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Podcast ASPIC ep. 34 : Potterheads, fandom et réseaux sociaux

Après une longue pause estivale, ASPIC est de retour avec un épisode consacré aux évolutions du fandom sur internet, et en particulier sur les réseaux sociaux.

Pour explorer ce vaste sujet qui nous plonger dans l’histoire d’internet, Marjolaine et accompagné de plusieurs comparses gazettien.nes, habitué.e.s du micro d’ASPIC. Alix, habituelle co-animatrice, se retrouve cette fois-ci du côté des invité, puisqu’elle y présente l’ouvrage « Harry Potter décrypté par ses Fans« , co-écrit avec Corentin, lui aussi présent autour de la table virtuelle. Louise nous accompagne également pour cet épisode, et nous éclaire grâce à son parcours académique en information, communication et fan studies.

Animation : Marjolaine
Invités : Alix, Corentin et Louise
Montage : Marjolaine
Graphisme : Salem
Générique : Kalegula, d’après des thèmes de Patrick Doyle et John Williams
Transcription : Rowenaz

MUSIQUE 

Sorcières, sorciers et moldus, érudits ou curieux, bienvenue dans ASPIC, l’Académie des Sorciers, un podcast intéressant et captivant, une émission proposée par la Gazette du Sorcier. 

Marjolaine (M) : Bienvenue dans ce trente-quatrième épisode de l’Académie des Sorciers. Je suis Marjolaine… 

Alix (A) : Et je suis Alix. 

M : Et aujourd’hui, Alix est autant ma co-host que l’une de mes invités du jour puisqu’une fois n’est pas coutume, c’est toi qui arrive avec dans tes valises un ouvrage que tu as co-écrit, n’est-ce pas ? 

A : Tout à fait ! 

M : Les auditrices et auditeurs d’ASPIC n’ont certainement pas loupé l’information mais pendant l’été, pendant notre longue pause estivale, il y a un ouvrage qui est sorti, « Harry Potter décrypté par ses fans », co-écrit par Alix Houlier et Corentin Faniel. Oh, chance, on a aussi Corentin avec nous ! 

Corentin (C) : Bonsoir ! 

M : Du coup, voilà, on est entre habitués d’ASPIC mais on aussi une autre invitée, qui n’a pas co-écrit ce livre mais qui a plein des choses à dire sur le sujet d’aujourd’hui, et c’est Louise ! 

Louise (L) : Bonsoir ! 

M : Eh oui, là on a un super panel. Louise, vous reconnaîtrez peut-être sa voix, peut-être que l’avez déjà entendue dans un autre épisode d’ASPIC et dans d’autres podcasts de la Gazette, n’est-ce pas ? On a rassemblé tout ce beau monde puisqu’aujourd’hui on va aborder un sujet assez vaste et en même temps dans lequel on est tous plongés au quotidien, c’est le rapport entre le fandom, les réseaux sociaux et nos activités de potterheads sur internet en général et sur les réseaux sociaux en particulier, et comment ça a un peu évolué au fil du temps, l’influence de ces réseaux sur notre manière de nous impliquer, d’échanger entre nous, de débattre…etc. Pourquoi on aborde ce sujet avec Alix; Corentin et Louise ? Déjà Alix et Corentin, dans votre livre « Harry Potter décrypté par ses fans », vous abordez plein de choses, vraiment. Allez-voir la critique sur la Gazette qui est sortie je pense, ou qui sera sortie au moment où sera diffusé cet épisode pour vous donner un aperçu de la grande variété des sujets qui sont abordés dans le livre, si vous ne l’avez pas déjà feuilleté. Mais, dedans, vous abordez ce sujet, entre autres. Et Louise, tu nous a fait un petit papier « Harry Potter et le web 2.0 ». D’ailleurs, on va commencer peut-être par toi pour que tu te représentes aux auditeurs sous ta casquette du jour et pourquoi ça t’intéresse ce sujet, pourquoi tu nous as écrit un papier avec une belle bibliographie qui a l’air très universitaire, tout ça… 

L : Déjà, je suis Serdaigle, ça explique beaucoup de choses. (rires) Sinon, pour aller au plus simple, j’ai fait des études d’information communication avec un master spécialisé dans le numérique dans lequel j’ai étudié pas mal de choses en lien avec le numérique. Un de mes sujets de passion personnelle c’est tout ce qui va être les études sur les fans ou les fan studies. D’ailleurs, mon épisode préféré de ASPIC, c’est celui que vous avez fait sur les fans de Harry Potter. En lisant, cet été, le livre d’Alix et Corentin… quand ils décrivaient le début du fandom Harry Potter, j’ai vu beaucoup de parallèles avec le début de ce qu’on appelle le web 2.0 – on expliquera un petit peu après ce que c’est – et comme ça n’arrêtait pas de me tourner dans la tête, je me suis dit « Je vais me mettre sur une feuille de papier et sortir toutes ce sidées-là ». Voilà. On en est arrivés là. 

M : On compte sur toi pour nous apporter un peu ces petites références, peut-être, sur des choses que tu as pu lire ou échanger dans tes études sur ce sujet. Alix et Corentin, est-ce que vous voulez nous représenter un peu plus en détail que ce que j’en ai fait ce livre et et la place de ce sujet dans ce livre ? Puisque comme je l’ai dit, il y a plein d’autres sujets qui sont abordés dedans… Voilà, si vous voulez en dire un peu plus et donner envie aux auditeurs d’aller lire le reste. 

A : « Harry Potter décrypté par ses fans », l’idée c’était de rendre hommage au fandom puisque cette année on fêtait les 25 ans de Harry Potter au Royaume-Uni. C’était de montrer un peu tout ce qui s’était fait autour de l’oeuvre, parce que c’est vrai que souvent quand on parle du phénomène Harry Potter, on parle beaucoup des chiffres : le nombre d(‘exemplaires vendus…etc, mais on s’intéresse moins aux fans et à la façon dont ils ont fait vivre l’oeuvre et au fait que si justement s’il y a des chiffres si mirobolants aujourd’hui, c’est parce qu’il y a eu cette communauté à l’origine qui s’est intéressée à l’oeuvre, qui a eu envie de s’y plonger à corps perdu et qui donc lui a donné ce statut si particulier. Donc le livre est consacré à la fois à l’histoire de la communauté, sa construction, ses créations, ses propres références – puisque c’est un  univers à part entière avec ses codes, avec ses propres créations (on un chapitre dédié aux créations de fans), ses théories – et à la façon dont elle a évolué et dont le débat global autour de l’oeuvre a évolué avec les années. Pendant vingt-cinq ans, la société à évolué et donc le regard qu’on porte sur une œuvre change aussi. C’est un parallèle aussi qui se fait avec le fait que la plupart des lecteurs ont découvert Harry Potter enfants, ou au début de l’adolescence, et sont adultes. Donc il y a eu cette double évolution, à la fois le passage à l’âge adulte et l’évolution de la société entre le début des années 90 et aujourd’hui. On aborde aussi tout ce sujet-là, comment les fans ont vu évoluer leur rapport à l’oeuvre, à l’autrice et à ce qu’on va appeler « les officiels » de la saga donc Warner Bros, les ayants-droits, les éditeurs…etc, et comment cette dynamique se présente aujourd’hui, ce qui a changé en vingt-cinq ans. 

M : En gros, il y a plein de chapitres différents. J’ai cru comprendre, de ce que vous m’aviez dit hors micro, que vous vous êtes réparti un peu les chapitres. Corentin, c’est toi qui est derrière notamment un des chapitres sur lesquels on va pas mal revenir, en tout cas desquels on sort pas mal d’inspiration pour cet épisode, c’est « Les fans qui font vivre la saga », qui est d’ailleurs le premier chapitre de la première partie. Tu es déjà intervenu dans ASPIC, notamment autour du marketing donc ce sujet en particulier des réseaux sociaux et des fans sur internet, en quoi c’était un sujet sur lequel tu te sentais le plus de dire des choses ? 

C : Alors, moi j’ai un background comme on dit en bon frenglish. J’ai fait des études de littérature et de cinéma, à la base, qui sont pour moi deux moyens de communiquer.  Quand on analyse le cinéma, on analyse comment les plans communiquent une intention, un sentiment…, comment la mise en scène a un certain impact…etc. Après, j’ai fait des études de communication. Donc tous ces sujets-là m’intéressent énormément. Comment on crée des communautés, comment les communautés vivent, comment les marques échangent avec les communautés, comment elles peuvent s’en nourrir, rebondir dessus… Du fait de vivre avec ce fandom Harry Potter depuis maintenant plus de dix ans, inévitablement j’applique un peu cette vision, cette analyse et ces références au fandom Harry Potter. Donc c’est un sujet qui m’intéresse particulièrement, qui m’interpelle, qui est énormément débattu à l’heure actuelle et discuté dans tout le secteur de la communication. Pouvoir retracer un peu cette évolution à travers les fans me paraissait extrêmement intéressant. 

M : Tout à fait, je suis d’accord ! (rires) Comme l’a mentionné Louise, on va peut-être commencer un peu par définir de quoi on parle, en bons membres de l’Académie des Sorciers. De quoi on parle quand on parle d’internet 2.0 ? On va parler de réseaux sociaux. Tout ça, est-ce que c’ets la même chose ? De quoi on parle quand on parle de ça ? Si on a internet 2.0, c’était quoi l’internet 1.0 ? 

