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Podcast PLAGE ep. 2 : Comparer Trump et Voldemort

Attrapez votre crème solaire pour ce deuxième numéro de P.L.A.G.E. ( Podcast de Lecture Analytique Gazettienne Estival), le programme d’été d’ASPIC. Au programme cette semaine, on se demande si la comparaison entre Trump et Voldemort tient la route, et plus largement à quoi sert-elle ?

Salem vous emmène dans les coulisses de son article, écrit en 2017, qui a fait l’objet récemment d’une réécriture, pour intégrer le prochain numéro la Gazette du Sorcier version papier (pour en savoir plus sur les précédents numéro de la version papier, c’est par ici). Avec elle et Linus, membre historique du Pôle Rédaction de la Gazette, découvrez le travail collectif qui se cache derrière nos articles d’analyse et d’opinion, et la manière dont ils peuvent s’enrichir et évoluer dans le temps et au contact de points de vue différents.

Animateur : Linus
Invitée : Salem
Graphisme : Salem

Montage : Leely
Transcription : Rowenaz

Ambiance estivale 

Cet été, ASPIC est en mode P.L.A.G.E ! Le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival. Prenez votre tuba, et plongez entre les vagues des articles d’analyse des rédacteurs de la Gazette du Sorcier ! 

Linus (L) : Sorcières, sorciers et moldus, érudits ou curieux, bienvenue pour ce nouvel épisode de P.L.A.G.E, le Podcast de Lecture Analytique et Gazettienne Estival ! Je suis Linus, vétéran de l’équipe de la Gazette du Sorcier et co-responsable du pôle rédaction. Aujourd’hui, je vous propose d’entrer dans les coulisses de l’article « La comparaison Donald Trump-Voldemort tient-elle la route ? » en compagnie de son autrice Salem. Salut Salem ! 

Salem (S) : Salut ! 

L : Comment vas-tu ? 

S : Je vais très bien ! 

L : Est-ce que tu veux te présenter pour nos auditeurs et auditrices qui ne te connaitraient pas ? 

S : Moi c’est Salem, je suis fière Serdaigle comme toi et je suis à la Gazette depuis 2016 ! Donc ça commence à être un petit vieux, pas autant que toi, mais quand même un petit peu. 

L : Pas loin ! 

S : Et je pense que peut-être certains vont reconnaître ma voix parce que d’habitude j’anime le podcast Salut les Sorciers, c’est moi qui dit “Salut les Sorciers !” au début. Mais aujourd’hui j’ai voulu revenir sur mes origines à la Gazette puisque quand je suis arrivée, j’ai été recrutée pour faire de la rédaction d’articles avant de partir dans les podcasts. Donc je veux aujourd’hui vous présenter un de mes premiers articles de l’époque où j’étais rédactrice avant de tourner le dos vers les podcasts. 

L : On va remonter un petit peu le temps avec notre portoloin… Non, notre retourneur de temps ! On va utiliser notre retourneur de temps pour aller consulter cet article en question, qui n’est pas tout récent. Il date de janvier 2017 ! 

S : 2017 ! 

L : De quoi est-ce qu’il parlait ? 

S : A l’époque, en 2017, c’était la super période où on vivait les élections américaines qui ont mené à l’élection de Trump en tant que président des Etats-Unis. Cet article est parti du constat que plusieurs internautes faisaient des analogies entre Trump et Voldemort sur internet. Donc dans cet article j’ai cherché à comprendre pourquoi les gens faisaient cette analogie et est-ce que cette analogie est exacte, est-ce que c’est cohérent de rapprocher Donald Trump et Voldemort. Petite précision sur l’article, c’est un article qui date de janvier 2017 mais il y a eu une réécriture en 2021, il y a très peu de temps, pour actualiser le propos. Donc on va aussi vous parler de pourquoi j’ai décidé de réécrire cet article et de changer un petit peu certains paragraphes, certains points de vue. 

