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La face cachée du monde des sorciers

Qui n’a jamais rêvé de recevoir sa lettre pour Poudlard, de se découvrir des origines ou des pouvoirs magiques, de pénétrer dans le monde enchanteur où les hiboux remplacent nos vulgaires emails, où ce qui semble un simple morceau de bois ouvre la voie aux pouvoirs les plus extraordinaires, où même les objets les plus banals prennent vie, s’animent, sont dotés de pouvoirs étonnants. Mais le monde de Harry est-il si féerique que l’on a tendance à le voir ? En ce jour anniversaire de la comparution plus qu’injustifiée de Harry devant le Mangenmagot, La Gazette publie deux articles de Wendy et Shelbock décryptant les aspects les moins attirants du monde des sorciers.


Car, en effet, le monde des sorciers lui aussi possède ses parts d’ombre, et n’a parfois rien à envier au nôtre !

Un monde clos sur lui-même

Alors que les moldus sont entrés depuis plusieurs siècles dans une dynamique d’ouverture sur le monde, et depuis quelques dizaines d’années dans un processus de mondialisation qui multiplie les échanges entre individus éloignés, inconnus et de différentes cultures, le monde magique est un monde clos sur lui-même, insensible à toute idée de progrès ou d’ouverture sur d’autres systèmes de pensée que ceux qui perdurent depuis des siècles.

Cela peut être tout d’abord lié à la faible population de sorcières et de sorciers qui pousse à créer une société où tous se connaissent, et donc où tous se replient les uns sur les autres. Notre faculté de Magicologie ayant conclu qu’il y avait environ 40 élèves par an à Poudlard, multiplions ce chiffre par 80 (ce qui est environ l’espérance de vie à la naissance d’un Britannique), cela nous ferait environ 3 200 sorciers en vie sur le territoire britannique. Il serait exagéré de prétendre que tout le monde connaît absolument tout le monde, mais il faut bien avouer qu’en prenant compte de l’importance de la famille, des possibilités de carrière et de lieux de travail relativement restreints, et de la concentration de tous les élèves dans une seule et unique école, on envisage facilement une société de l’entre-soi, où chaque sorcier connaît au moins de nom ou de réputation les autres sorciers auxquels il est confronté.

Il est en effet évident que plus une communauté humaine est petite, plus elle sera fermée sur elle-même, le système de proximité sociale poussant à un entre-soi qui favorise le repliement sur elle-même de la communauté en question. Plus qu’une simple conséquence de la quantité de population, le repliement sur soi-même semble être dans la communauté magique une pratique culturelle ancrée dans l’inconscient collectif et liée à leur Histoire. La violence de la persécution des sorciers par les moldus entre les XIVème et XVIIème siècles a probablement poussé les sorciers à se replier sur eux-mêmes et à fuir tout contact avec la communauté non-magique, processus qui atteignit son summum en 1689 avec la signature du Code International du Secret Magique. Et bien que ce Code ne vise qu’à cacher le secret magique et la communauté des sorcières et sorciers (et non à empêcher tout contact), on peut estimer qu’il serait né à la fin du XVIIème une peur (ou, plus vraisemblablement, une haine) du moldu qui a poussé les sorciers à ne vivre que dans l’entre-soi.

Mais revenons à nos moutons, quelles sont les conséquences de cet entre-soi ? Elles sont immenses et multiples. Globalement, on peut affirmer que, comme tout monde fermé sur lui-même (sans vouloir aller jusqu’à comparer le monde des sorciers à l’URSS ou à la Corée du Nord, on pourrait envisager un parallèle avec certaines structures sociales (castes…) où ce sont les contraintes culturelles et surtout familiales qui priment), le monde des sorciers tend à réduire les libertés individuelles et à réduire la curiosité intellectuelle manifestée envers la différence, l’Autre. Quelques exemples :

