L’histoire d’Ilvermorny ; bienvenue à Poudlard bis.
Il y a quelques jours, Pottermore dévoilait un nouveau texte de J.K. Rowling présentant l’histoire de la fondation de l’école de magie américaine, Ilvermorny. Cet article sera en deux partie, la première résumant cette histoire et la suivante décortiquant certains détails ; l’opinion de l’auteur transparaîtra à plusieurs reprises, mais il s’agit là d’une opinion personnelle qui ne reflète pas la diversité de points de vue au sein de la rédaction de la Gazette.
L’Histoire d’Ilvermorny
Texte intégral disponible ICI
L’école de magie nord-américaine a été fondée aux XVIIe siècle dans le Massachusetts, sur le mont Greylock, par Isolt Sayre. Après avoir fui l’Irlande et sa tante, Gormlaith Gaunt, qui cherchait à l’éduquer dans la plus pure tradition Serpentard, Isolt créa l’école de magie – qui n’était alors qu’une petite maison de granite – pour réaliser son rêve, et celui de ses enfants, d’aller à Poudlard. Elle fut aidée dans cette tâche par ses deux fils adoptifs, Chadwick et Webster Boot, et son mari, James, un moldu. Chacun d’eux nomma l’une des maisons d’après sa créature magique préférée ; l’oiseau-tonnerre, le serpent-cornu, le womatou, et le puckwoodgenie.
Isolt, ayant sauvé un puckwoodgenie, qu’elle baptisa William (en l’honneur de son père assassiné par Gormlaith), put bénéficier de sa protection et de son amitié (un cas rare) pendant plusieurs années, notamment lors d’une attaque menée par Gormlaith contre l’école. Son don de Fourchelangue lui permit également d’approcher un Serpent Cornu et de nouer avec lui une relation grâce à laquelle elle put lui prendre deux épines pour créer les baguettes de ses fils.
Sa baguette à elle, volée à sa tante, était en réalité celle de Salazar Serpentard, et contenait un morceau de croc de Basilic. Elle finit par l’enterrer après que Gormlaith, venue sur le continent américain pour se venger, l’eut “désactivée” d’un mot en Fourchelangue. Un arbre doté de propriété magique extrêmement puissantes pousse désormais là où cette baguette fut enterrée.
Au fil des ans, l’école s’agrandit, accueillit des sorciers venus des quatre coins de l’Amérique du Nord. La petite maison de granite devint un grand château, avec son pensionnat, son équipe d’enseignants, et une flopée de sortilèges la protégeant des moldus.
Webster Boot finit par retourner au Royaume-Uni pour y fonder une famille ; Terry Boot figure parmi ses descendants. Chadwick Boot est un auteur réputé aux États-Unis. Martha, l’ainée de Isolt, était un Cracmol qui a quitté le monde magique, tandis que Rhionach enseigna à Ilvermorny jusqu’à sa mort, comme ses parents.
L’école est protégée par des puckwoodgenies et les étudiants y arrivent dépourvus de baguette. Suite à la cérémonie de répartition, ils sont menés dans une salle spéciale où ils en reçoivent une, qu’ils devront laisser à l’école durant l’été jusqu’à leurs 17 ans (jusqu’en 1965). La répartition elle-même se déroule dans le hall de l’école où quatre statues représentant chacune une des maisons peut réagir à l’élève présenté si elle désire l’accueillir en son sein. Si plusieurs statues réagissent, l’élève a le choix : l’anecdote veut que la présidente du COMUSA, Seraphina Picquery (Les Animaux Fantastiques), ait pu choisir entre les quatre maisons et ait opté pour Serpent Cornu.
Quant à ce que représentent les différentes maisons, certains s’accorderaient à dire qu’elles symbolisent les différents aspects d’un sorcier ; ainsi le Womatou représenterait le corps, l’Oiseau-tonnerre l’âme, le Serpent Cornu l’esprit, et le Puckwoodgenie le cœur. Pour d’autres, la maison du Puckwoodgenie rassemblerait principalment des guerisseurs, Serpent Cornu les érudits, Oiseau-tonnerre les aventuriers, et Womatous les guerriers.
L’école a la réputation d’être parmi les plus égalitaires du monde.
Une vidéo revient sur la création de l’école, à découvrir ci-dessous :
Analyse
Lorsque, il y a quelques semaines, nous révélions les premières indications concernant les maisons de Ilvermorny (voir ICI), les réactions avaient été immédiates : ça ressemble fortement à Poudlard ; serpent, oiseau, félin et une quatrième créature qui semble n’avoir rien de glorieux par rapport aux autres en guise d’animal totem, le même nombre de maisons, et l’usage lui-même du système de « maisons ».
L’histoire révélée ici vient justifier cette ressemblance avec Poudlard, puisque la fondatrice d’Ilvermorny est britannique et aurait dû se rendre à Poudlard, si sa tante ne l’en avait pas empêchée ; elle a donc créé son école en s’inspirant de ce qu’elle savait de Poudlard, pour permettre à ses enfants de recevoir l’éducation magique qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Les similitudes entre les deux écoles sont donc plus plausibles ainsi, même si on peut regretter que l’histoire de l’éducation magique sur le continent américain soit aussi intimement liée à Poudlard et au système britannique que l’on connaît déjà.