L : Tu t’es crue au Ministère de la Vérité de George Orwell et tu as voulu réécrire l’histoire ! 

S : Exactement ! J’ai rayé l’élection de Trump ! J’aimerais bien… 

L : On va d’abord partir des origines quand même… Peut-être que tu peux nous expliquer comment l’idée de cet article t’es venue ? 

S : Alors ça fait assez longtemps, ça date de 2017 alors je ne me rappelle plus exactement d’où l’idée était venue… Je crois que c’est une des personnes de la Gazette qui avait vu un article passer qui montrait les analogies qui ont été faites entre Trump et Voldemort et qui a proposé cette idée – parce qu’à la Gazette on a tout un espace où on peut proposer des idées d’articles et si ça interpelle quelqu’un il peut rédiger cet article. Donc je pense que c’était comme ça, je sais que ce n’est pas moi qui ai eu l’idée, c’est une idée que j’ai vue mais je ne saurais pas dire si c’était simplement les tweets qui sont passés ou si c’était déjà un article rédigé qui m’a inspirée… 

L : Ça venait donc du cerveau collectif de la Gazette ! 

S : C’est beau… 

L : N’est-ce pas ? L’idée a été collective mais ensuite c’est quand même bien toi qui a préparé cet article, alors comment tu t’y es prise ? Ou est-ce que tu as pu mener tes recherches, sur quelles sources tu t’es appuyée pour construire ce texte ? 

S : Il faut savoir que quand je l’ai écrit ça ne faisait pas longtemps que j’étais à la Gazette et j’avais écris seulement un seul article d’analyse donc ce n’était que le deuxième, en plus sur un sujet historique actuel donc ce n’était vraiment pas ma spécialité. J’ai beaucoup été aidée à l’époque par Puppet, qui était une des membres de la Gazette et qui n’est malheureusement plus avec nous aujourd’hui. Elle est prof d’histoire et elle m’a beaucoup aidée sur ce point de vue analytique de la situation politique. Je me suis basée là-dessus, je me suis également beaucoup basée sur des articles de presse : il y avait un article en particulier de Esquire, un article de BuzzFeed qui recensait tous les tweets qu’ils avaient vu passer, des articles du Huffington Post, de USA Today, qui sont tous des médias en ligne américains, anglophones… Et à partir de ces articles journalistiques et de l’expertise de Puppet j’ai rédigé la première version de l’article. 

L : Très bien ! En écrivant cette première monture – même si à l’époque, évidemment, tu ne savais pas que tu reviendrais dessus quatre ans plus tard – est-ce qu’il y a des choses qui t’ont marquée, que tu as apprises, découvertes… qui t’ont surprise peut-être ? 

S : A l’époque, je trouvais que c’était assez compliqué d’écrire sur quelque chose qui nous arrivait, sur lequel on n’avait pas de recul, quelque chose qui était plutôt effrayant. L’élection de Trump c’était vraiment quelque chose de nouveau, on ne savait pas ce que ça allait donner… Donc c’était très intéressant de travailler avec Puppet pour essayer de comprendre comment on peut essayer d’analyser, de comprendre quelque chose qui se passe en ce moment-même et sur lequel on n’a pas beaucoup de recul, ce qui est assez difficile et ce qui fait comprendre que plusieurs années après j’ai fait une deuxième version de l’article parce que cette fois j’avais le recul nécessaire pour analyser cette situation inédite. 

L : C’est sûr que plus on a de documentation, donc à priori plus le temps passe, et plus il y a de matière pour rédiger. On a eu le temps aussi de se faire une opinion plus construite. Donc cette opinion plus construite c’est ça qui t’a amenée à remettre l’ouvrage sur le métier cette année, ou il  a eu autre chose ?

