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Inauguration de l’exposition Harry Potter : Rencontre avec MinaLima

Le 2 avril dernier, Ipiutiminelle et Puppet ont pu visiter l’exposition en compagnie des designers Eduardo Lima et Miraphora Mina, plus connus sous le nom MinaLima, ainsi que du directeur de l’exposition, Jesse Philips. Ils nous ont raconté de nombreuses anecdotes sur les différents objets exposés.

Méfait accompli

Le premier objet sur lequel Mina et Lima attirent notre attention est la Carte du Maraudeur, placée dans une vitrine dans le dortoir de Gryffondor. Ils nous expliquent qu’ils ont travaillé à partir des vrais plans de Poudlard conçus par le département artistique ; chaque pièce est donc représentée à l’échelle, et les nombreux rabats permettent de représenter les différents étages exactement là où ils se trouvent sur les dessins conceptuels de Poudlard, ce qui leur a permis d’éviter l’aspect « carte au trésor ». Cet aspect très réaliste est nuancé par l’envie qu’ils ont eu de concevoir la carte en essayant de se mettre à la place des Maraudeurs, en remplaçant par exemple de simples traits par des notes et des dessins.

La carte du maraudeur et autres objets dans une vitrine lors de l'inauguration de l'exposition Harry Potter à Paris

Lorsqu’ils l’ont créée, il savait que la carte était un élément important qui reviendrait régulièrement dans les films suivants, et qu’elle devait donc marquer l’esprit des spectateurs. Miraphora Mina ajoute qu’en faisant des recherches sur internet, elle a vu de nombreux fans qui essayaient de comprendre comment la carte avait été conçue, avec ses différents rabats, et que certains avaient de très bonnes idées.

Écrire pour les autres

Nous passons ensuite rapidement devant les différentes salles de cours pour nous arrêter devant le bureau d’Ombrage et la salle de potions, où les graphistes évoquent la création des différents manuels scolaires. Pour chaque livre, ils créent environ quinze ou vingt pages complètes, avec textes et illustrations, qu’ils copient ensuite, ne laissant aucune page blanche, afin que l’accessoire ressemble à un véritable livre ; cela permet également aux acteurs de toujours ouvrir le livre à une page illustrée, même s’ils l’ouvrent au hasard.

Le livre du prince de sang-mêlé ouvert à une page pleine d'anotationslors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Dans certains cas, ils ont dû inventer une écriture manuscrite, comme pour les commentaires de Rogue dans le livre du Prince de Sang-mêlé. Pour cela, ils ont essayé de se mettre dans la peau du personnage, de comprendre dans quel état d’esprit il était au moment où il écrivait ces annotations.

En revanche, lorsque l’on voit l’acteur écrire à l’écran, ils ont dû utiliser son écriture, pour des raisons de continuité ; c’est le cas du parchemin couvert de I must not tell lies dans l’Ordre du Phénix lorsqu’Ombrage punit Harry. Ils ont donc demandé à Daniel Radcliffe d’écrire une première fois la phrase, puis l’ont dupliquée. Mina souligne au passage à quelle point l’écriture de Daniel est affreuse !

La punition de Harry "I must not tell lies" lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Ils expliquent également que pour le livre de Défense contre les Forces du Mal d’Ombrage, ils se sont inspirés des livres pour enfants des années trente : une fois encore, il s’agissait d’arriver à se mettre dans la peau du personnage, et de comprendre ses intentions : ainsi, reprendre ce type de motif donne un sentiment d’infantilisation qui colle parfaitement avec l’enseignement d’Ombrage.

La chasse aux easter eggs

Les Gazettes du Sorcier lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Nous nous arrêtons ensuite devant les exemplaires de La Gazette du Sorcier et les décrets d’éducation d’Ombrage.

En ce qui concerne les exemplaires de la Gazette, lorsque celle-ci est passée sous le contrôle du Ministère, ils ont choisi de changer radicalement la typographie, utilisant une police d’écriture beaucoup plus carrée, moins fantaisiste, afin de souligner la perte d’indépendance. Ils ont également dû inventer de nombreuses actualités et dépêches pour remplir les différentes pages, car très peu étaient mentionnées dans le script ou dans les livres.

