William Nadylam (Yusuf Kama) sur l’importance de la représentation dans Harry Potter
L’acteur français qui incarne Yusuf Kama dans le deuxième volet de la saga Animaux fantastiques a donné plusieurs interviews pour promouvoir la sortie en Blu-ray et DVD du film. Si nous avons déjà récapitulé certaines de ses déclarations, il y en a une qui mérite une attention plus particulière : le manque de représentativité à l’écran.
Ce sujet sensible a valu de nombreuses critiques à l’univers de Harry Potter par le passé : si les livres nous proposent peu de personnages noirs (ou issus de minorités) importants, les films réduisent encore plus leur présence à l’écran. De même, leur caractère parfois très stéréotypé, ou secondaire, n’en font pas des modèles de représentation. Notons que ce problème n’est pas limité à l’univers Harry Potter, mais à l’industrie du cinéma dans sa globalité.
C’est l’une des raisons pour lesquelles l’acteur se réjouit d’avoir pu prendre part à l’aventure Animaux fantastiques : “C’est vraiment une bonne chose de créer des icônes noires dans des sagas aussi populaires. Et cela manque en France. Chez nous, on aime Denzel Washington, Laurence Fishburne ou Samuel L. Jackson parce qu’ils sont Américains mais il est difficile de trouver du travail en France quand on est un acteur noir. Je dirais même qu’il lui faut montrer patte blanche”, explique-t-il.
Yusuf Kama est-il réellement un personnage auquel le public voudra s’identifier ? C’est une autre question. William Nadylam, lui, ne doute pas de l’importance d’une telle présence à l’écran : “La fille d’un de mes amis a pleuré parce qu’elle n’avait pas la même couleur de peau qu’Hermione”, confie-t-il à 20 Minutes.
Même si, depuis l’annonce du premier casting de Harry Potter & the Cursed Child, certains fans ont découvert que Hermione pouvait justement être noire, un fait déjà établi dans de nombreux fanarts, les univers de fiction manquent encore de diversité dans des rôles véritablement proéminents. On ne peut pas dire que Seraphina Picquery, Dean Thomas, Yusuf Kama ou Kingsley Shacklebolt soient plus que des personnages d’arrière plan.
Or, on se rend bien compte, avec des productions actuelles comme Black Panther ou Wonder Woman, que voir un personnage qui n’est pas un homme blanc en tête d’affiche a un rôle important à jouer dans la psychologie des minorités. Les autres communautés (qui ne sont pas des hommes blancs hétéro cisgenres) ont besoin de pouvoir s’identifier au héros, de se dire que, eux aussi, peuvent être au centre de leur propre film ; qu’il ne sont pas l’éternel acolyte, le comique de service, le dommage collatéral…
Ce n’est sans doute pas Yusuf Kama qui changera la donne, pas avec la place minime qu’il occupe dans Les Crimes de Grindelwald en tout cas. L’acteur ne sait d’ailleurs même pas si et quand son personnage reviendra dans la saga. Cependant la volonté de William Nadylam d’utiliser sa visibilité nouvellement acquise pour soulever la question de la représentativité mérite d’être soulignée.
Source 20Minutes