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J.K. Rowling et J.R.R. Tolkien : similitudes et différences – Part. 2 : le méchant principal

La première partie de ce dossier, consacrée aux héros, Harry et Frodo, est à lire ICI.

  • Partie 2 : l’antagoniste principal

Dans cette deuxième partie nous allons aborder les similitudes et divergences entre Tom Jedusor, alias Voldemort, et Sauron. Je rappelle que cette analyse se basera quasi-exclusivement sur les livres, les adaptations cinématographiques ayant leurs divergences d’interprétations.

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Tout d’abord, au-delà du fait qu’ils se fassent tous les deux appeler « Seigneur des Ténèbres », ils partagent plusieurs points communs plus ou moins évidents.
Un point commun très intéressant est le fait qu’il est dit que l’un et l’autre étaient autrefois beaux et séduisants, et ont utilisé leur physique et leur charme pour parvenir à leurs fins. Tom Jedusor est en effet souvent décrit par des adjectifs élogieux lors des différents flash-back de sa jeunesse. On retiendra le passage chez Hepzibah Smith, ou avec Slughorn. Une partie des informations nécessaires à sa quête d’immortalité ont été obtenues grâce à la flagornerie et le charme. S’il avait été disgracieux dès le départ, nul doute que son accession au pouvoir aurait été retardé, ou du moins qu’il aurait été arrêté plus tôt.

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Il en est de même pour Sauron, qui est réputé pour sa duperie et sa capacité à tromper les gens en changeant son apparence. C’est ainsi sous l’aspect d’un être magnifique qu’il a proposé aux hommes, aux nains et aux elfes des anneaux en cadeau, et que tous ont accepté (y compris les elfes, même s’ils étaient un peu méfiants). Autre élément intéressant, Sauron n’est qu’un de ses nombreux pseudonymes (étant l’imposteur par excellence), son vrai nom étant Mairon.

Inversement, ces antagonistes n’ont au moment de l’intrigue plus du tout une apparence avenante. En effet, les deux univers s’accordent sur le fait que, plus on répand le Mal, plus notre physique devient le reflet de notre âme (un peu comme le portrait de Dorian Gray). Voldemort n’est plus du tout l’homme qu’il était avant (et sans doute n’a-t-il aucune envie de le redevenir), témoignant de ses nombreux meurtres et liens avec les serpents. Sauron, lui, a perdu tellement de pouvoir à force de répandre le mal qu’il ne peut plus changer d’apparence, et est condamné à avoir une forme physique repoussante et effrayante. Ainsi, les deux œuvres montrent que nos mauvaises actions ont une répercussion sur notre physique : notre corps est le reflet de notre âme. Dans le même ordre d’idées, nous pourrions citer Dolores Ombrage, Peter Pettigrow, Gollum et Grima Langue-de-serpent comme des modèles où l’apparence illustre l’âme et la morale du personnage.

A contrario, il n’y a pratiquement pas d’exemples d’individus foncièrement mauvais décrits comme beaux dans les deux œuvres, mis à part les deux Seigneurs des Ténèbres dans leur jeunesse. À noter que Gellert Grindelwald a le même traitement de faveur : il est décrit en des termes avantageux sur la vieille photo de lui et Albus Dumbledore. Il semblerait donc qu’être un jeune premier soit un premier pas indispensable pour une carrière de Maître des Ténèbres, le deuxième étant de se choisir un pseudonyme terrifiant.

Après nous être intéressés à leur physique, attardons-nous un peu sur un point moins visible : leur charisme, dans le sens de capacité à fédérer autour d’eux d’autres personnes. Les deux personnages possèdent indéniablement des capacités de leadership : Voldemort monte tout seul ce qui deviendra plus tard le groupe des Mangemorts, Sauron dirige d’une main de fer des armées d’orques (créatures réputées chaotiques et peu fidèles) ainsi que des humains venus de pays lointains.
Inspiré du Club de Slug, Tom Jedusor va tout d’abord créer un groupe fédéré autour de lui, en instaurant le culte de la personnalité. Si nous avons peu d’informations sur la création du mouvement Mangemort, nous pouvons facilement imaginer que c’était au départ une bande un peu comme les Maraudeurs, fomentant des actions anti-sangs-mêlés. Petit à petit, et avec sa montée en puissance, Voldemort est parvenu à rassembler la plupart des sorciers ayant un seul but : purifier la race magique. Le fait qu’il soit parvenu à attirer autant de fanatiques alors que ses propres origines sont floues pour les autres sorciers démontre l’habileté du personnage. Nous pouvons facilement l’imaginer utiliser ce manque d’information pour asseoir son ascendance « divine » d’héritier de Serpentard et lui donner une figure un peu mystique.

