La saga Harry Potter est-elle la plus féministe de ces dernières années ?
Dans Harry Potter, les personnages féminins sont nombreux et détiennent souvent des rôles importants. Mais ces dernières années, les sagas ayant pour protagoniste une femme se sont démultipliées elles aussi. À tel point qu’on ne sait plus trop où donner de la tête. Alors, la saga Harry Potter arrive-t-elle en tête du classement ?
Harry Potter, comme son nom l’indique, c’est avant tout l’histoire d’un jeune garçon et non d’une jeune fille. Pourtant, cette saga laisse une grande place aux femmes, à commencer par Hermione. Membre de l’inséparable trio, elle est l’un des personnages principaux de l’intrigue. Mais elle est également dotée de nombreuses qualités telles que l’intelligence, le courage, la fidélité ou encore la sagesse.
Réfléchie et ambitieuse, Hermione Granger est un personnage féminin fort de la littérature, comme nous l’évoquions dans cet article. Elle pourrait nous rappeler la Princesse Leia dans Star Wars (1977-1983) qui fut à l’époque, l’une des premières femmes à avoir un rôle aussi important sur le grand écran.
Car tout comme la Princesse d’Alderaan, la jeune Gryffondor n’hésite pas à faire des sacrifices et à aller au-devant du danger pour aider ses amis et lutter contre les forces du Mal. Hermione, c’est aussi un personnage qui sait se montrer plus sage que ses camarades, faisant preuve d’une grande maturité pour son âge. Cependant, la place des femmes dans Harry Potter ne se limite pas à celle d’Hermione.
Hermione n’est pas l’unique femme forte de la saga
Que serait Harry Potter sans Ginny, Molly, Tonks, Luna ou encore Lily ? Elles sont importantes pour l’intrigue et nous ne saurions imaginer l’histoire sans elles.
À commencer par Luna Lovegood. Souvent considérée comme quelqu’un d’étrange, Luna fait pourtant preuve de sagesse, d’intelligence et surtout de tolérance. Une qualité qui fait souvent défaut à ses camarades. Empathique, elle sait comprendre Harry lorsqu’il est au plus mal.
Mais la jeune Serdaigle cache bien d’autres talents. Car elle est aussi une femme forte qui montre sa bravoure à plusieurs reprises dans la saga. Elle rejoint l’Armée de Dumbledore sans aucune hésitation, combat lors de la bataille de Poudlard et reste fidèle à Harry. Elle fait d’ailleurs partie de ceux qui accompagneront le héros au département des mystères dans l’Ordre du Phénix alors qu’elle n’est qu’en quatrième année. Une bataille à laquelle Ginny Weasley participe également.
Comment ne pas mentionner Ginny dans les figures féminines fortes d’Harry Potter ? Unique fille parmi six frères, elle a réussi à se faire une place de marque dans l’histoire. Élève brillante et sorcière puissante, elle a fait ses preuves à plusieurs reprises, notamment dans L’ordre du Phénix, où elle apprend et excelle très vite en sortilèges. Elle deviendra même membre de l’équipe de Quidditch. Cependant, et à notre grand regret, Ginny Weasley (Bonnie Wright) est peu présente dans les films où elle fait surtout office de ligne narrative pour Harry. Elle n’en reste pas moins un personnage emblématique de la saga, aimé par de nombreux fans.
Les femmes réussissent leur carrière dans des métiers dangereux
À la fois drôle, maladroite, blagueuse et puissante, Tonks a su marquer les esprits. Auror, elle est la preuve que les femmes peuvent s’engager et réussir dans des métiers dangereux. Autre élément qui fait d’elle une femme forte : elle est en première ligne lors de la bataille de Poudlard. Pourtant maman d’un petit garçon nommé Ted, elle n’a pas renoncé au combat et c’est au cours de cette bataille qu’elle perdra la vie. Un élément qui montre également que les mères de cette saga veulent assurer un avenir meilleur à leurs enfants, loin de tous dangers.
Telle mère, telle fille
Dans Harry Potter, on découvre vite de qui Ginny tient son caractère et sa puissance. Car Molly Weasley est une femme courageuse, dévouée à sa famille et emplie d’humanité. Même s’il est difficile pour les Weasley de joindre les deux bouts, c’est toujours avec grand plaisir que Molly accueille Harry.