L : Historiquement, internet, quand il a été créé, c’était vraiment quelque chose pour mettre en relation des informations, avec tout le système de liens hypertexte. ON s’est dit « C’est génial, c’est super », il y a eu plein d’investissements là-dedans, sauf que ces investissements ont été faits par la frénésie de la découverte et pas du tout par des réflexions poussées sur les entreprises qui viennent de se lancer, qui sont toutes nouvelles. Donc, sans surprise, il y a eu un gros crash boursier. Certains ont pensé que c’était la fin du web, ce web 1.0, alors qu’en fait ce n’était pas le cas. Il y a eu une nouvelle ère, on a vu de nouvelles utilisations d’internet et c’est ce qu’on appelle le web 2.0. C’est un terme qui a été popularisé surtout par Tim O’Reilly qui est un entrepreneur et un essayiste qui travaille beaucoup sur le numérique ce qu’il a appelé « le web 2.0 ». Ce serait le web qu’on connait maintenant, même si on aujourd’hui on est dans des débats de « est-ce qu’on est dans une nouvelle ère ? ». Ce serait un web participatif et social. Donc un web où les gens échangent entre eux, ce ne sont plus que des informations reliées, ce sont vraiment des liens entre les personnes et c’est tout ce qu’on va connaître aujourd’hui avec les réseaux sociaux, où il y a vraiment un échange entre les personnes et une volonté d’un internet « social ». 

C : En notant que, même si les réseaux sociaux sont vraiment le pinacle du web 2.0, il commençait déjà à apparaître avant via d’autres formats. C’est ça aussi qui est super intéressant. Quand on voit les premiers sites de fans où il n’y avait pas encore vraiment de forums mais où les gens interagissaient par un mail et où les webmasters, les gestionnaires des sites…etc recevaient les commentaires par mail et après, eux-mêmes, les mettaient sur le site pour que les autres puissent les lire. Je trouve ça assez dingue de se dire : « Vous ne pouvez pas commenter vous-mêmes mais envoyez-moi le commentaire par mail et moi je vais le réécrire pour vous ! ».

L : On fait le relais ! 

M : C’est ça, je trouve, qui était hyper intéressant dans ce chapitre où se penche un peu sur les débuts du fandom, sur internet notamment – même principalement. Voir cette histoire du fandom, ses débuts, qui ont lieu avant ce qu’on appelle officiellement internet 2.0 mais, comme tu dis, il y a déjà de l’interaction et on a du mal à imaginer. Pour nous, un fandom sur le net, il y a forcément ce côté participatif. Il y a déjà ce côté participatif dès les tous débuts de n’importe quel site de fans que vous mentionnez, j’imagine. 

A : Il y avait les listes de diffusion. Je ne sais pas ce qui serait le plus proche aujourd’hui, ce ne sont pas vraiment les newsletter, je ne sais pas ce que serait l’équivalent précis. Mais il y avait quand même tout ce côté-là, les commentaires ajoutés… J’avais un exemple en tête et maintenant, évidemment, je l’ai oublié ! Il y avait MySpace, aussi, qui était une ébauche de réseau social, d’une certaine manière, qui permettait en tout cas de partager des créations, notamment de la musique. Ça a été un des gros vecteurs, diffuseurs de Wizard Rock pour la communauté Harry Potter. On n’était pas encore dans le web 2.0 mais il y avait déjà un peu des tentatives de web social, d’une certaine manière, sans forcément déjà avoir les codes de ce que ça deviendrait plus tard. Il y a déjà des tentatives. 

L : Il a fallu dater un moment où on passait à la première version du web au web 2.0 mais évidemment,il n’y a pas une date « Ça y est, à partir d’aujourd’hui on passe au social ! ». 

A : Oui, bien sûr. 

L : C’est aussi intéressant parce que le numérique, en général, ça a beacoup puisé dans la philosophie des hippies. C’est eux, en Californie, qui ont développé la plupart des outils qu’on utilise aujourd’hui. Ils ont une grosse philosophie de partage et d’échange donc ce n’est pas très surprenant qu’aujourd’hui on retrouve cet internet qui soit assez social, qui prône l’échange entre les personnes. 

C : Il y a aussi une notion, dans le web 2.0, de simplicité de l’interactivité. Comme on le disait, il y avait des versions un peu avant qui… –

L : Qui bidouillaient. 

C : …qui bidouillaient, dès le début des années 2000. Par exemple, il y avait les Yahoo Groups qui sont des groupes sur lesquels… c’est un peu un forum, au final, où il y avait moyen d’aller échanger des contenus sur des plateformes, des message boards, et de suivre des fils de discussion entre membres du même groupe. Au final, la première mention de web 2.0 c’est, selon mon ami très fidèle Wikipédia, en 2003 par Dale Dougherty, cadre de la société O’Reilly Media. Déjà en 2003 on a des notions de ce web 2.0 et de ce qu’il est ou de ce qu’il va être. 

M : Et ça donne quoi, pour le fandom Harry Potter ? A quoi ça ressemble sur internet ? On pense forcément aux forums, est-ce qu’il y a autre chose avant ou est-ce que c’est vraiment ça qui commence à être quelque chose qui va rassembler ? évidemment, on pense à la Gazette du Sorcier et l’importance qu’a été son forum pour son histoire, mais est-ce que c’est ça ? Est-ce qu’il y a ce grand âge d’or des forums qui arrive à ce moment-là. 

L : Ce que disait Panta à l’instant c’est qu’on passe aussi dans un internet qui est vachement plus facile à utiliser. Donc on va avoir plein de personnes qui ont ce besoin de discuter de quelque chose – qui s’est répandu massivement, donc on a beaucoup de personnes qui vont avoir ce besoin, et on va avoir des outils faciles à utiliser pour eux. Ça va se rencontrer, ça va matcher.

C : C’est aussi la notion de démocratisation de l’outil. L’internet, mine de rien, ça existait depuis un moment, c’était surtout utilisé par des universitaires, des chercheurs…etc. Puis l’internet arrive à la maison. Ce sont les chiffres qu’on cite dans le livre : entre 1999 et 2000, le nombre de personnes connectées à internet au Royaume-Uni double en un an. En quatre ans, c’est quadruplé. C’est vraiment une croissance énorme ! Ce sont des millions de personnes qui sont connectées. En France, ce sont 3,1 millions de foyers connectés à la fin de l’année 2000 contre 1,4 millions l’année précédente. De nouveau, en un an, on a doublé le nombre de personnes connectées à internet. 

M : On rappelle un peu l’histoire des sites des fans dans le livre. Un exemple, pour se rendre compte de ce que donne cette démocratisation dans l’origine de certains sites : MuggleNet, qui est créé en 1999 par un gamin de douze ans ! Bon, pas n’importe qui : ce qu’il a réussi à faire à douze ans, c’est quand même pas mal. C’est Emerson Spartz. Mais ça donne un peu une idée de ces nouveaux outils, comment ils peuvent être réappropriés par des personnes non professionnelles qui vont pouvoir s’approprier tout ça et créer des choses qui vont rassembler les fans. 

A : Par rapport à la question que tu posais tout à l’heure sur le fait que les premiers sites qui rassemblaient les fans, tu parlais des forums, et je pense qu’un des types de plateformes qui sont extrêmement importants très vite, c’est les plateformes de fanfiction. Ç’a été une des premières formes de création du fandom. Après, il y a eu plein d’autres choses qui ont été développées mais c’était un peu le premier type de créations de fans qui s’est développé pour le fandom Harry Potter. Très vite, il y a eu des sites dédiés ou des sections qui ont été créées sur des sites existants. Parce que, d’un point de vue technique, c’était juste du texte, pas d’images, pas de vidéo, pas de contenu particulièrement lourd… Donc, forcément, c’était plus facile de partager ce genre de choses. Youtube, ça n’existait pas, c’était encore un peu au stade du fantasme à l’époque. Ça fait aussi partie des plateformes ancestrales du fandom Harry Potter. Je pense que c’est aussi pour ça que ça joue toujours un rôle très important dans le fandom. Ça a créé un terreau très fertile pour l’imagination des fans sur lequel il n’y avait aucune limite technique. Forcément, quand on n’a pas de limites techniques, il n’y a que l’imagination… Sky is the limit, c’est un peu ça ! 

L : Surtout que, pour faire de la pub à votre propre épisode, si vous écoutez l’épisode sur le fandom, les fans sont naturellement propices à créer des choses, à être productifs, à avoir cette envie d’échanger… Ce qu’ils ont fait sur internet, c’était déjà ce qu’ils faisaient avant, c’était juste une manière de décupler ça et de leur offrir parfois de nouvelles possibilités. Forcément, ce n’est pas la même chose d’écrire une fanfiction quand tu as des retours de personnes du monde entier que de l’écrire dans ta chambre, sur un bout de carnet que personne ne verra. 

A : Effectivement, le fandom Harry Potter a appliqué et a été un des premiers à appliquer sur internet et à son fandom des pratiques de fans qui existaient depuis très longtemps pour d’autres fandoms, notamment le fandom Star Trek qui était extrêmement prolifique. Les fanfictions et ce type de créations, les fanarts, ce sont des choses qui existaient dans les fanzines, des magazines publiés par des fans pour partager leur passion. Comme la popularité d’Harry Potter a coïncidé avec les débuts d’internet accessible, ça s’est fait assez naturellement de se dire « Ce qu’on faisait avant sur papier, on le bascule ailleurs ». Le processus créatif était assez similaire et c’est sans doute pour ça que ça s’est mis en place aussi facilement. 

M : Avec une génération qui n’aura pas forcément connu ces autres types d’interactions via les fanzines, via le papier…etc donc qui va s’approprier peut-être plus « naturellement » cette chose-là. C’est vrai qu’on a du mal à imaginer une autre manière de faire quand on grandit avec, forcément. Probablement que les plus jeunes, dans nos auditeurs, se disent « Mais wahou, ils parlent d’une préhistoire ! ». 

