Le Quidditch européen adresse une lettre ouverte à l’IQA
À l’initiative des équipes européennes qualifiées pour la Coupe du Monde, une pétition et une lettre ouverte à l’IQA ont été lancées afin d’attirer l’attention sur les spécificités du quidditch européen, ainsi que sur les adaptations nécessaires à apporter au quidditch mondial pour faciliter la progression du sport hors des États-Unis. Nous avons traduit la lettre ouverte, que vous trouverez attachée dans cet article, et vous proposons de revenir sur ses tenants et aboutissants. Vous pouvez signer la pétition ICI.
QUIDDITCH_EN_EUROPE.pdf C’est suite au Championnat européen, qui a comme fonction essentielle de servir de tournoi qualificatif pour la Coupe du monde, que les responsables de cette initiative se sont décidés à agir. Le tournoi fût l’occasion pour de nombreux représentants du quidditch européen de se rencontrer réellement, après de longues conversations sur internet ; alors que seules deux nations étaient représentées à la première édition (l’Italie et la France), ce sont douze équipes de six pays différents (plus des membres d’une équipe allemande ne participant pas au tournoi) qui ont fait en février dernier le déplacement jusqu’à Bruxelles. [Notre compte-rendu du week-end est [ICI.]]
Il est ressorti de ces discussions que la situation du quidditch en Europe est particulièrement complexe, nécessitant des adaptations et réajustements constants de par la jeunesse du sport et le contexte multi-culturel dans lequel il cherche à se développer. Cette affirmation, d’apparence banale, est en réalité au cœur des revendications qui se dessinent actuellement.
La lettre ouverte, adressée par les responsables du quidditch européen à l’Association Internationale de Quididtch (IQA), souligne l’apparente difficulté qu’a l’IQA à appréhender les subtilités de la situation du quidditch en Europe, ainsi qu’un manque d’intérêt pour le vieux continent. Elle s’accompagne d’une décision des capitaines des six équipes européennes qualifiées lors du Championnat européen de ne pas se rendre à la Coupe du Monde en avril prochain.
En effet, faire le voyage pour North Myrtle Beach aux Etats-Unis pour la prochaine Coupe du Monde a un prix, qui se chiffre en milliers d’euros. Les diverses procédures de l’IQA et sa rigidité bureaucratique imposaient par ailleurs aux six équipes de réunir cet argent en un laps de temps très court (quelques semaines) et de confirmer leur participation rapidement. S’il serait excessif et faux de dire que l’IQA met des bâtons dans les roues de l’Europe, on peut en revanche affirmer qu’elle n’y facilite pas activement le développement du quididtch.
Nous avions déjà mentionné les difficultés rencontrées lors de l’organisation du championnat européen. Selon la procédure standard de l’IQA, les démarches pour pouvoir tenir un championnat régional doivent se faire entre les municipalités et l’IQA, les équipes locales étant reléguées au second rang et n’ayant pas véritablement de pouvoir d’initiative. Ce mode de fonctionnement a freiné le travail de Karen Kumaki, directrice du pôle international de l’IQA (seule personne composant ce pôle et assumant donc l’intégralité du travail requis), car il n’est pas adapté à l’Europe. L’IQA n’a remis cette pratique en question qu’une fois la situation complètement bloquée, face à l’urgence de fixer un lieu et une date. [[Nous avons été informés que cette situation ne se reproduira plus et que ce sont les équipes européennes, non l’IQA, qui décideront cette année du lieu et de la date du championnat régional.]]
Certaines équipes, bien qu’ayant cotisé pour devenir officielles aux yeux de l’IQA et pouvoir participer au championnat régional, n’ont pas pu s’organiser pour faire le déplacement jusqu’à Bruxelles, d’autres ont recruté des joueurs mercenaires (faisant ainsi une entorse au règlement et abusant de failles dans le système actuel), etc… Les conséquences de cette décision tardive sont nombreuses et certaines sont explorées dans la lettre ouverte.
Cependant, la goutte qui semble avoir fait déborder le vase est le délai originellement accordé aux équipes pour confirmer leur participation et verser les 400$ (290€) de frais d’inscription. Officiellement, la décision doit être prise une semaine après la tenue du tournoi qualificatif, impliquant un payement non-remboursable alors que les équipes ne savaient même pas si elles auraient les moyens de faire le voyage. Le délai a finalement été prolongé, mais le mal était fait.
L’équipe d’Oxford avait officiellement annoncé dès la fin du tournoi qu’elle ne se rendrait pas à la Coupe du Monde. Les autres équipes qualifiées ont embrayé au cours de conversations plus officieuses qui ont également donné naissance à la lettre ouverte.
Certains parlent dès lors de “boycott”, un terme récusé par les responsables des équipes concernées : ils préfèrent parler d’un accord concerté entre les différentes équipes, qui estiment ne pas avoir les moyens d’aller à la Coupe du Monde. Il s’agit en fait d’une question d’interprétation ; les initiateurs de la pétition estiment envoyer pour message : “tant que l’Europe sera soumise à de telles conditions, elle sera de fait exclue du quidditch mondial”. Tandis que d’autres y lisent : “tant que l’Europe sera soumise à de telles conditions, elle refusera de participer au quidditch mondial”. Mais il existe probablement toute une palette d’opinion allant d’un extrême à l’autre.
Les équipes sont cependant d’accord sur un fait : ne pas se rendre à la Coupe du Monde doit aussi permettre de faciliter la participation aux Global Games, donc au quidditch mondial.
Car la tenue des Global Games entre également en ligne de compte : cette année, il n’y a pas un grand événement en Amérique, mais deux. Les Global Games, qui s’étaient déroulés à Oxford en marge des Jeux olympiques 2012 auront cette année lieu près de Vancouver, le 19 juillet 2014.. Financer deux déplacements en Amérique en moins de six mois pour des joueurs qui sont pour la plupart des étudiants peut s’avérer compliqué ; un choix devait donc être fait.
Cela fait environ deux ans et demi que le quidditch s’est implanté sur le sol européen et cette année semble être celle où il a réellement pris son envol. Il s’est développé très sérieusement en Grande-Bretagne, s’est implanté solidement en Belgique et en Espagne, a continué son expansion en Italie et en France (notamment via la création de “ligues nationales”) et fait son apparition dans des nombreux pays : la Norvège, l’Allemagne, les Pays-Bas… Cette pétition apparaît comme le point culminant de cette progression, marquant une volonté de faire reconnaître le caractère multi-culturel unique du quidditch européen et les évolutions fonctionnelles nécessaires qu’il implique.
MàJ : quelques heures avant la publication de cet article, l’IQA a officiellement déclaré avoir pris connaissance de la lettre ouverte