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David Heyman prend la plume : De Harry Potter aux Animaux Fantastiques

David Heyman, producteur de toute la saga Harry Potter et des Animaux Fantastiques a pris la plume pour revenir sur la genèse du projet et la conception du film, mais aussi se remémorer ses dix années de travail sur la saga Harry Potter.
Voici une traduction de son article. Vous pouvez retrouver la version originale ICI.

Il y a de cela un peu plus de six ans, lors d’un soir d’été aux studios Leavesden dans le Hertfordshire, le réalisateur David Yates a marqué la fin du tournage de l’ultime scène de la saga Harry Potter d’un grand ‘coupez’ . Après huit films, et, pour beaucoup d’entre nous, plus de dix ans de travail en continu, la plus extraordinaire des aventures prenait fin. Après toutes ces années, les acteurs et l’équipe technique étaient devenus une grande famille.

Nous avions vu nos trois acteurs principaux, Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint, grandir ; de jeunes enfants ils sont devenus de brillants adultes. Nous avons assisté à des naissances, des décès, des diplômes, des permis de conduire, des mariages, des divorces. Nous avons vu le roman de J.K Rowling, d’abord tiré à 2500 exemplaires en 1997, se transformer en une des plus grandes sagas cinématographiques de tous les temps. Et nous avons tous beaucoup pleuré pendant les fêtes organisées lors de ce dernier jour de tournage, alors que nous nous disions au-revoir pour la dernière fois.

Les films Harry Potter avaient changé nos vies, tant sur le plan personnel que professionnel, et je me souviens avoir ressenti un grand vide. D’une certaine façon, j’étais excité de passer à d’autres projets, de pouvoir regarder fièrement en arrière, de voir tout ce que nous avions accompli tous ensemble. Mais je me sentais surtout triste à l’idée de ne plus jamais pouvoir m’amuser dans cet univers merveilleux créé par Jo.

Lorsque nous avons fermé la porte à Harry Potter après la sortie du dernier opus en 2011, nous n’avions pas encore eu l’idée de faire Les Animaux Fantastiques, le spin-off mené par Eddie Redmayne qui sortira la semaine prochaine. Mais lorsque je repense à toute la phase de production de ce film, d’une certaine façon, il semble que c’était inévitable que nous chercherions un moyen de revenir dans le monde magique de Jo. Après tout, il y restait encore tant de magie à explorer.

Et comme nous le découvririons bientôt, Harry Potter n’était qu’un début. C’est début 2013, après avoir travaillé sur des films très différents, tels que Gravity ou Paddington, que j’ai senti la fièvre potterienne me démanger de nouveau. Avec Lionel Wigram, un de mes amis d’enfance, producteur chez Warner Bros. (je lui ai envoyé le premier tome en 1997), et producteur exécutif des quatre derniers films, j’ai commencé à réfléchir à ce que nous pourrions faire à partir de l’univers de Jo. Elle n’avait pas pour projet d’écrire de nouvelles aventures de Harry Potter, nous nous sommes donc concentrés sur ce qu’elle avait déjà écrit par ailleurs. Un personnage s’est alors démarqué.

En 2001, Jo a écrit un livre compagnon à Harry Potter pour Comic Relief, intitulé Vie et habitat des animaux fantastiques, publié sous le pseudonyme d’un excentrique magizoologiste britannique, Newt Scamander, et censé avoir été rédigé dans les années 1920. Vie et habitat des animaux fantastiques est présenté comme un manuel scolaire décrivant en détails de nombreuses créatures, aussi étranges que merveilleuses, que l’on peut rencontrer dans le monde magique. Cependant c’était l’auteur du manuel lui-même qui était particulièrement intrigant. Lionel a eu l’idée de faire un faux-documentaire qui suivrait Newt aux quatre coins du monde alors qu’il découvrait ces différentes créatures.

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Nous pensions tenir un bon concept. Nous l’avons soumis à Jo qui, par une étrange coïncidence, avait aussi beaucoup réfléchi au personnage de Newt Scamander. Elle n’avait pas envisagé un documentaire, mais avait imaginé une histoire entièrement originale, pendant laquelle il se rendrait à New-York et y vivrait des aventures avec ses créatures magiques. Cela ne surprit absolument personne que Jo ait eu une bien meilleure idée que tout ce que Lionel ou moi aurions jamais pu imaginer.