A : Ce qui est intéressant c’est que c’était vrai pour le début des années 2000, le début d’internet, mais, potentiellement, il y a plein de technologies qu’aujourd’hui on est incapables d’imaginer et qui deviendront la norme d’ici quelques années. On ne saura plus vivre sans et ça deviendra complètement de se dire qu’on vivait notre fan-attitude sur des forums, sur Facebook, sur Instagram… parce que ça aura été complètement transformé peut-être, dans dix ans, dans quinze ans… 

M : Justement, avant de parler de ce premier grand tournant avec l’arrivée des premiers réseaux sociaux… C’est une question qui m’est venue en parlant : je voulais faire un petit tour de table de, vous, vos premières interactions avec le fandom sur internet. Est-ce que vous avez des souvenirs ? Maintenant, on fait partie des anciens… (rires) Quelles étaient vos premières interactions de fans sur internet, vos pratiques ? Corentin, peut-être ? 

C : Moi, ma première interaction avec le fandom dont j’ai un souvenir, c’est sur le forum de la Gazette. C’est comme ça que je considère que je suis vraiment entré dans le fandom. C’était juste avant la sortie du tome sept, donc ça devait être au printemps 2007. Ça faisait des mois que je lisais des théories de fans, notamment la TLF, et qu’à un moment je me suis dit : “Bon, c’est bon, je me suis farci 150 pages de théorie et j’ai l’impression qu’il y a des trucs que les gens ne disent pas, qu’ils passent à côté de ce point, de ce point… ». C’est à ce moment-là que je me suis inscrit sur le forum de la Gazette. 

M : Donc, tu lisais déjà des choses sur internet avant de t’inscrire sur le forum. 

C : J’ai dû lire deux-trois trucs mais effectivement, je lisais sur le forum de la Gazette les théories et les échanges, mais je n’ai pas le souvenir que ce soit des années avant. Je pense que c’est vraiment vers 2007 que je me suis tourné vers le fandom en ligne. 

M : Très bien. Louise ? 

L : Moi, je suis un mauvais exemple parce que je me suis intéressée à Harry Potter très tard donc il y avait déjà beaucoup de choses qui existaient. 

M : Ton premier réflexe, ça a été d’aller voir quoi ? 

L : Moi, c’était à l’époque de Facebook, donc c’était traîner sur les réseaux sociaux. C’est comme ça que j’ai découvert la Gazette, via les articles postés sur Facebook. Je sais que j’avais déjà des pratiques depuis longtemps, sur des forums, d’échanger avec des gens. Ce n’étaient pas vraiment des pratiques de fan, c’étaient plus des pratiques sociales, des échanges sur des sujets qui n’ont rien à voir avec le forum, mais c’est pas grave. 

A : Moi, j’ai découvert Harry Potter au tournant de l’année 2000, à peu près. Ça coïncidait avec la sortie du quatrième tome. Mon premier réflexe, quand j’avais un ordinateur accessible et que j’avais le droit de l’utiliser – parce qu’on avait des minutes internet qu’on pouvait utiliser, ça rappellera des souvenirs à quelqu’un – c’était de googler « Harry Potter 5, informations, date de sortie… ». Il y avait plein de rumeurs, de théories sur « Ce serait quoi le titre ? »… J’ai googlé très très souvent « Harry Potter et le Char de la Lumière Verte » parce que c’était un des titres qui étaient « rumorés » à l’époque. Je l’ai beaucoup fait. Je n’ai jamais été une très grande lectrice de fanfictions mais je sais que j’en ai lu quelques-unes dans mes tous tous débuts, en pensant qu’il y avait des gens qui avaient vraiment publié la suite de Harry Potter en ligne avant de comprendre que ce n’était pas la vraie suite. Bon, j’avais dix ans, c’est bon ! (rires). Disclaimer. Ça, je m’en souviens assez bien. Je suis de la génération Skyblog donc par la suite, adolescente, j’ai eu des Skyblog Harry Potter et j’ai suivi des Skyblog Harry Potter. C’étaient mes premières interactions actives, par rapport aux simples recherches google qui étaient plus passives. Les Skyblog avec les photos des avant-premières, ce genre de choses… Voilà ! Il y a prescription. 

M : J’ai eu ma période Skyblog mais je ne me souviens pas d’avoir tant traîné sur des Skyblog Harry Potter. Pas mal sur des Skyblog de fanfictions ou de ship, quand même… Moi, je spammais des sites d’infos. Pas la Gazette du Sorcier, un site concurrent dont je ne donnerai pas le nom, c’est le premier que j’ai trouvé et sur lequel je regardais tous les jours s’il y avait des nouvelles, avant les réseaux sociaux, tout ça… C’était presque ma page d’accueil. C’était surtout ça. Et puis je traînais aussi en long, en large sur des wiki. J’étais une grosse consommatrice de wiki, sans forcément m’investir dessus mais je me faisais moi-même mes petits carnets avec des listes et tout ça. C’était surtout ça, les sites d’infos et wiki, où il y avait aussi des théories de temps en temps qui étaient recensées. C’étaient ça, avant de m’inscrire sur des forums de jeux de rôle dont j’ai déjà parlé dans d’autres podcasts, mes premières implications sur le fandom. 

A : Je crois que je l’ai déjà mentionné dans un autre épisode parce que j’aime beaucoup trop cette anecdote mais j’avais un classeur où je répertoriais consciencieusement tous les articles que je trouvais sur Harry Potter. J’avais imprimé des pages internet de la Gazette où on voit encore la date de l’impression, donc j’ai des pages de la Gazette imprimées qui datent de janvier 2002 ou des trucs comme ça. Une autre époque ! (rires) 

M : Pour clore un peu cette autre époque et pour parler d’un de nos gros sujets du jour, dans le livre « Harry Potter décrypté par ses fans », il y a un sous-chapitre qui s’appelle « Le web d’après ». C’était un peu l’inspiration pour cet épisode. C’est quoi, ce tournant ?  Il y a une espèce de double-moment charnière pour les fans : la fin de sortie des livres en 2007 et des adaptations au cinéma en 2011. Au final, entre 2007 et 2011, c’est aussi un moment avec plein de gros changements. C’est pile le moment de l’émergence des réseaux sociaux si je ne me trompe pas. Facebook, c’est à peu près à ce moment-là… Il existait un peu avant mais bon. 

A : Facebook a été créé en 2004 mais à l’époque c’était juste Harvard… c’était encore limité aux états-Unis et de manière pas du tout démocratisée. 

M : J’ai dû créer mon profil Facebook en 2006, dans ces eaux-là. 

A : Moi, je sais que j’ai un profil depuis 2007 et c’étaient les débuts en France. 

M : Donc il y a ça, Youtube, pareil, c’est à peu près ce moment-là, non ? 

A : Oui. C’est 2006, je crois, Youtube ? Si je ne dis pas de bêtises… 

M : On avait d’autres réseaux sociaux avant – MSN represent

A : Il y avait DailyMotion… 

M : Mais c’était vraiment un moment où ça a beaucoup changé. C’est la grande démocratisation et massification de toutes ces plateformes-là. Au même moment, on passe à une autre étape dans notre histoire de fans, du fandom Harry Potter. C’est un hasard qu’il y ait cette corrélation, mais mine de rien, ça a du sens quand même, que tout ça arrive en même temps. Non ? Ou c’est moi qui fait des liens qu’il n’y a pas ? 

L : C’est un peu compliqué parce qu’on ne sait pas qui est arrivé le premier. 

A : L’œuf ou la poule ? 

L : Oui. C’est une question que je me posais dans l’article : est-ce qu’internet va développer de nouvelles possibilités parce qu’il y aura des gens en masse qui auront eu une demande, un besoin, ou est-ce que c’est l’inverse, il y a de nouvelles possibilités et qui vont être appropriées par cette masse de personnes ? 

M : C’est les deux. 

L : C’est probablement les deux. C’est ça qui est hyper intéressant avec les fans d’Harry Potter : ils sont tellement nombreux que quand n’importe quelle nouvelle pratique va naître sur le web, il va forcément y avoir dans le lot des gens qui vont l’essayer, quelqu’un qui va être fan de Harry Potter et qui va se dire « Comment je vais exploiter ça pour ma passion ? ». 

M : Donc, Corentin, concrètement, qu’est-ce qui se passe à ce moment-là pour les fans ? Par les fans ? 

C : Il y a beaucoup de choses qui changent. Il y a les formats qui évoluent. Inévitablement, quand un format évolue, ça change aussi notre relation aux autres, à l’information, aux médias… Quand on est sur un forum où tout est structuré par des sujets, avec des topics, c’est la discussion à ce sujet-là, à ce sujet-là, à ce sujet-là… puis on arrive sur des réseaux sociaux où il n’y a pas spécialement ces structures de discussion, ou en tout cas pas la facilité pour les retrouver. On va avoir une information qui va avoir une durée de vie beaucoup plus courte parce qu’on peut beaucoup moins facilement retrouver une information ou un débat qui a eu lieu il y a trois mois. Ça change déjà le rapport des fans à l’information qu’ils reçoivent sur le fandom. Après, ça donne de nouveaux outils. Tu parlais de Youtube, logiquement ça permet d’aller explorer de nouvelles pistes pour dire « En fait, j’écrivais une fanfiction et maintenant j’ai très envie de faire joujou avec mon nouvel appareil photo, ma nouvelle caméra… Et si je filmais ma fanfiction et que je la mettais sur Youtube ? ». Ça ouvre plein de portes mais ça change aussi beaucoup de choses pour comment on va se projeter dans cet univers et comment on va interagir avec les autres fans. 

