance d’enfants.
James : Tenez, j’en ai trouvée une.
JKR : Regardez ma frange ! Personne ne peut encaisser ça.
Au cas où vous vous poseriez la question, Jo est celle de droite.
Di : On pourrait penser que quelqu’un qui n’a pas l’habitude de couper les cheveux s’attellerait la tâche doucement et précautionneusement.
JKR : Ou nous emmènerait chez le coiffeur !
Di : Peut-être qu’ils ne pouvaient pas… Enfin elle aurait pu le faire doucement, plutôt que d’attaquer nos cheveux à la hachette.
JKR : Elle me les coupait toujours de travers. Toujours.
James : Vous portiez des vêtements similaires ?
Di : Oui, mais dans des couleurs différentes.
JKR : Toi, tu avais toujours droit à du rose. Et moi à du bleu.
James : Parce que tu étais le garçon, Jo.
JKR : Oui. Ils auraient voulu un garçon.
Di : Simon John…
JKR : Ils voulaient m’appeler Simon John. Je sais même ça !
James : Ils vous l’ont dit ?
Di : Ils étaient très déçus.
JKR : Un jour je leur ai demandé, pleine d’espoir, « vous avez aussi été déçus quand Di est arrivée ? » [Di est née deux ans plus tard.] « Non ! » Alors j’ai demandé « c’est parce que vous vous êtes rendu compte que c’était bien d’avoir un fille ? » « Non ! » Alors je suis montée pleurer dans ma chambre.
Quand Jo avait neuf ans, la famille a déménagé près de Chepstow, au bord de la Forêt de Dean. Cet endroit offrait une multitude de possibilités pour l’imagination. Des créatures magiques, du mystère et des intrigues.
JKR : Les forêts m’attirent. La forêt est mon endroit préféré à Poudlard. L’avantage d’une forêt, c’est que ça peut être tant de choses différentes. Un lieu d’enchantement… On ne s’imagine jamais une foule dans une forêt, c’est un lieu solitaire. Je suppose que c’est parce que c’était un abri pour nous, nous nous y sentions en sécurité. Elles m’attirent beaucoup, malgré leur aspect parfois sinistre.
Jo a commencé à écrire des histoires très jeune. Il y avait de quoi la stimuler tout autour d’elle. Elle habitait même à côté d’un cimetière. C’est dans cette maison qu’habitait la famille. Jo et sa sœur Di gagnaient de l’argent de poche en faisant le ménage dans l’église Saint Luc.
[JKR retourne dans l’église.]
JKR : Il n’y a pas de mots pour décrire le froid qu’il faisait dans cette église quand nous la nettoyions pendant l’hiver. On se les gelait ! Nous gagnions une livre chacune. C’est tragique, quand on y pense. [Elle trouve un vieux livre d’or.] Nos noms doivent être partout dans ce livre. Nous le signions tout le temps. Tenez, me voilà ! Moi et Di, ensemble. Joanne Rowling, 12 ans ; Dianne Rowling, 10 ans. Oh ! Là, il y a un nom que j’ai repris dans Harry Potter ! [Elle se dépêche de refermer le livre.] Un personnage déplaisant en plus. Cachons ce livre, mettons le sous clef. J’avais oublié ça.
Jo était le seul membre de sa famille à aller régulièrement à la messe. C’est dans cette église qu’elle a été baptisée, à 11 ans.
James : Croyez-vous en Dieu ?
JKR : [hésitante] Oui. C’est compliqué. Je ne pourrais pas prétendre que je n’ai jamais de doutes. Mais je dirais que oui.
James : Croyez-vous qu’il y a une autre vie après celle-ci ?
JKR : Oui. Je pense que j’y crois.
Les croyances religieuses de Jo, ainsi que ses réflexions sur l’amour, la mort et la vie après la mort, ont été mises à l’épreuve en 1980, lorsqu’on a diagnostiqué une sclérose en plaques chez sa mère.
JKR : J’avais 15 ans quand on a diagnostiqué la maladie, mais nous savons maintenant qu’elle a commencé à présenter des symptômes quand j’avais 10 ou 11 ans. Elle ne sentait plus certains de ses membres, elle perdait souvent l’équilibre. Et ça c’est empiré, alors elle a décidé d’aller voir le médecin, mais elle ne pensait pas qu’on trouverait quoi que ce soit. Et puis après une année de tests… Elle avait une forme très virulente de la maladie et à l’époque, il n’y avait pas de traitement. Ils ont dit « Vous avez la sclérose en plaques. À la prochaine ! »
Cette maladie a eu un impact dévastateur sur les deux filles, d’autant plus qu’elles avaient du mal avec leur père. Une des raisons pour lesquelles Harry Potter comporte autant de figures paternelles idéalisées – Hagrid, Dumbledore et Sirius Black – est que la relation entre Jo et son propre père était loin d’être idéale.
