L’Angleterre au sommet des derniers tournois de quidditch européen
Alors que le quidditch changera bientôt de nom pour s’émanciper du copyright détenu par Warner Bros et continuer son développement, le dernier tournoi européen de quidditch avait lieu les 23 et 24 juillet dernier. Les European Games (EG) ont rassemblé à Limerick, en Irlande, pour la première fois depuis la crise du COVID-19, les nations européennes. Un mois plutôt, toujours en Irlande, se déroulait l’European Quidditch Cup (EQC) Division 1 qui voyait s’affronter les meilleurs clubs d’Europe.
It’s coming home – le quidditch anglais
Une chose est sûre à la vue de ces deux compétitions : le quidditch anglais est plus en forme que jamais. Si la période pré-COVID19 entretenait plutôt une impression de déclin du jeu britannique, c’est de l’histoire ancienne. En s’imposant dans les deux compétitions, l’Angleterre rapporte ses deux premiers trophées européens sur son sol depuis 2014 ! (à l’époque, 3 fois moins d’équipes participaient à la compétition).
L’EQC D1, première victoire anglaise
Les Werewolves de Londres n’ont pas eu le parcours européen le plus compliqué. Après être sortis en tête d’un groupe abordable, avec les Olympiens Paris, les allemands de Passau et les Malaka Vikings, les londoniens ont tracé leur route contre des équipes nationales. En éliminant Olympians QC, puis London QC, ils accèdent à la demi-finale contre les Titans Paris, premier gros obstacle dans leur compétition. Après un match serré, où les deux équipes sont au coude-à-coude, les Werewolves attrapent le vif d’or et accèdent à la finale ; où ils retrouvent la surprise de la compétition, l’équipe italienne nouvellement formée de DNA. Si le match est digne d’une finale, il est évident que DNA a profité d’un parcours encore plus abordable (même si plus européen, et moins anglo-centralisé), et que les londoniens méritent de repartir avec l’or.
European Games, l’Angleterre confirme
Du côté national, aux EG, l’Angleterre jouait pour la première fois séparément de l’Écosse et du Pays de Galles. Une diminution du vivier de joueurs qui n’a visiblement pas eu beaucoup d’impact sur leurs capacités de jeu.
Leur poule semble accessible, puisqu’ils affrontent l’Écosse, nouvelle venue dans la compétition, les Pays-Bas qui n’ont jamais vraiment briller dans les compétitions, et la République Tchèque présente avec un roster de joueurs très réduit. Si l’Allemagne renforce sa présence au niveau des clubs à chaque compétition, elle n’a jamais réussi à élever son niveau de jeu au niveau national.
Cependant, l’affrontement Angleterre-Allemagne à la fin de la première journée est intense ! Les anglais dominent le match et prennent de l’avance. Ils mènent même 110-60 avant que le vif n’entre sur le terrain. Pourtant le match bascule, et les allemands n’encaissent plus un seul but dès la 17e minute ! Au contraire, ils arrivent à attraper le vif d’or, et à remonter le score pour finalement s’imposer 110-140*. Cette défaite place donc l’Angleterre seconde de leur groupe, et leur promet une tête de série pour la suite de la compétition.
Deuxième jour de compétition, les éliminations directes
C’est en effet la France que les anglais retrouvent en quart de finale. Une France diminuée (4 joueurs ont eu des problèmes d’avion et n’ont pas pu rejoindre la compétition) mais qui a tout de même remporté tous ses matchs le premier jour ! Malgré cela, l’Angleterre ne les laisse pas respirer une seule seconde. Le jeu français n’arrive pas à percer les défenses, et les britanniques contre-attaquent avec vitesse et physique. Le score grimpe… d’un seul côté. 10-120, avant de clôturer le match en attrapant le vif. La machine à but anglaise était bien huilée.
La demi-finale contre la Norvège n’est qu’une formalité, et les voilà en finale… De retour face aux allemands ! Le match commence bien, avec une domination anglaise qui marque 40 points sans encaisser un seul but. Puis l’Allemagne se réveille et remonte au score, 40 partout. L’équipe allemande renverse le score durant le reste du match, même si les anglais se maintiennent en snitch range (à moins de 30 points d’écart) tout du long. Alors que l’Angleterre est plus présente sur le vif d’or, l’Allemagne se distance et mène 130-100 au moment de l’attrapage anglais… Qui remet donc les deux équipes à égalité, et place les prolongations jusqu’à 160 points.
Ce sont finalement les anglais qui s’imposeront 140-160* dans un match épique, à la hauteur du tournoi des deux équipes.
Le quidditch allemand décroche l’argent
Si la première équipe allemande, les Rheinos Bonn, n’est que 6e à l’EQC D1, c’est donc la seconde place qui a été ramenée par l’équipe nationale aux European Games. Une seconde place historique pour le pays, qui a vu son nombre d’adhérents exploser après avoir organisé la Coupe du Monde en 2016 à Francfort.
Il aura fallu le temps pour que cette profusion de joueurs et d’équipes arrive à développer le sport et élever le niveau de l’équipe nationale, mais tout semble désormais en place pour faire de l’Allemagne une réelle compétitrice au niveau mondial.
L’équipe n’aura connu aucune défaite avant la finale. Elle aura ainsi éliminer de sa route l’équipe belge (80-90*), vice-championne d’Europe et du monde en titre, et les tant redoutés Drop Bears d’Australie (70-90*). Il faudra donc sérieusement les tenir à l’œil lors des prochaines compétitions de quadball !
