Un fantôme cinéphile.
Ces moldus, habitants d’une petite ville française, sont partis avant même d’avoir vu la fin de leur « flim » (sorte de photos qui bougent et qui parlent, que les moldus projettent sur de grandes toiles blanches). Pris de panique, ils se sont précipités hors de leur vieux cinéma de quartier.
La raison d’un tel mouvement de frayeur ? Ils ont tout simplement découvert la présence de Clémentine Lumière, un sympathique fantôme qui hante les cinémas moldus français depuis les années 1950.
Avant de mourir en 1951, Clémentine Lumière était une sorcière comme les autres et n’avait jamais vu un seul flim. Quelques jours après être devenue un fantôme, errant dans les rues de sa ville natale, elle entre par hasard dans un cinéma et assiste à la projection d’un flim américain, qui la bouleverse : Eve, l’histoire de la carrière fulgurante d’une actrice moldue, interprétée par son idole, Bette Davis. L’ambiance, le public, les sièges rouges, les bonbons, les images qui défilent sur la toile blanche…tout la charme, tout lui plaît. Pour elle, c’est une illumination : elle consacrera toute son existence post-mortem au cinéma ; elle sillonnera la France pour voir le plus de flims possibles.
Des oubliators ont été mobilisés pour retrouver les moldus traumatisés par cette rencontre. Toutefois, certains moldus, avant de subir le sortilège oubliette, ont diffusé la photographie de Clémentine Lumière sur « internet» (sorte de réseau « invisible » qui permet aux moldus de communiquer entre eux grâce à des « ogrinateurs ») et, depuis l’incident, certains énergumènes arpentent le vieux cinéma avec d’étranges appareils, habillés dans des combinaisons grises, dans l’espoir de retrouver celle qu’ils appellent désormais « Le fantôme cinéphile ».
Clémentine Lumière, à son plus grand regret, a dû quitter les lieux à la demande des autorités pour étouffer la rumeur et mettre fin aux mouvements de foule autour de ce « cinéma hanté ».
« Je ne comprends pas, a-t-elle confié à un de nos journalistes, j’ai toujours réussi à me dissimuler lors des projections. Je me mettais dans la lumière des projecteurs ; je devenais pratiquement invisible. Cela faisait plus de soixante ans que je procédais de cette manière et personne n’avait jamais rien remarqué ! Le problème, c’est que cette fois-ci, il y a eu un problème technique. La lumière s’est éteinte brusquement et, fatalement, je suis apparue au beau milieu des spectateurs. Tout le monde a hurlé et s’est mis à courir dans tous les sens. Je suis vraiment triste d’avoir dû quitter ce petit cinéma. Ils diffusaient de vieux films que j’aimais bien…Demain, ils devaient faire une rétrospective des films de Capra : cela me chagrine de la manquer. Mais ce n’est pas grave : j’avais un peu trop tendance à regarder de vieux films ces dernières années ; cela va m’obliger à m’ouvrir aux créations récentes. De plus, je peux vous annoncer en exclusivité que j’ai désormais un grand projet. Je vais faire la promotion du cinéma dans le monde sorcier pour pouvoir vivre de ma passion sans me cacher. Je compte ainsi rédiger une Introduction au cinéma moldu. Et –qui sait ?- un jour je ferai peut-être mes propres films ! Avec tous ceux que j’ai vus, j’en serais bien capable ! »
En tout cas, ce n’est pas la dernière fois que nous entendrons parler d’elle, croyez-nous !