Mudbloods, un documentaire qui envoie du cognard
Le film Mudbloods, sorti récemment, est un documentaire centré sur l’équipe de (muggle) quidditch de l’Université de Californie Los Angeles (UCLA). Sur base du voyage de cette équipe et de la préparation des joueurs pour la Coupe du Monde V à New York en 2011, [La première Coupe du Monde de quididtch que la Gazette [ait suivie dans son intégralité.]] l’équipe du film aborde de nombreux sujets en relation avec le sport, tels que la perception des joueurs par le grand public, la relation à la saga Harry Potter et les épreuves qu’affrontent les personnes qui ont fait du développement du quidditch l’une de leurs occupations.
Le film souffre à son début d’un montage au rythme un peu lent et ne parvient pas toujours à balancer les volumes sonores de manière idéale ; la bande-originale prend parfois le dessus sur les interviews. Cependant, les musiques choisies compensent souvent le rythme plus mou du montage : on a droit à un peu de wizard rock incluant un rap inédit par trois joueurs de l’équipe de UCLA.
Les images issues d’entraînements sont rares et celles filmées en exclusivité lors de tournois et de matches officiels ne satisferont pas tout le monde. En effet, la plupart est tournée en plan serré, se concentrant sur un joueur ce qui rend impossible d’avoir une vision globale du jeu. Qu’on ne s’y méprenne : les images sont superbes, elles donnent une sensation de vitesse et de physicalité intense, c’est une approche de la cinématographie du quididtch rarement employée, mais il y a des inconvénients.
Il faut également mentionner les animations qui parcourent le film. Plutôt basiques, ce ne sont souvent que des plans fixes qui font office de transition entre différentes sections du documentaire. Elles ont cependant leur intérêt car elles servent de métaphore au fait que le sport lui-même a basculé de la fiction à la réalité. Elles permettent également une explication rapide des règles ou de certains aspects clés du sport.
Il y a malheureusement quelques incohérences quant au message du film. Au premier abord, il tente de courtiser les fans d’Harry Potter : la première image est un plan sur la jaquette du jeu Harry Potter – Coupe du Monde de Quidditch. Cependant, on se tourne rapidement vers l’aspect sportif, avec une présentation du quidditch comme quelque chose de physique et ouvert à tous… avant de s’attarder plusieurs minutes sur l’interview d’une fan de la saga dont la chambre est recouverte de produits dérivés. Et cela continue pendant presque toute la première moitié du film ; les réalisateurs eux-mêmes ne semblent pas réellement savoir à quel public ils s’adressent : les sportifs, les fans de quididtch, les fans d’Harry Potter qui veulent en savoir plus, les personnes qui n’ont pas la moindre idée de l’existence de cette sous-culture ?
Si le reportage n’est pas parfait, il regorge cependant de points positifs.
Les images ont beau dater de la coupe du monde 2011, on a envie de supporter UCLA ; pour peu qu’on aime le sport, on se prendra à soutenir l’équipe. Même si on sait que [spoiler alert] Middlebury a remporté la coupe [/spoiler alert], à l’instant où l’équipe de UCLA arrive à New York, où ils posent le pied dans le stade avec tous les autres joueurs ,on vibre avec eux comme s’ils pouvaient changer l’histoire.
Le film parvient à créer un lien affectif avec les personnages qu’il présente durant leur recherche de financement, leurs entraînements et la coupe, en creusant pour découvrir leurs motivations personnelles. Le meilleur exemple étant Tom Marks, le coach de l’équipe, qu’il est très intéressant de suivre tout au long de leur parcours.
D’un point de vue historique, la préparation de la coupe du monde vécue du point de vue de Alex Benepe et d’autres dirigeants de ce qui s’appelait encore l’IQA à l’époque lève le voile sur un aspect moins connu du quidditch. On découvre ainsi un peu les coulisses de l’évènement et le moment où la magie du sport entre en collision avec le monde réel et son administration. Sans oublier les images de la premières coupe du monde ; extrêmement rares, d’une qualité sans précédent et qui raviront donc les fans d’archives !
Mais, surtout, les capitaines d’équipes et les personnes qui se sont investies dans le développement du quidditch sentiront tous en eux ce petit pincement, ce sentiment que c’est leur histoire qu’on raconte au travers de l’aventure de UCLA. Les obstacles surmontés, le sentiment soudain que le dur travail a payé et que l’équipe existe maintenant bel et bien, qu’elle n’est plus l’œuvre d’une personne mais d’un groupe de coéquipiers… ce sont autant d’éléments qui donnent à ce film une dimension globale et une portée internationale.
Au final, on se rappelle que malgré le jugement des gens et malgré les difficultés d’organisations, tout ça en vaut la peine ! Le quidditch est présenté comme une expérience libératrice, sorti d’un roman certes, mais les joueurs se le sont approprié et en ont fait quelque chose de personnel, qui rassemble aujourd’hui des milliers de personnes à travers le monde.
Vous pouvez acheter Mudbloods via iTunes [Pas d’achat via iTunes en France]] ou [le site internet du film. Sachez qu’en utilisant les codes LYON, LILLE, FQA ou GHENT vous bénéficierez d’un dollars de réduction et une partie du produit de la vente ira à l’association/l’équipe liée. Si vous préférez soutenir une équipe non francophone, vous pouvez retrouver la liste complète des codes sur le site officiel.
Faits et anecdotes
- – Le reportage n’a pas été réalisé par une équipe professionnelle, mais a été commencé suite à l’idée d’une seule personne, Farzad Sangari. Il a porté le projet seul durant une année entière avant d’être rejoint par d’autres.
- – Le titre du film vient du surnom donné au capitaine de l’équipe de UCLA par son frère. Il le qualifiait de Mudblood (sang-de-bourbe) car évoluant dans un univers magique mais sans magie. Il rappelle également un jeu auquel s’adonnent de nombreux joueurs de quididtch dans la douche après un entraînement/match : est-ce de la boue ou un bleu ?
- – Le reportage dure 85mn et a nécessité deux ans de travail et le tournage de 107h de vidéos.
- – A mi chemin entre le Super Bowl et un festival médiéval : c’est comme ça que la Coupe du Monde est décrite par l’un de ses participants.