Les décrets d'Ombrage lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Il en va de même pour les différents décrets d’éducation d’Ombrage.
Ils soulignent le fait que dans ce dernier cas des décrets, le cadre qui les contient est aussi important que le texte lui-même, que le tout doit former une image marquante. Cette idée d’image globale a eu quelques conséquences, puisque Mina a avoué avoir laissé plusieurs fautes d’orthographe dans les différents textes : lorsqu’ils travaillent sur la typographie ou la mise en page, ils ne perçoivent plus le texte comme tel, mais comme une image, et l’orthographe et la grammaire leur importent donc peu. Ainsi, Mina a précisé que dans la salle où on trouve les exemplaires de la Gazette, un accessoire contenait deux fautes : une facile à repérer, l’autre beaucoup plus difficile : à vous de les chercher !

Ils évoquent à plusieurs reprises leur passion pour la typographie et expliquent que même s’ils utilisent beaucoup l’informatique, le travail fait à la main a toujours une place très importante. Ils insistent à plusieurs reprises sur l’importance donnée aux détails et soulignent que chaque graphisme est une « addition de détails » qui forme un tout.

Lorsqu’on leur demande s’ils ont demandé conseil à J.K Rowling pour les articles à créer dans la Gazette du Sorcier, ils répondent que non, que ce n’était pas nécessaire, que dans la plupart des cas, ils se contentaient de poser des questions à David Heyman, ou à Stuart Craig, J.K Rowling étant assez détachée des films. Cependant, dans certains cas spécifiques, ils ont dû lui demander quelques précisions, comme par exemple pour la tapisserie des Black pour laquelle il y avait très peu d’éléments dans les livres ; et vingt minutes plus tard, J.K Rowling leur avait envoyé un fax avec l’arbre généalogique complet de la famille.

La librairie magique

Ils racontent également qu’un jour où J.K Rowling était venue dans leur studio, le producteur David Heyman lui avait montré un exemplaire des Contes de Beedle le Barde en lui disant que c’était son accessoire préféré, et J.K Rowling avait demandé si elle pouvait le garder. Ils lui ont répondu qu’il n’était pas tout à fait fini, qu’ils devaient encore le retravailler. Elle a accepté dans un premier temps, puis à peine une minute plus tard, elle est revenue et a dit qu’elle était désolée mais qu’elle avait vraiment besoin de le prendre, puis a pris Eduardo Lima dans ses bras en remerciement quand ils ont accepté de lui laisser l’objet.

Nous nous arrêtons ensuite devant une vitrine qui renferme le trophée du tournoi des Trois Sorciers et la biographie d’Albus Dumbledore par Rita Skeeter. J.K Rowling leur avait dit qu’elle souhaitait que le livre de Rita ait l’air d’un livre d’aéroport bas de gamme. Mina explique s’être demandée comment ils pourraient transposer cela au monde des sorciers. Comme pour Rogue et son livre de potions, il s’agissait de se mettre dans la peau du personnage, ils ont donc choisi d’utiliser des couleurs et des techniques très artificielles, à l’image de Rita, et d’utiliser un papier si fin que les pages en sont presque transparentes. Comme pour le livre d’Ombrage, les graphistes ont pris leurs références dans notre monde moldu, afin de poser des repères connus au spectateur, et les ont ensuite adaptés au monde sorcier, afin de faciliter l’entrée dans l’univers du film.

La coupe du trounoi des trois sorciers lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Farces pour sorciers

Ils attirent ensuite notre attention sur le trophée du tournoi des Trois Sorciers, expliquant qu’il leur a été demandé de créer de nombreux accessoires, dont celui-ci ; un travail assez inhabituel pour des graphistes. Ils ont conçu le retourneur de temps, le coffre qui abrite la Coupe de Feu, les différents horcruxes, mais aussi un jeu de plateau de Quidditch, qui trône dans la vitrine d’en face. Ce jeu de plateau, qui n’existe pas dans les livres, leur a été demandé par le producteur, qui voulait voir les acteurs « jouer à quelque chose ». Ils l’ont conçu comme un jeu de société tel qu’on les connait, qui ne ressemble pas à quelque chose qu’ils auraient créé eux-mêmes, mais qui aurait été créé par la magie.