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Une interprétation intéressante serait de se dire que la seule forme « d’affection » à laquelle Voldemort ait jamais assisté et se soit intéressé est la relation qui lie un professeur à ses élèves, notamment grâce à Slughorn. Cependant, Tom ne l’a jamais vue que dans un sens : l’admiration des disciples pour un maître, et surtout pas l’affection de l’enseignant envers ses étudiants. Nous pouvons penser qu’il voulait sincèrement être professeur, mais quel genre d’enseignant aurait-il été ?
Il est indéniable que si Jedusor ne veut pas d’amis, il adore se faire entourer et être au centre de l’attention (un trait démontrant évidemment son narcissisme sans borne). Ainsi le sociopathe Voldemort est prêt à faire des concessions, si c’est pour être révéré et perçu comme le plus puissant sorcier de tous les temps, et il s’avère très doué à la tâche.

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Sauron, quant à lui, est réputé dans la trilogie pour avoir à sa disposition la plus grande armée de la Terre du Milieu, avec une force de frappe impressionnante. Non content de compter des multitudes d’orques et de gobelins, elle comprend des bien nommés « orientaux », des humains de contrées lointaines (allusion à peine voilée aux Japonais de la Seconde Guerre mondiale). Si nous imaginons que c’est principalement l’attrait du pouvoir qui lui a permis de fédérer autour de lui une armée aussi hétéroclite, force est de constater la taille considérable de ses adeptes et serviteurs.

Un élément qui n’apparaît pas dans le Seigneur des Anneaux, mais très intéressant pour faire le parallèle entre les deux Seigneurs des Ténèbres : des millénaires avant les évènements de la trilogie, vivaient sur un île les ancêtres d’Aragorn, des humains avec une longévité extraordinaire. Dans sa perfidie, Sauron s’est rendu sur cette île puis est parvenu à gagner l’admiration et l’adhésion de la plupart de ses habitants, les faisant sombrer dans la corruption. Le point culminant est lorsqu’il a réussi à convaincre les humains qu’ils pouvaient vaincre les dieux qui vivaient sur le continent voisin, et à former une armada pour envahir le « paradis ». Seule l’intervention du Créateur, qui a submergé l’île et les navires, a évité un désastre.

Ainsi, les deux Seigneurs des Ténèbres se rejoignent dans leur capacité à fédérer des adeptes autour d’eux et recruter des armées gigantesques pour servir leurs seuls desseins. De même, ils ont l’un et l’autre un goût prononcé pour le culte de la personnalité et veulent être considérés comme des divinités.

Cependant, à leur mort leur armée est totalement dissociée et vaincue. Pour Voldemort, c’est aussi parce qu’une bonne partie de ses meilleurs lieutenants sont morts, mais son mouvement ne survit pas. Une fois la tête du monstre Mangemort décapitée, c’est fini. Idem pour Sauron : sans aucun leader, les chaotiques orques se dispersent et ne représentent plus de réelle menace.
À l’inverse de Harry et Frodo qui ont vu leur « mort » fédérer leurs amis, celle des méchants provoque la grande panique de leurs troupes. Personne pour prendre la relève, personne d’aussi charismatique pour réunir une armée.
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Ainsi, tandis que Frodo et Harry sont aimés par leurs alliés, Sauron et Voldemort sont vénérés et craints. Rien d’étonnant donc que leur règne ne survive pas à leur fin. Point Godwin oblige, cela nous rappelle que suite à la mort des grands dirigeants nazis, leur mouvement a « disparu » (même si bien évidemment la réalité est plus compliquée que ça, l’Allemagne étant complètement affaiblie et les Russes ayant pris Berlin).</doc10647|center>

