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Podcast ASPIC ep. 35 : Harry Potter Conference 2022

Comme tous les ans, nous avons suivis le rendez-vous de tout bon Serdaigle qui se respecte : la Harry Potter Conference de Chestnut Hill College ! Les 21 et 22 octobre 2022, grâce à la diffusion en ligne de l’évènement, Chouette, Florean, Alix et Marjolaine ont suivi les conférences toutes plus passionnantes et intéressantes les unes que les autres.

Nous vous avons préparé une sélection des meilleures interventions, pour vous en proposer des résumés. Au programme : des analyses de personnages inédites, des réflexions sur le Quidditch ou sur la construction des intrigues, mais aussi des discussions sur le rapport du fandom à J. K. Rowling.

Animation : Alix et Marjolaine
Invités : Chouette et Florean
Montage : Marjolaine
Graphisme : Salem
Générique : Kalegula, d’après des thèmes de Patrick Doyle et John Williams
Transcription : Rowenaz

MUSIQUE 

Sorcières, sorciers et moldus, érudits ou curieux, bienvenue dans ASPIC, l’Académie des Sorciers, un podcast intéressant et captivant, une émission proposée par la Gazette du Sorcier. 

Alix (A) : Bienvenue dans ce trente-cinquième épisode de l’Académie des Sorciers. Je suis Alix… 

Marjolaine (M) : Je suis Marjolaine, et aujourd’hui, on a deux invités que vous connaissez déjà si vous suivez l’Académie des Sorciers depuis quelques temps. Coucou Chouette ! 

Chouette (C) : Bonjour ! 

M : Et bon retour aussi à Florean ! 

Florean (F) : Bonjour ! 

M : Vous êtes notre team spéciale Harry Potter Conference puisque ça fait maintenant plusieurs années qu’on suit ensemble la Harry Potter Conference de Chestnut Hill College, que l’on peut suivre en ligne depuis la pandémie. Nous on est bien contents que cette pandémie permette maintenant de la suivre en ligne ! 

A : Il faut bien trouver des avantages au COVID ! 

M : C’est ça ! Encore cette année, comme l’année dernière, c’était une version un peu hybride où ils se retrouvaient quand même sur place, à Chestnut Hill, mais tout était accessible en ligne. On a pu suivre cette onzième édition. Comme d’habitude, il y avait plein de conférences qui rassemblent des chercheurs qui travaillent sur Harry Potter, ou des étudiants qui travaillent dessus… On a essayé d’en suivre un maximum et, grâce à Chouette, on en a plein qui ont été enregistrées ; on a quasiment tout enregistré, en fait ! On vous a préparé un petit best-of pour que ceux qui n’ont pas pu les suivre ou pour qui le niveau d’anglais n’est pas suffisant puissent en profiter. Ça va peut-être nous donner des idées de futurs épisodes, qui sait ? 

A : Carrément. D’ailleurs, petit point anglais… Je pense que si vous parlez très bien anglais, je recommande, mais si vous avez un niveau moyen, je ne dirais que c’est le meilleur truc pour vous entraîner. Ça va assez vite, il n’y a pas beaucoup d’explications sur les slides et ça peut être très pointu. Ça peut être très frustrant, je pense, si vous avez un anglais un peu « fragile ». 

M : Oui, je pense qu’il faut avoir un anglais assez costaud et avoir quand même une petite habitude des présentations académiques. La plupart des conférences sont dans un format de vingt minutes puis dix minutes de discussion, donc vingt minutes de présentation ça va très vite, ils ne prennent pas trop le temps d’expliquer tout ce dont ils vont parler. Ce n’est pas forcément le but, ça s’adresse quand même à des spécialistes. Même si ça aborde plein de thématiques différentes, ils ne vont pas passer du temps à expliquer tel concept ou référence…etc. Même si c’était en français, ce ne serait pas accessible à tout le monde non plus. On fera peut-être notre best-of, à la fin, des conférences qu’on a suivies dont on ne va pas parler parce qu’on a rien compris ! (rires) On va déjà parler de celles qu’on a comprises ! Avant ça, je voulais quand même vous demander si vous aviez un avis général sur cette édition vu que, pour tous, c’est notre troisième édition. Depuis 2020, donc 2020, 2021, 2022. 

A : Oui, en tout cas moi c’est ma troisième. 

F : Pareil. 

M : Maintenant qu’on a un peu l’expérience et la comparaison avec ces différentes éditions, comment vous l’avez sentie celle-là ? 