Enfin, à côté du jeu de Quidditch sont exposés les différents produits Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux. Ce sont les designs qu’ils ont préféré réaliser ; concevoir une boutique magique de farces et attrapes de six étages avec absolument aucune règle, c’était pour les graphistes le paradis. Ils ont donc passé six mois, avec une équipe de six personnes, à imaginer les différents produits Weasley. Comme pour les articles de la Gazette du Sorcier et les décrets d’éducation, ils ont inventé de nombreux produits, car seule une dizaine était nommée dans les livres, et il leur fallait remplir un magasin entier.

Les boîtes à flemme des jumeaux Weasley lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Ils ont commencé par faire quelque chose qu’ils qualifient de « trop propre », qui ressemblait trop à leurs propres designs, puis se sont interrogés sur la façon dont des adolescents qui veulent vendre un maximum de produits pour gagner un maximum d’argent procéderaient : ils les ont donc imaginés faire des impressions à la va-vite, créer des logos avec des couleurs qui jurent, et tout mettre en rayon avec précipitation et désordre. Le style des produits des frères Weasley est donc à l’opposé de celui utilisé pour les confiseries Honeydukes, exposées juste à côté. Là encore, ils ont créé de très nombreux designs, même si peu d’entre eux sont visibles dans les films.

Une consécration

Pour finir, ils expliquent que c’est très important pour eux de pouvoir montrer leur travail dans une exposition comme celle-ci, qu’ils sont heureux que les accessoires ne finissent pas relégués dans une boîte à la fin du tournage. Ils évoquent également l’évolution de leurs pratiques de travail ; lorsqu’ils ont commencé sur le premier film, ils n’avaient pas d’ordinateur, la conception des graphismes passait donc par du découpage et du collage, puis au fur et à mesure, ils ont commencé à utiliser l’informatique. Miraphora Mina admet d’ailleurs qu’elle n’avait jamais utilisé un ordinateur avant de travailler sur Harry Potter.

Eduardo Lima ajoute que c’est une des raisons pour laquelle il voit le studio Leavesden comme une école, où beaucoup ont commencé sur le premier film avec très peu d’expérience, et que beaucoup d’artisans et de techniciens ont été formés en travaillant sur les plateaux de Harry Potter pendant toutes ces années. Il se souvient également que lorsqu’ils n’avaient pas d’idée pour finir un design, ils allaient généralement demander conseil à Stuart Craig, le directeur artistique qui avait toujours des idées merveilleuses et une solution pour tout. Il était, selon leur terme, un peu leur « Dumbledore » par bien des aspects.

Des projets en pagaille

Lorsqu’on leur demande s’ils seront de retour pour Les Animaux Fantastiques, ils répondent que oui, mais qu’ils n’ont droit de rien dire pour le moment, si ce n’est qu’ils ont commencé à travailler dessus.

Nous découvrons également l’affiche de l’exposition en édition limitée qu’ils ont créé spécialement pour Paris, et pour laquelle ils se sont inspirés des vieillies cartes postales et des affiches de voyage. Ils expliquent avoir voulu utiliser des éléments iconographiques symboles de Paris, comme la Tour Eiffel ou une gargouille de Notre-Dame, qu’ils ont mêlés dans un ensemble qui peut rappeler une atmosphère magique. Ils ont évoqué, avec l’assentiment de Jesse Philips, la possibilité de créer d’autres affiches pour les villes dans laquelle l’exposition s’est déjà rendue (Seules Cologne et Paris ont eu droit à une affiche jusqu’alors).

Eduardo Lima et Miraphora Mina (MinaLima) lors de l'inauguration de L'exposition itinérante Harry Potter à Paris

Notre visite guidée s’achève alors, nous avons passé un très bon moment avec les graphistes qui sont tous deux des personnes adorables, passionnées, et fascinantes à écouter, et nous avons hâte de les revoir lors de la convention Expo Patronum à Londres le 18 avril prochain !

Retrouvez également notre compte-rendu de l’ensemble de la visite de l’exposition.

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