Critique : Harry Potter en ciné-concert
Cette critique est un avis personnel et ne reflète pas l’opinion de toute la rédaction.
En décembre 2021, j’ai eu le privilège d’assister à la représentation du ciné-concert de Harry Potter à l’école des sorciers organisée à Nantes le 28 décembre à 20 heures par la société de production uGo and Play. Malgré un report de dernière minute dans d’autres villes en raison de la crise sanitaire, le concert a bien eu lieu au Zénith de Nantes, et a été très largement plébiscité par le public nantais.
Un brillant hommage à John Williams
L’école des sorciers était projeté en VOSTFR sur écran géant. Si les dialogues, ambiances et bruitages sont ceux habituellement entendus dans le film, toute la musique est quant à elle interprétée en live par le Yellow Socks Orchestra et ses 80 musiciens !
Placé sous la houlette du chef Nicolas Simon, la présence de l’orchestre symphonique apporte une ambiance toute particulière à la projection et permet de découvrir et redécouvrir pendant 2h56 la bande originale de John Williams.
Une vidéo d’avant représentation d’environ 10 minutes nous présente d’ailleurs le défi technique qu’impose la partition du compositeur à l’orchestre. Elle revient brièvement sur le travail de composition de John William en mettant en lumière ses 52 nominations aux Oscars, un record à battre dans le domaine. Le chef d’orchestre prend ensuite la parole pour se présenter, lui et les musiciens qui l’accompagne, puis harangue la foule en demandant à tour de rôle si les quatre maisons sont présentes dans la salle, provoquant une liesse générale.
Le film commence alors, et les instruments des 80 musiciens présents sur scène se mettent en branle, pour le plus grand plaisir des spectateurs ébahis.
Ce dernier est divisé en deux parties pour permettre un entracte. La pause est intervenue vers la moitié du film environ, au moment de la révélation de l’intrigue autour de Nicolas Flamel. La coupure me parait tout indiquée, autant pour les spectateur affamés que les musiciens qui doivent jouer sans interruption pendant près de 3 heures. C’est un choix qui est loin d’être inédit. Nous avions la possibilité de nous restaurer à l’intérieur, ce qui est plutôt agréable.
L’avis de Lantaelen
Il faisait nuit noire quand je suis arrivé au Zénith de Nantes pour prendre ma place. J’étais transi de froid mais impatient de découvrir ce qui m’attendait une fois à l’intérieur. L’endroit était bondé de monde. C’était un peu comme si le Covid n’avait pas d’emprise sur la salle de concert, la magie du moment avait pris le dessus. Une fois assis, j’ai attendu une bonne dizaine de minutes le temps que tout le monde s’installe ; néanmoins, une fois la vidéo de présentation passée et le film commencé, j’étais ailleurs. J’étais revenu en enfance, quelques années auparavant. J’avais la sensation de redécouvrir le film dans son entièreté, comme au cinéma.
Je ne fais malheureusement pas partie de ces gens qui ont découvert le premier opus en salle, je n’ai découvert l’univers cinématographique de Harry Potter qu’à la sortie de la Chambre des Secrets. Mais la magie du film, accompagné d’aussi belle manière par l’orchestre symphonique, a complètement balayé ce maigre regret en l’espace d’une soirée.
Un moment hors du temps
Le plus drôle, c’est que j’avais revu L’école des sorciers à peine deux semaines avant, lors d’un énième marathon. J’ai du mal à décrire ce que j’ai ressenti lors de cette soirée magique. Outre le fait que les Serpentard se faisaient huer à chaque apparition, la salle était dans un silence quasi-religieux, seulement interrompu par les applaudissements réguliers de la foule. Ce fut notamment le cas lors de la scène du match de Quidditch. La clameur des personnes présentes donnait l’impression d’être dans les gradins. Le tout étant sublimé et magnifié par un orchestre vraisemblablement infatigable et complètement en phase avec le chef d’orchestre.
L’ensemble des musiciens a été remarquable et a fait preuve d’un grand professionnalisme jusqu’à la fin du générique. Il y eut un léger problème d’image lors de la reprise, ce qui ne les a guère empêchés de jouer jusqu’à ce que ce soit résolu. Je leur tire mon chapeau !
Un Noël magique et inoubliable
Le moment qui m’a le plus marqué et le plus plu, outre cette sensation de vivre le match opposant Gryffondor à Serpentard en temps réel, fut le moment où l’orchestre a commencé à jouer Christmas At Hogwarts, et que la neige s’est mise à recouvrir Poudlard. L’instant d’après, Harry ouvrait ses cadeaux, et j’avais des étoiles plein les yeux. L’ambiance sonore y est définitivement pour quelque chose, c’est certain. Mais j’ai vécu l’un des moments les plus merveilleux de ma vie.
La même chose s’est produite à la fin du film, lorsque la caméra se focalise sur Harry dans le Poudlard Express et qu’il prononce ces fameux mots : « Je ne rentre pas à la maison, pas vraiment ». Je savais que le film touchait à sa fin, mais je n’avais aucune envie que cela se termine.