Mais en plus d’être une bonne âme, Molly est aussi une femme dotée d’une grande force morale, qui se bat quelques soient les difficultés. Elle n’hésite pas à rejoindre l’Ordre du Phénix, bien qu’elle ait conscience que cet acte puisse mettre en danger les siens. De plus, durant la bataille de Poudlard elle ne renonce pas au combat alors qu’elle vient de perdre l’un de ses fils. Elle continue de se battre et parvient à tuer Bellatrix Lestrange. Molly est une mère prête à tout pour protéger ses enfants.
Plusieurs figures maternelles au centre de l’intrigue
Dans Harry Potter, les mères ont souvent un rôle déterminant. En plus de Molly Weasley, d’autres femmes s’imposent. C’est le cas de Lily Potter, Narcissa Malefoy mais aussi de Pétunia Dursley.
Différentes en de nombreux aspects, il existe tout de même un point commun entre ces dernières. Outre le fait qu’elles portent toutes trois un nom de fleur, elles cherchent, et ce durant toute l’histoire, à protéger leurs enfants quitte à se mettre en danger voir même à se sacrifier. Alors que Lily n’a pas hésité à donner sa vie pour sauver celle d’Harry, Narcissa elle, a pris le risque de faire un serment inviolable avec Rogue pour sauver son fils d’une mort certaine.
Quant à Pétunia Dursley, elle surprotège son fils, mais également celui de sa sœur. Même si son comportement envers son neveu était exécrable, elle a garanti sa sécurité pendant de nombreuses années.
Cependant, toutes les femmes ne sont pas traitées de la même manière dans la saga.
Harry Potter, une saga pas toujours féministe ?
Le féminisme dans Harry Potter a-t-il des limites ? C’est en tous cas ce que le traitement de certains personnages, comme Lavande Brown et Cho Chang, laissent penser.
En effet, les deux jeunes femmes disposent de nombreuses qualités. Elles sont fortes, intelligentes. Lavande est une bonne élève et participe même à la bataille de Poudlard. Cho Chang, de son côté est une élève brillante mais également une sportive émérite. Attrapeuse de l’équipe de Quidditch de Serdaigle, ce n’est pas par hasard qu’elle a obtenu ce poste. Son personnage dispose d’une solide base féministe. Elle est la preuve qu’une femme peu à la fois être belle (n’oublions pas que son charme ne laisse pas Harry indifférent), intelligente et sportive contrairement à certaines idées reçues, véhiculées par la société.
Mais la façon dont Ron et Harry se comportent avec elles vient bouleverser cela. Ils ne les voient pas comme elles devraient être vues. Par la façon dont ils les traitent, on pourrait presque croire qu’ils les considèrent comme inférieures à eux.
Pourtant, le monde des sorciers n’est pas le seul endroit où les femmes ne sont pas toujours fortes. Car les moldues ne sont pas épargnées non plus. En effet, même si la tante Pétunia possède des qualités, elle demeure surtout préoccupée par l’image qu’elle renvoie et par les potins de son quartier. Elle correspond parfaitement à l’image de la femme que la société se faisait dans les années 70-80.
La saga de J.K. Rowling a donc ses limites en matière de féminisme. D’autant plus que depuis quelques années, d’autres romans et films construits autour de personnages féminins, viennent concurrencer Hermione et ses amies.
Les sagas à tonalité féministe se sont démultipliées
Depuis 2012, les histoires à tonalité féministe sont nombreuses. Cette mode, commencée avec l’adaptation d’Hunger Games sur grand écran, s’est poursuivie avec celles de Divergente et Star Wars.
Dans la plupart de ces sagas la femme incarne un symbole, souvent celui de la résistance et de la révolte. Et c’est une avancée de poids car avant Katniss, Tris ou encore Rey, peu de femmes obtenaient ces rôles. Au cinéma, la Princesse Leia (Star Wars) est probablement l’une des seules qui ait pu obtenir un tel rôle et ce, dès les années 70. Le petit écran semble avoir été un peu plus en avance sur ce point, avec Buffy dans la série Buffy contre les vampires, Princesse Xena, ou encore Samantha Carter dans Stargate. Quant à Harry Potter, même si J. K. Rowling a accordé une place centrale à Hermione, c’est Harry qui est l’élu et qui doit détruire Voldemort. La place des femmes de l’intrigue n’est pas aussi déterminante que celle de Katniss par exemple.
J. K. Rowling a écrit ses personnages féminins sur la base de clichés…
Là où les sagas progressent, c’est sur le point de vue des stéréotypes. En effet, dans Harry Potter, J.K. Rowling n’a pas réussi à détruire certains clichés. Bien au contraire, elle construit ses personnages en les reprenant.