S : Alors la raison qui a fait ressortir cet article c’est qu’on ressort régulièrement des articles pour les inclure dans la version papier de la Gazette. Le petit moment promo, si vous voulez acheter la version papier, rendez-vous sur Tipee ! Donc quand la personne qui est en charge, Noémie qui fait ces versions papier, veut inclure nos articles dans la version papier, elle nous demande de les relire pour voir… les réduire parfois en nombre de caractères pour que ça rentre dans les encarts dans lesquels il y a besoin, et surtout pour voir s’il y a des fautes d’orthographe, des choses comme ça qui seraient passées à la trappe. Et en relisant l’article pour répondre à ces besoins, je me suis rendu compte que depuis 2017 il y avait certains propos qui avaient besoin d’être mis à jour et qui avaient besoin d’être changés. J’ai été aidée cette fois par Marjolaine et Syel qui m’ont donné un coup de main pour mettre à jour cet article. 

L : Ce coup de main il a consisté en quoi ? Est-ce que ça a été plus sur l’analyse, sur la recherche de sources… ? 

S : En fait, j’avais déjà réécrit une première version où j’avais rajouté quelques sources personnelles, notamment des travaux de recherche que j’avais lus pendant mes études. J’ai pas mal travaillé pendant mes études sur les fan studies, les études des fans, donc il y avait certains des comportements qui étaient décrits dans l’article sur lesquels je savais beaucoup plus de choses maintenant, donc j’ai pu étayer ces propos. Il y a aussi Marjolaine qui a relu l’article et qui m’a dit « Mais en fait ton article il est hyper négatif sur les fans alors qu’il y a des travaux de recherche qui prouvent que quand on utilise une analogie comme ça, ce n’est pas parce qu’on ne connaît rien et que nos seuls références c’est Harry Potter, mais c’est parce qu’on utilise ces références pour essayer de comprendre une situation qui a est extrêmement complexe et pour enclencher des mécanismes de résistance ».  Elle venait justement de lire les travaux d’Anne Besson, qui a écrit le livre « Les pouvoirs de l’enchantement » sur lequel elle a rédigé un article sur le site de la Gazette, si je ne me trompe pas. Donc elle m’a apporté certains éléments qu’elle avait pu lire dans le livre. Enfin, j’avais beaucoup de mal à écrire une conclusion sur cet article maintenant qu’on avait deux propos plus nuancés, et cette fois c’est Syel qui m’a aidée. D’ailleurs, toute la conclusion est entièrement d’elle parce qu’elle a fait une magnifique conclusion, je n’avais pas une virgule à changer ! J’ai eu l’aide de trois personnes au total avec ces deux versions pour rédiger l’article. 

L : C’est vrai que cet article, maintenant, montre vraiment bien l’intérêt de rattacher une situation réelle à ce qu’on peut trouver dans la littérature et en même temps apporte des nuances nécessaires. Je trouve ça vraiment intéressant et bien amené parce qu’on la retrouve au final dans presque chaque paragraphe, cette touche de nuance ! 

S : Je pense que c’est aussi venu en travaillant pas mal sur les fan studies parce que c’est vrai que d’un point de vue extérieur, et je pense qu’on pouvait le voir dans l’article originel, souvent on pense que les fans c’est des gens un peu bêtes, qui regardent avec des oeillères l’objet dont ils sont fans, et en fait pas du tout ! Il y a plein d’études depuis qui ont montré qu’ils avaient un immense pouvoir réflexif et un immense pouvoir de résistance avec les choses avec lesquelles ils ne sont pas d’accord. Je ne sais plus pourquoi je disais ça… 

L : On va retrouver ! Effectivement le fait de passer par le prisme de ce qu’on connaît, à partir du moment où on prend du recul ensuite, si c’est un point d’entrée, ça veut dire qu’on cherche à se raccrocher à ce qu’on connaît pour réussir à mieux comprendre une situation donnée. C’est vrai que c’est plutôt pertinent. L’idée, et je pense que c’était ça le biais de ton article originel si j’ai bien saisi ce que tu disais tout à l’heure, c’était que le risque c’est de rester sur cette situation d’entrée où on ne fait que s’appuyer sur l’oeuvre finalement pour comprendre le monde. Alors que l’idée c’est d’entrer par là et ensuite d’élargir son horizon de pensée ! 

