PotterAfter : Mashle, le manga magique un brin potterhead
Le 7 avril prochain sortira dans toutes les librairies, le manga Mashle aux éditions Kazé manga. Première série de l’auteur Komoto Hajime, Mashle a connu le succès par l’intermédiaire du magazine de pré-publication Shuukan Shounen Jump.
Il était une fois…
Mashle est un shōnen (comprenez un manga qui s’adresse à un public plutôt masculin) nous menant dans un monde fantastique particulier : la magie est partout et tous les humains naissent avec des pouvoirs, faute de quoi ils sont tués à la naissance.
C’est peut-être la raison qui a conduit la mère de Mash, le héros de ce manga, à l’abandonner, au grand bonheur de son père adoptif. Ce dernier, conscient que la vie de son fils est en danger, décide de l’entraîner pour qu’il puisse se défendre en cas de problème.
Malheureusement, il n’avait pas anticipé le fait que le jeune homme développerait une force sur-humaine, souvent à l’origine de scènes cocasses. Parce que oui, Mashle est un shōnen humoristique qui use de l’absurde pour sortir son héros de toutes les situations ! Un jour, le secret de Mash est découvert et pour s’en sortir, il va devoir intégrer la prestigieuse école de sorcellerie Easton, et en devenir le meilleur élève (sinon ce n’est pas drôle !).
Le lecteur se retrouve donc projeté dans une intrigue où la force de Mash va se confronter à une société magique basée sur les sortilèges et des coutumes anciennes.
… Chuck Norris à Poudlard !
S’il n’y avait pas un lien fort avec Harry Potter, la Gazette ne vous parlerait pas de ce manga ! Les références à la saga du sorcier à lunettes sont multiples et jonchent l’intrigue de manière plus ou moins subtile, ce qui renforce l’effet comique.
Tout d’abord les personnages : Mash se lie d’amitié avec Lemon, une jeune fille érudite mais pauvre donc rejetée car elle n’est pas « digne » de la société magique. Suit de peu son binôme de dortoir, un garçon un peu faible et timide du nom de Finn. Voilà le trio d’or inséparable ! Par la suite, le professeur de sortilèges est une copie dessinée de McGonagall, les moustaches de chat en moins !
Quant au directeur, il est assez vieux, ultra puissant, porte des lunettes, une longue barbe blanche, un bonnet et vient régulièrement à la rescousse d’un élève perturbateur faisant fi du règlement… Vous le remettez ?
Le meilleur ennemi du héros est un blondinet arrogant, fils d’un membre haut placé au Ministère et entouré de deux acolytes qui l’aident dans la terreur qu’il fait régner sur l’école. Indice en plus : il est protégé par le sous-directeur qu’on peut associer à Rogue.
Les clins d’œil au Wizarding World sont légions ! Notons par exemple, que tous les sorciers naissent avec au moins une marque sur le visage prouvant leur essence magique, celle dessinée sur Mash est en forme d’éclair… L’examen pour entrer dans l’école est une suite d’épreuves dont un labyrinthe où Mash-Harry fait preuve de bravoure quitte à perdre en portant assistance à Lemon ! Cette dernière l’aide par la suite à réviser et déclare : « j’ai même des traités sur les animaux fantastiques ! »
Le premier cours de sortilèges porte sur un enchantement pour déverrouiller les serrures, comme le Alohomora qu’Hermione introduit dans Harry Potter à l’école des sorciers. On leur apprend aussi à voler sur un balai. Il y a un système de gains de pièces en fonction des résultats scolaires et celui qui en a le plus devient le meilleur élève de l’année (il gagne accessoirement gloire et richesse). Les étudiants sont répartis par « dortoirs » dont les blasons représentent des animaux…
Mash se fait embarquer dans un sport, le duelo, dont le but est de voler sur un balai en équipe pour marquer des points (10 par but !) avec un ballon au milieu de grands anneaux. Même les tours des gradins rappellent le Quidditch !