 Le monde magique est complètement fermé au monde moldu. Plus qu’une simple dissimulation, il s’agit d’une réelle séparation culturelle et sociale qui s’est opérée entre les deux mondes. Le Code du Secret prévoit en effet l’interdiction de révéler le secret magique, mais pas l’interdiction pour des sorciers de fréquenter des moldus. Qu’est-ce qui empêcherait en effet un sorcier d’avoir des amis moldus et de les fréquenter sans leur révéler ses pouvoirs ? Qui se ressemble, s’assemble, me diriez-vous, mais on peut envisager de nombreux cas dans lesquels une situation ‘inhabituelle’ pourrait se produire, comme des relations d’enfance d’un enfant né-moldu (Hermione ou Lily, par exemple, n’en conserveront, à notre connaissance, aucune) ou même de relations de voisinage. Si cela n’arrive jamais, c’est parce qu’il y a une véritable séparation entre deux mondes qui n’ont plus rien à voir l’un avec l’autre. D’un point de vue culturel par exemple, les sorciers sont restés statiques, bloqués dans leur us, leurs moeurs, leurs coutumes au XVIIème siècle moldu ; en témoigne l’habillement, notamment. Mais c’est surtout du point de vue des mentalités que l’opacité de la séparation entre les deux sociétés s’exprime le plus. Dumbledore, par exemple, est bien le seul « grand sorcier » (et probablement le seul sorcier) à lire la presse moldue. Plus significatif encore, le mariage, notamment, entre membres des deux communautés semble totalement prohibé, mal vu par la société magique. Nous ne prendrons pas pour nous justifier l’exemple, trop simple, de la réaction de la famille Gaunt, mais celui, beaucoup plus révélateur, des récentes révélations de Pottermore à propos de la naissance de Minerva McGonagall.

 Le sorciers sont en permanence tournés vers la magie et ne peuvent vivre (voire survivre) sans elle. C’est dans leur éducation que cette part de leur inconscient qui donne à la magie une place obsessionnelle se révèle le plus. Les matières enseignées à Poudlard concernent toutes de près ou de loin la magie, et la pédagogie sorcière semble penser totalement légitime de priver les jeunes sorciers de toute connaissance qui ne relève pas de l’utilisation de la magie : mise à part l’Histoire de la Magie, aucune notion de culture générale n’est enseignée, les élèves se passent non seulement de lettres, de langues et de cultures abstraites, mais aussi des substituts à la magie que sont les sciences et techniques moldus. Or, toutes ces connaissances ne nous semblent pas être que de simples substituts aux pouvoirs magiques, mais des aptitudes annexes qui peuvent être complémentaires aux pouvoirs magiques : l’usage de la magie sans esprit logique, sans quelques connaissances des nombres ou sans vagues idées sur la physique semblerait bien hasardeuse et la communication internationale est largement freinée par les lacunes linguistiques des sorciers.

 Ainsi, les sorciers se retrouvent coincés dans un monde d’où ils ne peuvent sortir tant l’écart culturel est important. En effet, jamais aucun personnage n’a exprimé le vœu de vivre avec des moldus ou de travailler à leur contact. Mr Weasley est l’exemple typique d’un désir, d’une passion, refoulé. En effet, lui dont l’attirance pour le monde moldu est connue de tous et sujet de plaisanteries chez la plupart, reste malgré tout un sorcier intégré dans le monde des sorciers. Certes, il travail en étroit contact avec le monde des moldus, mais il travaille avant tout pour le Ministère de la Magie et, même s’il en éprouve probablement le désir au fond de lui-même, il n’a jamais travaillé et ne travaillera jamais directement dans le monde des moldus et/ou pour les moldus. Pourtant, ce personnage aurait été tellement plus heureux dans une telle situation. Non seulement, à celui qui est déjà qualifié de « traitre à son sang » un tel comportement aurait probablement valu une quasi-exclusion de la communauté magique, mais, de toute manière, un tel projet est culturellement impensable pour un sorcier et peut-être n’y a-t-il jamais pensé lui-même. L’écart culturel est en effet trop grand, et les questions qu’il pose sans cesse à Harry lorsque celui-ci vient passer l’été au Terrier témoignent que même un passionné comme lui n’a jamais totalement saisi les subtilités de la technologie moldue. Comment donc un homme qui ne comprend pas les outils dont se servent les moldus et, qui plus est, qui n’a jamais reçu la moindre formation en mathématiques, en économie, ou en sciences pourrait-il travailler pour une entreprise moldue ?