La déception franco-belge
Les deux équipes les plus attendues lors des European Games de quidditch étaient bien évidemment la France et la Belgique. Toutes les deux finalistes de la dernière compétition, rivales d’anthologie qui nous ont fait vibrer lors de la Coupe du Monde à Florence, beaucoup les voyaient encore favorites de la compétition.
L’European quidditch Cup, un premier avertissement
Pourtant, un mois plus tôt, à Limerick, l’EQC pouvait nous mettre la puce à l’oreille. Certes, il est toujours difficile de tirer des conclusions d’une seule compétition tant la chance dans le tirage de son parcours influe sur sa réussite… mais les Titans y ont perdu leur premier titre européen depuis 2017.
Malgré tout, deux équipes françaises avaient rejoint le carré final, une première dans l’histoire de la compétition (si on omet le premier tournoi en 2012 qui voyait 5 équipes françaises participer sur les 6 équipes au total). Les Titans Paris et les Paris Frog s’étaient donc disputés la médaille de bronze.
Du côté belge, l’équipe d’Anvers s’était à nouveau inclinée face aux Titans en quart de finale dans un match des plus serré (110-140*). Un cycle répétitif qui montre encore que l’équipe parisienne est réellement la bête noire des joueurs anversois. Elle terminait donc 5e de la compétition, après avoir éliminé plus facilement London QC et Bonn.
Des résultats pas si mauvais, même si on attendait au moins l’une de ces équipes en finale voire sur la première marche.
Pas de carré final aux European Games
La France n’ayant pas son équipe au complet, la compétition a peut-être été plus compliquée que prévue. Écrasée par l’Australie dans le match de barrage déterminant la suite du parcours ; elle se retrouve du même côté du tableau que l’Angleterre, la Belgique et la Norvège. C’est face aux anglais, dès les quart de finale, qu’elle s’incline lourdement. Elle n’aura rien su faire face au rouleau compresseur anglais.
La Belgique semblait faire une bonne compétition, malgré une défaite de justesse face aux allemands (80-90*) dans leur match de barrage. Elle se retrouve face à la Norvège, qui a montré un beau niveau de jeu mais restait abordable pour l’équipe belge. Le match commence d’ailleurs très bien, avec 5 buts marqués contre un seul encaissé. Mais après le time out norvégien, le match s’inverse et se resserre. Si la Belgique est toujours devant, la Norvège revient en snitch range et s’impose en attrapant le vif d’or.
Belgique et France se retrouvent alors pour savoir quelle équipe ira se battre pour la cinquième place. Comme d’habitude le match est tendu et intense. Les équipes se rendent coup pour coup, 2 buts par 2 buts. Lorsque la France attrape le vif, elle est menée de 20 points… et elle passe donc devant et l’emporte 90*-80. C’est la troisième défaite de la journée pour la Belgique à cause d’un attrapage adverse.
France et Belgique remporteront leur dernier match de la journée, respectivement contre l’Espagne et l’Autriche, et sauveront donc leur 5e et 7e places.
L’Australie, la surprise du tournoi
Tout le monde attendait l’Australie au tournant. La seule équipe à avoir gagné une coupe du monde en-dehors de l’équipe américaine, grande rivale des USA, toujours impressionnante lors des compétitions internationales, s’invite ainsi sur le sol européen. La réglementation internationale autorise les équipes qui n’ont pas de compétition continentale dédiée à participer à celle de leur choix. Comme il n’y a pas de compétition en Océanie, ni en Asie, elle a donc choisi l’Europe.
Elle arrive sans aucune difficulté en demi-finale, après avoir roulé sur tous ses adversaires ; Italie, France, Autriche. Jusqu’à tomber face aux allemands, et perdre à l’attrapage du vif d’or. Un match très intense, très beau à regarder, qui sera la seule défaite des Drop Bears. Ils s’imposent en petite finale face à la Norvège et s’emparent de la médaille de bronze.
L’absence de la Turquie a également joué son rôle dans la compétition. Toujours limitée dans les déplacements avec la pandémie, ce pays souvent dans le carré final de la compétition n’a pas pu dépêcher d’équipe sur place. Il faudra attendre la Coupe du Monde pour découvrir si leur niveau s’est maintenu.
Le niveau du top européen s’est lissé
S’il y a une chose que je retiendrai dans cette compétition, c’est l’évolution du sport en Europe en général. Le niveau est impressionnant, et les gros matchs à élimination directe se sont souvent joués à un rien. Angleterre, Allemagne, Belgique, France, Norvège, Australie ; voire Espagne et Italie ; auraient tous pu prétendre à un autre résultat. Les matchs étaient intenses et se jouaient souvent sur l’attrapage du vif d’or ou au cours d’une prolongation haletante.
Le public a peut-être joué son rôle, galvanisant l’Allemagne dans sa demi-finale contre l’Australie pour que la finale des European Games restent européenne.
La compétition était un régal à regarder, et je n’ai qu’une hâte, découvrir la première coupe du monde de quadball, l’année prochaine aux États-Unis. Le quidditch a peut-être changé de nom, mais il est plus vivant que jamais sur le sol européen et l’avenir nous réserve encore de beaux matchs.
Découvrir, voir et revoir la compétition
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- Voir ou revoir la petite et grande finale.
- Voir ou revoir la première journée de compétition.
- Voir ou revoir la deuxième journée de compétition.
Le classement final de la compétition
- Angleterre
- Allemagne
- Australie
- Norvège
- France
- Autriche
- Belgique
- Espagne
- Italie
- Pologne
- Catalogne
- Pays-Bas
- Slovaquie ?
- Irlande ?
- Ecosse
- Pays de Galles
- Suisse
- République Tchèque
- Hong Kong
- Suède
Photos : Ajantha Abey