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«Pour le plus grand bien» : récit d’une aventure à l’Institut Durmstrang

L’article relate l’expérience de son auteur, et n’engage pas l’avis du reste de la rédaction.

Cela faisait quelques années que je rêvais de participer à un évènement à l’immersion très poussée dans l’univers de Harry Potter. Lorsque l’association Au Chaudron Penché, créatrice de jeux de rôles Grandeur Nature, a contacté la Gazette pour nous proposer de découvrir leur GN (abréviation pour les initiés) Pour le plus grand bien, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion !

Dans un jeu de rôle Grandeur Nature, vous jouez un personnage dont le profil est défini par ses compétences, ses handicaps, ou encore ses connaissances spécifiques. Il possède également sa propre histoire dont vous prenez connaissance avant le début du jeu, et ses propres objectifs à accomplir au cours de la partie. Mais il ne s’agit pas d’un jeu de rôle classique où les joueurs se réunissent autour d’une table et font appel à leur imagination, guidés par un Maitre du Jeu. Dans un GN, vous incarnez votre personnage en chair et en os, et vous déambulez dans un vrai décor. Pendant toute la durée du jeu, vous êtes votre personnage, vous réalisez vraiment toutes vos actions, et vous pouvez interagir avec les autres joueurs comme bon vous semble. Et durant deux jours, le jeu ne s’arrête pas !

Je savais que j’allais adorer me plonger dans le monde magique le temps d’un week-end. Mais je m’apprêtais en fait à vivre une expérience bien plus incroyable, catapulté dans un univers d’une richesse surprenante où j’allais prendre part à la grande histoire du petit monde des sorciers, perdu quelque part dans les montagnes enneigées de Savoie… pardon, de Roumanie ! Car l’immersion est bien au rendez-vous dès le début du jeu, qui se déroule dans un fort niché quelque part entre Chambéry et Turin au milieu des Alpes. Aucun mal en avançant la nuit dans le blizzard et la neige, à se croire bel et bien arrivés dans cette mystérieuse école de magie : Durmstrang.

Une ambiance différente de Poudlard, mais tout aussi envoûtante

Petite précision qui a son importance : c’était non seulement ma première fois à Durmstrang, mais aussi ma première expérience de GN. C’est donc quelque peu intimidé que j’ai franchi les portes de l’impressionnant château. Je jouais un élève de la maison Serdaigle, venu en délégation à Durmstrang avec quelques autres élèves de Poudlard. L’ambiance fonctionne à merveille lorsqu’on découvre l’Institut, et on comprend tout de suite que tout le monde n’est pas là pour rigoler… Les temps sont rudes !

L’histoire du jeu prend place dans les années quarante, au cœur de la Seconde Guerre Mondiale moldue. Et l’Institut Durmstrang, bien que dissimulé aux yeux du monde, n’est pas complètement épargné par les évènements…

photo : https://www.facebook.com/MedPhotographie

Je dois dire que le premier soir, ce n’était pas trop difficile de rentrer dans la peau de mon personnage, qui était sensé être déboussolé autant qu’émerveillé. Je l’étais vraiment ! J’étais impressionné par les autres joueurs et les PNJ (Personnages Non Joueurs, qui constituaient majoritairement tout le corps enseignant de Durmstrang). Bien que je n’étais pas le seul débutant en GN, tout le monde jouait son rôle à la perfection, ce qui a rendu l’immersion rapide.

Les surprises étaient nombreuses dès les premiers instants ! La rencontre avec les élèves de Durmstrang et leurs professeurs a été aussi fascinante que déroutante, et nous avons très vite assisté à des scènes pour le moins troublantes… À peine quelques heures après notre arrivée, nous échangions des regards mi-curieux mi-inquiets entre condisciples de Poudlard :

«Il se passe des choses louches ici, non?»
«Tu penses qu’on peut lui faire confiance?»
«J’ai entendu parler d’un énigmatique ***, qu’est-ce que c’est, vous croyez ?»
«Poudlard me manque déjà… Quand est-ce qu’on rentre ?»
«J’ai hâte de découvrir les cours qu’on enseigne ici, ça a l’air passionnant !»

Cours de magie, dilemmes moraux et tensions politiques

Ce n’est pas tous les samedis matins qu’on se réveille avant le lever du soleil dans une école de magie perdue en Roumanie… Le cerveau un peu embrumé, les quelques minutes de désorientation ont vite cédé la place à une franche excitation en entendant mes camarades de Serdaigle et Serpentard avec qui je partageais mon dortoir se réveiller à leur tour, et commencer à parler avec enthousiasme des différents cours qu’ils avaient choisis de suivre ce jour-là. Tout en se dépêchant de s’habiller parce qu’il ne fallait pas, surtout pas, être en retard pour le début de la journée. À Durmstrang, il vaut mieux ne pas être à la traîne, et suivre le rythme !

photo : https://www.facebook.com/MedPhotographie

Je me rendais compte que c’était littéralement un rêve de gosse que j’étais en train de réaliser : des cours dans une école de magie, toute la journée ! Et il y en avait pour tous les goûts. Du plus nébuleux au plus éprouvant physiquement, mais aussi des cours bien plus inquiétants que ceux dispensés à Poudlard. Car à Durmstrang, on enseigne la magie noire… Résolu d’en profiter au maximum, j’en oubliais presque que mon personnage avait des préoccupations plus personnelles auxquelles il fallait penser. Le courrier distribué pendant le repas de midi allait me le rappeler, et m’emmener sur une quête que j’allais avoir bien du mal à accomplir !

