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Salem : une ville qui accueille les sorcières à bras ouverts

En reportage à la LeakyCon Botson 2019, à quelques minutes de train de Salem, nos reporters n’ont pas pu résister à faire un détour par cette ville réputée pour ses liens avec la sorcellerie. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’ils ont découvert sur place.

Salem selon J.K. Rowling

Dans la saga, Salem n’est que brièvement mentionnée dans Harry Potter et la Coupe de Feu. Sur le camping de la Coupe du Monde de Quidditch 1994, un groupe de sorcières discutent sous une bannière étoilée sur laquelle il est écrit « Institut des sorcières de Salem ».

Longtemps considéré comme l’école magique américaine, l’institut a finalement été détrôné par Ilvermorny. J.K. Rowling a alors expliqué qu’il s’agissait d’une blague sur « L’institut des femmes britanniques« , dont la mission est de revitaliser les communautés rurales et encourager les femmes à s’impliquer davantage dans la société. On peut donc imaginer que l’institut de Salem cherche à rendre leur place aux sorcières dans cette communauté qui, historiquement, est connue pour la plus meurtrière chasse aux sorcières de l’histoire nord américaine.

Face à L’Institut de Salem, on découvre dans Les Animaux fantastiques (mais plus encore sur Pottermore) la Ligue des Fidèles de Salem (aussi Fondation Philanthropique du Nouveau Salem), dont le but est, dans les années 1920, de dénoncer l’existence du monde magique aux moldus. La ligue a été fondée par les descendants des Ratisseurs, des sorciers corrompus qui dénonçaient les leurs pour le profit dans les années 1690 et qui sont directement inspirés du jury du procès de Salem.

Enfin, on apprend par les EMEU (le quiz de J.K. Rowling sur son ancien site) que le Code International du Secret Magique est instauré suite aux procès des sorcières de Salem, en 1693.

La ville aujourd’hui

Dans l’imaginaire populaire, Salem est figée au XVIIè siècle. Bien entendu, il n’en est rien. On découvre une ville moderne, typique des grands suburbs de la région : briques rouges, maisons préfabriquées et quelques bâtiments à l’architecture moderne (sans être contemporaine).

Seule une dizaine de maisons d’époque subsistent à travers la ville, et une seule est liée aux procès des sorcières de Salem. Baptisée The Witch house (La maison sorcière), elle appartenait à Jonathan Corwin, magistrat de la cour de justice chargée d’auditionner les sorcières présumées et leurs victimes.

Aujourd’hui, la Witch House est l’une des nombreuses “attractions” qui parsèment la ville, mais sans doute la plus historique de toutes [Avec la ‘maison aux sept pignons’ qui a inspiré [le roman du même nom.]]. À l’intérieur, on découvre le mobilier d’époque, un aperçu de ce qu’était la vie d’un riche marchand à Salem au XVIIè siècle, ainsi qu’un bref rappel des faits et superstitions qui ont déclenché l’hystérie collective des procès de Salem, appuyé par des fac simile des documents de l’époque. C’est une visite incontournable.

Les autres “attractions” sont souvent des musées de cire. Certains s’apparentent plus à des maisons hantées ou n’ont qu’un vague lien avec la ville (comme le musée des monstres du cinéma, apparemment incontournable pour les fans de films d’horreur), d’autres, plus historique, retracent le déroulé des procès. Le Salem Witch Museum, situé dans une ancienne église néo-gothique, est l’un de ceux-là.

Dans une salle octogonale, les visiteurs écoutent le récit des événements décrits de manière très factuelle, tandis qu’une série de dioramas s’éclairent tour à tour. C’est une bonne introduction pour ceux qui n’ont jamais réalisé à quel point l’hystérie collective était démesurée : en 15 mois (février 1692 à mai 1693), plusieurs centaines de personnes sont jetées en prison dans des conditions indicibles. Cinq meurent en cellule, 19 sont pendues (14 femmes et 5 hommes), deux chiens accusés de sorcellerie sont exécutés et un homme est écrasé à mort sous des kilos de roches car il refuse d’entrer un plaidoyer. Suite à ce (long) rappel des faits, les visiteurs sont invités à découvrir quatre tableaux retraçant brièvement l’évolution de la perception des sorcières à travers le temps. Cette courte exposition s’achève sur une question : en a-t-on vraiment fini avec les chasses aux sorcières ?

Cette question est d’une importance capitale pour comprendre la ville de Salem actuelle. Particulièrement marquée par l’histoire, la ville s’en nourrit pour dénoncer les “chasses aux sorcières” sous toutes leurs formes – contre les Juifs, les Tziganes, les handicapés particulièrement pendant la seconde guerre mondiale ; contre les Japonais aux USA après Pearl Harbor ; contre les communistes durant le Maccarthysme ; contre la communauté homosexuelle pendant l’épidémie du SIDA… et pour ouvrir la réflexion sur les “chasses aux sorcières actuelles” (au-delà du sens littéral du terme, car n’oublions pas que la chasse aux sorcières est encore d’actualité elle aussi).