À société fermée, économie limitée

Nous venons de mettre le doigt sur quelque chose : le travail, l’économie, la formation… Dans un monde où la seule formation que l’on reçoit est basée sur un seul domaine d’activité (la magie), comment pourrait-on avoir une économie diversifiée ? Dans le monde des sorciers, aucune activité économique ne semble pouvoir se faire sans la magie. Cette présence de la magie dans l’économie a ses bénéfices, certes (elle favorise l’innovation, élargit considérablement le champ du « techniquement possible »…), mais elle créé avant tout une économie limitée et, surtout, artificielle. Le nombre de sorciers nécessaire pour faire tourner cette économie est en effet très limité.

En effet, chez les sorciers, c’est aussi la rareté, mais avant tout la qualité magique d’un objet qui crée sa valeur. Et, cette qualité, puisque chaque sorcier possède des pouvoirs magiques, est liée avant tout à la puissance du sorcier et à sa spécialisation dans le domaine magique en question. À la différence de l’économie moldue où, de la conception technique à la fabrication d’un objet, de nombreux corps de métier entrent en jeu, la création d’un bien magique ne nécessite qu’un seul sorcier qui doit être, si ce bien se veut compétitif, le meilleur dans son domaine d’activité. Les exemples d’Ollivander, de Gregorovitch, des jumeaux Weasley, ou de Bertie Crochu, sont tout à fait signifiants.

Ainsi, l’économie privée de production étant généralement solitaire, seuls les meilleurs sorciers peuvent espérer s’y intégrer. Quelques autres sorciers travaillent dans des petits services de proximité (Magicobus, magasins du chemin de Traverse ou de Pré-au-Lard…) ou de plus grosses structures comme La Gazette du Sorcier, la RITM, Gringotts ou les clubs de Quidditch, mais ces secteurs d’activités semblent tout à fait minoritaires dans une économie magique où les médias sont peu diversifiés et de quasi-monopoles, et où les lieux de commerce se résument à deux ou trois places de petite envergure tout au plus.

Mais l’aspect qui fait de l’économie magique une économie artificielle est avant tout la concentration massive de la population active dans le système public (Ministère de la Magie, Poudlard et hôpital Ste Mangouste). Car c’est bien vers le système public, la bureaucratie, que se tournent la plupart des élèves de Poudlard. Si l’on tient compte de l’emphase avec laquelle ceux-ci sont tous décrits dans les livres, il semblerait bien que ce soit dans ces lieux-ci que se retrouvent la plupart des emplois magiques. Et, en effet, d’un point de vue logique, c’est dans ces lieux-ci, contrairement aux autres, que l’on retrouve toutes les catégories d’emplois, du bas de l’échelle sociale (secrétariats et autres services de conciergerie) au plus haut (Aurors, chefs de département du Ministère, professeurs de Poudlard,…).

En plus d’être une économie dépendante de son service public en termes d’emplois, l’économie magique est artificielle par la totale absence de toute forme de secteur primaire. Certes, on retrouve avec la bièraubeurre ce que l’on pourrait identifier à notre secteur agro-alimentaire, mais l’agriculture est totalement absente du monde des sorciers. Logique, puisque ceux-ci cantonnent leur économie à la magie et que la nourriture fait partie des cinq exceptions aux lois de Gamp sur la métamorphose élémentaire. Mais un système économique – et même humain – ne peut survivre sans nourriture, c’est pourquoi le système économique magique est artificiel puisqu’il est totalement dépendant du système économique moldu pour ce qui est essentiel à leur vie : la nourriture et cette société qui se veut une société fermée – supérieure, pour certain – est en réalité en contact constant et nécessaire avec la société moldue pour se fournir sa subsistance.

