Headcanon – pourquoi les Dursley sont exécrables avec Harry Potter
« Les Dursley détestent Harry Potter à cause des effet malfaisant liés à sa nature d’horcruxe.«
Cette idée semble avoir émergé en octobre 2014 sur le site Graphic Nerdity. C’est du moins vers cette source que nous ont redirigé toutes nos recherches.
Elle se fonde sur le principe constaté dans Harry Potter et Les Reliques de la Mort selon lequel être longuement exposé à un horcruxe impacte l’esprit. Lorsqu’ils portent le médaillon de Serpentard, Harry, Ron et Hermione deviennent plus ou moins agressifs avec le temps. Etant donné que Harry abrite une partie de l’âme de Voldemort, les Dursley seraient devenus de moins en moins sympathiques à cause de sa présence.
Les éléments contradictoires
L’idée est séduisante, mais plusieurs obstacles se dresse sur son chemin.
Tout d’abord, Harry n’était pas un simple horcruxe. D’après J.K. Rowling elle-même, dire que Harry est un horcruxe est une simplification pour tenter d’expliquer un phénomène unique. La magie qui a fait de lui un réceptacle de l’âme de Voldemort n’est pas la même que celle qui a permis au Seigneur des Ténèbres de créer ses horcruxes.
J’ai mis dans la bouche de Dumbledore les mots « Tu es l’horcruxe qu’il n’avait pas l’intention de créer » par facilité. Mais je pense que, par définition, un horcruxe doit être fait intentionnellement. Voldemort n’a pas suivi le processus que j’ai imaginé pour créer un horcrux avec Harry… […] C’est très proche du statut d’horcruxe. Mais Harry n’était pas – n’est pas devenu un contenant de magie noire. Il ne portait pas les maléfices mis en place sur les autres horcruxes. Il n’était pas, lui même, contaminé par ce morceau d’âme parasite.
J.K. Rowling – « PotterCast Interviews J.K. Rowling, part one. » PotterCast #130, 17 December 2007
Contrairement à un véritable horcruxe, dont la nature du contenant s’efface au profit du contenu lorsqu’il est transformé en horcruxe (par exemple, la bague de Gaunt est un horcruxe avant d’être une bague ornée de la pierre de résurrection), Harry reste avant tout Harry. C’est son âme, sa personnalité, que nous suivons tout au long des sept tomes, pas un fragment de Voldemort.
Par conséquent, il n’y a aucune certitude quant aux effets que pourrait produire Harry. Son âme pourrait, par exemple, contrer les effets de l’âme de Voldemort ; nous n’en savons rien. A nouveau, Rowling indique que « il n’est pas contaminé« .
Ensuite, le médaillon n’est pas le seul horcruxe en dehors de Harry dans la saga. L’intrigue de Harry Potter et la Chambre des Secrets nous permet de découvrir le journal intime de Jedusor, qui s’avère être un horcruxe. Contrairement au médaillon, sa possession ne génère pas d’agressivité ou de négativité excessive chez ses détenteurs. Ginny ne présente pas du tout les même « symptômes » que Ron, Harry et Hermione 5 ans plus tard. Pourtant, elle emporte le journal partout avec elle pendant plusieurs semaines. De la même manière, Harry n’est pas particulièrement agressif lorsqu’il entre en possession du journal.
Tous les horcruxes n’ont donc pas les mêmes effets.
Enfin, si c’est bien la présence de Harry qui rend les Dursley si exécrables, ne devraient-ils pas redevenir « normaux » en son absence ? On constate chez Harry Ron et Hermione que les effets du médaillon s’estompent très rapidement une fois celui-ci retiré. Certains objecteront que côtoyer Harry en continu pendant 11 ans laisse sans doute des séquelles plus durables que de porter le médaillon quelques heures, voire quelques jours… mais, dans ce cas, pourquoi les autres élèves de Gryffondor ne sont-ils pas impactés eux aussi ? Ils fréquentent pourtant Harry tous les jours, et pour certains, partagent même un dortoir avec lui.
Une négativité additionnelle
La réponse se trouve potentiellement dans les antécédents. Certaines personnes semblent plus sensibles aux pouvoirs des horcruxes que d’autres. Les circonstances peuvent également jouer un rôle et empirer les effets. Ron, par exemple, est particulièrement affecté car l’horcruxe-médaillon trouve en sa jalousie maladive un terreau fertile. Il est également inquiet pour sa famille et frustré par leur quête impossible. Tous ces éléments réunis le rendent plus sensible que Harry et Hermione.
Concernant les Dursley, on sait qu’ils détestent la magie avant l’arrivée de Harry. Vernon est déjà désobligeant envers Lily et James le jour de leur décès. Avant même de recueillir Harry, lui et Pétunia détestent tout ce qui sort de l’ordinaire. Si on se fie à Pottermore, la tension entre les parents de Harry, son oncle et sa tante datent de leur première rencontre. Au-delà des sorciers, les Dursley sont exécrables avec tout le monde ; Vernon crie pour le plaisir sur ses employés par exemple, avant même de rencontrer Harry. Pas besoin d’un horcruxe pour en faire des personnes agressives et détestables. En revanche, ils ont tout ce qu’il faut pour les rendre particulièrement réceptifs à ses effets.
Tout ça se passe dans votre tête !
Souvent qualifiée de « théorie », cette idée ressort aujourd’hui du headcanon : chacun est libre de l’ajouter à son canon personnel ou non. En effet, les livres n’apportent pas suffisamment d’éléments tangibles pour l’infirmer (dans sa version nuancée) ou la confirmer définitivement.
Cependant, il est certain que le morceau d’âme de Voldemort qui vit en Harry n’a pas une aura de négativité aussi marquée que celle d’autres objets pervertis par l’âme de Voldemort.
Le fragment d’âme de Voldemort ne peut pas être le seul responsable de l’attitude détestable des Dursley. Tout au plus peut-il l’avoir empirée. Trop faible pour affecter toute personne que Harry côtoie, il pourrait néanmoins avoir impacté les personnes les plus sensibles/réceptives de son entourage.
Le verdict de l’archiviste
- Une idée intéressante qui « nuance » la méchanceté des Dursley, qui n’est plus innée et trouve une « raison ». (Mais qui ne devrait en aucun cas l’excuser).
- Attention à ne pas basculer dans l’absolutisme en affirmant que l’horcruxe-Harry est l’explication ultime, car ce n’est pas le cas.