A : De mon côté, la première année, j’avais pu suivre pas mal de choses, l’année dernière déjà un peu moins et, cette année, pour plein de raisons, je n’ai pas pu en suivre autant que je voulais. Je trouve ça vraiment très sympa qu’il y ait la problématique de la position de Rowling dans le fandom à l’heure actuelle qui ne soit pas écartée, qui reste un sujet important de la conférence. Ce que j’ai particulièrement aimé cette année dans les quelques conférences que j’ai suivies qui abordaient le sujet… En 2020 c’était juste après les polémiques autour de J.K Rowling et du coup les conférences qui en parlaient se focalisaient beaucoup dessus, c’était une réaction un peu à chaud… 

M : Expliquer pourquoi elle est problématique. 

A : Expliquer pourquoi c’est problématique, pourquoi il y a des tensions, pourquoi il y a des désaccords… Alors que là, il y a un peu plus de recul sur la situation, il y a un peu plus de faits, aussi, sur lesquels s’appuyer – malheureusement. Du coup, c’était beaucoup plus tourné sur une réflexion sur le fandom et comment, en tant que fan, on vit cette situation. Moi, ça m’a plus intéressée parce que ce sont des questions que je me pose souvent. Je trouve que c’est toujours un peu aléatoire, il y a des conférences où on se dit que ça va être super et puis… bon. À un moment, je me suis retrouvée dans une conférence où c’étaient des photos d’une soirée Harry Potter dans une école… 

M : Moi aussi ! 

A : Il y a toujours une ou deux conférences un peu bizarres qui ne font pas très académiques et on se demande un peu ce qu’on fait là. Mais globalement, je suis quand même contente de ce que j’ai entendu. Ça me donne toujours envie de revenir l’année suivante. 

M : Chouette, toi qui a été un peu notre marathonienne des conférences, qu’est-ce que tu en as pensé ? 

C : Juste pour compléter ce qu’Ipiu vient de dire, il y a un truc que j’ai trouvé très intéressant, c’était la prise de parole au tout début de la dernière session, celle qui était spécifiquement… je ne sais plus comment ils l’avaient appelée… 

M : Je crois que c’était « Rowling, Trans Community fandom »… je ne sais plus. 

C : Ils ont précisé que c’était la première fois qu’ils faisaient un appel à contributions sur un thème précis et ils ont aussi précisé qu’ils avaient beaucoup réfléchi pendant l’été à s’ils devaient annuler la conférence ou non. Ça donnait vraiment l’impression que la TERF-pocalypse, comme disait Lori Kim, n’avait pas eu lieu en 2020 mais plus cet été avec Rowling qui devient politique à propos de son engagement contre les engagements politiques en faveur des personnes trans. Ça donnait peut-être un écho particulier. Effectivement, il y a plus de recul mais en même temps, le fait d’introduire en parlant de ça, ça donnait vraiment l’impression que c’était très vif. 

M : Très tendu, oui. Encore plus que les années précédentes, ils se posaient vraiment la question d’annuler cet événement à cause de ça. Ils ont décidé que s’ils le maintenaient, ils dédiaient toute une session, donc quasiment une demi-journée sur les deux jours, exclusivement à cette thématique, à des présentations sur ces thématiques. Même si j’avais déjà senti l’année dernière que c’était de plus en plus politique, là c’était très spécifique au niveau de comment on se positionne en tant que fandom et aussi en tant qu’académiques qui travaillent le sujet. Ils ont répété énormément de fois pourquoi c’est dans des espaces comme celui-là que c’est le meilleur endroit pour avoir ce type de discussions, parce qu’ils sont les plus outillés pour en parler et qu’on peut aussi sortir de la mêlée pour prendre un peu de recul, justement. Ça prenait beaucoup de place mais j’ai apprécié. C’est vrai que ça prenait beaucoup de place. 

A : Les années précédentes, c’était : qu’est-ce que Rowling a fait ? Et maintenant c’est : et nous, qu’est-ce qu’on fait par rapport à ça ? C’était très intéressant, je trouve, comme changement de perspective, pour montrer que chacun peut faire quelque chose aussi, par rapport à cette situation. 

C : Ce qui répondait bien avec l’idée, l’an dernier, de réfléchir à comment on se positionne en tant qu’aca-fan, que de la thématique aca-fan on passe à la thématique : en tant que fan, qu’est-ce que je deviens ? 

M : C’est vrai. 

