Critique du fanfilm « Voldemort : Origins of the Heir »
En juin 2017 est diffusé sur Youtube un trailer d’une minute concernant un nouveau fan-film réalisé par Gianmaria Pezzato et intitulé Voldemort : Origins of the Heir (Les origines de l’héritier en version française). Cet aperçu très prometteur est rapidement partagé sur les réseaux sociaux, où il rencontre un franc succès. Samedi 13 janvier, après sept mois d’attente, le moyen métrage d’une durée de 53 minutes est enfin diffusé sur la plateforme de vidéos en ligne. À ce jour il a été visionné plus de 12 millions de fois. C’est un véritable succès pour une fan-prod.
Gianmaria Pezzato et Stefano Prestia, deux passionnés par l’univers d’Harry Potter, sont à l’origine de ce vaste projet, qui n’a pas été des plus simples à réaliser puisque la Warner Bros leur avait demandé de retirer leur crowfunding, avant de finalement trouver un terrain d’entente.
L’intrigue des Origines de l’Héritier se déroule en Russie, où l’Auror Grisha McLaggen (Maddalena Orcali) infiltre le département soviétique des Aurors. Elle tente d’accéder à un dépôt de preuves pour mettre la main sur le journal de Tom Elvis Jedusor, dans le but de l’arrêter avant qu’il n’atteigne son but et devienne immortel.
Réalisé par le studio italien Tryangle Film, ce moyen métrage est visuellement et techniquement une pure réussite. Sa réalisation est particulièrement soignée, que ce soit au niveau du choix des acteurs, des décors, des jeux de lumières, des costumes, des accessoires, des effets spéciaux et de la bande originale.
Stefano Rossi, l’interprète de Tom Jedusor, n’est pas sans rappeler Christian Coulson (qui incarne Tom Jedusor dans Harry Potter et la Chambre des secrets). Son caractère correspond à ce que l’on peut imaginer du personnage: froid, méprisant et un brin charmeur pour arriver à ses fins. Maddalena Orcali est très bonne dans son interprétation de Grisha McLaggen, et d’un point de vue général, l’ensemble du casting joue son rôle parfaitement, même si certaines scènes sont à mon goût un peu surjouées.
Quant aux différents lieux, nous retrouvons des décors connus comme Poudlard et la Salle sur demande, mais également de nouveaux lieux bien plus sombres, à savoir le département soviétique des Aurors où ont eu lieu les scènes de combat et le bureau d’interrogatoire où l’intrigue se déroule. Il s’agit là des deux cadres principaux du moyen métrage.
Les effets spéciaux sont plutôt bien réalisés et ajoutent un certain cachet au film. Ils sont assez présents et sont tout aussi bien utilisés pour des petits détails comme la photographie des quatre héritiers, la table qui gravite dans la Salle sur demande, ou encore les transplanages que pour les scènes de combat.
La bande son, réalisée par Matthew Steed, porte efficacement le film. Elle colle plutôt bien aux différentes scènes, sachant se faire dynamique lors des scènes de combat et plus douce pour les flash-back et souvenirs douloureux.
Un point noir toutefois: le doublage. Le film a été tourné en italien et doublé par-dessus en anglais. La langue universelle a probablement préférée pour toucher un plus large public, mais le rendu au visionnage est franchement raté. Autre bémol, qui m’a légèrement gênée lors du visionnage : les plans serrés au niveau des yeux des acteurs, façon cowboy dans les Westerns, qui ne sont pas forcement en adéquation avec les scènes jouées. C’était limite un peu dérangeant.
Passons maintenant à la partie qui me parait la plus importante : l’intrigue et le scénario. Le rendu visuel ne faisant pas tout, il faut aussi s’intéresser au contenu.
Grisha McLaggen parvient à infiltrer le département soviétique des Aurors, mais est démasquée par le General Makarov (Alessio Dalla), qui la tient prisonnière. S’ensuit un interrogatoire, où sous l’emprise du Veritaserum elle se confie et dévoile notamment l’histoire secrète des descendants des quatre membres fondateurs de Poudlard, de la noirceur qui s’est emparée de Tom Jedusor, des horcruxes et des reliques des héritiers. C’est par le biais de flash-back, que le fan-film retrace une partie de la vie étudiante de Tom (Stefano Rossi), où il côtoie les trois autres héritiers, à savoir Wiglaf Sigurdsson (Andrea Deanesi) l’héritier de Rowena Serdaigle, Lazarus Smith (Andrea Bonfanti) de Poufsouffle et Grisha McLaggen de Gryffondor.
Le fil directeur du film est un long interrogatoire entre le Général Makarov et Grisha McLaggen, ce qui donne un rythme assez lent. L’interrogatoire « casse » le dynamisme du film, qui avait pourtant débuté avec une scène de combat assez énergique.
Concernant l’intrigue et le scénario je les trouve un peu creux et ennuyeux.
Ce fan-film s’apparente plus à un « bonus » aux films déjà existants, qui comble des scènes jamais exploitées ni même filmées.
Prenons comme exemple la visite de Tom à Hepzibah Smith (la Tante de Lazarus Smith) et descendante de la lignée Poufsouffle.
Il n’y a pas réellement de nouveauté, si on met à part l’histoire des descendants. Ils n’ont malheureusement pas pris beaucoup de liberté d’un point de vue scénaristique. Concernant le personnage de Tom Jedusor, c’est un peu du réchauffé.
D’ailleurs, je trouve que l’interrogatoire, ponctué par des flash-back, n’est pas le plus adapté au scenario. J’aurai beaucoup aimé pouvoir suivre Tom dans sa quête des reliques et des Horcruxes plutôt que de retracer sa vie ponctuellement via des flash-back. Ceci-dit, c’était peut-être ce qu’il y avait de plus simple pour ce type de format, de ne donner que les souvenirs principaux de Grisha par fragments au détriment d’une aventure à travers lui. Soit.
Cependant, ce fan-film reste un très beau projet, porté par des fans pour des fans, et qu’il s’agit à mon sens, du premier fan-film autant abouti que ce soit du point de vue de la réalisation que du visuel. C’est un bel hommage et cela nous permet de nous replonger un peu plus dans la saga. Malheureusement, compte tenu de l’attente de ce projet, on ne peut qu’être un peu déçu et on reste sur notre faim.
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