S : C’est ça, exactement ! De creuser plus profondément et de ne pas rester en surface. Et c’est aussi quelque chose que j’ai pu voir que j’ai écrit l’article, ça ne faisait pas longtemps que j’étais à la Gazette, et ça ne faisait pas longtemps que j’étais investie dans un fandom. Je n’avais pas du tout la même vision de comment les gens peuvent s’approprier la chose et creuser beaucoup plus derrière. Maintenant, au bout de plusieurs années à la Gazette je vois à quel point on peut réussir à utiliser Harry Potter comme point d’entrée sur un propos et après creuser extrêmement profondément. Je pense que vous pourrez le témoigner avec tous les articles qu’on a pu rédiger ! Aller vraiment très profondément sur certains sujets et dépasser complètement le simple truc « Ah c’est un méchant comme le méchant de l’histoire ». 

L : Et puis à l’époque, même si je dis à l’époque et que ça fait 4-5 ans, mais c’est vrai qu’en France on utilisait encore assez peu la pop culture pour traiter de sujets sérieux. 

S : Oui. 

L : Même il y a 4-5 ans. Et donc on avait un peu moins ce regard là. 

S : Oui c’est un courant assez récent en France d’avoir cette vision… 

L : On en était encore aux utilisations un peu caricaturales finalement, on utilise une œuvre en faisant des comparaisons pas toujours pertinentes, notamment sur le personnage de Voldemort, où le sujet pouvait être un peu glissant. Je trouve que tu t’en es vraiment bien sortie à la réécriture, au moins ! Je n’ai plus l’article original en tête, mais à la réécriture tu t’en es bien sortie, je trouve. 

S : Après, Trump reste un personnage qui, en France, n’a pas beaucoup de supporters. Je ne me faisais pas trop de souci en le dénonçant au même rang que Voldemort et en disant qu’en fait c’est même pire que Voldemort dans l’article, parce qu’il est conséquence de choses bien réelles qui nous touchent au quotidien. Ce n’était pas non plus un énorme risque de dire ça ! 

L : C’est vrai. 

S : Mais c’est vrai que parler politique, surtout quand on n’a pas l’habitude de le faire, c’est toujours un peu effrayant. On se dit qu’on va peut-être dire des bêtises et que tout le monde va se moquer de nous, mais en fait ça va ! 

L : De toute façon on a le droit de dire des bêtises ! L’important c’est de reconnaître qu’on en a dit, éventuellement, après. 

S : Et de modifier son article quatre ans après pour enlever toutes traces ! 

L : Ce n’était pas pour enlever des bêtises, c’était pour élever le débat, la discussion. C’est encore plus intéressant dans ces cas-là ! 

S : Et être un peu moins négative aussi. Je pense qu’il y avait aussi du fait qu’écrire un article au moment où quelque chose de négatif vient d’arriver, forcément on écrit un article qui est plutôt négatif alors qu’aujourd’hui, quand on a pu voir toutes les résistances qui ont été mises en place depuis, on a une vision un peu plus d’espoir dans la rédaction de l’article. 

L : Il y a probablement ça comme différence entre ces deux versions de ton article, c’est la version initiale était vraiment sur les personnages Trump et Voldemort et finalement maintenant, peut-être que tu parles aussi plus des fans. 

S : Oui ! 

L : Plus que seulement des personnages. 

S : Je pense que j’avais un peu oublié, quand j’avais rédigé la première version, que c’étaient des personnes qui faisaient cette analogie. Je m’étais trop concentrée sur l’analogie en elle-même et pourquoi elle n’était pas pertinente, parce que ce n’est pas forcément les mêmes personnes. Alors que la nouvelle version cherche vraiment à comprendre pourquoi des personnes ont eu besoin de faire cette analogie à un moment critique de l’histoire. Et ce que ça a apporté. Après je ne dis pas que tous les mouvements contestataires de Trump sont intervenus aux Etats-Unis grâce au fait que des gens l’ont comparé à Voldemort mais je pense qu’il y a certaines personnes qui ont peut-être été un peu sensibilisées, ou du moins rassurées sur la situation grâce à cette analogie. J’espère ! 

