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Dumbledore ; Tout un discours en quatre mots.

Un désormais vieil article de Wendy sur l’hymne de Poudlard m’a donné envie de revenir sur l’importance de ces mots, prononcés par Dumbledore à la surprise générale alors qu’il vient d’annoncer un discours : “Nigaud ! Grasdouble ! Bizarre ! Pinçon !” Quatre mots qui pour les fans signifient bien des choses… mais ont-ils un sens ?

Le regard des autres

J’avais déjà abordé le sujet brièvement dans mon compte-rendu de la conférence académique internationale de St Andrews mais j’avais, en vérité, été extrêmement bref et concis. J’avais résumé la chose ainsi :

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Chacun de ces mots correspondrait à la manière dont les quatre maisons perçoivent les trois autres aux travers de leurs valeurs.

  •  Aux yeux de Serdaigle, les autres sont moins intelligents, ce sont des “nigauds”.
  •  Aux yeux des Gryffondor, les courageux et sportifs, les autres sont des “grasdoubles”.
  •  Pour les Serpentard, les autres sont “bizarres”, ils n’ont pas l’ambition ou les valeurs qui les rendraient normaux : les Serdaigle sont lunatiques, les Gryffondor sont lourdauds et les Poufsouffle introvertis.
  • Enfin, les Poufsouffle voient les autres comme égoïstes, des “grosses pinces” ! Pinçon peut également désigner une marque qui reste sur la peau suite à un pincement ; en ce cas, ils voient les autres maisons comme la trace laissée après un processus douloureux, la répartition, qui divise là où les Poufsouffle préfèrent l’unité.

Dumbledore lancerait ces quatre mots pour éveiller la conscience des élèves et leur faire comprendre que, une fois répartis, leur perception de ceux qui les entourent risque d’être déformées. Elle va passer par le filtre des valeurs que chaque maison promeut. En faisant de cette déclaration une annonce comique, il cherche aussi à faire comprendre que ces jugements devraient être pris à la légère, qu’ils ne devraient pas avoir un tel poids.

C’est une interprétation possible, mais qui ignore deux autres hypothèses et le fait qu’il s’agit ici de traductions. Voici donc l’occasion de me pencher sur ces interprétations que je n’avais pas mentionnées.

Retour sur la version originale

Tout d’abord, en anglais, Dumbledore déclare “Nitwit! Blubber! Oddment! Tweak!”. Nitwit se traduit simplement par idiot, andouille ou crétin ; c’est un terme péjoratif qui attaque une personne sur base d’un manque de “wit”, la vivacité d’esprit. Blubber désigne tant la graisse, en particulier la graisse de baleine, qu’une personne en surpoids ou un pleurnichard. Oddment est un terme lié au textile qui désigne une pièce dépareillée ou des restes de tissus inutiles. Enfin, Tweak signifie un ajustement ou ajuster, et c’est généralement ce sens qui est préféré dans l’interprétation de cette phrase ; le terme a cependant évolué de manière argotique pour désigner une personne agitée de tics, particulièrement excitée, probablement sous influence d’amphétamines.

La traduction française est donc très proche des termes originaux sauf dans le cas du dernier terme où le choix de traduction laisse plus perplexe. Le fait que Blubber se traduise tant par “gras-double” que par “pleurnichard” crée aussi des différences d’interprétation en anglais et en français.

Il existe une version alternative de la première interprétation qui suggère que chaque mot s’applique en réalité à une maison unique. Plutôt que d’être la critique adressée par chaque maison aux autres, ce serait la critique adressée à une maison par toutes les autres.

  •  Les Serdaigle sont des “Nitwit” : non parce qu’ils manquent d’intelligence, mais parce qu’ils manquent de réalisme et de pragmatisme. Ils sont excentriques.
  •  Les Serpentard sont des “Blubber” (pleurnichards) : ceux qui vont se plaindre auprès des professeurs et qui encaissent mal les coups qu’on porte à leur ego.
  •  Les Poufsouffle sont des “Oddment” : perçus (à tort) comme “ceux qui restent”, qui n’appartiennent à aucune des autres maisons.
  •  Les Gryffondor sont des “Tweak” : ils brassent du vent, foncent tête baissée, paraissant agités et agissant de manière incohérente.

Les défauts de chacun

En ce cas, Dumbledore cherche à alléger l’atmosphère en enseignant à chaque élève à rire des critiques qu’on leur adressera ou à inciter les autres maisons à voir au-delà de ces images négatives. Mais cette théorie fonctionne moins bien en français car il est plus dur d’interpréter “gras-double” comme une indication de pleurnicherie et le terme semble donc peu applicable aux Serpentard. (Notez que la version espagnole traduit Blubber dans le sens de pleurnichard). On pourrait chercher à attribuer chaque mot à une autre maison pour la rendre applicable, mais c’est une tâche bien compliquée.

Les Gryffondor sont facilement qualifiables de pinçon, les petites brutes qui s’acharnent sur leurs camarades comme James avec Severus, mais à qui appliquer les qualificatifs de nigaud, bizarre et gras-double ? Aucune combinaison n’est satisfaisante.

Enfin, d’autres font remarquer que les mots sont au singulier alors qu’il semblerait logique de les mettre au pluriel s’ils s’appliquaient à tous les individus issus d’une maison. La dernière théorie suggère donc que tous les mots s’adressent en réalité à chaque individu. Ils sont un autre rappel qu’il faut nommer ses peurs pour pouvoir mieux les affronter.

Car ce seraient là les peurs de chaque élève arrivant dans un nouvel environnement scolaire : peur de ne pas être à la hauteur intellectuellement, d’être vu comme un pleurnichard ou un « gros lard », de ne pas être à sa place et d’être la victime de petits caïds. Une fois ces peurs nommées et exposées à tous, les élèves en rient et, à la manière d’un épouvantard, ces craintes se dissipent. Par ces mots, Dumbledore cherche donc à permettre à chaque élève d’affronter cette angoisse du premier jour avant de la tourner en ridicule.

Conclusion de l’archiviste

Au vu de ces nombreuses interprétations possibles, on ne peut affirmer qu’une chose : comme avec l’hymne de Poudlard, Dumbledore cherche à indirectement enseigner quelque chose de fondamental aux élèves. Que ce soit l’importance de l’union, de ne pas prendre les attaques des autres au sérieux ou de nommer ses peurs et les affronter, il y a bien plus en ce discours que quatre mots.

Parmi ces trois interprétations, seulement deux fonctionnent proprement en français, car la traduction fait perdre le double-sens de Blubber. Ceci dit, si le terme “pleurnichard”, ou un synonyme, avait été préféré à “gras-double”, il n’y aurait aucun soucis pour faire correspondre toutes les hypothèses en VO et celles en français.

Et vous, aviez-vous compris ce discours ainsi ou autrement ?

Sur base de la discussion menée sur le blog de John Granger, le doyen de Poudlard

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