A : Je pense que ça a aussi été lié à un changement d’utilisateurs. Les utilisateurs de forum n’étaient pas et ne sont pas forcément les personnes qui vivraient leur passion par Facebook. Je ne parle pas forcément d’une différence de génération… Je pense que sur un forum, il fallait y aller, il fallait savoir que ça existait, il fallait faire un effort, d’une certaine manière, pour se renseigner et aller participer à des discussions…etc. Ce qui est très différent, je trouve, par rapport aux réseaux sociaux de manière générale (Facebook, Twitter…etc), c’est que ce n’est pas une plateforme qui, à l’origine, est dédiée à un fandom particulier ou une activité très spécifique. Les gens sont sur Facebook pour plein de raisons et il va se trouver qu’il y a des personnes qui vont développer un contenu accessible publiquement sur ces plateformes. L’algorithme Facebook a énormément évolué depuis sa création mais des pages qui étaient créées ou liées ou partagées par certains de vos contacts sur Facebook, même si vous vous ne connaissiez pas forcément très bien les blagues du fandom Harry Potter ou quoi, il y avait des chances que Facebook vous le montre parce que c’est quelque chose avec laquelle votre ami avait interagi. Je pense que ça a aussi permis de populariser un certain nombre de débats, de créations de fans, à un public qui n’en avait pas connaissance avant parce que c’était un support qui était beaucoup plus « niche » et qui était spécialisé. Là, on passe d’un support spécialisé à un support généraliste qui propose un contenu spécialisé. Je pense que ça a potentiellement favorisé l’apparition de fans plus casual – je dis ça sans aucun jugement de valeur dans l’appellation – qui vont préférer voir des memes, des choses comme ça… sur leur saga préférée, que ce soit Harry Potter ou autre chose, mais qui pour autant ne seraient pas forcément allés chercher l’information eux-mêmes ailleurs si elle n’était pas diffusée sur un réseau social auquel ils se connectent de toute façon tous les jours. Je pense que ça a pas mal fait bouger les lignes en termes de pratique du fandom et en termes d’utilisateurs et de contributeurs au fandom de manière générale. 

L : Ce qui est intéressant aussi c’est que comme internet était vachement plus démocratisé, vachement plus facile d’accès, il y a beaucoup de gens très jeunes qui sont allés sur internet. Les communautés en ligne, ça existe depuis super longtemps ; je vous conseille de lire le livre de Howard Rheingold sur les communautés en ligne. Il l’a écrit en 1995. C’est encore un livre qui fait référence quand on étudie les communautés en ligne parce qu’elles ont toujours les mêmes schémas, les mêmes pratiques… sauf qu’à l’époque c’étaient des adultes. Aujourd’hui, on a des gens vachement jeunes qui utilisent internet. Ça va avoir un avantage ou un inconvénient, je ne sais pas, de voir des gens un peu naïfs qui vont faire des choses, avoir des échanges que peut-être un adulte se serait dit « Non, je ne vais pas parler de ça avec un inconnu ». C’est une nouvelle manière d’approcher les choses. Corentin disait tout à l’heure que c’est aussi une manière d’expérimenter que les personnes jeunes vont avoir encore plus quand elles vont découvrir que « Tiens, je peux filmer la fanfiction que j’écris parce que Youtube m’offre cette possibilité-là ». Moi, je pense souvent – parce qu’aujourd’hui je travaille entre autres dans la communication – quand je fais des affiches pour promouvoir un événement, je me dis toujours « J’ai commencé sur Photofiltre en faisant des photomontages de Emma Watson, aujourd’hui je suis entrain de faire des affiches qui vont être mises dans toute la ville où je travaille ! ». Je pense que c’est aussi intéressant parce que pour des personnes jeunes, ça a développé des choses… Moi, sur mon CV, la moitié des compétences que j’ai ont commencé avant même mes études, par les pratiques que j’ai eues grâce à ce nouvel internet vachement plus simples à utiliser. 

A : Je pense qu’il y a beaucoup d’expérimentations qui se font au niveau des lecteurs et lectrices adolescents et enfants. T’es tenté de créer des trucs et tu as du temps que n’a pas un adulte. Ça va te permettre d’expérimenter beaucoup plus. Je pense que mine de rien, le facteur temps joue. Ça permet de développer des trucs. On verse peut-être un peu dans la psychologie mais peut-être qu’en tant qu’adolescent ou enfant, tu ne te dis pas « C’est impossible, je ne vais jamais y arriver, ça va me prendre trois plombes ». Non, tu as envie de le faire. Il y a plus de chances que tu ne te dises pas forcément « C’est impossible de faire ça, je connais déjà les limites de cet outil ou de mes propres capacités parce que j’ai déjà été formé à ça, ou pas ». Quand tu es ado, tu te poses beaucoup cette question-là, je pense. Si tu as envie de faire un montage avec quarante photos et qu’on te dit que la limite c’est vingt, tu te dis que tu vas tenter quand même parce que tu as envie d’avoir tes quarante photos. 

C : Dans le livre, quand on parle de web d’après, on parle aussi du web d’après la saga. Les contenus officiels sont moins nombreux donc il y a cette envie de prolonger l’aventure en créant son propre contenu, en comblant ce vide que laisse la fin de la saga Harry Potter, tant au cinéma que derrière. On trouve aussi ce redoublement, ce changement et ce basculement non seulement dans les formes que peuvent prendre le contenu mais aussi dans le contenu lui-même. On ne va plus parler des livres particulièrement, ou alors on va en parler différemment, on en parle à posteriori, on n’essaie plus de faire des prédictions. On va se dire « Je vais créer ma propre suite ou combler ce petit trou dans la narration ». 

M : Il y a ce relais qui arrive à point nommé dans un environnement internet tel que vous le disiez, les filles, qui démocratise tous ces outils qui vont faire que ça va être le parfait terrain de jeu pour prolonger l’univers, se le réapproprier de manière différente et renouveler la manière dont on va s’investir en tant que fan sur internet. Vous avez déjà évoqué plein de choses mais je voulais revenir un peu plus précisément sur les différents usages qu’on peut avoir en tant que fandom d’internet et les évolutions de ces usages en lien avec ces évolutions de plateformes. Je voulais voir un peu comment chaque plateforme a amené de nouvelles possibilités, de nouvelles contraintes… Corentin, tu as mentionné au début, la manière de se tenir au courant de l’actualité et forcément, ça nous tient un peu à cœur à la Gazette. Qu’est-ce que ça change, cette arrivée notamment de réseaux sociaux comme Twitter ou d’autres plateformes, dans la manière d’utiliser internet pour suivre l’actualité de notre univers de prédilection ? Je ne sais pas si vous vouliez revenir là-dessus, on peut vous renvoyer aussi à notre épisode sur les médias, ça peut-être intéressant pour développer ce sujet-là, on ne va pas rentrer autant dans le détail que dans cet épisode-là… Mais de manière pratique, qu’est-ce que ça change dans ce rapport à la plateforme et à internet en général ? 

C : Hum… 

M : Gros sujet ! 

C : Oui, c’est une vaste question. Comme je le disais, il y a de gros changements du point de vue de l’éphémérité de l’information. C’est une chose. Après, on a aussi une perte de l’anonymat, parfois, des rédacteurs, des transmetteurs d’information. Au début, on a ces sites avec, certes, des personnes derrière qui parfois les incarnent mais aussi parfois des équipes. Il y a beaucoup d’informations et les sites essaient de couvrir plein de sujets. Une anecdote que j’aime beaucoup, c’est quand même un des tous premiers sites, « The unofficial Harry Potter fanclub » qui, à la fin des années 90, début de l’année 2000, proposait une répartition. Il y avait une personne qui gérait le site et elle a dû arrêter la répartition parce que les gens lui envoyaient des mails pour être répartis et qu’elle avait des milliers et des milliers de demandes et qu’elle ne pouvait plus faire face. Les sites développent des équipes, ça devient des projets de groupe. Les forums, c’est aussi des discussions de groupe. Mais, en même temps, on voit émerger des individus qui sont un peu plus « reconnaissables » et « reconnus » que d’autres. Quand on bascule sur des réseaux sociaux vraiment personnels, où on mélange la vie personne et ses idées d’informations et de partage de passion…etc, on arrive sur ce qu’on appelle des « influenceurs » qui apparaissent vraiment en leur nom propre et qui parlent de leur passion, de l’actualité, de leur vie… Ça aussi, ça va changer le rapport à l’information. On va avoir une information qui est parfois moins complète, le but n’est plus d’aller informer et de partager une information, c’est de partager une passion, dans un sens plus personnel encore. Au contraire, on va aussi avoir des sites de fans, on voit le même phénomène avec des médias, qui vont se réinventer et devoir faire évoluer leur approche de l’information. 

M : Je comptais en parler plus tard, des influenceurs, mais on peut peut-être en parler tout de suite. C’est quand même un des gros changements. Au final, la figure de l’influenceur est présente dans tous les différents usages dont on va parler puisque ça peut être dans le partage d’informations, d’actualités mais aussi dans les analyses, dans les débats, dans les créations… C’est dans plein de choses différentes que peuvent être présentes ces figures qui sortent de l’anonymat et qui créent presque leur propre communauté. C’est le principe de l’influenceur, de toute façon, de ceux qui les suivent. Donc on va avoir des « micro-fandom » à l’intérieur du fandom, qui sont poreux parce qu’on peut très bien suivre tel Youtubeur ou tel créateur de contenu et un autre et être engagé dans une sous-communauté de ce grand fandom Harry Potter… On n’est pas enfermé dans une micro-communauté mais il y a quand même cet aspect-là, non ? De retrouver de l’entre-soi autour des personnes qu’on suit ? C’est un peu ça ? Il y a tellement de monde qu’au final on se retrouve entre soi quand on rassemble autour d’un créateur de contenu. 

