Poudlard, une école qui redonne goût aux études ?
On dit souvent de J.K. Rowling a réconcilié des milliers d’enfants avec la lecture. Cela est probablement vrai et bien malin celui qui prouvera le contraire. Mais était-ce réellement son but ? Si elle avait pu prévoir le succès de ses livres, je serais tenté de dire oui. Mais, en s’en tenant à l’œuvre elle même, aux humbles mots du premiers tome tracés par une plume qui n’espérait être lue au mieux par quelques milliers d’enfants, on peut distinguer les traits, l’ébauche, les fondations d’une école qui se voudrait redonner goût de l’apprentissage aux enfants.
A une période de l’année où les étudiants bûchent ardemment pour terminer sérieusement leur semestre ou rêvassent en pensant aux vacances approchantes la Gazette vous livre une petite analyse de l’impact qu’a pu avoir Poudlard sur la scolarité des fans.
J’ai toujours eut le sentiment, en lisant les Harry Potter, que Poudlard était un endroit où il faisait bon vivre, une école, mais où les cours étaient passionnants, la vie quotidienne mouvementée, les études agréables. Et si cette attirance ressentie pour Poudlard n’était qu’une tentative de Jo de montrer aux enfants qu’on peut adorer l’école ?
Harry, un enfant de Poudlard
On ne le répétera jamais assez : Harry, orphelin de père et de mère, recueillit par quelque chose que j’ai du mal à appeler une famille, n’ayant jamais eu d’amis découvre pour la première fois le bonheur à Poudlard. Cela n’est pas anodin et beaucoup d’enfants en bas âge ont du être touchés par le fait qu’un enfant puisse considérer son école comme sa propre maison. C’est à Poudlard que Harry passe non seulement ses cours, mais aussi ses weekends et ses vacances scolaires, ici qu’il découvre pour la première fois l’amitié, le bonheur, la reconnaissance de ses talents, l’amour… Tout un tas de choses positives qui donnent un attrait certain à l’école !
Des cours explosifs
En me mettant à la place d’un jeune enfant, je me dit instantanément que les cours à Poudlard, sont, bien plus intéressant et bien plus stimulant que tout ceux qu’on pourrait trouver dans toutes les écoles moldues. Je devine facilement la réaction de tous ceux qui ont les pieds sur terre ou se soucient de choses aussi futiles que la sécurité. Ils me diraient qu’on s’y fait attaquer par des Hippogriffes, qu’on risque de devenir sourd en classe de botanique, qu’on est sans cesse empoisonné pour pouvoir tester les antidotes des cours de potions, soumis au sortilège de l’Imperium en cours de DFCM, ou que certains professeurs sont absolument incompétents (Trelawney, Hagrid, Bins,…). Certains osent même mettre en doute la capacité de Dumbledore de gérer une école.
Et alors ? Tant qu’on s’amuse ! vous diraient les enfants. Qui n’a jamais rêvé d’aller à l’école pour apprendre à faire voler ses professeurs où transformer ses camarades en fouines ? Sans être aussi radicale, j’expliquerait tout d’abord certaines dérives de Poudlard d’un point de vu magique pour l’instant. A tout ceux qui se soucient de la sécurité des enfants à Poudlard et s’indignent de la dangerosité de certains cours, je rappellerait que les sorciers ont des moyens de guérisons bien plus rapides, bien plus sûr et bien plus efficaces que toute la chirurgie moldue actuelle. La magie, certes, nécessite des prises de risque, mais elle permet aussi de relativiser ces risques par l’extraordinaire panoplie de sortilèges médicinaux qu’elle offre. Madame Pomfresh n’est pas à Poudlard par hasard…
Quant à l’incompétence de certains professeurs et à leur nomination simplement à cause de leurs liens avec le directeur ( je parle avant tout ici de Hagrid et de Trelawney ), sans vouloir justifier la chose ni réduire son importance, je constate simplement qu’il s’agit ici de matière mineures, d’options dont la légitimité et l’utilité sont même discutables au sein de la communauté magique pour l’une d’entre elle (à ce point, consultez l’excellent article « La voyance, une supercherie séculaire ! » sorti dans le Chicaneur de septembre). Et pour finir, ne prétendons pas qu’il existe une seule école moldue dans laquelle aucun professeur ne serait pas un minimum incompétent : que ce soit en matière de pédagogie où en matière de connaissances.