C’est donc la culture de la tolérance qui prime à Salem, et celle de l’ouverture d’esprit (du moins, pour autant que nous avons pu le voir). Les habitants sont ainsi fiers d’affirmer que la plupart des lieux publics y ont mis fin aux toilettes genrées. Les “sorcières” condamnées lors des procès ont toutes été blanchies, tandis qu’un mémorial a été érigé pour leur rendre hommage, adossé au plus vieux cimetière de la ville où sont enterrés de nombreux accusateurs.

Après de longues années de honte et des chantiers destinés à effacer les heures les plus sombres de son histoire, la ville a finalement embrassé son passé. Le tournage de plusieurs épisodes de la série “Ma sorcière bien aimée” dans les années 60 n’est d’ailleurs pas étranger au regain économique de Salem, qui déclinait depuis plusieurs décennies. (La ville fut l’un des ports les plus importants de la région aux XVIII et XIXè siècles ; un pan de son histoire encore très marqué et pourtant bien peu connu. Il y a plus à voir à Salem que des musées sur la sorcellerie et la magie !)

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Les sorcières sont devenues l’emblème de la ville, décorant les voitures de police et le journal local. Les magasins d’occultisme et de magie, allant du plus sérieux (la communauté Wicca étant très présente) au plus carnavalesque (masques de Halloween et babioles diverses), pullulent dans le centre historique, avec de nombreuses opportunités pour vous faire dire la bonne aventure.

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Mention toute particulière à la boutique “Wynotts”, vendeur de baguettes artisanales, dont le décor inspiré de la boutique de Ollivander plongera les fans de Harry Potter dans un état de stupeur émerveillée.

Une plongée dans l’Histoire

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Nous avons achevé notre visite de Salem par une visite guidée de la ville avec Bewitched After Dark : 1 heure 30 à déambuler dans les rues pour les découvrir en compagnie d’un passionné d’histoire locale. Un moment, nous avions douté de notre décision (notamment lorsqu’il a fallu payer 20$ par personne à la réservation) car les tours sont nombreux et varient, eux aussi, de la visite historique sérieuse au “Ghost tour” distrayant : avions-nous choisi le bon ?

Autant vous dire que nous n’avons pas été déçus ! Là où, les musées nous ont permis de récapituler les faits, notre guide, Jeff, creuse les raisons et les mécanismes qui ont permis aux événements de se dérouler ainsi. Historien rigoureux, il nous prévient lorsqu’il nous présente sa propre interprétation ou celle d’un autre, et nous redirige vers ses sources (épinglées sur sa page Facebook).

Partisan d’une explication psychologique (par opposition à l’explication biologique d’intoxication ayant causé des hallucinations), il nous décrit comment le climat de peur imposé par le puritanisme ou les traumas liés aux massacres par des amérindiens dont certaines jeunes “victimes des sorcières” ont été témoins, ont pu causer les symptômes considérés comme preuves de malédiction (crises de tétanie, mutisme, terreurs nocturnes), tandis que d’autres cherchaient à tirer parti de la situation pour régler des différends ou s’enrichir en récupérant les terres des accusés. Il nous invite à changer de perspective sur l’histoire, en repensant le comportement du shérif lors de la mort de l’un des accusés comme un acte de pitié, quand d’autres le présentent comme du sadisme.

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Sans cette visite fascinante, nous serions passés à côté d’une part importante de l’histoire de la ville. (En restant concentrés sur le procès des sorcières ; cette visite n’abordait pas l’histoire commerciale de la ville et ne mentionnait que en passant son lien avec le premier appel téléphonique au monde.) Alors qu’un sentiment d’artifice émane de nombreux lieux, notre guide a pu leur rendre leur authenticité et leur humanité ; nous ne pouvons donc que vous recommander, si vous vous rendez un jour à Salem, de réserver auprès de Bewitched After Dark ; l’expérience en vaut la peine !

Là où la réalité rencontre la fiction

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La véritable Salem est donc aujourd’hui bien plus proche de L’Institut des sorcières de Salem, aperçu dans La Coupe de Feu, que de la Ligue des Fidèles de Salem des Animaux fantastiques.
Rebâtie sur des réflexions profondes, la ville a su s’emparer de son terrible passé pour en faire une force positive. Elle dévoile un visage inattendu, bien que contrasté, aux visiteurs.

Aujourd’hui, Salem accueille les sorcières et les sorciers à bras ouverts, qu’ils soient de pacotilles ou en quête d’une expérience plus profonde.

A noter : la ville est extrêmement fréquentée à la période d’Halloween, qui y est célébré durant tout le mois d’octobre. Si vous prévoyez de vous y rendre à cette période, réservez longtemps à l’avance et attendez-vous à des prix élevés.

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