JKR : Pendant très longtemps, j’ai eu très peur de mon père. Mais en même temps, ce qui est très commun, j’essayais désespérément d’obtenir son approbation et de le rendre heureux. Et puis le jour est arrivé, assez tard dans ma vie, j’ai honte de le dire, où je n’en ai plus été capable. Cela fait plusieurs années que je n’ai pas été en contact avec mon père.
L’absence de relation avec son père et la lente perte de sa mère sont deux des principales influences sur les écrits de Jo. Anne Rowling est morte en 1990. Elle n’a jamais rien su sur Harry Potter, ni sur le succès phénoménal que sa fille allait bientôt connaître.
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La mort de la mère de Joanne Rowling allait avoir un effet profond sur ses écrits. De bien des façons, Harry Potter est une grande tentative de récupérer une enfance. [Images de JKR dans un cimetière ; extrait de l’École des sorciers : Harry devant le miroir du Riséd.] « Tu crois donc que les morts que nous avons aimés nous quittent vraiment ? Tu crois que nous ne nous souvenons pas d’eux plus clairement que jamais lorsque nous sommes dans la détresse ? »
JKR : Cela faisait six mois que j’écrivais quand elle est morte. Ce qui est bizarre, c’est que l’intrigue principale n’a pas changé après la mort de ma mère. Mais tout est devenu plus profond, plus sombre. J’avais déjà prévu que Harry allait perdre ses parents et que ce serait une quête pour les venger, pour venger tout le monde de cette créature qui croit qu’elle peut devenir immortelle en tuant des gens. J’avais créé ça avant sa mort. Mais effectivement, ça s’est infiltré partout dans les livres. Maintenant que j’ai fini, que je prends du recul, je me rends compte que ça a tout influencé.
James : Est-ce que c’est la première fois que vous voyiez le corps d’un mort ?
JKR : Non. Parce que je n’ai pas vu son corps. Je voulais la voir, mais mon père ne voulait pas que je la voie. J’ai suivi son conseil, mais j’ai eu tort. Je regrette profondément ce choix. J’aurais vraiment voulu la voir. Peu importe son apparence, ç’aurait été plus facile. Je crois que la vérité, qui est un autre thème des livres, est toujours plus facile que le mensonge ou les échappatoires. C’est plus facile à gérer, plus facile à vivre.
Après la mort de sa mère, Jo est partie enseigner l’anglais au Portugal. Elle a épousé Jorge Arantes, un journaliste de télévision. Ils ont eu une fille, Jessica, mais ont divorcé au bout de deux ans [NDLR : à peine plus d’un an, en fait]. Jo a succombé à la dépression.
JKR : Ce mariage n’a pas duré longtemps et a été une catastrophe. Je me suis retrouvée avec un bébé que je devais rapatrier en Grande-Bretagne et je devais nous rebâtir une vie. Je tournais à l’adrénaline. C’est seulement quand je me suis arrêtée pour réfléchir que je me suis rendu compte à quel point j’avais gâché ma vie. Ça m’a fait un choc assez rude. Nous étions aussi fauchés qu’on peut l’être sans être SDF : nous survivions uniquement grâce aux allocations. À cette époque, j’étais dépressive au sens clinique du terme, sans aucun doute. Ce qui pour moi veut dire une torpeur, une froideur, une incapacité à penser qu’on sera jamais heureux, qu’on aura un jour le cœur léger. Il n’y avait plus aucune couleur dans la vie. J’aimais beaucoup Jessica et j’étais terrifiée que quelque chose ne lui arrive. J’étais dans un état d’esprit dépressif, je pensais que comme tout allait mal dans ma vie, la seule belle chose qui m’arrivait allait aller mal aussi. Tous les matins, j’étais presque surprise qu’elle soit encore en vie, j’étais persuadée qu’elle allait mourir. C’étaient des temps très difficiles.