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Intéressons-nous maintenant à un élément clé de l’intrigue des deux œuvres : la destruction physique d’un ou plusieurs objets afin de vaincre le grand méchant. Là où Harry et ses amis doivent se démener pour détruire cinq objets, un serpent et un adolescent de 17 ans, Frodo et la Communauté de l’Anneau ont pour mission de faire fondre un seul anneau dans le feu de la Montagne du Destin (un seul objet, mais quel long périple pour y arriver !). L’analogie est vite faite, ce qui fait qu’il est parfois reproché à Rowling par des lecteurs d’avoir copié, voire plagié l’idée à Tolkien (qui rappelons-le a pris énormément d’idées aux mythologies nordiques et arthurienne, ça n’en fait pas un sale copieur pour autant).

Il y a cependant une différence importante de principe entre les horcruxes et l’Anneau unique. En effet, les horcruxes ont pour but d’empêcher leur propriétaire de mourir, du moins de perdre pied dans le monde des vivants. Ils sont créés par l’acte maléfique suprême, et extrêmement résistants.

L’Anneau unique est différent : à l’origine, il permet à Sauron de contrôler les porteurs des autres Anneaux (à savoir ceux des hommes et des nains, mais pas ceux des elfes). Néanmoins, pour permettre une telle prouesse magique Sauron a dû investir une grande partie de sa puissance dedans. Ainsi l’Anneau est devenu involontairement le garant de l’intégrité physique de Sauron. Sans le vouloir, il a créé la seule chose capable de l’anéantir (encore un thème récurrent dans les œuvres de fiction : le méchant qui cause sa propre perte). Du fait de la grande quantité de magie qu’il contient, l’Anneau peut donc être considéré comme autonome, et donne même des pouvoirs à ceux qui le portent.

Autre point de divergence : Voldemort n’a pas besoin de porter physiquement ses horcruxes pour être attaché au monde des mortels (en un sens heureusement pour lui). Sauron, quant à lui, a absolument besoin de porter son Anneau pour maintenir sa force : dès que son doigt est coupé lors de la bataille de la Dernière Alliance, le Seigneur des Ténèbres s’évapore presque littéralement. Après on pourrait dire que c’est plus compliqué que ça parce que Sauron est capable de régénérer ses pouvoirs lentement, et aurait pu retrouver toute sa puissance si son Anneau n’avait pas été détruit, mais ce serait du chipotage.

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Pour simplifier, faisons une analogie (un peu douteuse). Prenons un ordinateur. Mettons que pour l’empêcher de s’effacer complètement vous effectuez plusieurs copies des fichiers systèmes sur plusieurs clés USB : c’est le principe des horcruxes. Si on détruit le fichier système de l’ordinateur, il suffit de remettre celui d’une des clés.
Mettons que au contraire vous mettiez le fichier système sur la clé USB : celle-ci doit être connectée en permanence à l’ordinateur pour qu’il marche, et si elle est détruite il n’y a plus rien à faire. C’est le principe de l’Anneau unique.

Mais ils ont des points communs faisant que certains crient au plagiat. Tout d’abord, dans les deux cas il s’agit d’objets investis d’un pouvoir maléfique ; ils confèrent des pouvoirs à ceux qui les utilisent, mais sont aussi une puissante source de sentiments négatifs, pouvant aller jusqu’à influencer leur porteur ; ils ne peuvent être détruits par des méthodes conventionnelles, il faut de la magie noire pour les annihiler (venin de basilic, Feudeymon, Avada Kedavra, lave du volcan maléfique) ; enfin il faut les détruire pour vaincre le méchant.

