Barry Trotter et la parodie Ehontée – Michael Gerber.
Voici un livre qui détonne dans la floppée d’ouvrages s’appuyant sur les biographies moldues sur Harry Potter. Barry Trotter est sans égal. En résumé, Barry Trotter, connu par les livres que J.-G. Rollins écrit sur ses aventures, légèrement enjolivées, a 22 ans, et réside toujours à Coudbar malgré ses redoublement répétitifs : sa popularité se traduit pour l’école en un afflux massif d’élèves (toute ressemblance avec un certain prince dans une certaine université britannique est à mon humble avis purement fortuite), et donc d’argent. Mais les fans glandus affluent à Coudbar et un film en tournage risque d’augmenter leur nombre, et entrainer la fermeture de l’école. Barry doit arrêter le film.
L’humour dépasse allègrement la barre du 2e degré. Le ton est donné par un zeugme en première page : «traduit de l’anglais par erreur et par Alain Névant». Il faut d’ailleurs saluer le talent du traducteur qui a su transcrire l’humour déjanté, et la langue difficile (je parle en connaissance de cause, l’argot américain y est omniprésent, et les termes ne sont jamais dans les dictionnaire !). En effet, même si certains jeux de mots sont passés à la trappe (je pense notamment au jeu sur human race, où race couvre à la fois l’espèce humaine, et la course de voitures miniatures mise au point par Nunnally), la traduction s’enrichit d’allusions directes à la vie politique française : «Je vous demande de vous arrêter» (M. Balladur, 1995), le jacklang y est un langage incompréhensible.
Les personnages ont toujours un air de déjà vu, on y croise une chanteuse nommée Spatula Clark, un elfe de maison nommé Dali («- vous avez sonné, Maîtr Barrrrrrrrrrrry !»), Valdemarne lui porte un casque à pointe et des grosses moustaches et un accent « affez » marqué…
Malgré tout, Michael Gerber garde dans Barry Trotter et la parodie éhontée une place pour la réflexion. Il émet des remarques judicieuses sur certaines incohérences du livres (comme par exemple le fait que les poursuiveurs ne servent quasiment à rien puisque dans 95% des cas, l’issue est déterminée par l’attrapeur), mais aussi sur les répercussions que les films auront sur les livres : le risque que ces derniers éclipsent le livre, comme pour Le Nom de la rose ajouterais-je. Mon seul regret est d’ailleurs que l’auteur n’y apporte pas de réponse. Peut-être a-t-il craint de glisser de la parodie au pamphlet ?
Attention, le livre peut choquer. Les allusions «à la chose» sont assez explicites, et les atteintes portées au respect des personnages peut provoquer des attaques d’apoplexie.