La magie n’élimine pas les inégalités et discriminations

Contrairement à ce que nombre d’entre nous ont rêvé durant une bonne partie de leur enfance, la magie ne supprime pas le malheur. Les inégalités et discriminations existent tout autant dans le monde magique que dans le monde moldu, le démontrent les combats pour les « types » de sorciers ou de créatures défavorisées menés par Hermione.

La pureté du sang… Certes, cette notion n’est limitée dans son extrême fanatisme qu’à un nombre très limité de famille (dont au moins un membre a toujours servi dans les rangs des Mangemorts), mais cette classification prend tout de même son importance dans la société. En effet, même si les « sangs-de-bourbe » ne sont de réels parias que du point de vue d’un nombre extrêmement limité de familles de sorciers (dont, à force de consanguinité, on peut douter des dispositions psychiatriques), l’insulte semble tout de même faire partie de la culture sorcière, et elle fait même rire une certaine frange de cette communauté sans que celle-ci ne soit forcément ralliée aux Mangemorts. Zabini Blaise, Pansy Parkinson, Marcus Flint, les joueurs de l’équipe de Serpentard… Tous ces personnages n’ont pas de parents Mangemorts et ne font pas partie d’une des rares familles de sang-pur, ce qui ne les empêchent pas de rire à gorge déployée aux insultes de Malefoy envers les nés-moldus. La position d’anti nés-moldus, comme la xénophobie dans le monde moldu, serait donc une opinion que tout le monde a et que personne n’a, que quelques-uns seulement osent dénoncer ou endosser, mais que la plupart se contentent d’avoir plus ou moins, n’étant pas d’un fanatisme aveugle, mais sachant à bon escient rire des blagues à ce sujet.

D’autre part, et plus important encore, ce sont ces rares familles de sang-pur et les sorciers qui possèdent une forte sympathie pour la théorie de la pureté du sang qui possèdent les postes les plus importants au Ministère et, par conséquent, les clefs du pouvoir et de la société magique. Cornelius Fudge, qui selon les dires de Dumbledore accorde « beaucoup trop d’importance à la prétendue pureté du sang », est longtemps resté Ministre de la Magie ; la famille Malefoy, dont les positions ne sont plus à prouver, possède une influence extraordinaire auprès du Ministère ; Barty Croupton, sang-pur, a loupé une carrière de Ministre et a été directeur des départements de la Justice Magique et de la Coopération Magique Internationale ; Amelia Bones, dont on peut présumer (sans certitude) la pureté du sang à la taille de la famille, a été directrice du Département de la Justice Magique…

L’économie magique reposant en grande majorité sur une bureaucratie, toute tentative pour former une méritocratie magique, où la position professionnelle dépendrait de la puissance des pouvoirs magiques, ne peut réellement se faire que dans un secteur privé lui-même limité. Même si quelques exemples existent (Croupton, ou Dumbledore à qui l’on a proposé le poste de Ministre pour ses qualités magiques), le monde du Ministère (qui compte, encore une fois, la plupart des emplois, et surtout des emplois prestigieux) est un monde de l’entre-soi magique, où l’usage culturel sorcier est un véritable monopole et où les vieilles familles se retrouvent et l’entre-favorisent. En témoigne l’influence de Malefoy, bien entendu, mais aussi et surtout la position de Mr. Weasley qui, malgré son statut de directeur de service au sein du Département de la Justice Magique (le plus important et le plus prestigieux), reçoit un salaire de misère qu’on pourrait hypothétiquement relier à ses opinions politiques, à sa passion pour les moldus, et à son statut de traitre à son sang.

