Retour sur les European Games
Le weekend dernier, douze équipes nationales européennes de quidditch se retrouvaient dans le petit village de Sarteano, en Toscane, pour s’affronter et décrocher le titre de champion d’Europe. La France est ressortie victorieuse après un duel tendu face aux Britanniques (sur lequel je ne peux offrir que très peu de commentaires au vu de ma position d’arbitre principal durant le match) ; mais d’autres faits marquants méritent d’être soulignés.
Les prédictions d’avant tournoi se sont révélées plutôt exactes dans la majorité des cas ; le classement pronostiqué a été respecté et les équipes attendues au sommet se sont battues jusqu’au bout dans des affrontements serrés. Les scores de tous les matches de poule sont visibles ci-dessous.
Groupe A
Classement final : France – Belgique -Turquie – Catalogne – Espagne – Pologne
Commentaire : Dans cette poule, les matches clés furent sans doute les face-à-face entre la Belgique et la Turquie pour les deuxième et troisième places, ainsi que le duel entre l’Espagne et la Catalogne pour la dernière place qualificative du groupe. Ce dernier était d’ailleurs le premier match officiel d’un sport dans lequel ces deux entités s’affrontaient, l’Espagne refusant dans le cadre de la plupart des sports de participer si la Catalogne est officiellement représentée. C’était donc tout un symbole pour les Catalans qui, en plus, en sont ressortis vainqueurs.
L’affrontement Belgique-Turquie, prévu comme fermé, a tourné au net avantage des Belges qui menaient 140-20 lorsque le vif fut attrapé par les Turcs. Les Dindes (Turquie s’écrit et se prononce en anglais comme le mot anglais ‘dinde’, alors l’équipe en arbore une sur son maillot) ont régulièrement dû monter leurs deux batteurs en attaque, s’exposant dangereusement aux contre-attaques des Griffons.
Dans ce groupe, soulignons également le courage des Polonais, présents avec seulement 7 joueurs, qui n’avaient aucune chance de tenir la distance. Cependant, leur seul but du tournoi s’est produit lors de leur dernier match, alors qu’ils affrontaient la France ; les spectateurs et joueurs présents sur les deux terrains se sont interrompus pour ovationner le buteur qui semblait incrédule.
Groupe B
Classement final : UK – Norvège – Italie – Allemagne – Pays-Bas – Irlande
Commentaire : Dans la poule B, la bataille pour les places qualificatives fut d’autant plus acharnée que le Royaume-Uni ne semblait pas aussi imprenable qu’on ne l’avait annoncé. La Norvège, bien que derrière en matière de points au souaffle, est restée à portée de vif (30 points) des Lions britanniques et les Italiens leur ont tenu tête pendant plusieurs minutes avant de s’effondrer.
Le duel Italie-Norvège, qui décidait de qui affronterait la Belgique ou la Turquie en quart de final, fut également un combat acharné, mais les Italiens se sont présentés dans une forme physique diminuée, qui leur a d’ailleurs coûté la qualification plus tard dans le tournoi. Notons que, lors de ce match, la Norvège a marqué l’un des rares auto-buts de l’histoire du quididtch.
Enfin, notons la performance de l’équipe d’Irlande, qui malgré un nombre de joueurs réduit à 8, seulement un de plus que la Pologne, faisait égalité avec les Pays-Bas jusqu’à l’attrapage du vif d’or. Ce résultat n’est pas très représentatif de l’état du sport au pays des Guinness, car l’équipe comptait de nombreux renforts britanniques (dont deux joueurs originellement recrutés comme remplaçants pour la Team UK) et est sans doute plus un indicateur des faiblesses hollandaises. Ces derniers n’avaient d’ailleurs pas la moindre chance de se qualifier pour la phase finale, au vu de la supériorité nette de l’équipe allemande avec laquelle elle était en compétition pour la quatrième place du groupe.
La Phase Finale
Quarts : Il ne faisait aucun doute que les Français et les Britanniques, premiers de leurs groupes, ne feraient qu’une bouchée de leurs adversaires, respectivement l’Allemagne et la Catalogne. Après la défaite face aux Belges, les Turcs ne semblaient pas représenter une menace pour la Norvège qui était parvenue à se maintenir si proche du Royaume-Uni ; et c’était donc le match Italie-Belgique qui laissait le plus de doute. D’autant plus que les Italiens jouaient à domicile, devant leur public et sous un soleil plus typique de leur pays que de celui du chocolat.
Cependant, leur fatigue physique, leur faible rotation et une tactique moins établie ont rapidement eu raison d’eux. Les Griffons belges, bien en place en défense, n’ont concédé aucun but lors de ce match. Les italiens, ayant du mal à passer le milieu de terrain, ont dû recourir aux longues passes et tirs à distances imprécis qu’attendaient les Belges pour contre-attaquer. C’est cependant à la surprise générale que l’Italie s’est jetée sur le vif pour mettre fin au match : il est rare qu’une équipe abandonne le combat dans une phase finale, qui plus est à domicile.
