PotterAfter – Les chevaliers du Tintamarre de Raphaël Bardas

Note : cet ouvrage nous a été offert par le service presse des éditions Mnémos. Mais la critique reflète les opinions de sa rédactrice et n’a pas été influencée par la maison d’édition.

Les chevaliers du Tintamarre avait attiré mon attention lorsqu’il a été sélectionné parmi les nominés pour le Prix Imaginales 2021, catégorie roman francophone. C’est le premier roman de son auteur, Raphaël Bardas. Étant plus habituée à lire de la fantasy américaine ou britannique, j’ai passé ce roman en tête de ma pile à lire.

Le livre

Avant même de vous parler du texte, je voudrais mentionner l’ouvrage physique, dont la couverture est très belle. On y rentrouvre la silhouette imposante et noire de la ville où se déroule l’intrigue, sur un fond ocre qui rappelle le sable. En premier plan, les silhouettes des trois héros ressortent, défiant la ville. Sans rien vous révéler, cette couverture permet de deviner l’ambiance du livre, encore plus efficacement que le résumé de la quatrième couverture.

Rentrons maintenant dans le texte. Les chevaliers du Tintamarre est une aventure basée autour d’une intrigue : des jeunes femmes disparaissent, et des créatures légendaires s’échouent sur la plage.

« […] les morganes à qui nous avons jadis volé cette ville viennent nous crever sur les pieds. »

Extrait du chapitre 10

L’histoire nous fait suivre en parallèle les militaires chargés officiellement de mener l’enquête, et trois compères, Silas, Morue et Rossignol, habitués des bagarres et des tavernes, qui vont se charger officieusement d’enquêter également.

Les personnages

Les personnages sont tous des filous, qui respectent peu de gens, et fonctionnent avec leurs propres règles. Vous ne trouverez pas de preux chevaliers dans cet ouvrage, mais des antihéros  qui se fichent un peu de l’honneur. S’ils sont tous des voyous, j’ai apprécié qu’ils le soient chacun à leur façon : vous découvrirez Rossignol, le beau parleur et embobineur, Morue, qui aime taper, de préférence dans la face et avec son poing, et Silas, avide de devenir un héros.

J’ai cependant regretté la représentation des femmes dans ce livre. Un seul personnage féminin se démarque, et n’arrive qu’à la moitié de l’intrigue. Tous les personnages féminins finissent ou sont passés dans les lits des personnages masculins, ou sont vus comme des demoiselles en détresse. C’est un peu dommage que dans un monde fantastique peuplé de trolls bourgmestres ou de kobolds bibliothécaires, les femmes n’aient pas des rôles plus variés et plus présents.

Enfin la dynamique entre les personnages est réussie, et j’ai beaucoup aimé découvrir les relations qui se créaient au fur et à mesure que les différents personnages se croisaient, même quand ces relations consistaient à savoir qui arrivera à pousser l’autre à bout le premier.

L’intrigue

L’histoire est drôle, avec un humour de taverne que j’ai apprécié. Le ton colle parfaitement avec l’ambiance crasseuse de la ville et de ses habitants, et les réparties que s’envoient les personnages sont souvent bien trouvées.

L’intrigue générale m’a accrochée, j’ai beaucoup aimé mener l’enquête avec les personnages. J’ai cependant regretté qu’a deux reprises, un mystère est fait sur des personnages dont on cherche la véritable identité, mais il y avait tellement d’indices que j’ai tout de suite compris qui ils étaient. Aussi les passages où ils sont révélés, au lieu d’apporter de la surprise, me laissaient juste la satisfaction d’avoir deviné avant. L’histoire principale autour de la disparition des jeunes filles et des créatures échouées est cependant très réussie, et j’ai beaucoup apprécié la fin.

Enfin, j’ai beaucoup aimé le style d’écriture. Même si la ville et les personnages n’ont rien d’élégant, le texte avait de nombreuses tournures très poétiques. Avant même de commencer à lire, j’ai tout de suite accroché au style grâce aux titres des chapitres que j’ai parcouru dans la table des matières, et qui sont très beaux. Le livre commence par une première partie qui porte mon titre favori : « le hurlement des veuves ».

J’ai donc pris plaisir à lire Les chevaliers du Tintamarre. Le livre étant le premier de l’auteur, je resterai attentive pour voir si d’autres seront publiés ; j’ai trouvé que le style très élégant, et je serai curieuse de lire d’autres aventures avec, je l’espère, plus de personnages féminins travaillés.

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