Ainsi, Hermione est intelligente et puissante mais elle ne perd pas son temps à prendre soin d’elle. La jeune fille pleure rarement tandis que Lavande et Cho au contraire, pleurent plus souvent. Ces deux dernières accordent également plus de temps à leur apparence mais moins sur leurs cours et révisions. A travers la façon dont elle écrit, on ressent un certains mépris de J.K. Rowling pour ces filles. On voit également que l’autrice réduit les femmes à deux catégories : celles qui s’autorisent à avoir des sentiments et qui prennent soin d’elles, et celles qui sont intelligentes et qui ont leur fierté. Un constat étonnant lorsque l’on voit que Harry est un garçon courageux qui cède parfois à ses sentiments. J.K. Rowling fait évoluer la « norme sociale » pour les hommes mais reste sur d’anciens clichés en ce qui concerne les femmes.
… Alors que certaines histoires ont construit des personnages féminins moins caricaturaux
En revanche, dans les sagas de ces dernières années, la personnalité des femmes est différente, plus proche de la réalité. Katniss, Tris mais aussi Rey, sont courageuses, fortes, n’hésitent pas à aller au devant du danger et font preuve d’intelligence. Mais elles sont également des femmes qui ne renoncent pas à leurs sentiments.
Ainsi, Katniss pleure lorsque Peeta est emmené au capitole à la fin d’Hunger Games : L’Embrasement. Elle ne renonce pas non plus à son histoire d’amour avec lui, et montre même que ses sentiments oscillent entre Gale et Peeta. Ce n’est pas pour autant qu’elle devient moins forte ou moins crédible dans son combat pour la libération du peuple de Panem. Tout au long des films et des romans, elle demeure une femme forte. Il en va de même pour Tris dans les trois romans Divergente. Elle met fin au système peu égalitaire dans lequel elle vit tout en étant amoureuse de Quatre. Amour qui ne l’empêchera pas de se sacrifier pour la cause qu’elle défend à la fin du troisième roman.
Même constat pour Rey. Première femme Jedi à être un personnage principal dans les films, on voit ses larmes couler à plusieurs reprises au cours des trois derniers opus Star Wars. Il n’en reste pas moins qu’elle est combative et qu’elle fait tout pour venir en aide à ses proches.
De même pour Padmé dans la prélogie Star Wars. Elle est une figure politique majeure de sa planète. Elle montre à travers son personnage que les femmes peuvent être fortes, belles et intelligentes à la fois. Padmé prouve ainsi qu’une femme n’a pas à se limiter à une seule de ces qualités, contrairement à ce que peux montrer J.K. Rowling dans ses romans.
Des sagas pas si féministes que ça
Les histoires de ces dernières années montrent également des limites, tout comme les livres et films Harry Potter. Même si les femmes sont moralement et physiquement plus fortes, il n’en reste pas moins qu’elles ne sont, la plupart du temps, pas maîtresses de leur corps. Dans Hunger Games, Katniss doit d’abord passer par le stade de l’épilation et de la mise en beauté pour plaire au public et aux sponsors. Or une femme, devrait pouvoir rester libre de son maquillage et de ses choix physiques. Autre constat, que ce soit dans Hunger Games, Divergente ou encore dans les films Marvel, les femmes portent souvent des vêtements près du corps.
Seuls Rey, dans Star Wars et les personnages d’Harry Potter semblent échapper à cette norme. En effet, dans la saga du jeune sorcier, les personnages sont vêtus de leur uniforme scolaire. Ainsi, filles et garçons portent des robes de sorcier et cela dans 99% des cas. Les rares fois où ils sont vêtus autrement, sont lorsqu’ils se trouvent à l’extérieur de l’école. Ou tout simplement lorsque les films ont décidé de prendre des libertés sur ce point. Et dans ces cas-là, les femmes ne portent pas forcément de vêtements ajustés. Elles demeurent libres de leurs choix vestimentaires.
Des progrès restent à faire
Il est donc difficile de trancher sur quelle saga est la plus féministe car elles possèdent toutes défauts et limites. Harry Potter s’est quelque peu démarqué en introduisant des femmes fortes voire indépendantes. Cependant, les romans et films comme Hunger Games, Divergente ou dernièrement Star Wars, ont montré que la femme est forte, tant mentalement que physiquement et qu’elle peut occuper le rôle principal. Ces sagas ont prouvé que la femme peut mener seule une révolte et changer la société qui l’entoure. Mais aujourd’hui encore, il est difficile de trouver une saga véritablement féministe.
Pour prolonger les lecture de cet article, vous pouvez également écouter l’épisode de ASPIC à ce sujet.