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Opinion de lecteur : Tribune en hommage à Luna Lovegood

par Luna O’Floin

Étoile. Elle brille de mille feux, même dans les temps les plus sombres, elle apporte la lumière. C’est une étoile à part, à des années lumière des personnes ordinaires. Aujourd’hui, parlons de Luna Lovegood.

Née en 1981, nous l’avons connue seulement en 2003. Luna est rapidement devenue l’un des personnages secondaires préférés de la saga pour ses qualités qui la différencient des autres. Sa popularité n’a fait que croître depuis qu’une fan, une certaine Evanna Lynch, l’a portée à l’écran. On aime sa douceur, son côté rêveur et décalé, sa manière d’être dans son monde.

Mais qui est vraiment Luna Lovegood ?

Au cours de cet article, je voudrais essayer de brosser un portrait objectif de Luna Lovegood, essayer d’analyser les émotions qu’elle provoque chez le lecteur, puis me pencher sur son adaptation cinématographique, en ajoutant dans cette seconde partie, ma critique personnelle.

Le personnage des livres

Luna Lovegood apparaît dans le cinquième opus, lors du voyage à bord du Poudlard Express. Preuve que le personnage n’est pas anecdotique, le titre du chapitre porte son nom. Ainsi J.K Rowling nous invite à nous intéresser tout spécialement à elle.

On la découvre à travers le regard de Harry, adolescent assez conventionnel, et ce qui saute aux yeux c’est l’aspect particulier de Luna. « La jeune fille dégageait manifestement une aura de folie douce » : des yeux protubérants qui lui donnent l’air surpris, de longs cheveux sales et emmêlés tombant jusqu’à la taille, la baguette collée derrière l’oreille, un collier de bouchons, et pour couronner le tout, elle tient son magazine à l’envers. Une somme de petits détails inhabituels, mais pas d’excentricité folle (elle n’a pas deux couettes roses et ne s’habille pas comme Harley Quinn !). Néanmoins cela suffit à refroidir l’envie de Harry de partager son compartiment, et c’est Ginny, qui connaît la vraie personnalité de la jeune Serdaigle, qui va les inciter à s’y installer. Ainsi, le livre laisse entrevoir deux Luna : celle perçue par les autres élèves de Poudlard, et la véritable Luna, que l’on peut découvrir entre les lignes.

D’entrée de jeu, on la classe chez les originales, influencé par la vision de M. Potter. On a l’impression de voir une fille un peu perdue dans son monde : elle lit le Chicaneur quand tout le monde lit La Gazette du Sorcier, croit que le dangereux criminel Black est un innocent chanteur de variétés, imagine des animaux qui n’existent pas – la preuve, Hermione n’a jamais trouvé un livre sur les ronflaks cornus à la bibliothèque ! Et puis son côté has­-been ne plaide pas en sa faveur : des boucles d’oreilles avec de vrais radis orange, à des années lumière de la mode que suivent les autres, comme Lavande qui préfère les accessoires papillon pour cheveux. Luna c’est la fille absolument pas crédible : on a l’impression que plus une info est délirante, plus elle y croit. Donc, quelque chose qui vient d’elle n’aura pas la même valeur pour les autres que si c’était la sérieuse Hermione qui en parlait. Les sombrals en sont un exemple : Luna est la première à en parler, de façon toute à fait sérieuse et exacte, et Harry ne la croit qu’à moitié… jusqu’à ce qu’Hagrid aborde le sujet en cours et qu’Hermione récite le manuel pour nous expliquer la particularité de ces créatures.

Pour beaucoup de gens, elle est Loufoca. Miss­ Rêveuse­-excentrique-­aux­croyances-­délirantes. Pourtant on peut s’interroger sur qui est véritablement Luna. N’y a-­t-­il pas un décalage entre ce que les autres perçoivent d’elle et ce qu’elle est ? On ne niera pas qu’elle ne suit pas les tendances. Cela traduit une indépendance d’esprit, surtout pour une si jeune personne (entre 14 ans et 16 ans dans les trois derniers tomes). Luna ne se laisse pas influencer par les rumeurs et les opinions des autres, elle développe sa propre réflexion. À une exception près : Luna reste très proche de son père depuis la mort de sa mère, et l’influence de sa famille est très forte. Une mère scientifique aimant faire des expériences et un père journaliste, tous deux versés dans la recherche, ont certainement contribué à façonner le caractère de Luna et expliquent certaines de ses croyances, partagées par sa famille.