Les lieux aussi s’inspirent très librement de Poudlard : le château, les salles de classe, dont celle de sortilèges qui ressemble à la salle de Défense contre les Forces du Mal, la forêt où les élèves se donnent rendez-vous pour des défis…
En somme, vous ne serez pas dépaysés en lisant ce manga !
Une réflexion au-delà du divertissement
Il est intéressant de constater que Mashle ne vient pas simplement conquérir un public de potterhead : il y a une véritable critique de la manière de gérer les « castes » de la société et de l’usage parfois abusif de la magie.
En effet, dans ce monde, la magie est considérée comme un don de Dieu et sa maîtrise détermine la place des sorciers dans la société. Ceux des classes inférieurs ont peu de chance d’ingérer l’école et donc de faire évoluer leurs compétences. Le parallèle avec la souveraineté du sang-pur présente dans Harry Potter est alors évidente. Lemon est dès le début prise à partie par les autres élèves pour cette raison, lors des tests de sélections.
Lloyd, l’élève protégé par les professeurs par contraintes de représailles de la part de son père, met en avant les jeux de pouvoir au sein du Ministère de la Magie et l’interférence de la politique dans l’éducation des futurs citoyens.
D’ailleurs, dès les premières pages, Mash se promène au sein du marché et constate, un peu désabusé, que les sorciers utilisent la magie pour des actions du quotidien qu’ils gagneraient à faire à la main ! Le héros permet de prendre du recul sur certaines pratiques où effectivement, la magie se révèle être moins pertinente que la technique.
Par la suite, Mash ira jusqu’à utiliser une baguette comme projectile, scandalisant les spectateurs par ce non respect d’un objet presque sacré ! Car il est possible de se poser la question suivante : le héros, en étant si fort, a-t-il vraiment besoin de la magie ?
Une première impression positive
La réponse à la précédente question est non. Sans « divulgâcher » l’intrigue, Mash trouve toujours un moyen de s’en sortir. Derrière ses faux airs de Saitama pour son côté nonchalant (j’ai pensé à lui à chaque bouchée de chou à la crème), il maîtrise assez sa surpuissance pour l’utiliser avec ingéniosité. Car ce héros n’est pas un simple bourrin : il sait ruser comme un Serpentard, être fidèle en amitié comme un Poufsouffle, étudier sérieusement comme un Serdaigle et user de sa force avec agilité comme un Gryffondor.
Mash est un personnage intéressant qui mène le lecteur tranquillement, à travers des scènes d’actions dynamiques où les arts martiaux sont mis à l’honneur. L’intrigue avance sans lourdeur, avec un rythme appréciable dès le premier tome.
Adepte des shōjo (les mangas plutôt destinés à un public féminin), j’ai forcément dû mettre de côté le style graphique pour me concentrer sur l’histoire. Et c’est une bonne chose car il s’améliore au fil des pages.
J’ai adoré tous les passages où Mash a utilisé la force à la place de la magie, que ça soit pour ouvrir un cadenas ou donner l’illusion de voler. La réaction des sorciers est hilarante car ils ne comprennent pas pourquoi ce jeune homme n’utilise pas sa capacité magique.
Enfin, contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, il ne s’agit pas d’une mauvaise parodie de Harry Potter en manga. On sent l’inspiration tout au long du récit par touches mais il suit un cours différent et, surtout, l’histoire porte sur la mission que doit remplir Mash et développe ses propres récits en parallèles.
Infos pratiques
Vous retrouverez les tomes 1 et 2 dans toutes les librairies dès le 7 avril 2021 au prix conseillé de 6,99 euros. Mashle se lit à partir de 12 ans et 5 tomes sont déjà sortis en version originale (japonaise), la traduction française est assurée par Jean-Benoît Sylvestre.
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Merci à Kazé Éditions de nous avoir fourni un exemplaire pour critique et pour la découverte !
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