F : Moi, j’ai beaucoup apprécié. J’ai pioché un peu des conférences à droite et à gauche. Sur un ton plus léger, j’ai trouvé que les analyses des personnages cette année étaient vraiment très pertinentes. Les deux années précédentes, parfois j’étais tombé sur des analyses un peu cheloues sur des personnages, et là, peut-être que c’était un coup de chance, mais l’analyse de Peeves, l’analyse des Dumbledore… Il y avait aussi la conférence sur les memes… J’ai beaucoup aimé, j’ai trouvé ça aussi très léger. Il y a l’aspect politique que vous avez souligné et, par ailleurs, il y a quand même un bon paquet de conférences qui sont rigolotes, intelligentes, drôles, et assez bien vues. Il y a aussi celle sur Ron qui incarne Cattermole, qui s’occupe de la maintenance au Ministère… 

M : Oui, on va en reparler. 

F : Cette analyse est hyper intéressante. C’est bien vu. 

M : Il faut que je la réécoute en entier parce que je l’ai prise en cours de route quand j’ai quitté la présentation des photos de soirée Harry Potter, là… 

F : Je crois que celle qui a fait cette conférence va sortir un livre qui s’appelle « Harry Potter and resistants » l’année prochaine. Je pense que ce sera un livre à lire. 

M : Beth Sutton-Ramspeck.

F : C’est ça, Beth Sutton-Ramspeck. 

M : Une habituée de la Harry Potter Conference, c’est un des piliers des études Harry Potter. C’est cool ! Je suis assez d’accord sur tout ce qui a été dit. Même si j’ai trouvé que, par rapport à l’année dernière ou l’année d’avant, c’était un peu moins interdisciplinaire. On avait l’impression qu’ils essayaient de s’ouvrir, les années précédentes, à plus de variété dans les disciplines couvertes. Là, ça s’est un peu resserré sur la littérature et l’éducation. L’éducation est hyper présente mais je pense que c’est un constant, c’est au cœur de la Harry Potter Conference, ce sont des profs qui utilisent Harry Potter pour leurs cours, à la base, donc forcément. Peut-être que je n’ai pas tout pu suivre parce que je bossais pendant le week-end mais il y a eu moins de conférences que j’ai suivies sans rien piger du tout. Peut-être que c’est moi qui étais plus réveillée cette année, je n’en sais rien, mais il y a eu moins de conférences où à la fin j’étais genre « Je n’ai rien compris ! ». Il y en a où j’étais genre « Je crois que j’ai compris mais je ne suis pas sûre. ». 

F : Moi, il y en a où je n’ai rien compris mais, grâce à Chouette, j’ai pu réécouter et comprendre à la réécoute. Franchement, la réécoute peut être sympa, clairement. Il y a des passages où tu perds le fil, je trouve. Sauf si tu es très bilingue. Ils n’ont que vingt minutes donc ils parlent super vite ! 

M : Il y en a, je m’accrochais et j’étais en mode « Oh là là ! ». 

F : La première ! 

A : Si tu veux lire les slides aussi, parce qu’ils ne sont pas toujours faciles à lire en terme de qualité. d’image. C’est bien de pouvoir mettre sur pause pour lire les slides ! 

F : C’est clair. 

C : Oui, avec les problèmes de connexion aussi. 

M : Par contre, niveau technique, ils ont géré. Ce n’est pas évident de gérer des trucs mi- à distance, mi-sur place…etc. De tout ce que j’ai suivi, il y a eu très très peu de problèmes techniques. 

C : En plus, avec leur nouvelle organisation… Avant, on avait deux liens Zoom, si on voulait quitter une salle pour aller dans l’autre, il fallait fermer Zoom, ré-ouvrir Zoom. Là, avec leur système de hall, ça permettait de garder un œil sur l’autre conférence. C’est très pratique ! 

F : C’est vrai. 

M : Ce que tu ne peux pas faire quand tu es sur place. 

F : Chouette est en train de dire qu’elle a écouté à chaque fois les deux conférences en même temps. (rires)

C : Pas à chaque fois… 

M : Elle a tout suivi ! On va parler des conférences un peu plus en détail… On s’est fait un petit best-of, évidemment on ne va pas parler de toutes les conférences parce qu’il nous faudrait deux jours. On ne va pas vous garder pendant deux jours ! On a essayé de faire un petit best-of par thématiques et, justement, on voulait commencer par les analyses et lectures de personnages parce que, comme l’a dit Florean, il y en a eu de très très bonnes cette année. Je vous laisse commencer avec une que je n’ai pas suivie mais que je compte ratrapper parce que c’est celle de Laurie Beckoff que j’adore, celle sur Peeves. Qui a suivi Peeves et qui veut en parler ? 