C : Ce qui est intéressant c’est que là tu parles vraiment de micro-communautés ou de sous-communautés qui sont poreuses mais qui se divisent. Oui, il y a le côté « influenceurs » dans les sources d’information et de contenu. Par exemple, on parle rarement des Starkids comme des influenceurs, à la base, parce que c’est vraiment des célébrités qui vont créer une comédie musicale extrêmement appréciée. Ils développent une espèce de fandom de leur propre côté. On a Harry and the Potters qui créent le Wizard Rock et qui développent eux-aussi une communauté de leur côté… Ce qui est intéressant, c’est que l’influence peut prendre vraiment des formats très très différents. Il faut s’en souvenir parce que quand on parle aujourd’hui d’influenceurs, souvent on pense à une personne qui partage juste sa vie, sa passion sur Instagram, Facebook, Twitter, Youtube… Mais là, on a vraiment des influenceurs de toutes sortes et des communautés qui naissent partout, autour de plein de sous-divisions du fandom, on va dire. 

M : On pourrait parler plus généralement de créateurs de contenu au sens large. Les influenceurs en font partie… C’est plus difficile à définir, effectivement. 

A : J’ai l’impression que l’idée de micro-fandom et de sous-niveaux de fandom n’est pas forcément liée à une personne mais aussi au fait que le fandom est tellement diversifié en matière de créations qu’il y a des gens qui vont être super fans de roleplay, qui vont être à fond dans le roleplay mais par contre les fanfictions ou le Wizard Rock, ça ne les intéresse pas du tout… Et au contraire, il y en a qui vont être à fond sur du fanart ou autre chose et qui ne vont pas être intéressés du tout par un autre aspect du fandom. Il n’y a pas de bon ou de mauvais fan. Ce n’est pas qu’une question d’influence mais aussi que, logiquement, plus il y a de choses diverses qui sont créées, plus on va avoir tendance à avoir des affinités avec l’une ou l’autre des créations. Donc il y a des sous-communautés qui vont se créer un peu naturellement. 

L : J’avais étudié ça, j’avais fait un mémoire de recherche sur des sous-groupes Facebook de fans d’un podcast. Ce qu’on remarque, et qui est exactement le cas pour Harry Potter aussi, c’est qu’au départ les gens se regroupent dans un espace pour discuter entre eux parce qu’ils n’ont pas forcément ça dans leur quotidien. Si t’es fan d’Harry Potter au fin fond de la Creuse, peut-être que ton voisin non et du coup tu n’as personne avec qui parler de Harry Potter. Donc c’est génial, tu vas trouver un groupe Facebook où il y aura cent personnes qui parlent de Harry Potter. Sauf qu’au bout d’un moment, Harry Potter c’est tellement populaire, internet prend tellement d’ampleur que tu vas te retrouver avec 5 000 personnes sur ton groupe Facebook, tu n’arriveras plus du tout à avoir des conversations de la même nature, ça amènera souvent des situations de tensions parce que plus il y a de monde, plus il y a ce genre de situations qui arrivent malheureusement… Donc pour essayer de retrouver cette bonne ambiance que tu avais quand il y avait peu de monde, tu vas créer ces micro-communautés, soit en t’attachant effectivement à une forme du fandom très précise, soit en t’attachant à une personne qui fait de la création de contenu… pour essayer de retrouver une manière d’échanger qui soit humainement gérable. 

M : C’est vrai que ça, on le constate énormément. Moi, je l’ai constaté dans d’autres podcasts où je suis où, pareil, se sont crées des micro-groupes à l’intérieur qui se retrouvent. On créé un groupe d’amis plus intimes, on va dire, qui se rencontrent grâce à cette communauté mais c’est un recréant une plus petite unité à une dizaine de personnes qu’on retrouve une autre forme d’échange qui finit par dépasser le centre d’intérêt commun. Je pense que ça arrive souvent. 

A : Ce qui je trouve intéressant, et ce n’est pas nouveau, c’est que, que ce soit sur des serveurs Discord, à l’époque sur des forums consacrés à un sujet précis, il y a quasiment toujours un sujet, une rubrique « Hors sujet », justement. Les gens vont y parler de leur vie, montrer des photos de leurs animaux de compagnie, se raconter ce qu’ils ont mangé le midi… des trucs comme ça. On le voit beaucoup, sur le Discord externe de la Gazette du Sorcier ! C’est peut-être très humain, tout simplement : tu es à l’aise avec certaines personnes donc tu as envie de partager plus que juste le sujet à la base qui t’a rassemblé. Je pense que c’est ce qui se passe aussi dans plein de rencontres qu’on va faire irl. Si tu rencontres quelqu’un dans un club d’escalade et tu t’entends super bien avec lui, il y a un moment où tu vas parler d’autre chose que d’escalade. Et tu vas peut-être te voir pour faire autre chose que de l’escalade. Ça créé, comme tu le disais Louise, potentiellement des tensions entre ceux qui ne vont pas vouloir faire de hors-sujets, parler de ça, définir des sujets qu’il faut éviter… qui mènent effectivement à la création de sous-communautés ou de sous-groupes. C’est toujours un peu une quête perpétuelle de retrouver un truc qu’on avait avant. 

M : Ou alors, dans le débat, créer des teams, forcément. Pas forcément pour se foutre sur la tronche mais vraiment parce qu’il y a un côté marrant, dans une communauté, où on choisit son camp. 

L : On choisit sa maison ! 

M : On choisit sa maison, on choisit… – 

C : Petit clin d’œil à ceux qui étaient sur le forum de la Gazette à une époque, où s’affrontaient le CLFM (le Club des Fanatiques de Lucius Malefoy) et l’Ordre du Phénix, qui avaient chacun leur sous-forum privé. Il y avait de nombreux clans qui se dessinaient ainsi. 

L : C’était intéressant ce que tu disais, Alix, sur les sujets qui n’ont plus rien à voir. C’est ce que j’ai étudié aussi dans mon mémoire. En fait, j’avais remarqué qu’il y avait des groupes Facebook qui étaient crées par rapport à ce podcast mais qui n’avaient rien à voir avec le podcast. Ça parlait par exemple de chats, de cuisine… de tout ce que vous voulez, mais ç’avait toujours un nom en lien avec le podcast. Ce que j’ai découvert, c’est qu’en mettant l’étiquette par exemple « Harry Potter », tu sais aussi que tu vas ramener des fans de Harry Potter qui véhiculent certaines valeurs, une certaine vision du monde, donc tu sais que tu vas ramener des gens avec qui tu vas plutôt bien t’entendre plutôt que de faire un truc généraliste sur la cuisine. Si tu fais la cuisine par les fans de Harry Potter, tu sais déjà que tu peux être dans un groupe où, normalement, ça devrait plutôt bien se passer. Normalement. 

C : Et à 80% composé de Poufsouffle ! (rires)

A : Non ! Non ! Non, les Poufsouffle ne sont pas les seuls à aimer la nourriture ! L’amour de la nourriture n’est pas une caractéristique de Poufsouffle and this is the hill I’ll die on. (rires)

L : On pourrait faire un épisode où Alix parle pendant deux heures de ce sujet ! 

C : Mais ce n’est pas le sujet. 

A : C’était le hors-sujet de cet épisode. 

L : Tu l’as provoquée ! 

C : Oui, mais c’était le bon moment pour la provoquer. 

M : On a déjà couvert d’autres pratiques qu’on a, je pense qu’on a pas mal parlé des débats entre fans…etc. Mais si on veut revenir sur les discussions et analyses de l’univers, il y a quelque chose que Corentin tu as noté dans le livre et j’aimerais bien que tu redéveloppes là-dessus. On l’a un peu mentionnée, cette boucle perpétuelle qu’il y a sur les réseaux sociaux, qui est liée aussi au fait qu’on a sans arrêt un nouveau public, plus jeune, qui se renouvelle – et c’est ça aussi la beauté de notre fandom, il n’est pas figé, on a sans arrêt des nouvelles entrées et heureusement parce que sinon ça serait un peu triste, en tout cas de mon point de vue. Si on était juste un groupe de trentenaires dépressifs qui disent que c’était mieux avant… (rires)

A : Qu’est-ce que tu as contre les trentenaires ?! 

M : Pour le côté analyse de l’univers et tout ça, on a des théories qui ressurgissent régulièrement et qui sont des redécouvertes perpétuelles. Tout est une perpétuelle redécouverte pour ce qui est des théories et analyses de l’univers. 