Jo s’est inspirée de sa dépression pour créer les Détraqueurs. [extrait du film 3 : les Détraqueurs dans le Poudlard Express] « Les Détraqueurs comptent parmi les plus répugnantes créatures qu’on puisse trouver à la surface de la terre. Ils infestent les lieux les plus sombres, les plus immondes, ils jouissent de la pouriture et du désespoir, ils vident de toute paix, de tout espoir, de tout bonheur, l’air qui les entoure. Quand on s’approche trop près d’un Détraqueurs, toute sensation de plaisir, tout souvenir heureux disparaissent. » Les livres Harry Potter ont beau parler d’un univers alternatif fantaisiste, ils sont remplis des souffrances et des dilemmes de la vraie vie. Ils abordent des questions morales profondes sur la nature de la confiance, de la loyauté, de l’honnêteté et le besoin de s’opposer au Mal. Dans la saga, Harry Potter doit apprendre ce que c’est que d’être une force du Bien contre les Forces du Mal de Lord Voldemort. [Extrait du film 4 : la renaissance de Vous-Savez-Qui]
JKR : Nous savons tous reconnaître le Mal. Voldemort représente le Mal d’une façon extravagante. Il a tué non pas pour se défendre ni pour protéger, pas pour les raisons pour lesquelles la plupart d’entre nous pourrait envisager tuer quelqu’un dans certaines circonstances extrêmes – si ceux que nous aimons étaient menacés ou en cas de guerre. Lui a tué de sang-froid, parfois pour s’amuser, et pour son propre gain personnel. C’est ce que j’appelle le Mal. À la fin du livre, il y a un affrontement entre deux âmes, même si « âmes » n’est pas le mot idéal. La première est mutilée et est devenue moins qu’humaine, parce que pour moi, pour être humain il faut être capable d’aimer, et Voldemort s’est délibérément déshumanisé. Et la deuxième est pleine de faiblesses, elle est vulnérable, abîmée, et pourtant elle se bat encore, elle aime encore, elle a encore le courage d’aimer et d’espérer : Harry. Elles se retrouvent face à face, elles s’affrontent. Cet affrontement est le dénouement.
Vous pouvez voir la vidéo sous-titrée du passage qui suit [ICI].
Jo s’enferme dans l’hôtel Balmoral, à Édimbourg, pour travailler sur les derniers chapitres cruciaux de Harry Potter et les Reliques de la Mort. Nous sommes le 11 janvier 2007 et elle arrive à la fin de 17 années d’écriture.
JKR : Je crois que j’ai fini.
James : Bravo, Jo !
JKR : Merci ! Enfin… Vous ne savez pas encore, c’est peut-être nul. Il y a des gens qui vont le détester. Mais c’est comme ça qu’il faut que ce soit. Pour que certains l’adorent, il faut que d’autres le détestent. C’est dans la nature de l’intrigue. Certains ne seront pas satisfaits, parce que l’histoire ne se déroule pas comme ils le voulaient. Et puis les fans purs et durs sont tellement dans l’expectative que je ne suis pas sûre que je pourrai jamais être à la hauteur. Mais moi, j’en suis vraiment contente. C’est très bizarre de se dire que [ce documentaire] sera diffusé après que beaucoup de gens l’auront lu. En ce moment même, certains sont peut-être en train de lancer des choses sur leur écran. Mais moi, j’en suis vraiment contente ! Je l’aime bien. Et ce n’est pas toujours comme ça que je me sens.
Jo ajoute les numéros de pages, enregistre le document et met de la musique : « Smile » de Lily Allen. Il est presque impossible de décrire toutes les attentes qui pèsent sur les épaules de cette femme alors qu’elle traverse les dernkères étapes avant la sortie. Le processus a l’air tellement normal, presque ennuyant, mais ceci est maintenant le manuscrit le plus précieux de l’Histoire de l’édition. Elle l’apporte en personne à Londres à son agent, Christopher Little. Elle le lui remet à l’aéroport Heathrow vendredi 12 janvier 2007 à 10 h 43. Le manuscrit est remis à l’éditrice de Jo. Après l’avoir lu, elle et Jo relisent chaque page, vérifiant que chaque détail colle. [Réunion d’une quinzaine de personnes, dont Jo.] Les éditeurs préparent la sortie ; on discute du nombre d’exemplaires que J.K. Rowling pourra dédicacer.
Sarah Beal (Bloomsbury) : Une séance de dédicace qui commencera à minuit, la nuit de la sortie, disons environ 2000 enfants.
Philly, la secrétaire de JKR (ou quelqu’un qui lui ressemble) : Jo a accepté de signer des livres pendant 8 heures.
Personne non identifiée : De toute façon, il n’y aura pas la place pour 2000 personnes.
Personne n’a le droit de révéler quoi que ce soit sur l’intrigue à qui que ce soit.
Sarah Beal : Nous voulons que tout le monde ait le livre en même temps pour que tout le monde découvre l’intrigue en même temps. Enfin ça dépend de la vitesse de lecture, bien sûr.