A : Moi j’ai suivi Peeves et j’ai beaucoup aimé ! C’était de Laurie Bakeoff, comme Marjolaine l’a dit. C’était « Tue purpose of Peeves, the pokish poltergeist and pranksters of the past ». On note la magnifique allitération en p ! Donc : « Le but de Peeves, l’esprit frappeur qui ressemble à Puck dans Midsummer Night Dreams – Le Songe d’une Nuit d’Été – et les farceurs du passé ». L’idée, c’était : quel est le rôle de Peeves dans l’histoire et en quoi c’est plus qu’un simple ressort comique, comme on pourrait le penser dans un premier temps ? Le parallèle que Laurie Beckoff établissait, c’est que Peeves était vraiment l’allégorie du farceur, du diablotin – dans le sens de celui qui fait des blagues, pas dans le sens associé au diable – qui est présent dans énormément de cultures. J’ai trouvé ça très chouette qu’elle mentionne des cultures non-occidentales dans lesquelles ça existait, notamment dans plusieurs cultures natives-américaines où on retrouve des personnages similaires, et dans des cultures d’Afrique de l’ouest. Elle définissait Peeves comme ce qu’elle appelle le creative edit, un personnage qui est plus naïf que méchant, qui est désagréable mais utile, et qui n’est pas foncièrement méchant, contrairement à un Voldemort ou une Ombrage. Ce n’est pas un ennemi juré. C’était intéressant parce qu’elle faisait un parallèle avec d’autres créatures d’Harry Potter : les Détraqueurs sont considérés comme des êtres foncièrement méchants, dangereux, et ce n’est pas le cas des esprits frappeurs. 

F : Ce qu’elle dit c’est qu’il n’inspire pas la terreur. Je crois qu’elle utilise ce mot. 

A : C’est ça. Elle parle de « dark creatures », ce qui peut envelopper beaucoup de notions. Les parallèles très intéressants qu’elle faisait, c’était avec deux créatures/personnages iconiques… D’abord, les fées, notamment dans l’imaginaire du Moyen-Âge qui, souvent, n’étaient ni de bonnes personnes ni de mauvaises personnes, c’étaient des personnages assez ambigus dont le rôle était plus de révéler la véritable nature des gens avec lesquels elles interagissaient. Typiquement, dans les quêtes de chevalerie, la façon dont les chevaliers interagissaient face aux fées, ça en disait beaucoup sur qui ils étaient réellement. Peeves, il fait figure de test, aussi, dans Harry Potter, qui permet de voir un peu à quel type de personnage il a affaire. Elle citait évidemment Rusard, qui est en guerre perpétuelle contre Peeves, qui est agacé par Peeves, qui passe son temps à lui hurler dessus, mais qui, au final, ne fait rien de constructif, tout ce qu’il fait est complètement inutile. Là où des personnes comme McGonagall, Dumbledore ou Lupin parviennent à trouver un équilibre et à inspirer un certain respect de par la façon dont ils agissent avec lui, ils ne se laissent pas marcher sur les pieds. Je trouvais ça intéressant. L’autre parallèle que j’ai beaucoup aimé, c’était le parallèle entre Peeves et Peter Pan. Ce sont deux personnages qui ont un lien très particulier avec les enfants, qui sont en quête permanente d’attention, qui évoluent entre deux univers… Peter Pan entre le pays imaginaire et le monde réel et Peeves qui évolue entre le monde des vivants et le monde des morts puisqu’il est un peu dans cet état d’entre-deux. On sait qu’il fréquente énormément les fantômes, on le voit notamment à l’anniversaire de mort de Nick Quasi-Sans-Tête, et qui est un peu ce symbole de passeur. Je ne sais pas, Florean, toi qui l’a aussi suivie, ce que tu penses  de ces parallèles-là ?