Je ne cesserai jamais d’être impressionné par la vivacité que peut avoir l’univers d’Harry Potter dans sa tête ; c’est une des raisons pour laquelle ses livres sont aussi appréciés. Si elle avait pris la plume en tant que Newt quinze ans plus tôt, il était tout à fait logique qu’elle ait imaginé quel genre d’homme il serait et quelle était son histoire. Jo nous a ensuite dit qu’elle souhaitait écrire le scénario et peu après, David Yates (qui a réalisé les quatre derniers Harry Potter) s’est joint au projet, ainsi que Steve Kloves (qui a scénarisé sept des huit films) pour participer à la production, aux côtés de David, Jo, Lionel et moi.

Nous avions trouvé la nouvelle aventure que nous recherchions et la nôtre venait de commencer. Avec tout l’enthousiasme que nous ressentions à l’idée de revisiter l’univers d’Harry Potter venait aussi une certaine hésitation. Nous étions conscients que certains pourraient voir ce projet comme une façon de s’approprier l’univers et de faire de l’argent. Bien évidemment, le film n’aurait pas été financé si nous avions pensé qu’il ne serait pas rentable, mais la décision de se lancer dans ce nouveau projet est venue d’une vraie passion pour cet univers et d’un désir ardent de s’y replonger.

Par-dessus tout, Les Animaux Fantastiques commence et finit avec Jo, et elle n’avait aucunement besoin de faire un film. Elle avait déjà bien assez de projets, avec les romans de Robert Gallbraith et l’écriture de la pièce Harry Potter and the Cursed Child, qui fait aujourd’hui un triomphe dans le West End. Sans mentionner son travail caritatif avec son organisation Lumos ainsi que d’autres associations, et sa vie de famille. Son quotidien était déjà bien rempli. Si nous avons fait Les Animaux Fantastiques, c’est parce que Jo tenait une histoire qu’elle voulait raconter – et une histoire brillante, par dessus tout.

Situé en 1926, le film débute avec l’arrivée de Newt à New-York, à une période de tensions importantes entre les mondes magiques et moldus. Newt y fait une ultime escale après un long voyage autour du monde, pendant lequel il a étudié et sauvé des créatures magiques, qu’il garde dans sa mystérieuse valise. Il aurait pu quitter la ville sans se faire remarquer, si un No-maj (l’équivalent américain de moldu) peu méfiant, du nom de Jacob Kowalski, n’avait pas laissé s’échapper plusieurs de ces créatures par inadvertance.

Newt, Jacob, Queenie et Tina (deux sœurs sorcières qu’ils rencontrent au cours de leur aventure) doivent alors retrouver les créatures en fuite, mais les enjeux sont bien plus grands qu’ils n’auraient pu l’imaginer. Ils se retrouvent confrontés à des forces obscures qui pourraient déclencher une guerre entre sorciers et No-maj. Tout comme dans Harry Potter, les thèmes des Animaux Fantastiques sont universels. Je n’ai jamais considéré ces livres comme de la « littérature pour enfants ». Ils racontent l’histoire de marginaux. Ils défendent l’importance de la tolérance et de l’amitié. Ils montrent qu’il n’y a rien de mal à être différent et, dans notre société actuelle, ces idées sont plus pertinentes que jamais.

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Nous avons commencé le casting fin 2014. Dès le départ, Eddie Redmayne était notre premier – et notre seul – choix. Non seulement il a l’air de vivre en 1926, mais il a toutes les qualités requises pour incarner Newt : il est intelligent, drôle, typiquement britannique, et doté d’une grande compassion – même en tant que marginal, plus à l’aise avec ses créatures qu’avec les êtres humains. Il a passé six mois à travailler avec un coach et un dresseur animalier (et bien sûr David Yates) pour développer son personnage et ses tics. Nous avons fait passé des milliers d’auditions pour Queenie, Tina, et Jacob, avant de nous limiter à une dizaine de personnes.