Mais c’est surtout envers l’ensemble de tout ce qui est « non-sorcier » que la communauté magique montre une expression claire et marquée de son dégout. Ce dégout du « non-sorcier » s’exprime bien évidemment envers les créatures magiques dont certaines, aux comportements pourtant tout à fait « humains » (capacité à ressentir des émotions, processus de différenciation individuelle, ambition, effet de groupe…), comme les elfes de maison, les centaures ou les gobelins, sont pourtant traitées par l’écrasante majorité des sorciers comme des créatures inférieures, sommées de travailler pour eux (elfes de maison) ou de se soumettre sans réelle possibilité d’opposition à un droit qu’ils ne reconnaissent pourtant pas (gobelins).

En ce qui concerne les moldus, quasiment chaque sorcier possède, quand ce n’est pas une franche antipathie, une profonde ignorance (à quoi bon donner des cours d’étude des moldus si seule Hermione les suit ?!) qui les pousse à envisager les moldus comme des créatures aux capacités intellectuelles largement inférieures aux leurs. En témoigne la façon dont Mr Weasley (même lui !) s’adresse aux Dursley et surtout à Dudley lorsqu’il vient chercher Harry pour l’emmener à la Coupe du Monde.

Mais le dégout pour ce qui est « non-sorcier » se manifeste d’une manière plus sordide encore envers les cracmols, qu’on cantonne généralement aux métiers les plus dévalorisants (Rusard) ou qu’on pousse à s’insérer dans le monde moldu (Mrs Figg). Ce profond rejet s’exprime dès l’enfance d’un sorcier pour lequel on pourrait émettre des doutes quant à ses capacités magiques, telle qu’en témoigne la peur de la famille Londubat au sujet de Neville ou encore les théories de Rita Skeeter sur la famille Dumbledore. La naissance d’un cracmol dans une famille de sorciers est considérée comme une terrible honte, témoignant bien du rejet qu’expriment les sorciers face à ce qui est dénué de magie.

Le « tous pourris » politique n’a pas été effacé par la magie

C’est dans leur mode de gouvernement, dans leur administration et dans leur système législatif et judiciaire que les sorciers semblent avoir le moins de leçons à donner aux moldus. Le Ministère de la Magie britannique semble, en effet, être une grossière caricature des systèmes politiques moldus et n’avoir rien à envier à nos gouvernements – quoi qu’on puisse penser d’eux. Flou total sur la façon dont sont nommés les Ministres qui, aussi impopulaires soient-ils, n’ont jamais de mandat pour limiter leur action (Fudge, Scrimgeour et Thicknesse finissent tous trois leur mandat par mort ou par démission, jamais par achèvement de leur mandat), absence de la séparation classique des pouvoirs (législatifs, exécutifs et judiciaires) qui semblent plus ou moins tous les trois entre les mains d’un Ministre (pas nécessairement élu, rappelons-le) qui les délègue par la suite selon son bon plaisir, « espionnage » des sorciers par des moyens tels que la Trace pour les sorciers de premier cycle, où encore le contrôle de moyens de déplacements privés et individuels (comme le réseau des cheminées ou le contrôle du transplanage) qui a été plusieurs fois utilisé comme un moyen d’espionnage, pression du Ministère sur des institutions et organismes privés (Poudlard, La Gazette du Sorcier…) : la quasi-totalité des éléments nécessaires à la construction d’un système totalitaire présents dans le quotidien de chaque sorcier (et je ne parle pas ici de l’ère Voldemort, mais bien des époques Fudge et Scrimgeour, deux Ministres – aussi décriés puissent-ils être – agissant tous deux contre les forces du Mal).