C : C’est lié effectivement à un nouveau public, à de nouvelles personnes qui vont les redécouvrir, mais, comme je le disais, c’est aussi lié à cette mémoire d’internet qui est plus courte parce que sur les forums, si tu débarquais… Si les forums étaient encore aujourd’hui actifs, vivants et attractifs – ce qui est le cas pour certains forums mais pour les fans d’Harry Potter, en tout cas, il y a quand même eu une très grosse migration loin des forums – quelqu’un qui débarquerait pourrait toujours très facilement se dire « Je tape dans la barre de recherche tel sujet et, boum, je retombe dessus ». Sauf qu’avec les réseaux sociaux, on n’a plus du tout ce process d’aller rechercher. On a un peu cette habitude que le contenu vienne à nous. Si n’a jamais eu le contenu qui est venu à nous, une information ou une théorie qui est venue à nous, tout à coup, il y a quelqu’un qui retombe dessus, qui la fait revenir, qui en reparle… et là, la théorie vient à nous, l’analyse vient à nous. On se dit « Wahou ! » et on la redécouvre. C’est aussi dans cette relation à la recherche d’informations versus recevoir l’information. Effectivement, il y a de nouvelles personnes qui arrivent, elles ne cherchent pas spécialement l’information parce que ce n’est pas leur mode de fonctionnement, littéralement, ce n’est pas comme ça qu’internet fonctionne à l’heure actuelle. Donc, elles le redécouvre et c’est incroyable et les suivants arrivent et ils redécouvrent, et redécouvrent, et redécouvrent… Il n’y a presque plus besoin de nouveaux contenus, en fait, parce que faire ressortir une théorie d’il y a quinze ans, c’est toujours aussi épatant. On pourrait aussi parler du problème de sortir ces théories de leur contexte, de les présenter aujourd’hui comme si elles étaient d’aujourd’hui et de complètement ignorer que c’est une théorie d’il y a quinze ans, donc elle a été élaborée avec les informations qui étaient disponibles il y a quinze ans. Parfois, ça peut aussi engendrer, d’une certaine manière, un nouveau type de contenu et un nouveau type de débat. 

M : Ce ne sont pas des exceptions parce qu’il n’y a pas encore cette profondeur de quinze ans, il n’y a pas cette profondeur de continuité qu’il y avait dans les forums de l’avant-fin de la saga mais il y a quand même, maintenant, dans les producteurs de contenu (que ce soit dans les podcasts ou les chaînes Youtube) ceux qui ont réussi à survivre pendant très longtemps dans de la production d’analyses et de théories. Ils deviennent un peu, pour ceux qui les suivent depuis longtemps ou qui arrivent après, des mémoires vivantes. Ils peuvent dire « Bon, oui, cette théorie a été traitée dans cette vidéo d’il y a 5 ans », « Cette discussion, on l’a eue dans l’épisode 130, maintenant on en est à l’épisode 525″… Voilà, je pense à Alohomora pour les podcasts. Sur Youtube, il y en a plusieurs des chaînes comme ça, il y en a quand même quelques unes… Ce n’est pas l’équivalent des réseaux sociaux parce que c’est plus personnifié, c’est une personne ou un groupe de personne qui tient la barre, mais il y a une espèce de mémoire qui peut se repartager comme ça. Mais ce n’est peut-être pas aussi massif que la manière dont c’est partagé sur les réseaux sociaux et le public qu’il y a, c’est sûr. 

A : Je pense que ce qui est particulier avec ce traitement de l’information – peut-être moins sur les podcasts et plus sur Youtube – c’est que, sur Youtube, beaucoup de ce genre de vidéos vont être traitées en un temps assez limité. Du coup, contrairement à une recherche sur un forum où tout à coup il y a des années, littéralement, de débats qui vont être accessibles, sur Youtube, le contenu qui va être accessible va être souvent résumé. Comme il est raconté par une seule personne versus un forum qui permet de montrer l’avis et les recherches de plusieurs personnes, il y a aussi un biais qui risque de se créer. Là où, je pense, les podcasts arrivent un peu à éviter ce type de problèmes puisqu’il y a souvent plusieurs personnes et ce sont des discussions plus longues. Je dirais que ce qui empêche la recherche facile du podcast c’est que le format audio ne sort pas dans une recherche Google donc, forcément, ça rend l’information sans doute plus difficilement accessible. 

C : Moi, ce que j’allais dire, c’est que même si effectivement on a ces renvois du genre « Dans l’épisode X ou dans la vidéo Y on en a parlé », c’est toujours de la redécouverte. Il y a des personnes qui tombent sur cet épisode 135, ils n’ont pas spécialement écouté les 134 épisodes avant. Ils tombent sur une vidéo sur Youtube, ils n’ont pas spécialement regardé toutes les vidéos du créateur sur Youtube avant. Ils tombent là-dessus, ils découvrent, « Ah, il y a cette idée là ! », ils vont écouter l’épisode en question ou voir la vidéo en question, et ça reste dans ce cycle de redécouverte. Quel que soit le média par laquelle cette redécouverte est apportée, qu’elle soit apportée par quelqu’un qui était là à l’époque et qui, aujourd’hui, a son vieux bâton croulant et son dos courbé et qui raconte le bon vieux temps, ou quelqu’un qui n’était pas là mais qui l’a redécouvert d’une manière ou d’une autre, par un hasard d’algorithme quelconque sur les réseaux sociaux. Ça reste une redécouverte, une remise en avant, de nouvelles personnes qui vont le repartager, de nouvelles personnes qui vont la découvrir…etc, etc, etc. On a vraiment ce bruit de fond quasi-cyclique. Mais, pour certains, la redécouverte est un jeu, un plaisir. Il y en a certains qui aiment se dire « Ah, tiens ! Je me demande ça, je vais creuser, je vais chercher ». Littéralement, des meneurs de communautés, des créateurs de contenu qui vont se dire « Je vais faire un épisode, une vidéo, un article sur les vieux jeux Harry Potter des années 2000 ». Pourquoi est-ce qu’on fait ça ? Parce qu’on sait que les trois quarts des personnes qui, actuellement, lisent ou suivent le truc, soit ce sont des nostalgiques qui vont se dire « Wahou, c’est vrai, c’était le bon vieux temps, moi aussi je suis un vieux croulant avec ma canne et mon dos courbé ! », soit des gens qui n’en ont jamais entendu parler et qu vont se dire « Wahou, c’est fou ! ». Ça fonctionne. Le contenu nostalgique fonctionne sur les deux tableaux donc on est dans ce cycle de recréation et de recyclage de plein de contenus. 

M : Avec, de temps en temps, avec les nouveaux regards qui arrivent, boum !, des trucs décoiffants qui nous font reconsidérer certaines choses. C’est ça aussi qui créé parfois des choses hyper cool, et parfois des tensions, mais ça fait partie de la vie de la communauté. 

C : C’est ça, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de nouveaux contenus non plus. Aussi, justement, avec les nouvelles technologies, on a de nouveaux contenus. On n’avait pas les mêmes outils avant donc, logiquement, on ne pensait pas avec les mêmes formats, avec les mêmes choses… Je ne sais pas si c’est trop tôt pour en parler mais on parle d’Instagram, où avant on avait des fanarts et, en écrivant le livre, je me suis dit « Mais en fait, sur Instagram, on a quasiment une nouvelle forme de fanarts Harry Potter ». Certaines photos, certaines manières de mettre en avant les collections, les objets, les cosplays… c’est presque une nouvelle façon de créer de l’art autour de l’univers Harry Potter. 

M : Carrément. 

C : Ça réinvente le fanart, d’une certaine manière. 

M : C’est vrai que dans les nouveaux média sociaux, que ce soit Instagram – peut-être même TikTok même si je connais encore trop mal le contenu de TikTok – mais c’est vrai qu’Instagram… On peut imaginer plein d’autres types de réseaux sociaux visuels qui permettent de créer de nouvelles formes de fanarts au sens large, que ce soit de la photo, de la vidéo, des petits montages, des images animées aussi, qui créent des mood… Ca a son public aussi. Moi j’adore, c’est très cool de voir la manière dont on peut se réapproprier l’univers visuel et le faire autrement. 

L : C’est expérimenter avec les nouveaux médias. A chaque fois qu’un nouveau média arrive, les gens se posent la question de : comment je pourrais exploiter ça ? Nous, dans l’époque, dès qu’on voit un nouveau truc, on se dit « Tiens, comment on pourrait faire un truc pour la Gazette avec ça ? ». 

C : Est-ce que la GaZette y a sa place ? Est-ce qu’on peut y construire du contenu ? C’est con à dire, je vais dire ça comme ça, mais la question que se posent toutes les marques. C’est bizarre parce que je présente la Gazette comme une marque, mais c’est une question que se posent toutes les marques, tous les médias, tous les influenceurs… C’est « Bon, il y a ce nouveau truc, est-ce que je peux en faire quelque chose ? ». Et il y a des gens complètement lambda qui se disent « Oh, je vais faire joujou ! » et qui deviennent des marques, des influenceurs, des créateurs de contenu parce qu’ils se sont dit « Tiens, moi je vais m’amuser à faire ça, je pourrais faire ça comme ça… ». 

M : Le grand art des imitations, par exemple. Ce n’est pas forcément lié à une plateforme en général, mais c’est une forme de fanart en soi, de faire des collections d’imitations, de se spécialiser là-dedans. Je pensais à ça parce que ça tourne beaucoup, sur des formats très courts, mais c’est un exemple parmi d’autres. Je ne sais pas si vous vouliez revenir sur d’autres types d’usages avant qu’on parle du rapport entre les fans et les réseaux « officiels » ? 

C : On n’a pas évoqué les Poudlard interactifs. Je pense que c’est quand même une mention importante du fandom et des échanges en ligne. Ils ont quand même fait basculer les jeux de rôle, le roleplay en ligne. De la même manière que les forums ont évolué avec les réseaux sociaux, les jeux de rôle en ligne ont aussi évolué avec les réseaux sociaux. On a vu, avant on avait des sites avec des forums et puis, après, on a eu des comptes Twitter et des groupes Facebook de roleplay, et maintenant on a des Discord roleplay. C’est l’évolution, à chaque fois, de ces créations de fans et de ces modes d’interaction. Ça concerne vraiment plein de domaines et plein de créations. 

M : Tout à fait. 

