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Harry Potter : un conte féministe ?

La Série Harry Potter serait-elle féministe ? Certains pourraient en douter : J.K. Rowling n’a-t-elle pas choisi, avec ses éditeurs, de mettre ses initiales à la place de ses prénoms pour ne pas rebuter les lecteurs en herbe ? Pourquoi le personnage principal n’est il pas une fille ? Tout n’aurait-il pas été différent si elle avait décidé d’écrire Les Aventures de Sally Potter, ou d’Hermione Granger ?

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Bref, l’univers dépeint par J.K. Rowling n’échappe pas à certains stéréotypes. Comme pour la plupart des livres d’aventure, le personnage principal est masculin, son mentor, le plus grand des sorciers, est, bien évidemment, un homme à la longue barbe blanche. Dans les familles que côtoie Harry Potter, les sorcières sont mères au foyer (Mrs Weasley, Narcissa Malfoy, Tante Pétunia) et laissent leurs maris travailler (Pourquoi Mrs Weasley n’a-t-elle pas un emploi, si la situation financière de sa famille est difficile à ce point ?).
Harry a un parrain, mais pas de marraine.

Il ne connaît pas les meilleures amies de sa mère et ne rencontrent que les anciens acolytes de James Potter. Certaines camarades de classe d’Harry Potter n’échappent pas à une grande superficialité (on peut penser aux amies de Cho Chang ou à Romilda Vane, qui semblent n’avoir été créées que pour pousser des gloussements).

Les quelques arguments avancés pour nier l’aspect féministe de la série ne me paraissent cependant pas complètement convaincants.
Effectivement, on peut reconnaître que J.K Rowling n’a pas innové en attribuant un chromosome « Y » au héros de son livre. Toutefois, je ne crois pas qu’elle aurait connu le même succès si elle avait intitulé son premier roman : Hermione Granger and the philosopher stone. Et ce n’est pas parce que, sur la couverture de Bilbon le Hobbit, on lit les lettres « J.R.R. », que la virilité de Tolkien est effacée, éradiquée. Même si elle s’est cachée derrière des initiales, J.K. Rowling reste une femme, qui pense et voit le monde comme une femme. Le regard qu’Harry Potter porte sur la communauté magique n’est pas purement et simplement masculin.

Comment alors expliquer que l’univers d’Harry Potter, ses personnages aient su à la fois toucher des filles et des garçons ? Tout simplement parce que la communauté magique est à la fois composée de sorciers et de sorcières de renom : Harry Potter est souvent confronté à des sorcières qui possèdent de hautes responsabilités, ou qui maîtrisent admirablement l’art de la magie. Plus il mûrit et découvre la communauté magique, plus les figures féminines prennent de l’importance. L’évolution de Ginny Weasley illustre parfaitement ce principe : plus on avance dans la série, plus son caractère s’affirme et suscite l’admiration de ses frères et d’Harry. En outre, si Harry connaît énormément de détails sur James Potter, il doit davantage sa force et sa vie à sa mère, qui est beaucoup plus présente dans les livres qu’on ne pourrait le penser.

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Par ailleurs, J.K. Rowling montre bien que certaines sorcières restent au foyer soit parce qu’elles l’ont choisi (Mrs Weasley ne dit à aucun moment qu’elle regrette de ne pas travailler) ou parce qu’elles sont soumises au poids de très vieilles traditions (C’est peut être le cas de Mrs Malefoy…et encore, rien ne nous dit qu’elle n’a pas également choisi sa situation). Et elles ne sont pas de mauvaises sorcières pour autant : Mrs Weasley a une force de caractère incroyable et Mrs Malefoy n’est pas sans mérite. De plus, les sorcières ne sont pas toutes mères de famille, on en voit beaucoup qui travaillent et sont indépendantes. Le professeur Mcgonagall et Amelia Bones en sont un parfait exemple. Hermione Granger est, quant à elle, un personnage novateur : pour une fois, dans un groupe d’amis, le rôle du savant, de l’intellectuel n’est pas attribué à un binoclard, mais à une jeune fille, qui, en plus, n’a rien d’un garçon manqué.

Même si elle n’est pas le personnage principal, c’est elle qui dirige et fait avancer le trio (Après tout, sans elle, Harry Potter n’aurait jamais pu entrer dans la chambre des secrets ou sauver Sirius Black). Elle ne doit son talent qu’à son travail et à sa détermination, alors que le succès d’Harry semble beaucoup plus accidentel.

Ainsi, pour écrire ses romans, J.K. Rowling a employé la même stratégie narrative que Balzac, dans la Comédie Humaine : elle a créé un univers qui englobe suffisamment de personnages pour confronter les lecteurs à toutes sortes de destins et de situations. C’est ainsi que certains travers de notre société ont pu nous êtres révélés. En comparant le monde moldu à la communauté magique, on ne peut qu’admirer la volonté et la détermination des sorcières qui ont réussi à briser certains stéréotypes et à s’imposer. En effet, beaucoup de sorcières incarnent des piliers, sur lesquels les personnages principaux peuvent compter. Par exemple, ce sont souvent elles qui guérissent les blessures des personnages (on peut penser à Mrs Pomfresh, mais aussi à Hermione, qui dans le tome 7, est toujours là pour soigner Ron et Harry). Ce rôle est sans doute stéréotypé, mais, en réalité, je le trouve extrêmement valorisant et symbolique : non seulement les sorcières sont capables de combattre, mais elles peuvent aussi maîtriser une magie positive, vitale.

D’une certaine façon, la magie établit une égalité entre les sorcières et les sorciers. En effet, elle permet aux sorcières de s’imposer, d’avoir de l’autorité. Le monde d’Harry Potter peut ainsi sembler plus égalitaire que le nôtre, dans la mesure où la magie agit comme un indicateur des mérites, de la valeur de chacun, sans distinction de genres. Les différences entre les sorcières et les sorciers sont comportementales, et non pas sociales (seuls ceux dont le droit de pratiquer la magie n’est pas reconnu, ou est contesté, sont concernés par une lutte sociale, par cette recherche de l’égalité). Pour le dire simplement, la baguette magique implique, naturellement et subtilement, une égalité sociale entre les femmes et les hommes.

J.K. Rowling n’a donc pas bâti une utopie féministe, mais un monde, que l’on pourrait presque qualifier de réaliste, dans lequel la grandeur des sorcières et des sorciers ne dépend pas d’une question de genre, mais bel et bien de critères magiques. Finalement, il était important que le personnage principal de cette série soit de sexe masculin : le regard d’Harry conduit implicitement les lecteurs à examiner et reconnaître le mérite des femmes dans la société ; il présente aux lectrices des modèles qui les valorisent.
C’est en cela que l’on peut considérer que la série est féministe.

Mots-clésOpinion/Analyse
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