F : J’ai bien aimé aussi le parallèle avec Peter Pan, au sens où Peeves est vraiment l’enfance perpétuelle, la volonté de ne pas grandir… C’est exactement ce que fait Peeves. En ça, le parallèle avec Peter Pan est assez intéressant. Pour compléter ce que tu disais, quand tu parlais des personnages, c’est vrai que Peeves fait figure de test. Je pense qu’il aide aussi, dans la narration, à installer ces personnages, à les mettre en place. Par exemple, quand Lupin arrive à lui jeter un sort devant les élèves, le Waddiwasi, pour lui enlever son chewing-gum… On découvre le Lupin extrêmement pédagogue, qui a toujours le sortilège qui va bien et qui fait rire les élèves en même temps, donc vraiment l’excellent prof. Peeves est vraiment là, à chaque fois, pour aider à mettre en lumière des caractéristiques de personnages qui sont importantes. Par exemple, Dumbledore, qui lui parle toujours avec beaucoup de calme, qui le prend en sérieux… C’est dans le tome trois, par exemple, quand il parle à Peeves lors de l’arrivée de Black dans l’école… Ça pose aussi le personnage de Dumbledore, qu’on ne connaît pas encore extrêmement bien à ce moment-là, qui prend toujours toutes les créatures au sérieux, qui ne néglige aucun détail. En cela, le personnage de Peeves est assez important, dans la narration.

M : Est-ce qu’ils ont parlé du rapport avec les jumeaux Weasley ? 

F : Oui, exactement. Les passages avec les jumeaux Weasley, elle en parle pour souligner la question nous taraudent un peu tous : pourquoi Peeves est à Poudlard ? Pourquoi il ne s’est jamais fait virer ? Qu’est-ce qu’il fiche encore ici ? On découvre au fur et à mesure de la conférence – Ipiu, je pense que tu es d’accord – qu’il est très loyal à l’école, déjà avec les jumeaux Weasley, quand ils partent de l’école, mais aussi lors de la bataille de Poudlard puisqu’il y prend part. J’ai trouvé qu’il était très loyal aussi nevers Harry puisque, souvent, il va faire diversion pour éviter qu’Harry soit attrapé… e ne sais pas si vous vous souvenez, dans le tome 2, il chante dans les couloirs qu’Harry Potter est un meurtrier mais, en fait en faisant ça, il contribue à ridiculiser la théorie qui circule sur lui, comme quoi il aurait ouvert la Chambre. À chaque fois, il va tellement loin dans l’humour et la dérision qu’il sert beaucoup à ridiculiser tout et à enlever le sérieux et le drame dans ces histoires. C’est quelqu’un de vraiment très loyal envers Harry, envers les jumeaux, envers Poudlard en général. 

A : Ce que j’aimais bien, dans ce qu’elle dit, c’est que pour elle il y avait une forme de loyauté que lui-même ne définirait sans doute pas comme ça. Ce n’est pas pour être loyal dans le sens que c’est quelque chose d’important pour lui d’être loyal, mais plus que Poudlard c’est son terrain de jeux, c’est chez lui, il fout le boxon depuis des centaines d’années. Il faut que ça aille dans son sens. Si les jumeaux Weasley lui permettent de foutre le bordel parce qu’Ombrage cherche un moyen de l’exclure, il va aller dans leur sens. Il s’engage dans la bataille de Poudlard parce qu’il n’a aucune envie que Poudlard soit géré par des Mangemorts et par Voldemort. Ce n’est pas ça, son domaine. Il protège Harry face à Rusard parce qu’il ne peut pas piffrer Rusard, parce que Rusard est toujours super désagréable avec lui de manière très bête et méchante. Il y a vraiment ce côté « Je protège mes intérêts personnels », en y mettant toute son énergie parce qu’il n’a rien d’autre à faire de ses journées ! 

F : Peut-être en ressentant quand même une forme de loyauté. Il ne fait qu’un avec le château, donc tout ce qui menace la survie du château…. Mais effectivement, c’est aussi un peu égoïste. C’est pour ça qu’elle dit que c’est un personnage très ambigu, je crois qu’elle utilise ce mot. 

A : Ce que j’ai bien aimé aussi c’est qu’elle mentionne l’existence de Peeves par rapport au monde magique et à l’histoire dans son ensemble. La rencontre avec Peeves, c’est presque un rite de passage, c’est un des premiers trucs dont Harry entend parler quand il arrive à Poudlard, c’est Percy Weasley qui leur dit « Faites attention à Peeves, méfiez-vous ». Ils le rencontrent le premier soir, sur le chemin du dortoir. Dans l’épilogue du dernier tome, c’est un des rares conseils qu’on voit Harry donner à son fils Albus Severus qui s’apprête à faire sa rentrée : il dit « Surtout, méfie-toi de Peeves. ». Ça fait vraiment partie de l’expérience scolaire, au même titre que manger dans la Grande Salle, se balader dans le parc… Ça va dans le kit, tout est ensemble : se méfier de Peeves et ne pas lui chercher des noises. 