Nous avons fait des bouts d’essai avec chacun d’entre eux et Eddie, en modifiant les combinaisons, car David Yates pensait qu’il était indispensable que nous puissions voir ce que cela donnait avec différents duos et groupes, dans la mesure où une grande partie du film repose sur l’alchimie entre ces quatre personnages. Eddie s’est montré très encourageant et disponible avec chacun d’eux ; il leur rendait visite dans leur caravane, les aidait à répéter leur texte, les encourageait avant qu’ils arrivent sur le plateau. Nous avons fini par nous décider pour Katherine Waterstone dans le rôle de Tina, et Alison Sudol pour celui de Queenie.

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Elles ont réalisé une très belle improvisation et, bien qu’elles ne s’étaient rencontrées que trente minutes plus tôt, la complicité, les chamailleries entre sœurs, ont donné l’impression qu’elles se connaissaient depuis toujours. Et pour Jacob, nous avons choisi le chanteur, comédien et acteur Dan Fogler. Ça a été une véritable révélation ; il peut vous faire éclater de rire puis fondre en larmes en un battement de cils. Le reste du casting principal inclut Colin Farrell, Jon Voight et Carmen Ejogo. Parmi tous les acteurs qui ont auditionné, beaucoup étaient de grands fans d’Harry Potter, mais aucun n’arrivait à la cheville d’Ezra Miller (que les spectateurs ont déjà vu à l’écran dans Crazy Amy et We Need to talk about Kevin.)

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Ezra était notre encyclopédie potterienne ; il pouvait citer des paragraphes entiers des livres, et pouvait même se mettre à chanter la chanson des Bizarr’ Sisters du quatrième film. Un des rites de passage pour les acteurs principaux était de choisir et d’imaginer le design de leur baguette, chacune d’entre elles soigneusement confectionnée par notre Mr Ollivander. Vous pouvez aisément imaginer à quel point Ezra a pris cette responsabilité au sérieux…

Les Animaux Fantastiques se déroule presque exclusivement dans le New-York d’il y a quatre-vingt dix ans, nous avons donc décidé de recréer la ville dans les studios de Warner Bros, à Leavesden. Nous avons construit de gigantesques décors, récréant des quartiers entiers de New-York, comme le Diamond District et Times Square, et avons utilisé la magie des effets spéciaux pour les agrandir numériquement. Nous avons aussi utilisé le Cunard Building à Liverpool pour quelques scènes. Curieusement, parce qu’ils marquent le début et la fin d’une part importante dans l’histoire, on trouve de nombreux points communs dans l’architecture du Merseyside (comté où se trouve Liverpool), et celle du New-York des années 1920. Nous avons commencé à tourner en août de l’année passée.

Une des grandes différences entre les tournages des Animaux Fantastiques et ceux de Harry Potter était l’absence d’enfants – ou presque en tout cas. Lorsque vous travaillez avec des enfants, en toute logique, vous devez aussi travailler avec leur éducation, ce qui ralentit considérablement les choses. La loi autorise les enfants à travailler 9h30 par jour avec 15 minutes de pause toutes les deux heures, et trois heures de travail scolaire, ce qui veut dire qu’on ne pouvait tourner avec eux que 4h30 par jour. Ceci dit, le tournage des Animaux Fantastiques n’était pas particulièrement court non plus, il a duré plus de cent jours au total – ce qui est plutôt long, quel que soit le film.

L’atmosphère qui régnait sur le tournage était très proche de celle des tournages de Harry Potter ; une grande famille, tous ravis de donner vie à l’univers de Jo. David Yates crée une atmosphère très détendue pour tous les films sur lesquels il travaille, et dans le même temps, il est impitoyable lorsqu’il s’agit d’obtenir ce qu’il veut. Comme beaucoup de membres de l’équipe qui ont travaillé dans cet univers, il voulait faire encore mieux que la fois précédente. Nous correspondions régulièrement avec Jo, et elle était beaucoup plus impliquée dans ce projet, à la fois en tant que productrice et scénariste, que pour n’importe quel film de la saga Harry Potter.

