Harry Potter est l’Antéchrist de la bande dessinée
Bien qu’il ne mentionne jamais le nom du Survivant dans sa nouvelle bande dessinées, Century 2009 (troisième chapitre de La ligue des Gentlemen extraordinaires ; Century), Alan Moore ne pourra éviter la controverse quant à sa parodie évidente de Harry Potter. Le scénariste de V for Vendetta, The Watchmen et From Hell est connu pour ses univers sombres, loin du merveilleux de Poudlard et de l’émerveillement causé par le monde de la magie de Rowling.
L’Antéchrist de Century 2009 se rend dans une école de magie via un train caché entre deux quais de King’s Cross, il porte une cicatrice et a pour mentor un certain Riddle (NdR ; le nom anglais de Jedusor). Dans une scène, il tue un autre personnage en projetant un éclair depuis sa baguette flasque. A l’école, quelques souvenirs d’adolescents martyrisés, suppliant d’être épargnés par un adolescent psychotique en pleine crise de rage complèteront le tableau des similitudes.
Outre que le personnage ressemblant fortement à Harry soit éduqué par celui qui est, dans la version originelle, le mal absolu, il également un envoyé du diable. Mais le Survivant n’agit pas tout seul, il a Ron et Hermione à ses côtés… eh bien, l’Antéchrist est comme lui, il a deux amis qui l’entourent à tout moment ! Il faut bien ça pour faire face au trio héroïque de Orlando, Mina Murray et Allan Quatermain.
Century 2009 n’est qu’une suite logique de Century 1969, dans laquelle Tom Riddle apparaissait déjà prenant le train entre deux quais de King’s Cross. Le principe même de La ligue des Gentlemen extraordinaires ; Century (1910, 1969, 2009) est de reprendre des personnages de la culture populaire d’une époque et de jouer avec ; d’autres personnages littéraires, des stars hollywoodienne, de grands footballers passent donc également à la moulinette.
Certain diront que confier le rôle de l’Antéchrist à Harry Potter ne fera rien pour atténuer les attaques constantes d’ultra-religieux contre la série et le personnage. L’intention n’est cependant pas de remettre ce débat au goût du jour, mais plutôt de commenter sur l’état déplorable de l’édition.
“Alors que les maisons d’éditions prennent de moins en moins de risques, l’originalité recule visiblement alors que de grosses franchises et les biographies de célébrités nous sont sans cesse mises entre les mains.” affirme ainsi Laura Sneddon, spécialiste de la bande dessinée. “Moore rappelle sans cesse qu’il ne s’agit que d’une satire et qu’il éprouve du respect envers les personnages qu’il utilise.”
Outre la critique des faits divers modernes (terrorisme, guerre de religion, fusillades dans les écoles…), Moore présente des personnages populaires du passé luttant contre et parmi des personnages modernes pour garder une place importante et méritée dans notre monde. Harry Potter est la parfaite symbolique de cette modernité où une saga populaire devient une « machine à fric », où “les droits pour le cinéma sont achetés avant publication, les bandes dessinées sont créées comme des storyboard et les adostars publient leurs mémoires.” Harry ne pouvait qu’être l’Antéchrist de cette bande dessinée là.
J.K. Rowling, Warner Bros. et Bloomsbury, la maison d’édition britannique de Harry Potter, n’ont pas souhaité commenter la parution de Century 2009, ni son contenu.
Source The Independent et The Independent again.