‘Les Animaux fantastiques’ illustré : Interview d’Olivia Lomenech Gill
L’édition illustrée du bestiaire ‘Les Animaux fantastiques’ a été publiée en novembre dernier. L’illustratrice, Olivia Lomenech Gill revient sur son expérience de travail dans une entrevue avec son journal local, la Northumberland Gazette.
Son premier travail d’illustratrice est arrivé par hasard, suite à une rencontre impromptue avec le célèbre auteur britannique Michael Morpurgo, en 2009. Celui-ci lui a demandé d’illustrer son livre, Where My Wellies Take Me, publié en 2012. Travailler sur ce livre était le début de quelque chose de particulier pour Olivia et elle admet qu’elle a eu une véritable chance.
«J’ai été assez chanceuse et j’ai obtenu mon premier emploi d’illustratrice par hasard. C’était une chance quand quelqu’un a insisté pour que je rencontre ce très célèbre écrivain anglais. C’était déjà un très grand nom, mais je n’avais aucune idée de qui il était ; mes enfants n’étaient pas encore assez grands pour être saisis par la fièvre Morgurgo ! Nous nous sommes rencontrés, il a vu quelques-uns de mes travaux et environ un mois plus tard, après avoir acheté une partie de mes travaux dans une exposition, il m’a écrit pour dire qu’il souhaitait travailler avec moi pour Where My Wellies Take Me.»
Depuis, Olivia a travaillé avec Bloomsbury pour produire une version entièrement illustrée du bestiaire Les Animaux fantastiques de J.K Rowling. Une vraie opportunité pour une artiste autodidacte qui admet que l’illustration n’est pas vraiment son truc.
« Je fais des petits boulots d’illustration, mais j’aime bien ça. Je me considère toujours comme une artiste, même si je suis autodidacte. L’illustration n’est généralement pas bien payée, donc un illustrateur doit être capable de travailler vite, mais ce n’est pas mon cas je ne suis pas très douée pour ça. Where My Wellies Take Me, par exemple, a pris près de deux ans. »
Elle admet qu’il est très excitant de travailler pour des écrivains célèbres tels que Morpurgo et J.K. Rowling :
« C’est juste un petit boulot, mais j’ai beaucoup de chance de le faire. En vérité, peu importe pour qui vous travaillez, vous vous appliquez de la même manière. »
Chargée de faire revivre les merveilles du monde magique, Olivia a créé une collection éblouissante de créatures magiques magnifiquement illustrées pour le bestiaire. Publié le 7 novembre dernier, cette nouvelle édition retrace les découvertes extraordinaires du célèbre magizoologiste Newt Scamander au cours de ses aventures.
Le projet a permis à l’imagination d’Olivia de voyager autour du monde depuis l’intérieur de son studio de Northumberland. Le résultat final est une série d’images accrocheuses et hypnotisantes. Mais comment cette artiste du Northumberland a-t-elle attiré l’attention de Rowling ?
«Pour ce que j’en sais, quelqu’un à Bloomsbury a aimé Where My Wellies Take Me et a montré cela et un autre de mes travaux à J.K. Rowling. Je l’ai su lorsque mon agent m’a appelé pour me demander de dessiner des dragons ! Apparemment, elle m’avait trouvé du travail. »
C’était une chance qui ne se présente qu’une fois dans une vie et Olivia devait garder secrètes ces nouvelles fantastiques.
« J’ai juré de garder le secret. Quand il s’agit de Harry Potter, tout est sous silence et pendant un an j’ai travaillé sur quelque chose dont je n’avais pas le droit de parler, et que je ne pouvais montrer à personne. »
De son propre aveu, Olivia est très « moldue », avec une connaissance limitée de la saga Harry Potter. Mais elle insiste sur le fait que cela l’a aidée dans le processus de création quand il s’agit des Animaux fantastiques :
«En tant qu’artiste, j’ai toujours été inspirée par les histoires et les récits en tout genre, et cela m’a amené à travailler sur de nombreux sujets différents. Mais peu importe sur quoi je travaille, j’essaie toujours d’en apprendre plus sur le sujet. Il y a peut-être des avantages à être un outsider, sans idées préconçues, et d’avoir une nouvelle approche.