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Elle est venue sur le tournage à plusieurs reprises, ce qui a permis aux acteurs de découvrir quelques anecdotes supplémentaires sur leur personnage, et la direction générale que prenait l’histoire. Ma famille est venue me rendre visite sur le tournage des Harry Potter, ce sont de merveilleux souvenirs. Une de mes toutes premières sorties avec les enfants de ma compagne était sur le plateau du troisième film.

Ils sont venus pendant qu’on tournait la scène du Magicobus, et ils ont joué avec l’équipe de cascadeurs, sont montés dans le bus, ont pu agiter une baguette, ce qui n’était sans doute pas la pire des premières impressions que je pouvais leur donner. Cette fois-ci, David Yates a casté mon fils de huit ans pour un tout petit rôle. Il lisait Harry Potter à ce moment-à, il n’aurait pas pu être plus enthousiaste. Porter un costume des années 1920 et tourner une scène seront des souvenirs qu’il gardera en mémoire pour le reste de sa vie – et moi de même.

Il y a vraiment trois grandes étapes dans la fabrication d’un film. La pré-production ; qui consiste à planifier, écrire, caster ; le tournage ; puis la post-production. À la fin du tournage des Animaux Fantastiques, nous étions épuisés – David Yates n’était pas en reste, avec son autre film d’aventure, La Légende de Tarzan, dont la production s’était télescopée avec notre film. Pendant la post-production, nous avons réduit considérablement la durée du film, passant de trois heures trente à 124 minutes (générique non inclus). Je suis partial bien sûr, mais je pense que ce sont deux heures extraordinairement riches, immersives et distrayantes.

L’univers, et les créatures qui le peuplent, sont fantastiques. C’est parfois drôle, parfois haletant, et surtout très émouvant. Je suis extrêmement fier d’en avoir fait partie. Jo a annoncé récemment qu’elle avait imaginé Les Animaux Fantastiques comme une saga de cinq films. Bien évidemment, les gens doivent aller voir le premier film avant que nous puissions véritablement nous engager là-dedans, et on a une certaine pression. Cette fois-ci, nous n’avons pas la garantie que des millions de gens ont lu le livre et pourraient aller voir le film, mais c’est libérateur d’une certaine façon.

Vous n’avez pas besoin d’avoir lu un seul chapitre de Harry Potter pour comprendre Les Animaux Fantastiques, et ceux qui ne sont pas familiers de ce monde pourront toujours apprécier le film. Jo l’a vu à de nombreuses reprises et l’a adoré, ce qui est un grand soulagement. Je suis raisonnablement optimiste. C’était ma secrétaire qui avait lu la première le manuscrit de Harry Potter en 1997. Dans mon bureau chez Heyday films, au-dessus d’un magasin de guitare à Soho – j’y suis toujours – nous avons des étagères entières consacrées aux livres et scripts que nous recevons.

Il y a trois rangées : faible priorité, moyenne, et haute. Harry Potter and the Philosopher’s Stone croupissait sur l’étagère du bas, jusqu’à ce qu’elle l’en déloge et le lise en un week-end et m’en parle dès le lundi matin. Je n’étais pas convaincu par le titre, mais ce qu’elle m’a décrit m’a intrigué, alors je l’ai emmené à la maison et j’ai commencé à le lire cette nuit-là. Je ne me suis pas arrêté avant de l’avoir terminé. À cette époque, je n’avais aucune idée de ce que Harry Potter deviendrait, de la chance que j’aurais, et d’à quel point cela changerait ma vie. C’est toujours le cas aujourd’hui.

Harry Potter m’a donné des amitiés impérissables, en la personne de Jo, David, les autres réalisateurs (Alfonso Cuarón, qui a réalisé le Prisonnier d’Azkaban est le parrain de mon fils), les producteurs, les acteurs, toute l’équipe technique – dont beaucoup que je fréquente encore et avec qui j’ai travaillé à plusieurs reprises. J’ai pris le petit-déjeuner avec Daniel Radcliffe récemment, et le mois dernier, j’ai présenté Emma Watson lors d’une remise de prix. Les voir grandir et être témoin de leur évolution est un immense privilège. Et maintenant, nous avons une toute nouvelle aventure qui commence.

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