Les échos du ciné-concert
J’ai vécu un moment absolument inoubliable, riche en émotions et en sensations. Je ne mesure pas encore tout à fait la chance que j’ai eue. J’ai pu revoir un film que je pensais connaître par cœur à force de visionnages. Eh bien, je l’ai redécouvert grâce au talent monstre de l’orchestre.
Globalement, c’était un excellent moment plein de magie. Si je devais reprocher une chose tout de même, ce serait l’absence de décors « potterisés » pour cette projection alors que nous fêtions les 20 ans de la saga au cinéma. Il aurait été appréciable en ce sens d’avoir quelques clins d’œil à l’univers cinématographique dans la salle, en proposant de la bièraubeurre ou en décorant l’espace scénique avec les couleurs des quatre maison. Mais je chipote, cela n’enlève rien au côté grandiose de cette performance magistrale.
J’étais dans une bulle pendant 2 heures 56, imperméable à tout ce qui se passait dehors. Et je ne devais pas être le seul. Même si j’étais dans mon petit monde, le ravissement des spectateurs était perceptible. Chacun félicitait l’orchestre lorsque ce dernier battait la mesure, d’autres riaient de bon cœur à chaque moment d’allégresse. Petits et grands étaient émerveillés, et cette satisfaction se faisait ressentir jusqu’à la toute dernière note de musique. Voir un orchestre jouer tout un ersatz d’instruments avec autant d’abnégation est tout bonnement déconcertant, je resterai toujours admiratif des gens qui se produisent sur scène pendent une durée aussi longue. Je remercie l’orchestre du Yellow Socks Orchestra pour leur performance.
L’avis de Naria
Dès la file d’attente, un débat anime la conversation des personnes derrière moi. Elles s’étonnent du nombre de parents qui ont amené leurs enfants au spectacle compte tenu du prix de la place, arguant que le ciné-concert s’adresse en priorité aux adultes à la recherche d’une expérience plus mature du film.
Pour ma part, je trouve fantastique que des gens profitent de l’engouement de leurs enfants pour les films Harry Potter, pour les amener vivre une interaction ludique avec un orchestre. Il n’est pas forcément évident de conduire les plus jeunes à ce type de spectacle et ce qui est magique dans les ciné-concerts, c’est que la présence des musiciens est parfaitement intégrée.
Contrairement au concert de Nantes, j’ai eu l’honneur d’assister une représentation dirigée par le chef d’orchestre Benjamin Pope. Dès son entrée sur scène, il a invité les spectateurs interagir et s’exprimer quand nous voyions des personnages qui nous plaisent ou au contraire, nous provoquent une réaction de dégoût (bonjour le spoiler pour ceux qui ne connaissent rien à la saga, quand Croutard apparaît!). L’expérience a donc été totalement différente d’une salle de cinéma où en général, le public reste discret. Et les toulousains s’en sont donnés à cœur joie ! L’ambiance était au rendez-vous et la prestation de l’orchestre très largement soutenue par des applaudissements nourris tout au long de la projection.
L’orchestre au service du film
Le ciné-concert est une forme de spectacle hybride mais avant tout un équilibre subtile où l’orchestre ne doit pas gêner le film tout en affirmant sa présence. C’est là qu’est tout le talent Benjamin Pope car contrairement à une formation musicale seule, c’est bien le film qui dicte le rythme et les retards ne sont pas permis. Les musiciens étaient raccords avec chaque scène, particulièrement concentrés pour ne pas rater un effet sonore qu’ils ne reproduiraient pas et serait essentiel à une scène, un effet dramatique ou un élément important.
L’intérêt est également autour des compositions de John Williams puisque l’orchestre va les magnifier et souligner des détails qui passent inaperçu dans les films. Par exemple, j’ai particulièrement apprécié le passage de la harpe avec Touffu et me suis rendue compte que les précédents morceaux étaient autant d’indices qui conduisaient à la présence de cet instrument dans le film. Elle est un objet important qui reprend toute sa place en étant physiquement présente sur scène.
J’attendais beaucoup la scène de l’échiquier dans les épreuves finales de la pierre philosophale et je n’ai pas été déçue. Les percussions ont le pouvoir de vous projeter dans cette partie d’échecs et renforcent les explosions des pièces quand elles sont sorties du plateau. En bref, Yellow Socks Orchestra a su rendre le xylophone cool !
Cet aspect conduit parfois la musique à couvrir des dialogues que nous connaissons tous par cœur à force de rediffusions ! Pourtant, cela n’enlève en rien le charme du film.
Pour ma part ce fut donc une expérience concluante et je vous invite à la vivre, pour avoir le plaisir de redécouvrir de petits détails musicaux qui auraient pu vous échapper lors de vos visionnages du film.
Enfin, pour conclure, voici une bonne nouvelle puisque les ciné-concerts reviendront avec Harry Potter et la Chambre des Secrets en 2023. Je vous recommande chaudement de vous y rendre !
Merci à UGo & Play pour leurs invitations.