James : Vous n’allez pas me dire ce qui se passe ?
Sarah Beal : Non, je ne vais pas vous dire. Je ne peux pas, on me fusillerait !
James : Vous seriez virée si vous me disiez la fin ?
Sarah Beal : Je ne peux répondre à cette question non plus !
[Enregistrement du livre audio.]
Stephen Fry : « Eh bien, Mr Potter, tout commence par le Conte des trois frères… »
Le 23 avril, Stephen Fry enregistre le livre audio.
Stephen Fry : « Le breuvage était répugnant, on avait l’impression d’avaler sous une forme liquie des Dragées surprises de Bertie Crochue parfumées à la crotte de nez ».
Stephen Fry pose avec Jo pour une séance photos.
Photographe : Tes grands yeux sont très bien, Stephen. Jo, garde ton sourire engageant.
[JKR éclate de rire.] Désolée !
Un proverbe chinois dit : « prenez garde à ce que vous souhaitez ». Je me demandais à quel point J.K. Rowling souhaitait toute cette célébrité.
JKR : Je voulais être publiée et je voulais plus que tout au monde devenir écrivain… Il ne me serait jamais venu à l’idée que des gens fouilleraient mes poubelles ou me photographieraient sur la plage avec des téléobjectifs, il ne me serait jamais venu à l’idée qu’un journaliste taperait à la porte d’une des mes plus grandes amies et lui proposerait de l’argent pour qu’elle parle de moi. Ou bien que mes enfants seraient examinés à la loupe pour voir s’ils ne sont pas trop gâtés du fait que leur parent est célèbre.
Trois semaines avant la sortie du dernier tome, Jo se rend à l’avant-première du film Harry Potter et l’Ordre du Phénix. [Images de l’avant-première à Londres] C’est une fête pleine de stars et de glamour et on attend de Jo qu’elle se comporte comme une star de cinéma. Mais elle est écrivain et quand elle a commencé, elle ne pouvait pas s’attendre à toute cette attention.
James : Comment vivez-vous l’aspect tape-à-l’œil ?
JKR : D’un côté, c’est amusant, et d’un autre c’est franchement horrible. Ce qui est amusant, c’est lorsque l’on en vient à parler aux gens qui ont lu les livres. Là, c’est super. Ce que je trouve plus difficile, c’est cette espèce de mise en scène nocturne parce que je ne suis pas très douée pour cela. Je ne dis pas que c’est une qualité, mais je ne suis juste pas douée pour cela. Je ne suis ce genre de personnes naturellement à l’aise dans ces soirées. Je deviens anxieuse à l’idée de devoir faire ce genre de choses et je me sens un peu stupide. Les gens attendent clairement que vous montriez que vous passez une bonne soirée et il me semble que c’est Quentin Crisp qui disait que le secret pour être bon à la télévision, c’était juste d’avoir l’air heureux d’être là et je crois que je n’ai pas toujours eu l’air heureuse d’être là. À vrai dire, j’ai parfois donné l’impression d’être franchement malheureuse d’être là et je sais que télévisuellement, ce n’est pas bon, mais voilà… J’ai fait des progrès, quand même. En ce moment, je passe un plutôt bon moment.
Dans une usine du Suffolk, sous des conditions de sécurité extrêmes, le livre est imprimé. Jusqu’à présent, il s’est vendu 350 millions d’exemplaires de Harry Potter en 65 langues. Le dernier tome est sur le point de devenir le livre qui se sera vendu le plus vite de l’Histoire.
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Harry Potter est une phénomène mondial et J.K. Rowling est réclamée partout dans le monde. Clairement, c’est une histoire qui se finit bien. Elle et son mari Neil sont ici dans un jet privé, affrété pour eux par son éditeur. Il est médecin ; ils se sont mariés en 2001 et ont deux enfants : David et Mackenzie. Je me demandais comment était leur vie de couple, s’il y avait des tensions.
James : C’est comment de vivre avec J.K. Rowling ?
[Neil hésite.]
JKR : Dis la vérité !
Neil : Je vais dire la vérité. Lorsqu’elle devient très stressée, elle s’isole et ne fait confiance qu’à une seule personne : elle-même. Du coup, elle met tout le monde dehors et devient de plus en plus stressée et de moins en moins capable d’accepter de l’aide.
James : Je suppose que c’est assez stressant pour vous aussi.
Neil : Oui, c’est stressant. Elle s’enferme de plus en plus et ce n’est pas qu’avec moi, c’est avec tout son entourage. Elle ne fait confiance qu’à elle-même et elle doit tout faire elle-même bien que ce ne soit pas possible.