L : Sûrement. Et puis je pense aussi que tu es peut-être moins partie sur une comparaison vraiment à l’identique des deux personnages, avec le recul. Parce qu’aussi graves aient pu être les propos et les actions de Donald Trump, au final, c’est vrai que Voldemort a quand même été comparé aussi à des personnages au parcours un chouïa plus dramatique, quand même. Mettre de la nuance dans l’article permet de montrer qu’on les compare mais qu’il n’y a pas d’identification entre les deux. 

S : C’est ça. Mais ça, encore une fois, c’est grâce à toute l’équipe qui a relu l’article et qui a apporté sa vision du propos. C’est quelque chose qui est constant à la Gazette. Quand quelqu’un rédige un article, il y a toujours quelqu’un qui passe derrière, en particulier si c’est des articles d’analyse, pour dire « Bah non, ça tu aurais pu le dire autrement », « Ça, il y a telle source qui pourrait être intéressante pour toi »… D’avoir une relecture des années après par d’autres personnes qui à l’époque n’étaient même pas à la Gazette permet de remettre le propos à jour. 

L : C’est sûr qu’on a l’habitude de faire la relecture au quotidien, en cours de rédaction…

S : Surtout toi ! 

L : Mais y revenir quatre ans plus tard, c’est encore plus intéressant. Surtout que là c’est aussi à toi de décider ce que tu veux modifier dans l’article, et tu te retrouves avec deux casquettes à la fois : la casquette de relectrice et la casquette de l’autrice ! Qu’est-ce qu’il faut conserver de l’autrice d’il y a quatre ans et qu’est-ce que l’autrice d’aujourd’hui peut se permettre de retirer pour que ce soit… ? 

S : Il faut avoir un peu de bienveillance avec le soi d’il y a quatre ans et ne pas dire « Oh, tu ne connaissais rien à la vie encore ! Tu ne savais pas ce qui allait se passer ! ». 

L : Il ne faut pas tout effacer effectivement. 

S : C’est ça. 

L : Ce n’est pas forcément facile… 

S : Quand j’ai relu l’article pour la première fois, je me suis dit « Ah mais il manque plein de choses ! ». Déjà, il ne se base que sur des articles de presse, alors que maintenant que j’ai fait des études universitaires et qu’on m’a pris à faire un travail de rédaction, je me suis ouverte à une autre manière de rédiger, donc je trouve que c’est très limité d’utiliser que des articles de presse ! Bon, évidemment au moment même où je l’écrivais c’était un événement actuel donc je ne pouvais pas trop faire de recherches dans le passé mais ne pas avoir essayé de creuser pour aller dans des thèmes… – parce que ce n’est pas un phénomène nouveau que des gens comparent Voldemort à d’autres personnages plus ou moins négatifs que Trump. Et ça fait qu’il y avait des trous dans cet article qui ont pu être comblés avec cette relecture. 

L : Est-ce qu’en faisant cette relecture, en faisant peut-être des nouvelles découvertes pendant tes recherches, ça t’a donné des idées de nouveaux articles sur ce sujet ? La comparaison entre des personnages de la vie réelle et Harry Potter, ou des situations politiques peut-être ? 

S : Je ne me suis pas posé la question d’écrire de nouveaux articles. Ça m’a donné envie de lire le livre d’Anne Besson que Marjolaine m’avait recommandé et qui porte justement sur la résistance que les fans peuvent avoir. C’est un peu mon côté « J’adore les études sur les fans ». Mais c’est vrai que quand je lis des choses sur les fan studies, je les mets toujours en parallèle avec ce que je connais de l’univers Harry Potter parce que c’est ce que je connais le mieux et ce sont les fans que je côtoie, donc je peux mettre en parallèle. Si je mets la main sur ce livre un jour, je pense que la lecture sera faite en pensant au fandom Harry Potter et peut-être que de cette lecture naîtra un article.