C : Et après vous allez me dire qu’en fait on avait parlé des Poudlard interactifs et que je ne me suis rendu compte de rien. (rires)

M : Non, pas du tout ! C’est un bon exemple de comment un même usage s’est transformé de plateforme en plateforme. Moi, j’ai connu que la version « forum » donc je ne sais pas à quel point faire du roleplay sur Facebook c’est différent, ou sur un Discord… Est-ce que ça change vraiment la manière d’interagir ou pas ? Mais ce serait intéressant d’avoir des expériences de l’intérieur, voir ce qui change. 

A : Si vous avez envie de témoigner… 

L : Si vous avez envie d’inviter Marjolaine sur votre Facebook de roleplay… 

A : C’est pour la science ! 

L : … votre TikTok de roleplay. 

M : Oui, pourquoi pas ! (rires) Là, on était vraiment focus sur des interactions entre fans et des usages de fans mais, évidemment, sur internet, il y a les « officiels », que ce soit Warner Bros, les éditeurs, l’autrice… qui sont présents et qui interagissent aussi, sur cet internet 2.0, avec les fans. On voulait en parler un petit peu. Petit disclaimer avant, j’ai parlé de l’autrice. J.K Rowling, évidemment, est présente sur internet et sur les réseaux sociaux. On va volontairement pas parler de son cas particulier et de Twitter. parce que c’est un vaste sujet et qu’on n’a pas envie de le développer ici pour se concentrer et rester un peu plus surplombants sur d’autres sujets. Voilà, c’est un choix de ne pas parler spécifiquement de J.K Rowling sur Twitter. Pour parler plus largement, si on revient un peu sur une histoire, il y a eu une évolution du rapport entre les officiels et les fans, dans cette joyeuse jungle qu’est internet. 

C : Effectivement. Internet était nouveau pour les fans, mais c’était aussi nouveau pour les marques. Personne ne savait vraiment comment occuper cet espace, les règles qui aujourd’hui régissent ce fandom… Il y a un épisode très marquant, qui vient assez tôt dans l’histoire du fandom, c’est ce qu’était appelée la Potter War. C’est au tout début, au moment où Warner Bros rachète les droits de Harry Potter à J.K Rowling, pour l’adaptation au cinéma. Ils disent « OK, on va remettre un peu d’ordre dans toute cette jungle parce qu’il y a plein de fans qui ont créé des sites qui utilisent ‘Harry Potter’, ‘Hogwarts’… plein de noms qui, maintenant, sont des marques déposées qui nous appartiennent, donc on va tous aller les faire fermer parce qu’on n’a pas envie qu’ils les utilisent, c’est notre usage, ce sont nos noms déposés. ». Sauf que quand tu as quinze ans, que tu as créé un site depuis un an, que tu le fais vivre, que tu as plein d’amis dessus et que tu reçois un lettre d’avocats de Warner Bros qui fait trente pages et qui t’explique que tu vas aller devant un tribunal et payer 45000€ d’amende, tu paniques un peu. Ça crée un gros backlash parce que les gens ont dit « Vous vous rendez compte ? Ces attaques contre des pauvres gamins qui ont juste eu envie de partager leurs passions et qui parlent avec leurs amis en ligne ! ». Donc il y a des fans qui se sont mobilisés pour véritablement gagner le droit d’utiliser certains noms de domaine, de maintenir certains sites qui existaient à l’époque, sans devoir aller payer des mille et des cent à Warner Bros. Au final, l’issue de l’histoire est quand même positive. Les sites de fans sont toujours là. Il y en a qui ont pris des coups dans l’histoire et qui ont disparu de la surface du web mais le rapport, après, entre les ayant-droits et les sites de fans et les créations de fans de ce type, s’est quand même apaisé. C’est la bonne nouvelle. Aujourd’hui, il fait encore office de jurisprudence aux États-Unis. Il y a des traces qu’on retrouve encore aujourd’hui qui sont par exemple les textes légaux, qui sont sur les sites de fans, qui rappellent qu’il n’y a pas de lien officiel et que ce n’est pas affilié…etc. C’est une trace, à la suite de cet épisode-là de la Potter War. 

A : C’est ce qui fait que, aujourd’hui, des sites de fans peuvent utiliser des noms sous copyright, à condition d’avoir ces mentions légales dessus. Et, par principe, comme c’est un site de fan, d’être non-lucratif. C’est intéressant de voir que c’est un combat qui a été gagné un peu d’arrache-pied. Ce que je trouve intéressant, dans cette histoire, c’est de voir la mobilisation que ça a entraîné au niveau des fans. Il y en a qui ont incité à boycotter les produits officiels et une des raisons qui ont fait plier Warner Bros c’est de se dire « En fait, nos ventes de produits dérivés sont en train de chuter, il faut absolument réussir à inverser la tendance ». C’était aussi montrer qu’il y avait une solidarité au niveau international, parce que c’était au niveau international, ce n’étaient pas que les américains ! Elle a aussi défini très tôt les rapports entre les sites de fans. Je pense que c’est quelque chose qui est important, globalement, dans toutes les interactions du fandom, toutes ses créations. On voit qu’il y a des choses qui ont été créées un peu par hasard par quelqu’un et qui ont des répercussions qui jouent encore un rôle extrêmement fort aujourd’hui. Des gens, sans s’en rendre compte, on a vraiment défini les pratiques du fandom et ses possibilités. On ne s’en rendait pas compte à l’époque et on ne s’en rend pas toujours compte aujourd’hui? A chaque fois que les fans investissent une nouvelle plateforme, il y a une redéfinition des usages qui se fait. Ça a un impact qui est difficilement mesurable mais qui est là et qui existe, qui est plus important qu’on ne le pense. 

L : Ce qui est intéressant aussi c’est qu’on disait que cette nouvelle forme d’internet a permis aux fans de dialoguer entre eux, mais internet permet aussi aux fans de dialoguer avec les producteurs de la saga dont ils sont fans. Il y a certains producteurs qui vont voir tout de suite cette opportunité pour développer l’attachement des fans et, derrière, avoir des intérêts économiques parce que plus j’ai de fans plus j’ai de gens qui consomment ce que je produis. Et tu as, à l’inverse, Warner qui dit « Non, surtout ne vous appropriez pas ça sinon ça nous fait concurrence, vous allez voler notre argent » et qui vont se rendre compte que c’est peut-être l’inverse parce que quand les fans décident de boycotter, ils perdent de l’argent. C’est une question que négocient beaucoup les producteurs de sagas, de médias… A quel point on peut dialoguer avec les fans ? A quel point on va leur laisser une liberté qui va faire que ça va augmenter la puissance de ce qu’on produit ? A quel point, non, là c’est de la concurrence et on ne peut pas ? Je disais tout à l’heure que ces fans sont très très jeunes. C’est une chose dont Warner n’avait pas du tout conscience quand ils envoyaient leurs grosses lettres pleines de termes juridiques, ils ne savaient pas qu’ils l’envoyaient à des gamins parce que, jusqu’à présent ils n’avaient jamais eu ce cas de figure. Et les gamins, à l’inverse, n’avaient aucune connaissance de ce qu’est le droit, la propriété intellectuelle, le copyright dans le monde anglophone… On a vu ça aussi avec les Starkids, par exemple, qui ont posté leur petite vidéo sur Youtube en disant « On partage le spectacle de fin d’année » et qui se sont fait taper sur les doigts. Ca ne serait jamais arrivé si Youtube n’existait pas parce qu’ils auraient fait leur petit truc sur Harry Potter dans leur école, ça aurait fait le buzz dans leur école et c’est tout; Là, ça prend des proportions énormes et ça fait des situations qu’on a encore du mal à gérer. Qui est dans son bon droit ? A quel point on peut dire que c’est le créateur de contenu qui a créé la chose et qui peut donc revendiquer des droits de dessus ? Est-ce que c’est le créateur du contenu original dont est inspiré le contenu qui doit… Pff, c’est très très très compliqué. 

M : Oui. Et à l’inverse, de plus en plus se professionnalise le fait que les producteurs de contenu – je parle plutôt des influenceurs ou sites de fans…etc – sont des vrais partenaires pour les marques, pour leur com. On en a peut-être un peu plus parlé dans l’épisode sur le marketing mais il y a aussi ce côté-là, de professionnaliser un petit peu et de monétiser mine de rien ce rôle qu’ont ces créateurs. 

C : Même sans parler de monétisation ou quoi que ce soit, il y a l’avant Potter War, il y a la Potter War et il y a l’après Potter War. L’après est quand même assez clair, dans le sens où il y a ce développement… parfois, on est sur du « chacun chez soi et les moutons seront bien gardés »… Pardon, je la refais : « chacun chez soi et les hippogriffes seront bien gardés ». Et parfois, on est sur du partenariat et de l’entente. On voit par exemple Scholastic qui fait appel à un podcast de fans pour faire la promotion du sixième tome en version poche, en organisant une tournée avec eux à travers les États-Unis. On le voit avec J.K Rowling qui, sur son site officiel, se met à récompenser des sites de fans et à rediriger vers des sites de fans en disant « leur contenu est incroyable, extraordinaire, j’adore leurs théories, j’adore ceci, je me sers de l’encyclopédie Lexicon pour ne pas faire d’erreurs dans ce que je raconte… ». On a vraiment ce basculement à partenaire et à co-constructeur ou co-entreteneur de l’univers et de cette franchise, de cette saga – peu importe comment on va l’appeler – qui se fait sans même parler de monétisation. Ça se fait dans une bonne entente. On reconnaît que c’est un système qui peut et devrait être symbiotique. L’un nourrit l’autre. 

M : C’est vrai qu’il y a tout ça mais il y aussi ce que j’avais en tête, le fait que pour assurer la promo de leurs produits, que ce soit le studio, les éditeurs…etc « utilisent » les fans actifs sur les réseaux comme des vrais relais. Ils assurent une partie de la publicité des produits pour les marques. 

