It’s a wonderful life, Harry !
La Vie est belle raconte l’histoire de George Bailey (interprété par James Stewart), habitant de la petite ville (fictive) de Bedford Falls. Dirigeant d’une société de prêts et constructions qu’il a héritée de son père, il a toujours su venir en aide à ses concitoyens, mettant pour cela de côté toutes ses plus grandes ambitions et aspirations. Désespéré parce que sa société est au bord de la faillite, sous les menaces de son rival, George Bailey songe s’apprête à mettre fin à ses jours la veille de Noël. Un ange, Clarence, intervient pour convaincre de ne pas se jeter dans la rivière. Pour lui prouver que le suicide n’est pas une solution, l’ange plonge George Bailey dans un univers où il n’a jamais existé.
Si, de prime abord, ce film n’avoir aucun rapport avec l’oeuvre de J.K. Rowling, certains détails ne peuvent toutefois que surprendre les potterheads que nous sommes.
Certains personnages pourraient presque être considérés comme les ancêtres de ceux de J.K. Rowling. Les fans d’Harry Potter ne pourront s’empêcher de sursauter ou d’avoir un petit sourire en apprenant que le méchant de l’histoire, un milliardaire aigri et hostile à la famille Bailey, s’appelle Henry F. Potter ou que le frère de George, un héros de la seconde guerre mondiale, porte le même prénom que le Survivant.
Par ailleurs, un fan d’Harry Potter ne pourra s’empêcher de trouver d’étonnantes similitudes entre George Bailey et George Weasley. Tout comme George Weasley, le héros de ce film n’est pas satisfait par sa situation sociale. Alors que, depuis sa plus tendre enfance, son plus grand souhait est de devenir millionnaire, il se retrouve père d’une famille nombreuse, vit dans une maison vétuste, délabrée et son entreprise qui est loin d’être prospère. Et surtout, comme George Weasley dans le tome 7, il a perdu l’usage d’une de ses oreilles en sauvant son frère de la noyade lorsqu’ils étaient encore enfants.
Ainsi, tous les deux ont perdu une oreille en voulant protéger un Harry. Par plus d’un traits, George Bailey pourrait être présenté comme « le jumeau américain » de George Weasley. (Il est d’ailleurs amusant de relever que ce dernier fait référence à l’univers des Anges en jouant sur les mots « holy » et « holey ». Cela n’a surement aucun rapport avec le film de Capra, mais je trouve tout de même intriguant de voir que George Weasley se qualifie de « saint » au moment où il ressemble le plus à George Bailey).
Mais le personnage principal de La vie est belle ne ressemble pas seulement à George Weasley. Il est aussi très proche du caractère d’Harry Potter. Le fait est que, de la même façon que le sorcier à lunettes, George Bailey est toujours prêt à se sacrifier pour aider son entourage. Par exemple, il renonce à ses rêves de voyages pour reprendre l’entreprise de son père et permettre à son jeune frère de faire ses études, ou utilise l’argent prévu pour sa lune de miel afin de préserver ses clients de la ruine. Même si sa vie est loin d’être aussi périlleuse que celle du jeune sorcier, il n’est pas dénué de courage, puisqu’il est le seul à pouvoir se lever contre les machinations du redoutable Henry F. Potter. Toute la communauté de Bedford Falls (excepté Mr Potter, évidemment) le connaît et l’apprécie, mais George Bailey déplore d’avoir à faire passer les intérêts des autres avant les siens propres (sentiment qu’éprouve parfois le Survivant). De plus, comme Harry Potter, son aventure lui permet de comprendre que tout le destin de ceux qu’il aime repose sur ses sacrifices et ses choix.
De même , le méchant Henry F. Potter n’est parfois pas sans rappeler Lord Voldemort en personne. Comme ce dernier, son corps est mutilé (Henry F. Potter se déplace toujours en chaise roulante). Il n’éprouve aucun amour, aucune compassion pour son prochain et se sert des habitants de Bedford Falls pour s’enrichir. Sa cruauté est sans limite et il n’est mu que par un seul désir : s’enrichir toujours plus et devenir le maître incontesté de la ville. Il ne supporte pas que George Bailey refuse de lui céder sa société et lui fasse obstacle ; il met donc tout en œuvre pour le détruire.
Toutefois, le film possède ses caractéristiques propres. Sorti après la seconde guerre mondiale, il retrace, à travers l’histoire de George Bailey, la reconstruction des États-Unis après la crise de 1929. Ainsi, suivant la logique des réformes sociales qui suivirent cet évènement historique, George Bailey n’hésite pas à redistribuer son propre argent pour préserver ses clients. La Vie est belle met en avant les valeurs du modèle américain (La solidarité, la famille, le travail…), tout en dévoilant les deux versants de l’American Way of Life (George Bailey est porté par le désir de réussir et de s’enrichir tout en conservant son intégrité, tandis qu’Henri Potter n’hésite pas à accroître ses profits aux dépens des autres). Je ne partage pas l’avis de ceux qui trouvent cette histoire “niaise et pleine de bons sentiments”. Au contraire, dans ce film, la société américaine n’est pas idyllique, mais peut se montrer injuste et ingrate envers les hommes volontaires et enthousiastes. Seuls les actes désintéressés de George Bailey, la solidarité entre les habitants de Bedford Falls sont mis en avant et idéalisés, et c’est bien cela qui fait la force du film de Frank Capra.
La Vie est belle est un film qui peut par plus d’un détail charmer, ou, du moins, divertir, les fans d’Harry Potter. Tout comme les aventures d’Harry Potter, ce film plein d’optimisme nous montre qu’il faut toujours avoir le courage d’assumer ses propres choix et de soutenir ceux qui nous aiment. Je n’irai pas jusqu’à dire que J.K. Rowling a été entièrement inspirée par La Vie est belle (Ce serait ridicule), même s’il y a de fortes chances qu’elle le connaisse. Il était néanmoins intéressant de relever les quelques similarités qui peuvent exister entre le film et la série Harry Potter.
Bonnes fêtes de Noël !