Mais la résolution de Jo a mené à la sortie de livre la plus attendue de l’Histoire. [Images des publicités juste avant la sortie.] Le 20 juillet 2007, au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres, 1 700 personnes tirées au sort parmi 90 000 candidats attendent l’arrivée de J.K. Rowling.
James : Des millions de fans attendent ce livre de par le monde. Comment gérez-vous ça ?
JKR : Pour ce livre, ça varie entre « j’ai fait de mon mieux, c’est la fin que j’avais prévue depuis le début, donc il faudra que ça aille » et, parfois « comment pourrais-je jamais être à la hauteur ? »
Plus que deux heures. J.K. Rowling est dans sa voiture, elle se rend à la soirée de sortie.
JKR : Je n’arrive pas à croire que je suis là. Je suis encore plus excitée que ce à quoi je m’attendais. Vous savez que les gens ont commencé à faire la queue à Piccadilly il y a deux jours ? Ils sont venus de Belgique. J’ai vraiment envie d’une cigarette, là. Quand j’ai dit ça à Neil, il m’a demandé si j’en avais, et j’aurais dû, mais là j’aurais été accro, j’en aurais acheté 20. Il ne faut pas que je fume. Avec moi, c’est 40 par jour ou rien.
Un embargo porte sur le livre jusqu’à minuit passé d’une seconde. À ce moment-là, J.K. Rowling ouvrira Harry Potter et les Reliques de la Mort et commencera à lire. Le compte à rebours a lieu partout dans le monde. Images du compte à rebours à Londres, New York, Sydney, Le Cap et Rio. À zéro, JKR commence à lire le premier chapitre à voix haute – [voir la vidéo de la lecture du chapitre entier] Pendant que Jo lit, des fans obtiennent enfin leurs exemplaires partout dans le monde.
Fan américaine 1 : C’est le meilleur jour de notre vie ! C’est incroyable d’enfin avoir ce livre après dix ans d’attente et seize heures de queue.
Fan américaine 2 : Je n’arrive pas à croire que je vais pouvoir retourner à ma chambre d’hôtel et le lire. Je peux lire Harry Potter !
[JKR boit du champagne pendant sa séance de dédicace.]
JKR : Ce n’est pas vraiment grave si je me saoûle maintenant, j’ai fini d’écrire les livres.
À Londres, entre minuit vingt et sept heures du matin, Jo aura signé 1 700 exemplaires de son livre.
JKR [à un enfant qui vient se faire dédicacer son livre] : Tu sais quoi, Hugo ? Il y a un personnage prénommé Hugo dans ce livre.
En 24 heures, 2.65 millions d’exemplaires se sont vendus au Royaume-Uni, et 8.3 millions aux États-Unis. Soit plus de 7 000 exemplaires à la minute. [Images de gens lisant partout dans la rue.] À la fin de ce livre, les lecteurs découvrent une histoire sur le pouvoir de rédemption de l’amour.
JKR : Je pensais que je trahirai le personnage de Harry si je ne le montrais pas en train de vivre ce qu’il a toujours su être la vérité : que rien n’est plus puissant que l’amour. J’ai beaucoup pensé aux gens qui ont traversé des épreuves horribles comme la guerre et qui ont dû retourner chez eux et tout reconstruire, retourner à une vie normale après avoir vu des horreurs. J’ai toujours trouvé qu’il fallait tellement de courage pour faire ça. Retourner à la normale après un traumatisme est beaucoup plus difficile… Il est beaucoup plus difficile de reconstruire que de détruire. D’une certaine façon, ç’aurait été plus propre de le tuer. Mais ç’aurait été une trahison, parce que je voulais que mon héros – il est mon héros – fasse ce qu’il y a de plus noble : il est revenu de la guerre et il a essayé de bâtir un monde meilleur, je suppose, même si cette phrase fait très roman à l’eau de rose. Tant à petite échelle, pour sa famille, qu’à grande échelle.
Vous pouvez voir la vidéo de l’extrait qui suit [ICI.]
À la fin de la saga, Jo donne une famille à Harry. Elle connaît l’avenir de tous les personnages survivants et dessine l’arbre généalogique des Potter et des Weasley.
JKR : Victoire, qu’on rencontre dans l’épilogue, porte ce prénom parce qu’elle est née le jour de l’anniversaire de la bataille finale. C’est le 2 mai, pour ceux ont bien suivi. Charlie n’a pas eu d’enfants, il ne s’est jamais marié.
James : Il est gay ?