Plus que la ressemblance frappante avec les régimes totalitaires qui s’établit surtout à partir du tome 5 et peut se comprendre, si ce n’est se justifier, en temps de crise politique, c’est surtout le ridicule du système bureaucratique et corrompu que représente le Ministère en temps de paix qui dresse le système politique sorcier comme un repoussoir qui à la fois dénonce mais aussi revalorise le système politique moldu. Dénonce, car de nombreux éléments peuvent être vus comme un parallèle, une dénonciation des systèmes politiques moldus : l’influence de la famille Malefoy, et des familles de sang-pur d’une manière générale, au sein du Ministère qui pourrait être vu comme un écho au système moldu de lobbying ; les nombreuses « affaires » – affaire Croupton, passé sombre de Ludo Verpey, nombreuses intrusions de Mangemorts au sein du Ministère… – dans lesquels se trouvent impliqués de nombreuses personnalités politiques qui peuvent être vus comme un écho à la corruption des hommes politiques dans le monde moldus et aux nombreuses affaires politico-judiciaires qui les poursuivent…

Revalorise, car le Ministère de la Magie semble ridicule, bien plus ridicule que la plupart des gouvernements moldus, ce qui, au final, fait rire le lecteur mais aussi le conforte dans l’idée que la politique peut être pire que celle qu’il vit dans son propre système de gouvernance. Le dysfonctionnement d’une justice qui se révèle sans instruction ou investigation sérieuse, souvent erronée, et généralement partiale au cours, par exemple, du procès de Harry, mais aussi dans celui de Buck ou dans ceux, non-évoqués, qui envoyèrent par deux fois par erreur Hagrid à Azkaban ; l’incapacité du Ministère à comprendre ce qui se déroule devant ses yeux – la preuve de l’innocence de Black, le retour de Voldemort, ou encore les Détraqueurs qui échappent à leur pouvoir – ou à gérer les crises (envoi d’Hargid à Azkaban « pour l’image », incapacité à gérer la lutte contre Voldemort…) se révèlent comiques et, suscitant le rire du lecteur moldu, le fait songer ou bien (lecture pessimiste) que son propre gouvernement est d’une telle incapacité, ou bien (lecture optimiste) qu’il existe quelque part des situations politiques plus ridicules et plus graves que la sienne.

La morale de l’histoire

Quelle conclusion tirer de tout cela ? Pourquoi avoir cherché à démonter le mythe, à montrer que le monde des sorciers n’est pas aussi idyllique qu’il en a l’air, que, finalement, le monde magique et le monde moldu se valent bien l’un l’autre ? C’est qu’une telle réflexion permettait de mieux mettre en valeur les leçons qu’on peut tirer de la lecture des Harry Potter…

En effet, on pourrait reprocher à cette analyse de laisser de côté les améliorations indéniables que l’on constate dans les révélations effectués par Rowling après la sortie du septième tome. Kingsley a réformé le Ministère et a en éradiqué la corruption. Hermione, quant à elle, s’est battue pour réformer le statut des elfes de maison et contre la discrimination envers les nés-moldus.

Alors qu’est-ce que prouvent toutes ces améliorations face à un monde qui semblait, finalement, pas si enchanteur que sa nature aurait pu le faire paraître ? Quel rapport peut-on voir entre un monde « pas-si-magique que cela » et des améliorations qui n’interviennent qu’à la fin, dix-neuf ans après le dernier tome ? Et bien c’est ici que réside la morale de l’histoire : le monde magique n’est pas plus attrayant que le monde moldu puisque, comme le monde moldu, il est constitué d’êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. Ce n’est pas par la force des pouvoirs magiques que le monde est devenu meilleur, mais par l’obstination de quelques grandes âmes à se battre pour que ce qui les blessent dans leur dignité humaine puisse disparaître et que ce en quoi ils croient puisse se réaliser, et les Harry Potter invitent donc finalement, quelques soient les pouvoirs magiques en notre possession, à se battre, comme l’a fait une génération de sorciers des années 90, pour l’avènement d’un monde dans lequel nous nous reconnaîtrions vraiment… Une morale qui justifie totalement l’étude américaine selon laquelle un lecteur de Harry Potter serait politiquement plus engagé

P.S. :
Article librement inspiré d'une liste d'idées un peu trop bâclée de BuzzFeed
Mots-clésOpinion/Analyse
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