Hermione remet en cause les convictions de Luna, sur le ronflak ou les héliopathes. Mais Hermione est une sorcière qui acquiert beaucoup de ses connaissances de façon théorique, dans les livres, tandis que Luna est plus aventurière dans son apprentissage : elle fait des expéditions en Suède pour trouver l’animal mystérieux à propos duquel elle a lu des témoignages, elle va au contact de la nature… la citation de Gandalf « le monde n’est pas dans vos livres ou vos cartes, Bilbon Sacquet, il est là, dehors » pourrait être une réplique de Luna à l’adresse d’Hermione.

Luna partage la culture des Lovegood, méprisée des autres, peut être par ignorance. Par exemple, ce que communément on appelle « gnomes », les Lovegood les dénomment par leur nom savant : Gernumbli Jardini. Et quand Luna parle d’héliopathes, Hermione la reprend, catégorique : « ces créatures n’existent pas ». La jeune Serdaigle les décrit comme « des esprits du feu (…) de grandes créatures enflammées qui brûlent tout sur leur passage ». Dans le tome 7, on voit ces créatures, dans la salle des objets cachés, invoquées par Crabbe. Mais Hermione elle, les nomme « Feudeymon » ! Simple différence de vocabulaire ? En tout cas, cela montre bien que si Luna pose un regard décalé sur son environnement, elle ne croit pas à des chimères. Ce n’est pas parce que personne n’a réussi à prouver l’existence du ronflak qu’il n’existe pas. Voilà qui pourrait être une maxime de la jeune fille.

Quand à la cantonner au cliché de « la rêveuse », cela est très réducteur. Luna à sa manière est très connectée à la réalité. Elle parle peu, écoute beaucoup, mais est pleinement dans le « ici-maintenant ». C’est particulièrement frappant dans la scène où Harry, Ron, Hermione, Neville, Ginny et elle sont dans la forêt et cherchent à rallier le ministère. C’est elle qui propose une solution qui lui paraît évidente, tant elle est simple : la voie des airs ! Mais les autres commencent d’abord par rejeter son idée, avant qu’elle ne leur explique que les sombrals n’attendent plus que eux pour partir !

Luna_leon.jpg Bien sûr, on ne peut nier que Luna ait un côté rêveur, mais pas dans le sens où elle est dans la lune. C’est une rêveuse à la John Lennon… elle imagine, idéalise. She may be a dreamer but she’s not the only one. Pour preuve, les tableaux qu’elle a peint de ses amis, magnifiques, respirent une certaine magie, entrelacés du mot « ami » en or, répété à l’infini…

Ces tableaux révèlent aussi un trait important de Luna : ce n’est pas une solitaire. Elle apprécie la compagnie des autres, et en fréquentant l’A.D, elle réussit à se faire de véritables amis, qui révéleront des qualités enfouies en elle : courage et loyauté. Quand Harry a besoin de guetteuses, Luna n’hésite pas et se dévoue, même si personne ne prend la peine de lui expliquer un minimum la situation. Loyale, courageuse, intelligente, honnête, voilà comment je vois Luna.

Que nous inspire Luna ?

Il existe un livre Dear Mr. Potter, rassemblant des lettres de fans sur ce que la saga leur a apporté. Sans aucun doute, il y aurait largement assez de matière pour faire un ouvrage similaire intitulé Dear Miss Lovegood, où les gens parleraient de leur sentiment envers Luna. J’ai souvent lu ou entendu combien Luna avait aidé les gens et je ne suis sans doute pas seule dans ce cas.

La plupart des fans connaissent l’exemple d’Evanna, pour qui la saga, et notamment le personnage de Luna, ont aidé à vaincre la maladie. Evanna a expliqué dans plusieurs interviews à quel point elle s’est sentie proche de Luna, qu’elle a eu l’impression de la comprendre profondément et a avoué avoir ressenti un sentiment possessif, une relation exclusive avec le personnage.

Il me semble qu’un certain nombre de fans partage le sentiment d’Evanna envers Luna. Car c’est un personnage qui arrive lorsque commence l’adolescence, période un peu difficile où l’on est à la recherche de soi et où on se retrouve parfois en butte aux moqueries des autres. Luna est une lumière, c’est pour cela qu’elle nous touche. Elle nous est semblable, mais reste différente.

En effet, elle vit des situations difficiles que nous avons parfois aussi vécues. D’abord la mort de sa mère la sort peut être un peu plus tôt que la plupart de ses camarades de l’insouciance de l’enfance. Même avant son arrivée à Poudlard, elle se retrouve confrontée aux difficultés de la vie.