JKR : Dumbledore est gay. Je l’ai dit à une lectrice, un jour, j’ai cru qu’elle allait me donner une claque. J’ai toujours pensé que Dumbledore était gay. Mais je ne crois pas que Charlie soit gay. Il préfère juste les dragons aux femmes. Percy a épousé Audrey. C’est un nom qui colle bien, pour la femme de Percy, vous ne trouvez pas ? Ils ont eu deux enfants, Molly et Lucy. Ce pauvre Fred est mort en 1997 [NDLR : en fait, 1998]. Et George… Beaucoup de lecteurs m’ont demandé si George avait tenu le coup. Bien sûr que non. C’est comme ça. Je ne peux pas… Mais je crois qu’il a épousé Angelina, l’ex de Fred. C’est peut-être malsain, mais je pense qu’ils sont heureux. Aussi heureux qu’il peut l’être sans Fred. Je pense qu’il a eu le sentiment qu’une partie de lui-même était morte. Et Ginny a épousé Harry. Leurs enfants sont : James Sirius, parrain et marraine : Ron et Hermione ; Albus Severus, celui qui m’intéresse le plus ; et enfin Lily Luna, en l’honneur de leur chère amie.
James : Et Luna ?
JKR : Luna épouse Rolf Scamander, le petit-fils d’un grand naturaliste. Ils ont une vie très intéressante, ils parcourent le monde à la recherche d’animaux étranges. Elle a eu deux fils, des jumeaux. Beaucoup plus tard que tous les autres, qui se sont installés dans la vie plus tôt.
James : Ils sont heureux ?
JKR : Oui, je pense. Ils sont tous heureux.
James : Les jumeaux ont des noms aussi.
JKR : Lorcan et Lysander, si ça vous convient.
James : Très shakespearien.
JKR : Je ne peux pas me retenir. C’est comme dans une course : on arrive à la ligne d’arrivée, mais on court trop vite pour s’arrêter. Je sais ce qui s’est passé par la suite. Je ne pouvais pas retenir mon imagination. On peut penser que c’est beaucoup de détails, surtout que c’est juste pour ma satisfaction intellectuelle, je ne vais pas écrire d’autre livre. Mais c’est comme ça que ça c’est passé. Je ne pouvais pas m’arrêter. Il fallait que je sache.
James : Vous avez toujours besoin d’en savoir plus que ce que vous incluez.
JKR : Oui. Et ce jusqu’à la génération suivante.
James : Tout ça pourrait donner un autre livre !
JKR : Oui. Ne dites pas ça ! Non. Il est temps que j’arrête. Je suis satisfaite de pouvoir dire ce qui s’est passé ensuite, parce que j’aimerais que ma version soit la version officielle, même si je ne l’ai pas écrite dans un livre. C’est mon monde. Mais je ne veux pas d’écrire d’autres livres sur Poudlard.
[Images de JKR faisant la cuisine.]
Clairement, Jo est arrivée à la fin d’un énorme morceau d’écriture. Elle peut maintenant tourner la page, tant dans sa vie professionnelle que familiale.
JKR : Je fais un gâteau d’anniversaire pour David, il va avoir quatre ans demain [le 24 mars 2007]. Mais c’est juste un gâteau pour un goûter en famille. Le lendemain, il y aura une fête avec tous ses amis et pour ça, on va lui acheter un gâteau à la crème aux couleurs du film Disney/Pixar qui l’obsède. Cuisiner me rappelle ma mère. Elle faisait des gâteaux merveilleux. Ça me donne l’impression de faire ce qu’une mère doit faire. Et puis David aime beaucoup mes gâteaux.
James : Ça sentait souvent le gâteau chez vous quand vous étiez enfant ?
JKR : Oui. Ma mère était bonne cuisinière, mais elle n’a jamais pu déployer les ailes parce que mon père n’avait pas confiance en la nourriture exotique. Mais elle était fantastique pour les gâteaux et le pain. Ça, elle avait le droit, alors c’est là qu’elle montrait ses talents.
Les souvenirs d’enfance sont un des principaux thèmes pour Jo. Mais maintenant qu’elle et Harry ont une famille, a-t-elle perdu sa principale source d’inspiration ?
JKR : Je suis plus heureuse maintenant que je ne l’ai jamais été. Je suis plus heureuse que je ne l’étais enfant, adolescente, jeune adulte… La quarantaine me sourit.
Puisqu’elle a eu du mal à faire aboutir sa vie et ses écrits, mais qu’elle a maintenant réussi, que va-t-elle faire ensuite ? A-t-elle écrit son dernier livre ?