Sortons à présent du monde magique, cessons de croire que Poudlard apparaîtra d’ici quelques années dans le paysage de l’éducation nationale, cessons de vouloir justifier la magie par la magie et concentrons-nous sur le message de l’auteur. Car c’est bien de cela qu’ils s’agit ! Ces cours abracadabrants, c’est la cas de le dire, où les élèves semblent être confrontés à des problèmes bien plus passionnants que des équations ou des problèmes de grammaire, où la pratique prends facilement le pas sur la théorie, où les thèmes que traitent les élèves et les outils qu’ils utilisent touchent bien plus les élèves les élèves que ce qu’on peut retrouver dans les classes moldues, ces cours sont bien là pour faire passer le message suivant aux jeunes enfants : l’école et l’apprentissage sont amusants, divertissants !
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : intéresser les élèves, leur donner envie d’apprendre, envie d’aller en cours. Et les cours sorciers ont tout pour cela ! Des thèmes qui feraient rêver n’importe quel enfant alliés à un équilibre entre pratique et théorie qui évite les longues heures assis sur une chaise (Bins fait figure d’exception). Le système scolaire garde les contraintes qu’y voient nos élèves moldus : les devoirs, l’emploi du temps, les règles de vie… Mais l’enthousiasme et l’intérêt des élèves face aux cours nous le fait vite oublier. En effet, Harry et Ron (peut-être un peu plus Harry que Ron) qui sont pourtant des élèves moyens semblent pourtant trouver plaisir à la plupart de leurs cours (DFCM, sortilèges, métamorphose lorsque le degré de difficulté n’est pas trop haut, potions lorsque Rogue n’assure plus ce cours…).
Hermione, l’amie qui donne goût aux études
Je me suis toujours demandé pourquoi, mis à part pour qu’elle devienne l’amie de Harry, Hermione ne s’est pas retrouvée à Serdaigle. Personne ne niera qu’Hermione est bien l’archétype de ce qu’on appelle communément l' »intello » et que Ron surnomme avec beaucoup de tact « Mademoiselle-je-sais-tout ». Un personnage qui pourrait sembler un peu blasant (pour rester poli) à beaucoup de jeunes enfants réticents au travail scolaire. Sauf qu’au lieu de lasser ses camarades dans un flot continu de connaissance déversées sans mesure et, la plupart du temps, sans intérêt, comme elle le fera durant ses premiers mois de cours, Hermione deviendra vite aux yeux d’Harry et de Ron une amie sympathique et une aide précieuse pour achever leurs devoirs.
Plus qu’une amie sympathique, vivable (bien qu’Harry et Ron la trouve parfois assez difficile à supporter), voire même parfois agréable, Hermione se trouve être un personnage de poids dans la saga, dont les nombreuses connaissances acquises en cours où à la bibliothèque tireront un nombre incalculable de fois ses amis d’un faux pas. La liste serait trop longue à citer, mais que seraient Harry et Ron si leur amie « Miss-je-sais-tout » n’avait pas découvert le secret de l’identité de Nicolas Flamel, celle du monstre de la Chambre des secrets, si elle n’avait pas aidée Harry dans l’apprentissage des nombreux sortilèges qu’il a étudier dans le cadre de sa préparation au Tournois des Trois sorciers, si elle n’avait pas été un piller de l’AD, si elle n’avait pas fait preuves de nombreuses aptitudes magiques (transplanage, guérison, sortilèges, réactivité…) qui ont sauvés Harry et Ron à presque chaque chapitre du tome sept ? Hermione constitue ainsi un personnage qui sait mieux que quiconque montrer aux enfants l’utilité des connaissances acquises en cours et leur applications à la fois dans la vie quotidienne et dans les aventures extraordinaires que vont vivre le trio.
Mais Hermione se trouve être aussi un personnage très humain, cassant l’image robotique de l' »intello qui récite une définissions plus vite qu’un Nimbus 2000, archétype qui rebute naturellement tout élève qui a quelques difficultés avec le système scolaire. Ais-je à rappeler que c’est en cassant avec son image d’élève modèle respectueuse des règlements que naît l’amitié entre Hermione, Ron et Harry. Hermione, en effet, sais utiliser son intelligence à laquelle s’ajoute une touche de sensibilité qui lui confère un aspect bien plus humain pour aider Harry à régler ses problèmes de relations. Elle se montrera d’un grand soutient psychologique lorsque ses relations avec Ron se dégradèrent au début du tome quatre ou lorsqu’il passait pour un fou, un mythomane voire un dangereux psychopathe auprès de ses camarades durant tout le tome cinq, assurant la survie de ses nerfs, l’empêchant quotidiennement de se battre avec Malefoy ou de se jeter sur l’un de ses camarades, se faisant la seule barrière qui sépare Harry d’un profond sentiment de solitude qui n’aurait rien arrangé à son état. De plus, Hermione se montre bien plus utile que Ron lorsqu’il s’agit d’aider Harry à régler ses histoires de cœur et son intelligence, son tact et sa sensibilité lui permet de comprendre et conseiller Harry sur ce terrain-là bien mieux que n’importe quel autre camarade de classe. Nouveau message de Jo : l’assiduité scolaire n’empêche pas d’être dépourvu de qualité humaine et l’intelligence qu’elle développe peut même favoriser les relations.