Ensuite, elle est sujette au harcèlement scolaire, ce que de nombreux élèves moldus ont connu/connaissent aussi. On lui pique ses affaires, on se moque d’elle, on l’isole… Mais Luna réagit de manière peu commune : elle semble être complètement au dessus de tout cela, les méchancetés des autres semblent l’atteindre autant que Rogue se sent concerné par le shampoing.

Réagit-­elle ainsi parce qu’elle ne se rend pas compte de la situation et est complètement dans son monde, ou est­-ce qu’elle affecte de ne pas y prêter attention et décide d’assumer complètement qui elle est ? Je penche pour la seconde option. Contrairement aux apparences, Luna n’est pas si rêveuse que ça, elle n’est pas « dans son monde ». Elle analyse souvent les situations avec justesse et est complètement connectée à la réalité, même si elle pose dessus un regard décalé.

Les gens perçoivent cette faculté chez Luna, ainsi que son honnêteté à toute épreuve et l’admirent pour cela. Elle a une forme de courage rare et perturbante : elle ose voir et dire les choses telles qu’elles sont, toujours. Or, je ne sais pas vous, mais vous connaissez beaucoup de personnes qui font toujours preuve d’une lucidité constante ?

Luna est un ovni, souligné par son look décalé et ses hobbies. Mais plus que pour son style mimi-excentrique, on l’aime pour sa différence, parce qu’elle nous offre un autre modèle à suivre.

Luna à l’écran

Il aura fallu attendre 2007 pour voir Luna au cinéma. Fiona Weir et David Heyman ont casté des milliers d’adolescentes, avant de choisir Evanna Lynch, qui a su conquérir tout le monde par son interprétation. Emma Watson a même déclaré qu’Evanna ne jouait pas mais qu’elle était Luna. Mais quelle image nous renvoient les films de ce personnage tant aimé ?

Jany Temime, cheffe costumière, joue un rôle important dans l’élaboration du personnage, en collaboration avec son actrice. Dans le livre Des Romans à l’écran, elle déclare avoir voulu une Luna qui se distingue dans ses costumes par son originalité, mais que son excentricité devait aussi refléter sa personnalité, ses loisirs créatifs et ses goûts pour le fait­ maison et la nature ; par exemple, ses costumes contiennent des petits animaux en perle.

Luna-3.jpg

L’implication d’Evanna dans l’élaboration de Luna à l’écran est totale. On sait qu’elle a donné son avis et aidé à créer certains accessoires qu’elle porte à l’écran, et possède une connaissance profonde de son personnage. Elle propose ainsi sa vision : une Luna discrète, douce, un peu décalée et rêveuse, qui se détache de la foule des élèves de Poudlard. Faites le test : « où est Luna ? » dans toutes les scènes où Luna apparaît au sein d’un nombre important de personnes, l’œil est tout de suite attiré par elle, c’est flagrant.

Pourtant, je ne peux m’empêcher de ne pas adhérer complètement à la version d’Evanna. Si elle représente très bien une part du personnage, pour moi, Luna est trop réduite à son côté rêveur dans les films, et certaines subtilités manquent. Globalement l’interprétation d’Evanna est trop timide à mon goût. Où est le rire joyeux, haut et clair de Luna ? Où est la jeune fille qui peut s’étouffer de rire aux plaisanteries de Ronald Weasley ? La Luna extravertie, qui répond résolument à Lavande et Parvati quand elles se moquent d’elle ? La Luna déterminée qui tient tête à Hermione ? Luna ne parle pas toujours d’un ton calme et rêveur. Et dans les films, à part un moment où elle oblige Harry à l’écouter dans les Reliques de la Mort -partie 2, j’ai trop l’impression de voir une Luna sur un seul registre, alors que ce personnage possède plusieurs facettes.

On a déjà répondu à mes critiques qu’une simplification du personnage à l’écran était nécessaire pour qu’il soit vite cerné par ceux qui n’ont pas lu les livres. On peut donc considérer la Luna d’Evanna comme suffisante dans le cadre d’une adaptation cinématographique, où Luna ne peut être beaucoup développée, car finalement ce qui fait l’essence même du personnage est bien transposée. Le film ne s’appelle pas « Luna Lovegood et l’armée de Dumbledore ».

Finalement, plus que l’originale de service, Luna est un personnage qui apporte une couleur plus solaire au film, et qui assaisonne l’histoire, comme un rayon de soleil fait briller l’eau sombre de la Loire aux premières lueurs du jour. Luna est un peu le yang au ying d’Hermione, elle séduit pour ses nombreuses qualités évoquées au cours de l’article, et fait sourire le spectateur/lecteur par ses manières rêveuses.

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