Ce que j’ai le plus apprécié en travaillant sur Les Animaux fantastiques, c’est que cela m’a amené à faire des recherches et à en apprendre davantage sur différentes espèces bien réelles, même si je devais les adapter et les transformer en quelque chose d’autre. Comme je ne suis pas douée pour imaginer de nouvelles choses, je dessine beaucoup ce que j’observe autour de moi.[…] Je pense que si vous examinez l’ordinaire, vous y trouverez de l’extraordinaire. Une fois que vous commencez à être attentif, vous réalisez que nous avons beaucoup de bêtes fantastiques autour de nous. »
Olivia avoue que travailler pour J.K. Rowling apporte une certaine pression.
« Cela a été un énorme privilège mais c’est également une épreuve difficile. Le travail d’artiste est une chose très privée, personne ne voit ce que vous faites à moins que vous ne choisissiez de l’exposer. L’illustration est différente, et Harry Potter, c’est encore autre chose ! J’étais consciente de cet énorme succès pour le travail de J.K. Rowling et le fait que des millions de personnes à travers le monde verraient mon travail, mais il ne fallait pas que j’y pense trop, j’aurais été coupée net dans mon élan. Je devais oublier pour qui je travaillais, ce qui était difficile. »
Le film Les Animaux fantastiques a mis le doute à Olivia, alors qu’elle était à mi-chemin de son travail sur le livre.
«Je n’ai vu aucun des films Harry Potter, et je n’ai pas vu le film Les Animaux fantastiques. J’étais consciente qu’il y aurait de grandes différences entre les interprétations de Warner Bros. et les miennes, mais quand j’ai demandé des informations à Bloomsbury à ce sujet, ils ont dit que ça allait.
Ce qui est génial dans le monde de J.K. Rowling, c’est qu’il a donné naissance à tant d’interprétations différentes des mêmes choses, c’est un monde très généreux à cet égard et c’est génial. Apparemment, quand Newt Scamander rentre chez lui à la fin du film, il dit qu’il va écrire son livre sur toutes les créatures, et c’est le livre que j’ai illustré ! J’ai rencontré Eddie Redmayne lors d’un événement il y a quelques semaines, et j’ai envisagé d’aller le voir et lui dire « Au fait, je viens d’illustrer votre livre », mais je n’ai pas osé ; il se serait sans doute demandé « Mais qui est cette femme complètement folle ?! » »
Olivia a participé à l’émission Countryfile sur la chaine BBC One, elle y parle de ses créations et des paysages du Northumberland où elle puise une grande partie de son inspiration.
« Je m’inspire de Northumberland et de ses environs. Ce qui est drôle, c’est que je ne me suis jamais considérée une artiste de paysage. J’ai une fascination pour les arbres et les plantes en particulier et j’aimerais être ce genre d’artiste mais je suis très mauvaise pour contenir de grands paysages sur un morceau de papier ! J’ai besoin d’un récit, quelque chose comme les ballades de frontières ou les contes folkloriques du Northumberland tels que The Laidly Worm ; c’est ce qui m’intéresse dans le paysage, il doit y avoir une certaine forme de connexion humaine. »
En plus de J.K. Rowling et Michael Morpurgo, Olivia a également travaillé pour Katrina Porteous et Kathleen Jamie, l’une des plus grandes poétesses écossaises de Northumberland.
«Travailler avec la poésie est ce que je préfère et les livres que j’ai faits avec Katrina et Kathleen étaient stimulants et agréables, une bonne combinaison pour faire du bon travail.»
L’illustratrice a organisé un lancement local de l’édition illustrée des Animaux fantastiques chez Lomenech Gill and Fils à Belford, le studio qu’elle dirige avec son mari. Un moment de fierté pour Olivia de présenter son travail à un public local.
Source: northumberlandgazette