Harry Potter vu de l’université
Un nouveau cours vient de faire son apparition au programme optionnel des premières années de Science Po Paris : « Harry Potter de J.K. Rowling : approche littéraire, psychanalytique et politique ». De quoi rendre heureux les fans au sein de l’institut.
Des thèmes sérieux et diversifiés
Il s’agit d’utiliser les romans de Mme Rowling afin d’en tirer des leçons sur « la critique des élites, les propositions pour l’école ou la réflexion sur la légitimité de l’action ». Le cours se veut sérieux et destinés aux connaisseurs de la série : la lecture des sept tomes est u prérequis pour pouvoir y participer.
Les thèmes sont extrêmement variés : ils peuvent être aussi bien philosophiques (Dumbledore et la connaissance de soi, Apprendre à aimer) que littéraires (Questions de genre. Série ou cycle ? Conte merveilleux ou roman de chevalerie ou roman d’aventure ou roman policier ou roman d’apprentissage ?, Le narrateur et son récit), en passant par l’analyse politique (La vision de l’école. Hogwarts/Poudlard est-il un bon collège ?) voire par la psychanalyse (L’adolescence de Harry : anabase et analyse).
Le professeur lui-même, on s’en doute, n’est pas un néophyte. Sur son blog, M. François Comba a déjà livré des analyses de la série de livres Harry Potter, telles que la psychanalyse de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom et une réflexion sur l’homosexualité de Dumbledore. On peut donc apprécier le dévouement dont fait preuve ce professeur au monde de la magie tel que décrit par Mme Rowling.
Un éventail de sujets trop large ?
Si les fans ne peuvent que se féliciter de la proposition d’un tel cours, des interrogations méritent d’être soulevées. Si le programme semble très intéressant, n’est-il pas un peu trop large pour assurer une cohérence réelle entre les différentes séances ? Comme dit précédemment, on parle de philosophie, de politique, de psychanalyse et d’analyse littéraire dans un même cours, alors qu’il serait peut-être plus intéressant de se concentrer sur un thème en particulier.
Ici une approche politique (voire la philosophie politique) serait tout à fait indiquée pour une institution telle que l’IEP de Paris. On reproche déjà à Science Po d’être trop polydisciplinaire, le programme tel que présenté ne fait que conforter cette opinion. N’aurait-il pas plutôt sa place dans une école ou une faculté plus littéraire ? On peut ainsi légitimement se demander pourquoi Science Po a décidé d’ajouter ce cours au sein de ses matières électives (c’est-à-dire une matière obligatoire au choix parmi d’autres).
De plus, douze thèmes doivent être traités en 24h de cours. Cela peut paraître peu pour explorer le sujet en détail, sans oublier qu’à chaque cours, un groupe d’étudiants présentera un exposé et en débattra avec le reste de la classe. Il reste à voir si cela sera suffisant.
Une initiative louable
Toutefois, cette initiative reste intéressante. Elle démontre qu’en France, la série littéraire Harry Potter est considérée comme suffisamment sérieuse pour être étudiée au même titre que d’autres classiques de la littérature. Il reste à espérer qu’elle se généralisera, sans forcément faire l’objet d’un cours individuel mais au moins que « Harry Potter » soit considérée comme un œuvre digne d’être lue et analysée au sein des universités françaises. Rappelons que Science Po Paris n’est pas l’institution la plus accessible à tous.
Aux Etats-Unis, cela fait déjà quelques années que des cours inspirés par la saga existent. Pour n’en citer que quelques-uns, l’université de Frostburg propose un séminaire intitulé « The Science of Harry Potter » (la Science d’Harry Potter), tandis que l’université britannique de Durham permet d’étudier la série sous l’angle de l’éducation : « Harry Potter and the Age of Illusion » (Harry Potter et l’âge de l’illusion). Science Po Paris ouvre-t-elle la voie aux études pottériennes pour enchanter les universités françaises et leurs étudiants ?
Sources : Science Po Paris (à visiter pour plus d’informations), Université de Frotsburg, Maryland et Université de Durham.