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Néanmoins, au-delà de ces ressemblances, horcruxes comme Anneau illustrent un thème important des deux sagas : l’attachement physique à des objets de valeur qui n’apportent que des mauvaises choses. Faisant écho à l’avarice et à l’envie, ces objets montrent que des individus sont capables du pire pour les obtenir, et surtout pour les conserver.
Face à ce matérialisme, les deux auteurs mettent en valeur la supériorité de choses immatérielles, qui ne peuvent s’acheter : l’amitié, l’amour, le savoir, le courage. Face à l’appât du gain et du pouvoir, dans les deux séries c’est le désintéressement et le sens du sacrifice qui permettent de sauver le monde.
Il n’y a pas que l’Anneau et les horcruxes qui représentent cette idée, les deux sagas en ont plusieurs représentations : les reliques de la mort (tout particulièrement la baguette) et la pierre philosophale d’un côté, l’Arkenstone et les Silmarils de l’autre.

Malgré ces points communs, les deux méchants diffèrent sur de nombreux autres plans.
Tout d’abord leur objectif : Voldemort veut le pouvoir par soif de puissance. Il veut créer une société avec des castes, et réduire en esclavage sinon éliminer purement et simplement des catégories de personnes qu’il juge inférieures. Il recherche également l’immortalité, par peur de la mort. Si Tom Jedusor avait gagné, le monde aurait continué à tourner, bien que ça aurait été un monde tel que nous sans doute l’aurions connu si l’Allemagne Nazie avait gagné la Seconde Guerre mondiale. Nous avons aussi l’impression qu’il ne cherche pas à étendre ses conquêtes : il en serait peut-être resté au Royaume-Uni, la communauté sorcière internationale semblant particulièrement passive et pas du tout volontaire pour protéger une nation menacée par des extrémistes (là encore, miroir de la communauté internationale avant la Seconde Guerre mondiale, où les gouvernements d’Europe ont laissé l’Allemagne mener ses agissements jusqu’à ce qu’ils n’aient plus d’autre choix que de prendre parti, même si c’est un peu caricatural dit comme ça).

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Sauron, lui, au contraire, cherche le pouvoir pour la domination. Il ne cherche rien de moins que d’être le maître du monde entier, et réduire en esclavage tous les êtres vivants. Il n’est que haine de la vie et désireux de prendre sa revanche sur les dieux qui ont vaincu son maître. Sauron méprise même les orques et les gobelins, pourtant ses alliés, qu’il n’hésite pas à utiliser comme chair à canon. Son pseudo-allié Saroumane n’en est même pas un, car l’un et l’autre aurait cherché à se débarrasser de son rival une fois la guerre terminée. Un monde où Sauron a gagné est un monde apocalyptique, détruit, où il n’y a que Lui au sommet, et tous les autres en bas. Il ne cherche pas à s’assurer l’immortalité, il l’a déjà, et son châtiment n’en sera que pire, car après la destruction de l’Anneau il sera condamné à errer sur terre sous la forme d’esprit jusqu’à la fin du monde. Un destin analogue à celui de Tom Jedusor, qui est condamné à être réduit à une “chose” immortelle coincée entre la vie et la mort.

Autre élément qu’il est important de noter quoique évident : Tom Jedusor est un humain, Sauron est un demi-dieu. Cela peut paraître facile comme différence à noter, mais reste important dans la construction de l’intrigue. Sauron est ainsi présenté dès le début et pendant toute l’histoire comme un démon surpuissant, que très peu de personnes peuvent témoigner avoir vu en vrai et être resté en vie pour le raconter. Voldemort suit la même logique au début de la saga Harry Potter : dès son introduction par Hagrid comme le plus grand mage noir de tous les temps, il accède alors à un statut de quasi divinité pour les personnages, et indirectement pour les lecteurs. Mais au fil des tomes, et tout particulièrement le VI, le mythe se déconstruit. Tom Jedusor n’est pas apparu comme ça du jour au lendemain : ce n’est qu’un petit orphelin, un petit garçon, malveillant certes mais vulnérable et humain.
Dumbledore rend la chose encore plus frappante : en présence du diable en personne, il l’appellera toujours par son nom, et jamais par son pseudonyme. Pour le vieux mage, cet être repoussant n’est qu’un de ses anciens élèves qui a mal tourné, mais qui resté un être de chair et de sang. Cette différence est encore plus évidente lors de leur « mort » : Sauron est annihilé et devient un esprit invisible et incapable d’agir, Voldemort tombe comme un cadavre, point final.

