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Daniel Radcliffe – de l’absurde à plus soif

Depuis Harry Potter, Daniel Raddcliffe a fait beaucoup de chemin en tant qu’acteur. Alors que la deuxième saison de Miracle Workers s’achève, retour sur la carrière d’une nouvelle icône de l’absurde.

Ceux qui n’ont pas suivi la carrière de l’acteur depuis la fin de Harry Potter sont parfois surpris de découvrir certains de ses rôles. Un cadavre magique ; un homme avec des pistolets cloués aux mains ; un ange en charge des miracles les plus lents et les moins impressionnants de l’univers… mais, depuis longtemps, Daniel Radcliffe semble prendre la direction d’icône de l’humour et, plus spécifiquement, de l’humour absurde.

Cet article contient de légers spoilers concernant les films dans lesquels Daniel Radcliffe est apparu tout au long de sa carrière. Il ne s’agit pas ici d’une liste exhaustive de ses rôles.

Avant même la fin de Harry Potter

La carrière de Daniel Radcliffe n’a pas attendu la fin de la saga Harry Potter pour prendre une direction particulière. C’est en 2007, entre le tournage de Harry Potter et la Coupe de Feu (2005) et la mise en production de Harry Potter et l’Ordre du Phénix (2007) que l’acteur fait ses première apparitions en dehors de la saga. (Son premier film tourné avant Harry Potter, Le Tailleur de Panama, en 2001, ne compte pas réellement ici).

Il apparaît tout d’abord dans la pièce Equus, qui fait grand bruit car il est nu lors d’une scène. La pièce raconte le trauma d’un jeune homme, amoureux des chevaux, qui crève les yeux de six d’entre eux dans un accès de démence. Inspirée d’un fait divers réel, la pièce utilise le personnage de Alan pour soulever des question existentielles sur la sexualité, l’humain et le divin.

En effet, Alan a construit toute une théologie dans sa tête, selon laquelle les chevaux sont des incarnations divines. S’il leur crève les yeux, c’est pour échapper à leur regard divin, qui perçoit son âme, alors qu’il s’apprêtait à coucher avec une femme pour la première fois.

On le retrouve ensuite dans December Boys, qui fait bien moins de bruit que Equus. Il y incarne Maps, un jeune orphelin australien qui, avec trois autres orphelins, se trouve à passer l’été chez un couple au bord d’une plage. Là, ils apprennent que le couple a l’intention d’adopter l’un d’entre eux à la fin de l’été. Maps tombe amoureux d’une jeune fille qui passe l’été dans le même coin et perd sa virginité avec elle.
Par la suite, il se dispute avec ses « frères » orphelins et, lors que l’un d’eux se noie, Maps, qui ne sait pas nager, se jette à l’eau pour le secourir. Tous deux ont une vision de la Vierge Marie avant d’être sauvés, et Maps finit sa vie comme prêtre.

Les thème de ces deux « premiers » rôles sont distinctement comparables, bien que les deux œuvres soient indéniablement différentes : éveil à la sexualité, quête identitaire et l’importance du divin.

Après Harry Potter : entre horreur et comédie

De 2007 à 2011, Radcliffe semble à nouveau se consacrer à 100% à Harry Potter, même s’ils continue à jouer dans Equus en parallèle, jusqu’en 2009. Puis il enchaîne : dès 2011, il apparaît dans la comédie musicale How to Succeed in Business Without Really Trying (Comment réussir en affaires sans vraiment essayer), l’histoire d’un laveur de carreaux qui rejoint une grande entreprise guidé par les conseils d’un livre. Cette comédie dénonce l’absurdité et la vanité du monde des affaires.

Avec le succès de la pièce, Daniel Radcliffe multiplie les talks shows et Late Night Shows américains. Avec Saturday Night Live, il parodie son propre rôle de Harry Potter et dévoile au monde ses talents pour la comédie pure. Toujours avec une touche d’absurde, il incarne également dans le même épisode un étudiant en « poésie et clownerie » qui cherche la célébrité en alliant ses deux passions : « la danse irlandaise et la calligraphie chinoise ».

« Casser » son image, pour mieux décoller
Daniel Radcliffe dans La Dame en Noir

C’est donc une surprise lorsqu’il annonce son premier film post-Potter : La Dame en Noir (2012), un film d’horreur pur et dur. C’est un choix stratégique pour prouver qu’il a aussi sa place dans des films destinés à un public adulte.

Lors de la conférence de presse, à laquelle nous avions assisté, nous avions demandé à l’acteur si le registre comique ne le tentait pas plus. Il nous a répondu que ce type de rôle lui plairait énormément et, en effet, les annonces qui suivent vont dans ce sens : il sera bientôt à l’affiche d’une série humoristique : A Young Doctor’s Notebook (Morphine en VF), adapté des nouvelles de Mikhail Boulgakov.

Son rôle de jeune docteur, dépassé par les horreurs qu’il découvre à l’hôpital de Muryevo (Russie profonde) pendant la révolution russe et la guerre civile, fait parfaitement le pont entre l’horreur de son dernier rôle et ceux à venir. L’humour noir est omniprésent, et le jeune Dr Vladimir Bomgard, comme tout bon personnage de l’absurde, remet vite en question ses certitudes.

L’horreur, l’absurde et l’humour ne quitteront plus l’acteur.

2013-2016 : sur scène et à l’écran, la tendance s’affirme

On pourrait penser que Kill Your Darlings est une exception réaliste dans la carrière de Daniel Radcliffe. Cependant, le film, basé sur un roman autobiographique (Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines, de Jack Kerouac et William Burroughs) explore la jeunesse de poètes de la Beat Generation qui, dans les années 50, se caractérise par

Le rejet de la narration classique, une quête spirituelle, l’exploration du rapport à la religion aux États-Unis, la représentation sans fioritures de la condition humaine, l’usage expérimental de drogues et la libération sexuelles.