L : Peut-être qu’il y aura des idées qui vont surgir ! 

S : Sur la résistance… Cet aspect de la résistance dans le fandom Harry Potter a beaucoup été étudié par le chercheur Henry Jenkins qui a fait un gros travail, qui est un des fondateurs des études sur les fans. Il a analysé la Harry Potter Alliance, qui ne s’appelle plus Harry Potter Alliance, justement… C’est Fandom Forward ? C’est ça. De ce côté-là, je n’ai pas besoin de faire un parallèle avec Harry Potter parce qu’il y a en déjà un très bon qui a été fait, mais qui une fois de plus montre ce besoin de creuser plus loin, puisqu’on vient d’apprendre qu’Harry Potter Alliance décidait de se détacher un peu d’Harry Potter en s’appelant Fandom Forward pour explorer d’autres fandoms et pouvoir aller plus loin dans leur engagement. Même s’ils sont nés du fandom Harry Potter. Il est chouette le fandom Harry Potter ! 

L : D’ailleurs, on voyait dans ton article que cette pratique de partir d’une oeuvre de fiction pour comprendre le monde réel ce n’était pas uniquement Harry Potter, puisque dans un extrait que tu mettais justement pour nuancer et montrer un peu les limites de cette pratique, on parle de Rowling, de Tolkien et de George Lucas. Effectivement, ce sont trois grandes sagas assez majeures qui ont une fanbase assez conséquente, notamment aux État-Unis, et qui ont dès l’origine eu ce regard. Ce n’est pas quelque chose de nouveau d’analyser le monde à l’aune de la fiction. 

S : Surtout que leurs histoires sont vachement inspirées des problèmes politiques réels. Tolkien a fait la première guerre mondiale, ça se voit dans ce qu’il a écrit. Rowling ne cache pas non plus qu’elle s’inspire de certains faits réels pour écrire Harry Potter et toute la situation avec les Mangemorts et le Ministère de la Magie. 

L : Même si tous, ensuite, essaient de se détacher… de dire « Non, ce n’est pas une allégorie, ça ne symbolise pas tel ou tel événement, tel ou tel personnage. » Tolkien, notamment, a eu beaucoup à la dire ! Rowling un petit peu aussi, même si elle a dit le contraire à d’autres moments avec une justesse…-

S : On a l’habitude avec elle d’avoir plusieurs versions. 

L : C’est ça. 

S : C’est intéressant de voir comment les faits réels peuvent influencer la fiction qui elle-même va influencer comment les gens interprètent les faits réels. C’est une méta-analyse de la politique avec la fiction ! 

L : Il y a des œuvres qui s’y prêtent plus que d’autres. En sortant du monde magique, il y a des œuvres qui sont régulièrement utilisées pour faire ça. Une en particulier qu’on retrouve très très fréquemment ces dernières années c’est 1984, qui se voulait une critique…-

S : C’est très politique, donc forcément… 

L : Il y a des choses moins politiques aussi. On trouve la même chose en termes de religion… Toujours sur des sujets polémiques et sur lesquels c’est toujours un peu délicat de parler publiquement. 

S : Justement, ça facilite un peu de prendre ce biais fictionnel pour en parler. Ce n’est pas forcément facile de parler de politique mais critiquer un personnage politique de fiction c’est beaucoup plus simple parce que tout le monde s’accorde que Voldemort c’est le méchant, alors qu’il y peu y avoir des désaccords sur : est-ce que Trump c’est le méchant ou pas ? Faire une analogie permet un peu de se protéger, de pouvoir plus facilement amener cette critique, et après de dire aux gens « Regardez, il y a quand même vachement de points similaires entre les deux personnages ! ». 