Demi-finales : C’est ainsi que, de façon incontestable, les quatre équipes les plus fortes sont arrivées au sommet du tournoi. Il restait à voir si un fossé les séparaient entre elles, en plus de les distinguer des huit autres équipes présentes.
Certains affirmaient que le Royaume-Uni écraserait la Belgique lors de la première demi-finale… quelle ne fut pas la surprise lorsque les Griffons prirent la tête et maintinrent à nouveau une défense incroyablement efficace, en faisant le pays ayant le moins encaissé face aux britanniques après la France ! (Je me devais de le mentionner, question de fierté personnelle). C’est finalement sur un attrapage de vif, apparemment litigieux, que le Royaume-Uni a décroché sa place pour la finale, un premier attrapage ayant déjà été refusé. C’est aussi remplis de doutes que les Lions ont accédé à la finale, tandis que les Belges étaient ovationnés, comme s’ils l’avaient emporté, par un public qui, au court du match, s’était mis à croire à la plus grosse surprise du tournoi.
L’affrontement entre la France et la Norvège fut moins serré, avec une équipe de France se hissant juste hors de portée de vif et encaissant moins de buts que face aux Belges ou aux Turcs.
Petite-finale et finale : Face aux Norvégiens, les Belges n’ont pas semblé pouvoir tenir la distance et ont fait preuve d’un niveau de jeu moins élevé que lors de leur demi-finale. Cependant, alors qu’ils étaient menés, que le vif arrivait sur le terrain et qu’un de leurs joueurs clés subissait un coup du lapin, les Griffons parvinrent à marquer quatre buts sans réponse et remonter à un point d’être à portée de vif. Après avoir frôlé une place en finale, il leur a fallu se contenter, ironiquement, d’une médaille en chocolat.
Le face-à-face UK-France tant attendu, a, quant à lui, tenu ses promesses. Le match était serré, comme l’indique le score avant attrapage de 50-60, et la lutte fut acharnée, mais c’est sans doute l’équipe la plus forte qui a gagné malgré ce score tendu. Les Britanniques étaient très offensifs, mais leur défense n’était pas suffisamment étanche pour empêcher les contre-attaques précises des Français, caractéristiques du style de jeu des Titans, comme vous pourrez en juger sur la vidéo du match.
Grâce à un attrapage parfaitement net et propre (si la décision fut longue à venir, c’est parce qu’une autre faute possible fut discutée à ce moment là), le capitaine français, Denis “Plog”, a pu soulever le trophée quelques heures plus tard, au sommet de la colline de Sarteano, au pied du château. C’est un joueur britannique, Ollie Craig, qui a remporté le titre de joueur du tournoi ; c’est notamment à lui que les Britanniques devaient l’attrapage qui les avait projeté en finale.
D’un point de vue sportif, ce tournoi sacre la France, mais il annonce également la couleur pour les années à venir : les deux équipes qui cavalaient en tête jusqu’à présent ne sont désormais plus toutes seules. La Norvège et la Belgique ont prouvé qu’elles n’étaient pas incapables de mettre les Français et les Britanniques en difficulté et d’autres équipes comme la Turquie ou l’Italie pourraient faire mieux dans d’autres circonstances. La compétition se resserre et l’avenir du quidditch européen s’annonce plus que palpitant.
Ambiance
Quelques problèmes d’organisation ont causé l’absence de livestream, pourtant promis. En effet, le terrain sur lequel la connexion avait été établie était impraticable (on ne joue pas au quidditch sur de la terre, du sable et des cailloux). Cependant, les organisateurs sont parvenus à rattraper l’erreur de la ville en assurant l’un des meilleurs livetweet de quidditch jamais vu depuis la Coupe du Monde V. Sans oublier que le terrain sur lequel nous avons été déplacé était largement plus confortable.
La ville de Sarteano avait revêtu des atours très potteriens, avec de nombreuses vitrines décorées de balais, de vifs d’ors et même un quai 9 3/4 installé sur la place du village. Il ne faisait également aucun doute que la localité offrait un décor superbe et des paysages magnifiques.
Les conditions météo n’étaient pas idéales, dans le sens où les fortes chaleurs avaient poussé les organisateurs à prévoir des pauses aux heures les plus chaudes de la journée. Cependant, avec seulement deux coups de chaleur sur le weekend, les équipes et volontaires s’en sont bien tirés : ils avaient manifestement pris leurs précautions. Notons également la suspension du tournoi pendant une heure pour cause d’orage le samedi, retardant les matches jusqu’à 21h ce soir là et poussant à en remettre deux au lendemain.
Enfin, avec de nombreux articles dans la presse internationale, mais surtout plusieurs dizaines de touristes ou locaux se pressant autour des terrains et découvrant ainsi le sport directement au contact des joueurs, c’est une opération communication réussie. Il est toujours agréable pour les joueurs de voir des inconnus s’intéresser au sport et se déplacer spécialement pour le tournoi.
Malgré de petite failles, principalement imputables aux autorités de la ville, ce premier tournoi entre nations européennes est, sans nul doute, un succès. Nous avons hâte de voir son impact sur le paysage du quididtch européen !