Ne négligeons pas non plus qu’en Hermione, des milliers d’enfants bons élèves ont trouvé un modèle, un exemple, voire même une motivation. L’importance de la « Miss-je-sais-tout » dans la saga a peut-être été une fierté pour des élèves qui sont parfois victimes de discriminations. Son assiduité, ses longues veillées plongée dans son travail scolaire ou ses bouquins et l’étendue de ses connaissances ont pu en rebuter plus d’un, mais ont pu aussi constituer un motif de motivation pour certains bons élèves, notamment pour les petites filles qui s’identifient facilement à ce personnage.
J.K. Rowling a elle-même déclaré qu’Hermione était le personnage dont elle se sentait le plus proche, celle qui lui correspondait le mieux dans la saga, celle à laquelle elle ressemblait le plus. Son rôle de premier plan dans la saga pourrait donc tout à fait consister en un message de la part de l’auteur sur l’importance d’être un bon élève, piochant ses connaissances à la fois dans les cours et les livres.
Un mode de vie passionnant
La vie à Poudlard est certainement bien plus passionnante que la vie quotidienne vécue dans toutes les écoles moldues à tout âge. Quel enfant, à la lecture des Harry Potter, n’a-t-il jamais rêver de se promener dans des couloirs aux tableaux animés et doués de parole, de discuter avec les fantômes voire de provoquer Peeves, d’assister à un match de Quidditch, d’explorer les mystères de la Forêt interdite, de la salle sur demande, de la salle de bain des préfets, de prendre chaque matin son petit-déjeuner sous le ciel magique de la Grande salle envahi par des hiboux distribuant le courrier, d’aller en sortie à Pré-au-Lard, de passer une soirée au coin du feu dans la salle commune de sa maison préférée ou encore de finir sa journée d’école en se disant que ses devoirs consistent à s’entraîner au sortilège d’allégresse et de faire une recherche sur les chasses aux sorcières ? Les secrets de Poudlard et la magie que ce château renferme suffisent à attirer voire à fasciner plus d’un enfant qui ne regardera alors plus jamais son école de la même manière.
Les livres regorgent de scènes de la vie quotidienne dénuées de toute magie mais empreinte d’un certain charme, scènes qui semblent toutes chuchoter au lecteur à quel point il fait bon vire à Poudlard. Une ballade au bord du lac, des révisions assis dans l’herbe du parc, à l’ombre d’un arbre, un passage par les cuisines ou la volière, une soirée assis dans un fauteuil près du feu dans la salle commune…
Le système de maison trouve aussi grande allégeance chez les enfants, notamment chez les garçons qui les identifient facilement aux équipes sportives, identification facilitée par le Championnat de Quidditch. Cet organisation permet de faire vivre aux élèves une fraternité bien plus importante que dans un internat classique et offre ainsi au lecteur une belle démonstration d’amitié et d’entraide entre les élèves. « Votre maison sera pour vous comme une seconde famille », disait Minerva McGonagall lors de la cérémonie de la répartition d’Harry. Et elle n’avait pas tort. Les élèves d’une même maison se connaissent tous, s’apprécient généralement malgré les conflits, et sont surtout aussi soudés et proches que les membres d’une réelle famille. Et ce phénomène tant à s’accentuer chez les personnages principaux (Ron et Hermione, contrairement à Harry, ont une famille mais choisissent de rester à Poudlard à pratiquement chaque vacance).
J.K. Rowling a-t-elle eut l’intention, en écrivant sept livre dont l’intrigue de six d’entre eux se déroule dans cette école fabuleuse et celle du dernier tourne autour, mentionnant maintes et maintes fois l’attachement d’Harry à Poudlard, de créer une école aussi merveilleuse simplement pour pouvoir tenir en haleine les jeunes enfants, les placer dans un monde à la fois proche d’eux (le système scolaire) et idéalisé, ou avait-t-elle en tête une idée plus subtile, plus « engagée », celle de redonner à ses lecteurs le goût des études ? Les deux hypothèses sont valables, mais, à la relecture attentive des livres, je ne peux m’empêcher de penser, ou plutôt de ressentir, que la plume de Rowling me suggère, me chuchote : « Vois-tu comme on s’éclate à l’école ? »