L : Ensuite, il faut faire bouger son curseur pour comprendre à quel niveau ces points similaires sont importants, sont vrais… Les conséquences pourraient être plus ou moins identiques aussi. Mais ça on ne peut pas toujours le prévoir. 

S : Oui, et c’est plus facile quand on connaît la fin du livre que dans une situation où on ne sait pas ce qu’il va se passer après. 

L : Exactement ce qui t’est arrivé finalement, avec le mandat de Trump ! 

S: Attends, il peut revenir ! Enfin je touche du bois… 

L : Pas avant trois ans ! Il n’est pas vraiment parti d’ailleurs pour le moment… En tout cas, il a clairement changé la société américaine et le parti républicain. Il a laissé une trace. Une trace qui perdure, alors que dans Harry Potter, à priori dans l’entre-deux guerres et – on peut supposer – après la guerre, même si on connaît moins ce qu’il s’est passé derrière, la trace est plutôt atténuée. 

S : C’est tout l’enjeu de la Gazette, c’est qu’on essaie de faire un peu d’actualité, et il y a certains de nos vieux articles (si un jour vous vous ennuyez et que vous allez dans les archives) dont le propos n’est peut-être plus à jour. Mais on y travaille ! Les articles sont remis à jour de temps en temps, quand on fait une version papier, quand il y a un événement qui ressurgit… 

L : Là, ton article tu as décidé de le reprendre, de le modifier, de le compléter d’ailleurs plus que de le modifier, mais parfois – souvent d’ailleurs ! – à la Gazette, on se fait plutôt des « pour aller plus loin »… On prend une suite, on peut prendre le contrepied d’un article plus ancien… 

S : C’est intéressant de voir ce qui a été pensé à une époque et de voir maintenant, avec de nouveaux éléments… 

L : Ou simplement l’envie d’exprimer une opinion différente, soit avec les mêmes sources soit avec des sources plus récentes… Je pense que c’est intéressant, c’est ce qui permet de se faire une opinion, d’avoir des avis contradictoires. 

S : Justement je voulais faire un petit appel aux auditeurs, ou plutôt aux lecteurs des articles. Quand ils tombent sur des articles d’analyse, c’est super intéressant d’avoir des gens qui réagissent, souvent avec des gros paragraphes, sur le propos de l’article pour donner leur point de vue ! Ça permet d’avoir d’autres points de vue que ceux de l’équipe qui ont fait la relecture de l’article et peut-être de faire une nouvelle version de l’article avec ces nouveaux points de vue. 

L : Un article réponse… Un article nuance… 

S : Ou de se battre dans les commentaires pour son opinion ! Ça arrive… C’est hyper stimulant d’avoir des sujets comme ça sur lesquels discuter. 

L : C’est vrai ! 

S : Envoyez-nous vos commentaires ! Sauf s’ils sont négatifs ! 

L : Salem, je pense qu’on peut se donner rendez-vous pour la sortie de la prochaine version papier dans quelques mois… 

S : Tout à fait ! 

L : … pour retrouver cet article dedans, et bien d’autres évidemment ! Vous pouvez découvrir ou réécouter les autres épisodes de la série P.L.A.G.E que vous pourrez retrouver sur le flux du podcast ASPIC, ainsi que sur le site et les réseaux sociaux de la Gazette. Nous remercions chaleureusement tous les tipeurs et toutes les tipeuses qui nous permettent de vous offrir toujours plus de contenu. 

S : Merci ! 

L : Et pour finir, chère auditrice, cher auditeur, n’oublie pas…

Tous : MOUILLE TA NUQUE D’ABORD !

En attendant la sortie du prochain numéro de la Gazette version papier pour retrouver cet article inspirant, vous pouvez vous procurer le précédant numéro sur notre page Tipeee en choisissant la contrepartie « feuille de chou » (10€). Et pour allez plus loin sur le sujet, rendez-vous sur le compte-rendu de l’ouvrage d’Anne Besson cité dans l’épisode : « Les Pouvoirs de l’Enchantement ».

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