Il y avait tellement à faire, et à observer. Je n’en revenais pas en échangeant avec les autres élèves de découvrir à quel point le scénario du jeu était riche, et les intrigues nombreuses. J’ai compris que ce n’était pas grave si je n’arrivais pas à réaliser toutes les actions possibles pour mon personnage. Il se passe tellement de choses autour de soi que de toute façon, on ne s’ennuie jamais ! On créé des liens avec de nouvelles personnes, et on découvre qu’il faut se méfier de certaines autres…

L’esprit de camaraderie avec mes condisciples de Poudlard devenait plus fort d’heures en heures. Les différences de mœurs entre les élèves de Durmstrang et ceux de Poudlard ont donné lieu à de nombreuses discussions très intéressantes. Et surtout, je ne m’attendais pas à ce que la dimension politique et les enjeux en cours dans le monde magique durant cette période soient aussi bien restitués, et fassent partie intégrante du jeu. Ils apportent une dynamique et une crédibilité à l’intrigue vraiment électrisante. Confrontés à des évènements graves, les élèves de Durmstrang et de Poudlard allaient en effet tous devoir faire des choix.

Ce sont des heures sombres, c’est indéniable. Et vous vous doutez bien que tout ne se passera pas tout à fait comme prévu à l’Institut. Je ne peux pas vous gâcher la surprise si vous voulez un jour vous aussi tenter l’aventure, mais sachez que Durmstrang a son rôle à jouer en ces temps troublés…

photo : https://www.facebook.com/MedPhotographie

Dur retour à la réalité

J’avais entendu parler du «GN blues», et on m’avait prévenu que le retour à la vie moldue risquait d’être difficile… C’était peu dire ! Lorsque je suis retourné au travail le lundi matin, j’avais envie de tout raconter à mes collègues. Sauf que pendant ce même week-end, il y avait la finale de la coupe du monde de foot… Et tout le monde ne parlait que de ça ! Alors que moi, j’avais encore en tête l’hymne de Durmstrang, j’entendais encore résonner les voix tonitruantes de mes camarades clamant fièrement leur appartenance au glorieux Institut.

Pendant ce week-end, j’ai vécu de nombreux moments forts en émotions : l’émerveillement lors de la découverte du lieu, les surprises que nous a réservé le scénario, la crainte et les doutes partagés avec mes camarades, le sentiment de révolte, l’émulsion pour mettre en place un plan d’action, la panique, la peine. Mais aussi de magnifiques instants hors du temps, où l’on s’arrête quelques secondes pour contempler une scène ou prendre le temps de profiter du décor où l’on se trouve. Et des moments de franches rigolades, où on lâche prise complètement.

photo : https://www.facebook.com/MedPhotographie

En tant que fan de l’univers de Harry Potter, c’est une expérience géniale. Les références à la saga (en dehors du lore général bien sûr) ne sont pas assommantes mais subtiles et très bien intégrées au jeu. J’ai adoré vivre cette aventure comme si j’explorais une nouvelle histoire du monde magique, mais depuis l’intérieur du roman. Essayer de comprendre ce qu’il se passe, résoudre les énigmes et découvrir une nouvelle intrigue du monde des sorciers. Désormais, lorsque j’entendrai à nouveau parler de Durmstrang en relisant Harry Potter et la Coupe de Feu ou en revoyant le film, je pourrais me dire : je connais l’histoire de cette école, je sais ce qu’il s’y est passé, parce que j’y étais !

J’ai aussi découvert le monde du jeu de rôle Grandeur Nature. J’ai rencontré des gens ravis de partager leur passion avec de nouvelles personnes, qui ont bien voulu me donner leurs conseils pour faciliter mon immersion dans le jeu. L’ambiance est hyper agréable, et la découverte de cette communauté m’a véritablement ému. Le moment où le jeu s’arrête, et où tout le monde se rencontre comme pour la première fois, sans jouer les personnages, est incroyable. Le souvenir de ce week-end magique s’est installé confortablement dans ma tête, et il y restera bien des années encore, peut-être même toujours.

photo : https://www.facebook.com/MedPhotographie

Un immense merci Au Chaudron Penché pour m’avoir proposé ce rôle !

Si vous êtes tentés par l’aventure, sachez qu’une septième édition du jeu est d’ors et déjà prévue. Que vous soyez un habitué des GN ou un novice comme moi, vous pouvez y aller les yeux fermés !

Photo d’entête par Mehdi Photographie

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