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Enfin, les deux œuvres vont proposer une vision du Mal et du grand méchant assez différente, même si elle se rejoint parfois. L’idée du grand méchant dans l’œuvre de Tolkien se veut presque caricaturale : aussi bien Sauron que son maître Morgoth représentent un mal absolu, des êtres mus exclusivement par des sentiments négatifs. Ils n’agissent ni l’un ni l’autre très directement dans l’histoire, laissant faire leurs sous-fifres. Ils passent presque tout le temps de l’intrigue à se cacher dans leur forteresse, par lâcheté ou par faiblesse. Dans le cas de Sauron, c’est encore plus extrême car à aucun moment il n’apparaît physiquement dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, et pourtant les livres portent son nom !
Ces éléments donnent l’impression d’un Mal omniprésent mais sur lequel il n’est pas possible de mettre un visage. Ironie suprême, Sauron est vaincu sans confrontation directe avec les héros. Le Mal est partout mais il est possible de l’affronter et de le vaincre.

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Dans Harry Potter, Voldemort représente certes le Mal absolu, mais l’auteur lui donne des racines, des origines à sa malfaisance : un manque d’amour et d’affection. Si Tom Jedusor possède dès son plus jeune âge des tendances sociopathes, rien n’exclut qu’il aurait pu bien tourner s’il avait été mieux traité. Plus il va vieillir, et plus il devient une caricature, comme Sauron. Mais c’est interprétable par le processus de création des horcruxes : en séparant son âme, il perd de son humanité, et de facto s’enfonce dans le Mal absolu et irrécupérable. Même si ça reste une hypothèse, nous trouvons cette idée assez séduisante, une sorte de spirale infernale qui fait que plus Voldemort sépare son âme et plus il est prêt à le refaire, car il n’a plus la moralité humaine et le recul pour penser à ce qui serait mieux pour lui.

Mais contrairement à la saga de Tolkien, dans Harry Potter le Mal absolu est physiquement présent dans l’intrigue, et sauf dans les tome III et VI le héros et le méchant vont se battre physiquement et mentalement. Ici le diable a un visage et représente une menace très concrète. Contribuant au sentiment de peur des héros, il permet aussi d’instaurer un environnement « sûr » : Poudlard. À l’inverse de la trilogie de Tolkien qui est une course effrénée contre la montre, où l’on est en sécurité nulle part, Harry Potter pose le cadre d’un lieu où se reposer. La preuve en est que dès que cette sécurité est menacée, l’histoire n’en devient que plus angoissante : les tomes II et III où le lecteur peut se demander quelle sera la prochaine victime, ou le prochain coup de Sirius Black, ou l’incroyable tome V où la menace ne vient plus de l’extérieur mais de l’intérieur. Et enfin le dernier tome ne se passe même plus à Poudlard car Voldemort a les pleins pouvoirs.

En conclusion, Tom Jedusor et Mairon ont l’un comme l’autre suivi un parcours très semblable sur le chemin qui les mènera à devenir Voldemort et Sauron. D’abord par la séduction, le charme (qu’ils perdront immanquablement) et en se forgeant une armée à la force de leur charisme. Comme tout bons narcissiques, ils ont attaché une partie de leur pouvoir dans des objets précieux, ceux-là même qui causeront leur perte.
Néanmoins, ils visent des objectifs assez différents, et leur nature les sépare. Enfin, leur présence physique (ou son absence) est la grande divergence dans la lecture des livres racontant leur chute. En définitive, nous pouvons nous hasarder à dire que Voldemort aurait rêvé d’être Sauron, et que Sauron aurait sans doute rêvé d’avoir plusieurs horcruxes lui aussi !

Voilà qui clôt la deuxième partie de ce dossier mettant dos à dos Rowling et Tolkien. Nous nous retrouverons dans la prochaine partie du dossier, sur les adjuvants des héros, et des méchants s’il reste de la place.

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