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Caledonian Hotel, Édimbourg. Les grands pontes de Warner Brothers et Universal Studios ont traversé l’Atlantique pour une réunion avec J.K. Rowling. Elle n’a pas besoin d’aller à Hollywood : Hoolywood vient à elle. Ils parlent d’un grand parc d’attractions de 11 hectares qui va être construit en Floride ; ils espèrent qu’elle approuvera leurs plans.
JKR : Vous savez quoi ? Quand je suis assise dans une pièce pleine de gens qui cherchaient à m’impressionner, c’est là que je me sens le plus frauduleuse. J’ai l’impression d’être une fille de treize ans entourée d’adultes. Je le masque assez bien, mais souvent, je me demande « mais pourquoi vous me regardez tous comme ça ? » Pendant des années, j’ai été la personne la moins importante dans la pièce, et là je griffonnais sur mon carnet alors que j’aurais dû prendre des notes et écrire les aventures de Harry Potter.
Responsable Universal : Ça flotte en l’air, sa bouche bouge, mais on ne peut pas entendre ce que ça dit. Mais si on est pile au bon endroit, devant la fenêtre, il y a ce qu’on appelle du son hypersonique, et seule cette personne-là peut entendre que ça dit.
Je pense que ça doit être étrange d’être J.K. Rowling. Une moitié de sa vie a l’air presque normale, et l’autre moitié est complètement folle.
Responsable Universal : Quand le détecteur sent qu’il n’y a personne, ça ouvre les yeux, pousse un grognement et vous saute dessus.
Et puis il y a les histoires d’argent.
James : Certains journaux prétendent que votre fortune s’élève à 570 millions de livres [760 millions d’euros]. C’est vrai ?
JKR : C’est des conneries.
James : Vous possédez combien ?
JKR : Beaucoup. Mais je ne vous dirai pas combien. Certainement pas 570 millions.
James : Pourquoi vous ne voulez pas me dire ?
JKR : Parce que je pense que c’est privé.
James : Mais vous avez beaucoup de millions de livres sterling.
JKR : Oui.
Grâce à sa fortune, J.K. Rowling peut faire ses courses de Noël chez Tiffany’s. Elle se laisse aussi aller à son petit faible : les chaussures.
JKR : Pourquoi est-ce que les filles adorent autant les chaussures ?
James : Est-ce que vous craignez en permanence que les gens vous demandent de l’argent ?
JKR : Non. Franchement pas.
James : On vous en demande souvent ?
JKR : Des gens que je ne connais pas m’écrivent et me demandent de l’argent. Très souvent. Et parfois, je leur en donne. Mais avec les gens que je connais… Les rapports changent, c’est certain. Quiconque prétend le contraire est un imbécile ou un menteur. Ça ajoute une dimension aux rapports, surtout au début, quand on change de statut. Mais maintenant que le temps a passé, je pense que mes amis se sont ajustés, que je me suis ajustée, et dans mon expérience personnelle, mes meilleurs amis n’ont pas eu de problème à accepter l’état d’esprit dans lequel ça m’a mis, et nous pouvons avoir les mêmes rapports qu’avant.
James : Est-ce que vous avez peur qu’on vous demande de l’argent ? Est-ce qu’il y a une ombre dans les conversations, est-ce que vous vous dites « je suis sûre qu’ils vont me demander de l’argent » ?
JKR : Non. Certainement pas. Je ne me promène pas en pensant que tout le monde veut que je leur donne de l’argent. Vous voulez en venir quelque part ? Vous voulez me taper de l’argent ? [rires] Vous voulez un prêt ?
Chaque semaine, Jo Rowling reçoit jusqu’à 1 500 lettres, venant de fans et d’organisations caritatives. Ça fait plus de 75 000 lettres par an.
JKR : Au début, je donnais de façon très désorganisée. Je n’avais pas mis en place un système. Ça devenait écrasant, alors maintenant, j’ai un trust, dont nous avons affiné les objectifs. C’était un exercice très utile. D’une part, ils s’occupe de la recherche sur la sclérose en plaques et d’autre part, il vise des projets, petits ou grands, qui ont trait à la lutte contre la privation sociale, avec un accent sur les organisations qui s’occupent de femmes et d’enfants. Je suis devenue très en colère sur les questions de privation sociale et d’exclusion. Je peux être très irritée par, et très en colère contre, les gens qui n’ont aucune idée de ce qu’on ressent quand on vit dans la pauvreté ni d’à quel point les injustices peuvent gâcher une vie, parfois de façon irréparable. Je deviens furieuse parce qu’il y a une partie de notre société qui n’arrive pas à faire le lien, parce que des gens ne se rendent pas compte que des problèmes qui les touchent même eux dans leur vie de tous les jours, comme la criminalité, la drogue, des choses qui touchent les classes moyennes, sont souvent la conséquence d’injustices terribles. C’est fou que les gens soient indifférents au point de ne pas chercher à corriger certains de ces problèmes. Ça me met très en colère.