Wikipedia mon ami

Autant dire que le film reste lié aux thèmes chers à l’acteur.

En 2013, il apparaît dans sa première comédie pure au cinéma : Et (beaucoup) plus si affinités (What If). Comédie romantique plutôt classique, mais qui permet de le découvrir dans un rôle plus léger. Puis il retourne au théâtre dans une autre comédie, plus cynique, The Cripple of Inishmaan. Il incarne alors un infirme qui cherche à obtenir un rôle sur une production hollywoodienne pour échapper à l’ennui de son petit village irlandais.

Ses deux rôles suivants, dans Horns (2014) et Docteur Frankenstein (2015), sont du domaine de l’horreur et du fantastique. On retrouve néanmoins dans les deux films la question du divin, et un questionnement sur les notions de bien et de mal, de l’humain et de l’inhumain.

2016 – 2020 : l’absurde comique enfin roi

Depuis 2016, Radcliffe enchaîne les rôles comiques et absurdes. Si avec Privacy (2016) et The Lifespan of a Fact (2018-2019) à Broadway il explore des sujets de société – les réseaux sociaux et l’importance à accorder, ou non, à certains détails factuels – ces pièces n’en restent pas moins des comédies. Il s’illustre également dans Insaisissable 2, avec un rôle au ton plutôt léger.

Mais ce sont quatre autres apparitions de ces dernières années qui entérinent définitivement l’association entre Daniel Radcliffe et les projets absurdes.

Au théâtre…
Daniel Radcliffe dans "Endgame" en 2020

Avec les pièces de théâtres Rosencrantz and Guildenstern Are Dead, en 2017, puis Fin de partie en 2020, toutes deux mises en scène au Old Vic à Londres, Radcliffe s’ouvre à une absurdité plus classique.

Dans la première, les deux personnages principaux, tirés d’une autre pièce (Hamlet), se questionnent sur leur identité, leur trépas, et comment ils sont arrivés là où ils sont. Y ‘a-t-il une force divine mystérieuse qui les guide et les manipule ? Qui sont-ils réellement ? Parfois comparée à En attendant Godot, Rosencrantz and Guildenstern coche toutes les case d’une production absurde et existentialiste.

La deuxième, Fin de partie, est une création de Samuel Beckett (ce qui veut tout dire). Hamm, aveugle paraplégique, vit avec son valet et fils adoptif Clov, ainsi que ses parents Nell et Nagg. Ces derniers ont perdu leurs jambes lors d’un accident de tandem dans les Ardennes, et ils vivent dans deux poubelles. Clov, le seul personnage mobile, affirme vouloir quitter Hamm ou le tuer, mais il ne fait ni l’un ni l’autre. Rien ne se passe véritablement pendant la pièce : les personnages « s’ennuient à mourir » et patientent souvent en silence. Leurs échanges sont répétitifs, courts, fragmentés.

… comme à l’écran

En 2016, dans Swiss Army Man, Daniel se met dans la peau d’un cadavre magique. Le film, indéniablement absurde (et pas toujours très fin) s’achève dans le flou le plus total : Manny avait-il réellement des pouvoirs ? Était-il le fruit de l’imagination de Hank ? Nul ne le sait.

Enfin, les deux saisons de la mini-série Miracle Workers constituent la cerise sur le gâteau. Daniel Radcliffe n’y tient pas seulement un rôle devant la caméra ; il est également producteur délégué (associé) ! Il est donc en partie responsable du financement de la série et de son succès, ce qui montre son engagement envers ce type de projets.

Notez que la première et la deuxième saison n’ont rien en commun, sinon le casting et l’humour absurde. Dans Miracle Workers (première saison), Daniel incarne un ange qui doit accomplir un miracle pour sauver la Terre, condamnée par un Dieu infantile et lassé de son jouet. Dans Miracle Workers: Dark Age, il est un prince du Moyen-Âge pacifiste, ami des canards, parfaitement inconscient de ses privilèges.

Le comique et l’absurde de cette deuxième saison reposent principalement sur la transposition de comportements modernes dans un contexte moyenâgeux (talk-show, rockstars…). Sans pour autant négliger les situations purement ridicules et les personnages tellement naïfs qui rendent la satire sociale transparente.

Et après ?

Daniel Radcliffe n’est attaché à aucun projet après 2020. Ses deux derniers films annoncés, Guns Akimbo et Escape from Pretoria sont sortis en début d’année.

Si ce dernier est basé sur des faits réels et durs (l’évasion de prisonniers politiques durant l’Apartheid), le premier poursuit dans la veine des rôles décalés qui posent des questions. Il y joue Miles, un informaticien qui se réveille un jour avec deux pistolets cloués aux mains dans le cadre d’une émission de téléréalité ultra-violente. Critique du show dans un premier temps, il bascule finalement lui-même dans la violence en tentant de mettre fin à l’émission.

La carrière de Daniel Radcliffe est donc profondément inscrite dans l’absurde, qui permet de remettre en question notre quotidien et notre société. Notre humanité et notre identité sont aussi au cœur de bon nombre de ses projets. Certains rôles font exception, certes, mais, la prochaine fois que l’acteur annoncera un projet complètement décalé, vous ne serez pas surpris : c’est dans l’absurde et l’humour teinté de cynisme qu’il a tracé sa voie loin de la saga Harry Potter.

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Mots-clésDaniel Radcliffe
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