Harry Potter : une aide à la lecture ?
Qui a dit qu’une fois les Harry Potter fermés, ses lecteurs n’ouvriraient pas d’autres livres et surtout parmi eux, les plus poussiéreux, ceux dont le seul nom de « classique » fait fuir toute personne saine d’esprit ? A l’heure où les livres et la culture paraissent pour certains « has-been », pour d’autres, Harry Potter serait la voie royale pour faciliter l’accès des plus jeunes à des oeuvres plus ardues à lire mais comptant parmi le patrimoine culturel de tout un chacun.
Dans la lignée de nos projets « post-potter », comme Potterafter qui vous invitent (plus ou moins régulièrement) à découvrir des produits culturels qui nous ont rappellés à bien des égards l’esprit d’Harry Potter, certaines personnes, à leur façon, comme des professeurs ou des universitaires, pensent aussi à la postérité du balafré le plus connu du monde en profitant de la vague pour mener par la main leurs élèves vers d’autres lectures.
Nous avons tous plus ou moins fait l’expérience durant nos jeunes années au collège ou au lycée d’avoir étudié des passages de l’École des Sorciers ou d’autres tomes, conçus comme autant de chemins de traverse pour des professeurs d’anglais de nous faire découvrir plaisamment cette langue et étrangement nous étions légèrement plus attentifs qu’au cours précédent sur les verbes irréguliers…
Harry Potter a vraiment été le livre de chevet de notre génération ce qui représente une vraie révolution culturelle alors qu’il est inutile d’être féru de statistiques pour ne pas être au courant que de moins en moins de personnes, et surtout parmi les plus jeunes, lisent. Cependant, lire pendant des heures et des heures de gros volumes n’a pas arrêté la communauté « potter-addict » que nous sommes et encore moins les lire dans la langue de Shakespeare, ce qui est peut-être une plus grande révolution que la première. De ce fait, tout au long de la lecture des sept tomes, à l’image d’Harry, son lecteur suit un parcours initiatique qui le conduit non seulement à aimer la lecture mais aussi, d’une certaine manière, à « apprendre à lire », c’est-à-dire à être un meilleur lecteur, capable de lire d’autres œuvres peut-être plus complexes dans leur forme. Du même coup, Harry Potter serait le meilleur professeur d’anglais quand de petits et grands francophones s’attellent à le lire en langue originale, leur permettant par la même occasion de lire à leur tour peut-être pas Shakespeare lui-même sans édition bilingue mais du moins Dickens ou Jane Austen, l’une des écrivains préférées de Jo.
C’est ce qu’en témoigne l’une des universitaires de la Washington and Lee University, Suzanne Keen. Elle milite pour que soit retissé le lien entre les lycéens, les étudiants et les auteurs victoriens dont elle est une spécialiste. Dans cette optique, elle reconnaît le rôle de J.K Rowling et de ses livres dans cette « rééducation » à la lecture des plus grands auteurs en soulignant la proximité qui unie Harry Potter avec, par exemple, Dickens comme si le monde de Jo représentait en miniature, pour un public plus jeune, une version du monde dickensien. Selon elle, les lecteurs assidus de Jo comprennent mieux Dickens et pourront retrouver dans Les Grandes Espérances ou dans d’autres chefs-d’œuvre de l’auteur autant d’humour, de noms forgés sur des jeu-de-mots, d’intrigues et de grain à moudre pour les lire selon leur longueur, elle-même loin d’être rébarbative mais plutôt attractive.
Si vous aussi, vous vous reconnaissez dans ce portrait et que vous avez connu personnellement le rôle joué par la lecture d’Harry Potter d’autres œuvres, plus ou moins classiques, n’hésitez pas venir partagez ça sur le forum de la Gazette du Sorcier.
Merci Mugglenet.