A : Et les marques comptent dessus. Je pense qu’il y a aussi le fait qu’aujourd’hui il y a des influenceurs et des grosses communautés qui vont être payés, qui vont faire des collaborations payantes avec les ayant-droits pour faire la promotion. Là, on arrive encore à un truc différent puisque la personne qui commence en tant que fan devient littéralement un maillon de la chaîne de la communication du produit officiel. À côté, il y a aussi d’autres personnes qui vont relayer ces mêmes informations, de la même manière, mais qui ne vont pas faire l’objet d’un partenariat financier, d’un collaboration avec une contrepartie financière avec les ayant-droits mais où les ayant-droits vont quand même compter sur une participation de ces personnes-là, en envoyant les infos, en encourageant les fans à partager, relayer sur Instagram, Facebook, TikTok… Il y a littéralement une utilisation reconnue, bénévole du travail de certains fans pour faire la promotion d’un produit. 

L : Ce qu’il y a d’intéressant c’est que tout ce que produisent les fans, ils le font bénévolement, pour la plupart. Quasiment la totalité du temps. Quand on voit par exemple les Wiki, le degré d’informations qui ont été cherchées, le nombre d’heures que les gens ont passées dessus… Ils ont fait ça complètement bénévolement. Du côté des producteurs, c’est du pain béni d’avoir ce travail-là qui a été fait gratos sur l’œuvre qu’ils produisent ! 

M : Oui, on parlait tout à l’heure d’Instagram et les très beaux fils de photos, de mises en scène qui utilisent par exemple une édition de MinaLima et qui font de magnifiques photos avec plein de petits accessoires… Ce sont de belles images promotionnelles pour le livre ! Ça donne envie d’acheter le livre aussi. 

L : Ça donne même plus envie ! 

M : Bon, MinaLima ils sont très forts pour mettre en avant leurs produits. Mais il y a peut-être d’autres exemples… Mais je pense qu’il y a plein d’éditeurs et de producteurs de produits dérivés qui doivent être très contents que des fans leur créent gratos des magnifiques photos de mises en scène de leurs produits. C’est le jeu ! 

C : J’ai l’impression qu’on s’éloigne un peu du sujet mais, d’un côté, c’est aussi intéressant de voir les créations de fans sur internet qui étaient partagées et qui sont populaires type DIY, organisation… qu’on trouve sur les premiers sites : « Comment organiser une soirée, une fête d’anniversaire Harry Potter » avec des idées de décoration, des petits trucs comme ça, et qui aujourd’hui font l’objet de livres officiels sous licence, vendus par les ayant(droits pour dire « Regardez comment vous pouvez organiser une soirée ou une fête Harry Potter, voici quelques idées ». En fait, c’est quelque chose qui est disponible gratuitement depuis des années sur internet. C’est de plus de plus en plus flagrant ces dernières années mais ça pose une question sur l’évolution, à nouveau, de ce rapport. On a dit qu’au début le rapport était un peu conflictuel sur internet, puis il s’est de nouveau tissé un abord plus collaboratif, et aujourd’hui, on revient dans un rapport qui est encore un peu différent, qui est un rapport plus commercial, parfois, avec du financement mais aussi avec cette réutilisation des idées des fans compilées. On sait qu’il y a de la demande et c’est une licence qui nous appartient alors pourquoi pas leur proposer ce contenu-là ? 

M : C’est vrai qu’il y a plein de cas de figure. Effectivement, il y a la production complètement bénévole de fans, ayant juste pour objectif de les partager avec d’autres fans avec juste une contrepartie de plaisir de se dire que ce qu’on a fait était partagé, utilisé et apprécié. Il y a l’appropriation de la part de la marque, des officiels, de ce contenu-là pour le monétiser. Et puis il a l’entre-deux, les passerelles de fans qui se professionnalisent et qui vont continuer à utiliser, parfois dans la zone grise, l’image d’Harry Potter…etc pour développer une activité rémunérée. Il peut y avoir aussi ça, avec tout ce que peut apporter internet comme visibilité, et aussi comme source de rémunération. Il y a cet entre-deux là aussi. 

C : C’est vrai que ça existe aussi dans ce sens-là. 

A : Ce qu’il y a aussi, d’autant plus maintenant, c’est qu’il y a de plus en plus de gens qui travaillent aujourd’hui pour Warner Bros, pour des maisons d’édition qui publient des livres Harry Potter officiels, qui étaient eux-mêmes des fans avant d’être employés de ces entreprises et qui ont aussi un regard et une connaissance du fandom que n’avaient pas les personnes qui travaillaient pour Warner au tout début des années 2000 parce qu’il n’y avait pas cet attachement, ce rapport émotionnel fort. Ils pouvaient aimer l’œuvre mais, logiquement, ils n’avaient pas grandi avec puisque l’œuvre était trop récente. Là, on a des gens qui ont grandi avec Harry Potter et qui travaillent aujourd’hui pour la licence. On le voit d’ailleurs pour le casting du troisième film Animaux Fantastique, Jessica Williams qui joue Eulalie Hicks est une immense fan de Harry Potter et elle se retrouve à jouer le rôle d’un personnage assez important dans un des films de la saga. C’est quelque chose qui se retrouve aussi en coulisses, pas juste à l’écran. Je pense que ça a une influence qui est sans doute difficile à calculer parce que, justement, ce sont des choses qui se jouent… les fans n’ont pas connaissance de toutes ces discussions et tractations qu’il peut y avoir. Je pense que ça a aussi une influence sur la façon dont les ayant-droits envisagent la façon dont faire évoluer leur licence et leur marque. 

M : Je pense qu’on a abordé plein de thématiques qui étaient liées à notre sujet de base et qui partent après, forcément, un peu dans tous les sens… J’espère qu’on ne vous a pas perdus, chers auditeurs, dans tous ces sujets. Je pense que ça parle à beaucoup de monde puisque si vous écoutez ce podcast c’est que vous êtes des fans sur internet et que vous avez au moins une petite pratique de tout ça. N’hésitez pas à réagir à tout ça, à partager vos témoignages de vieux ou de moins vieux sur vos pratiques de tout ça… Et à aller lire le livre d’Alix et Corentin pour aller voir plus en profondeur plein de sujets liés à tout ce dont on a parlé et aller explorer tout ça. Il y a aussi des chapitres sur les théories, quand on a parlé des grandes théories de fans, ils en ont repris certaines dans un de leurs chapitres et c’est très chouette de relire tout ça si vous avez loupé cette époque des forums, vous pouvez vous ratraper en quelques chapitres, c’est très chouette ! 

A : Merci ! 

C : Je fais la petite voix de l’instant pub : Harry Potter décrypté par ses fans, aux éditions de Boeck… 

M : Disponible dans toute bonne librairie ! 

C : Exactement. 

M : Par hibou. 

A : Par hibou, tout à fait ! On livre. 

M : On ne l’a pas reprécisé, même si je pense que ça a été évident dans la manière dont on a proposé le livre, mais on le reprécise quand même : ce livre a été rédigé par deux membres de la Gazette du Sorcier, bien sûr, mais la Gazette du Sorcier en tant que Gazette du Sorcier n’est pas intervenue ni dans la rédaction, ni dans la relecture. On ne fait la pub comme on fait la pub de n’importe quel autre livre qu’on apprécie et dont on invite les auteurs dans ce podcast. Comme ça c’est clair ! Que ce soit Louise ou moi, on a juste été lectrices attentives et intéressées de cet ouvrage, voilà. 

Merci à tous les trois, Alix, Corentin, et à Louise de nous avoir apporté tes éclairages académiques sur le sujet. 

L : D’ailleurs, si je peux faire une promotion pour un livre que je n’ai pas écrit mais que j’ai adoré sur les fans et notamment leurs pratiques en ligne… Je vous recommande chaudement le livre « Les fans, public actif et engagé », de Mélanie Bourdaa. 

A : Je voulais le lire ! Merci de me rappeler l’existence de ce livre. (rires). 

M : Mélanie Bourdaa qu’on aimerait bien inviter dans ASPIC… 

A : Un jour peut-être ! 

M : Merci encore à toutes et à tous et à tous ceux qui écouteront cet épisode et qui seront peut-être inspirés pour réagir ou nous proposer d’autres sujets… On est toujours à l’écoute de vos propositions ou si vous-mêmes avez effectué des recherches ou des études que vous auriez envie de croiser ou que vous auriez déjà croisé avec Harry Potter, écrivez-nous ! Pour cela, vous pouvez utiliser l’adresse de la gazette : redaction@gazette-du-sorcier.com, et vous pouvez aussi nous retrouver maintenant sur nos nouveaux réseaux sociaux qui rassemblent tous les podcasts de la Gazette du Sorcier. On est présents sur Instagram, Facebook et Twitter si vous nous cherchez à Studio Gazette. C’est là aussi que vous pouvez suivre les autres podcasts de la Gazette, le Rappeltout et Salut les Sorciers ! Et puisqu’on a parlé de forums pendant l’épisode, maintenant c’est sur Discord que ça se passe donc n’hésitez pas à nous rejoindre sur le Kiosque des Sorciers. Si vous voulez soutenir tous les projets de la Gazette, vous pouvez le faire via la plateforme Tipee ! On se donne rendez-vous le mois prochain, et chez auditeur, n’oublie pas… 

Tous : PASSE TES BUSE D’ABORD ! 

Vous pouvez retrouver ici la critique complète de la rédaction sur l’ouvrage Harry Potter décrypté par ses fans, de Alix Houllier et Corentin Faniel, publié aux éditions De Boeck.

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