Jo Rowling a donné des millions de livres sterling à des organisations caritatives. Elle n’a jamais oublié ce que c’était que d’avoir très peu d’argent. Au milieu de toute la célébrité et des ornements du succès, il serait facile d’oublier qui elle était quand elle a commencé. Alors je voulais la ramener à son vieil appartement à Leith, là où elle a fini d’écrire le tout premier livre Harry Potter, afin de comprendre comment était sa vie à l’époque. Ce n’est qu’à quelques kilomètres de sa résidence principale à Édimbourg, mais c’est la première fois qu’elle y retourne.
Vous pouvez voir la vidéo sous-titrée de l’extrait qui suit [ICI.]
James : C’est ici que vous écriviez ?
JKR : Hmm-hmm. C’est vraiment la pièce où j’ai fini l’École des Sorciers, ici. C’est ici que j’ai pris un virage dans ma vie. Vraiment. Ma vie a tellement changé dans cet appartement. Je suis devenue moi-même ici. J’avais fait un vrai bazar ici, mais c’était libérateur. Je voulais écrire, alors j’ai fait le livre. Quelle était la pire chose qui pouvait arriver ? Que tous les éditeurs le refusent. Quelle importance ? C’est le retour au bon vieux temps. Ma chambre est… Enfin « ma » chambre. La chambre est bien mieux rangée que… C’est fou ! Cet endroit était un taudis quand j’habitais ici. Regardez, des livres Harry Potter ! Ça fait vraiment bizarre. Cela fait des années que je me dis que si jamais tout disparaissait, et il m’arrive vraiment de me demander si tout ça est vraiment réel, alors c’est ici que je reviendrais, ce serait ma base. Je reviendrais à Leith. [En pleurs] Si j’avais su que dix ans plus tard, je reviendrais ici avec une équipe de film et que mes livres, publiés sur papier, seraient là, dans la bibliothèque de quelqu’un d’autre, je veux dire… c’est incroyable. Tout le monde connaît cet aspect de ma vie maintenant, c’est un peu ennuyant de l’entendre une fois de plus. Un peu comme si j’avais fait ça pendant un an, pour un coup de pub. Mais c’était ma vie, et c’était très difficile. Je ne savais pas que ça finirait en conte de fées. Revenir ici, c’est plein de fantômes.
Pour la plupart des écrivains, l’écriture est une forme de thérapie, une façon de donner du sens au monde et à leur place dans le monde. Maintenant, Jo Rowling s’est remise à écrire.
James : Qu’est-ce que vous écrivez maintenant ?
JKR : Une histoire que je décris comme un « conte de fées politique ». C’est pour des enfants légèrement plus jeunes. Ce sera sans doute ça le prochain livre que je finirai. Je ne suis pas pressée de publier, je voudrais prendre mon temps. Voilà dix ans que j’ai des délais à respecter et là, je peux me payer le luxe de… Personne ne l’attend, personne ne sait rien dessus. J’ai le sentiment d’être retournée au début, quand je travaillais sur l’École des sorciers, que c’était mon monde privé à moi et j’aimerais profiter de ça un peu.
James : Un conte de fées politique. C’est tout ce que vous voulez bien dire.
JKR : C’est déjà pas mal !
Nous arrivons à la fin d’une année de tournage. Il reste juste quelques questions que je veux poser.
Quand avez-vous été la plus heureuse ? À l’hôpital, à la naissance de chacun de mes enfants, et à Venise l’an dernier avec Neil.
Quel est votre plus grand regret ? Ne pas avoir attendu plus longtemps avant de raccrocher le téléphone la dernière fois que j’ai parlé à ma mère.
Que voulez-vous encore accomplir ? Je veux m’améliorer.
Avez-vous parfois l’impression que vous avez juste eu de la chance ? J’ai eu de la chance d’avoir cette idée.
Avez-vous parfois l’impression d’être un imposteur ? Moins en vieillissant, mais ça m’est arrivé.
Qu’est-ce qui vous fait avancer ? Je tente ma chance.
Pourquoi écrivez-vous encore ? Parce que j’adore ça et que j’en ai besoin.
Comment aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous ? Comme de quelqu’un qui a fait du mieux qu’elle pouvait avec le talent qu’elle avait.