Car ce qui transparaît dans ce récit, c’est bien l’omniprésence d’éléments bien connus des lecteurs du monde magique britannique. Le fait que le personnage principal soit irlandaise, et qu’elle ait un lien aussi fort avec Poudlard et notamment Salazar Serpentard peut être décevant pour certains ; l’histoire d’Ilvermorny était, pour beaucoup, l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire de la magie américaine, sur les cultures amérindiennes, et ce qu’elles ont apporté au monde magique. Or, on se retrouve ici avec une histoire qui ressemble beaucoup à ce qu’on a déjà pu lire. Le monde magique britannique, Salazar Serpentard, qui était déjà le fondateur le plus présent dans Harry Potter, ses descendants avec la famille Gaunt, et ses pouvoirs avec le fourchelangue, la famille Boot, ou encore l’importance du pouvoir de l’amour, tout cela donne une impression de déjà-vu, quand on aurait voulu être émerveillé par une histoire entièrement nouvelle, une appréhension de la magie différente de ce que l’on a pu voir dans le cadre britannique de Harry Potter.
De plus, ces éléments familiers des lecteurs de Harry Potter semblent avoir été collés dans l’histoire de manière arbitraire pour former un patchwork grossier, comme s’il fallait absolument fournir aux lecteurs des ancres, des repères dans ce nouveau récit qui leur rappelleraient la saga qu’ils ont lu et aimé, pour qu’ils puissent plus facilement se familiariser avec cette nouvelle extension du monde magique et l’apprécier à son tour. Hors, plutôt que d’étonner et de susciter une certaine admiration car « tout est lié dans le monde magique », ces recoupages ont plutôt tendance à créer l’effet inverse et donnent surtout l’impression d’être là parce qu’il fallait des liens avec la série originale, et non parce que c’était ainsi que toute l’histoire avait été pensée dès le début, créant une sensation d’artificialité décevante. Au-delà de l’aspect anglo-centré de l’histoire, on peut déplorer un manque d’originalité et de renouvellement des grandes lignes de l’histoire de la magie, qui nuit finalement à l’appréciation de l’histoire.
La magie amérindienne, les changeurs-de-peau, la pratique de la magie sans baguettes, tout cela représentait un pan important de l’histoire de la magie, et disposait d’un potentiel scénaristique et créatif qui aurait pu être passionnant, mais qui est ignoré ici au profit dune histoire finalement très anglo-centrée. On apprend finalement rien de plus sur la magie amérindienne si ce n’est qu’elle est enseignée à Ilvermorny. Or, on a appris dans des textes précédents sur Pottermore que les amérindiens pratiquaient la magie bien avant l’arrivée des premiers colons, une magie bien différente de celle que l’on connaît. S’ils ne disposaient pas d’école à proprement parler, il aurait été intéressant d’apprendre comment ils enseignaient la magie, en quoi elle consistait, et comment celle-ci en est venue à être enseignée à Ilvermorny.
Finalement, en dehors des quatre animaux totem des maisons de l’école, qui ne semblent être là que pour le « folklore », l’univers américain est très peu présent dans cette histoire de la création de l’école de magie américaine, qui s’attarde longuement sur la vie personnelle de la fondatrice (on en sait plus sur elle que sur tous les fondateurs de Poudlard réunis), et peu sur l’école en elle-même, son évolution, ses traditions, les enseignements dispensés, l’influence qu’à pu avoir l’histoire américaine, et sur ce qu’est l’école aujourd’hui.
L’histoire d’Ilvermorny était accompagnée d’un test de répartition, comme il en existait déjà un pour Poudlard. Certaines questions avaient le mérite d’être originales, mais on peut regretter qu’une fois réparti, les descriptifs des caractéristiques des différentes maisons soient très brefs ; on en apprend très peu sur ce qui définit un Thunderbird ou un Womatou, ou ce qui va différencier foncièrement un Serpent cornu d’un Puckwoodgenie. Peut-être ces descriptifs seront-ils ajoutés à l’avenir mais en attendant, il est difficile de s’identifier réellement à une maison d’Ilvermorny ou de défendre ses valeurs, comme c’est le cas pour les maisons de Poudlard, tant que l’on ne sait pas exactement à quoi cette maison correspond.
Faute d’avoir les cultures amérindiennes mises en avant, on pourra tout de même saluer l’importance donnée à James, un moldu, dans la création de l’école de magie, une chose qui aurait sans doute semblé insensée pour Poudlard. Cette histoire de la création d’Ilvermorny nous a également permis de découvrir une nouvelle anecdote sur le contenu de la baguette de Salazar Serpentard (peut-être était-ce une information qui aurait dû faire son apparition dans le Livre Ecossais ?), mais souligne le peu d’éléments que nous avons sur le contexte de la création de Poudlard… un jour, peut-être.