Harry Potter et l’Enfant maudit à Broadway ; des dépenses hors-norme !
Quand on parle de Harry Potter, on parle souvent gros chiffre. Ce n’est pas avec Harry Potter et l’Enfant maudit que cette tendance prendra fin, puisque la pièce a déjà engrangé des recettes records s’élevant à 2,1 millions de dollars lors de sa première semaine d’exploitation à Broadway, et que de nouveaux chiffres viennent de s’ajouter à la montagne de de statistiques vertigineuses !
On ne savait effectivement pas, jusqu’à présent, à combien s’élevait le coût réel de la pièce et c’est le New York Times qui révèle les chiffres après enquête : afin d’amener la pièce à Broadway, 68,5 millions de dollars ont étés investis au total, dont 33 millions pour le théâtre et 35,5 millions pour financer la pièce elle-même, un record dans l’histoire du théâtre à Broadway. En effet, les pièces qui s’installent dans le célèbre quartier new-yorkais dépensent en moyenne entre 3 et 5 millions de dollars, et même les comédies musicales ne dépassent que rarement les 25 millions de dollars.
Des chiffres qui peuvent sembler astronomiques dans un marché à risque mais, au regard du succès à Londres, la pérennité de la pièce semble assurée. La célébrité d’Harry Potter justifie les sommes investies.
Installée dans le Lyric Theater, il semble que la pièce ne quittera pas les lieux avant de nombreuses années, tant le succès est au rendez-vous. Sonia Friedman, une des productrices, confirme les couts exceptionnels de la pièce : il a été plus onéreux d’installer L’Enfant maudit à New-York qu’à Londres. Mais elle souligne également les conditions exceptionnelles : plus que d’investir la scène, la pièce s’étend sur tout le théâtre : de la façade aux corniches intérieures, en passant par les tapis brodés.
Le Lyric Theater est aussi un monument moderne, qui n’a pas le charme du Palace Theatre à Londres, et qui a donc été réaménagé en conséquences pour avoir l’air d’un opéra ancien (plafond vouté, loges, fauteuils, et même relocalisation de l’entrée du théâtre). Des travaux estimés à 10 millions de dollars, auxquels s’ajoutent les 23 millions dépensés par l’entreprise Ambassador Theater Group, à qui appartient le théâtre, pour mettre fin plus tôt que prévu à son contrat avec le Cirque du Soleil pour pouvoir accueillir L’Enfant maudit.
Quant aux 35,5 millions investis pour financer la pièce on compte donc 7,8 millions pour l’administratif et le design, 11,7 millions pour la production physique, 3,4 millions pour la publicité et 3,2 millions de dollars pour les salaires. Cette dernière catégorie comprend évidemment les acteurs, mais également toute l’équipe, qui du fait du caractère exceptionnel de la pièce est particulièrement nombreuse.
De plus, la pièce se joue en deux parties, chargées d’effets spéciaux, ce qui demande le matériel adéquat, et beaucoup plus de temps de répétitions. 16 semaines ont été nécessaires pour installer tout le matériel requis ; 220 personnes ont participé à l’installation des décors, des lumières, et à la fabrication des costumes. La pièce emploie 40 acteurs, 26 techniciens, 16 costumiers et coiffeurs, et 5 regisseurs.
Tout cet investissement semble justifié : les places s’arrachent, malgré leur prix globalement élevé (entre 165 et 287 dollars par place, avec 300 places par performance abaissées à 40 dollars).
Mais qui en récoltera les bénéfices ? Bien évidement, la majeure partie revient à J.K. Rowling elle-même. 31% des revenus sont versés aux « ayants droits, propriétaires de la licence et affiliés » selon les contrats d’investissement, une part qui pourra être amenée à 41% si la pièce continue de ramener autant de profit.
Une part jamais vue à Broadway, quand on sait que les auteurs qui inspirent des pièces et comédies musicales ne dégagent que de petits pourcentages : la comédie musicale Hamilton, une des plus importantes de Broadway à l’heure actuelle, ne rapporte que 1% des profits à l’auteur de la biographie qui a inspiré son compositeur, Lin-Manuel Miranda. Cependant, il faut rappeler qu’Harry Potter et l’Enfant maudit n’est pas une adaptation mais une histoire originale écrite pour le théâtre.
Une fois encore, Harry Potter est plus qu’une œuvre de fiction mais également une énorme industrie qui brasse une quantité de gallions, marquant records sur records et dont le succès laisse à penser que de nombreuses sommes seront encore investies.
La Première officielle de Harry Potter and the Cursed Child à Broadway a lieu ce 22 avril.
Source : The New-York Times