F : Et il est quand même très drôle. Je conseille à nos auditeurs d’aller voir : Laurie Beckoff a écrit la liste exhaustive de tous les méfaits de Peeves sur les sept tomes et ça vaut le coup de se replonger dedans ! Genre quand il se cache dans une armure à Noël et qu’il chante des chants paillards au lieu de chanter des cantiques de Noël… C’est des trucs comme ça, qui sont assez excellents. Ce sont de bons souvenirs de lecture. 

M : Oui, c’est clair. Trop bien, il faut vraiment que je la voie, cette conférence ! Tu l’avais vue, Chouette ? 

C : Non. J’étais à la conférence d’en face. (rires)

F : Dommage que ce ne soit pas dans les films, pour résumer. 

A : C’est un truc qu’elle a mentionné à la fin. 

F : Oui, elle a dit que c’était a shame (ndlt : une honte). 

M : Ce matin-même, j’ai rattrapé le live pour présenter Hogwarts Legacy et on voit Peeves. Là, en parlant, je me dis « Oh là là, j’ai trop hâte de le voir vraiment ! ». 

C : Formidable ! 

M : Il va faire partie de notre expérience de découverte de Poudlard donc ça va être chouette. 

A : C’est le genre de trucs qui me donnent toujours envie de relire. C’est bon signe, je trouve, quand ce genre de conférences donnent envie d’aller relire les bouquins une nouvelle fois pour aller noter toutes les rencontres… 

F : C’est un des personnages qui puisent dans la culture littéraire. Elle parle de Shakespeare, de Peter Pan, des archétypes mondiaux, que toutes les cultures ont… C’est quand même intéressant de savoir que ce personnage est une référence à beaucoup d’autres héros et personnages de contes et de livres. Quand je relirai, je vais m’arrêter sur Peeves un peu plus ! 

M : Pour passer à une autre analyse de personnages dont on a un petit parlé, que Florean a mentionnée tout à l’heure.. Il y avait « When Ron was Reg : why Ron experiences as mister magical maintenance matters ? » donc « Quand Ron était Reg : pourquoi l’expérience de Ron en tant que monsieur maintenance magique compte ? » de Beth Sutton-Ramspeck. C’est celle, comme je le disais, où j’ai loupé le début mais je pense que j’ai capté quand même le principal. Florean, tu pourras compléter pour ce que je n’ai pas capté, l’introduction notamment. En gros, comme son nom l’indique – c’est très transparent dans le titre – c’est pour expliquer pourquoi c’est important que Ron se trouve dans la peau de Reg Cattermole et que c’est un moment important pour l’évolution de son personnage, de sa manière de voir les choses, surtout au niveau des injustices, des luttes de classe… C’est vrai que Ron, on le comprend comme quelqu’un qui fait partie des privilégiés dans le monde magique parce que c’est un sang-pur, mais comme on présente toujours la famille Weasley comme une famille pauvre, plutôt de classe populaire… Comme ils sont pauvres, on les associe à une classe populaire qui galère un peu financièrement…etc, donc on ne pense pas forcément à ce décalage de classe. Le fait d’être sang-pur, ça le place aussi dans une élite et une non-connaissance de métiers comme celui de Reg, de maintenance. C’était vraiment toute la question de : comment, quand on est en position de privilégié, la seule manière de se rendre contre de ça c’est de se mettre dans la peau de l’autre. Pour Ron, ça a été de se retrouver dans la peau d’un homme de la maintenance magique mais aussi d’un homme marié à une née-moldue et qui se prend, dans ces quelques moments – je ne sais pas combien de temps ça dure, même pas une heure, peut-être un peu plus, je ne sais pas… ? 

A : Ils sont sous polynectar… 

F : C’est une heure. 

A : C’est une heure mais tu peux te reprendre une deuxième goulée mais c’est assez rapide. 

M : On va dire en une heure, il se prend quand même ejn pleine face la réalité du quotidien de Reg et la réalité de ce contre quoi ils doivent se battre, notamment vis à vis de sa femme née-moldue. Mine de rien, ça lui permet aussi de projeter dans son avenir avec Hermione, de se mettre à la place de ce que vit Hermione en tant que vraie cible de ce que représente Voldemort. J’ai trouvé ça hyper bien présenté par Beth et hyper intéressant de réfléchir un peu à ces questions de privilèges, de luttes de classes et d’importance de se retrouver à la place de l’autre pour comprendre ce qu’on ne peut pas comprendre en étant dans une position de privilégié. C’était vraiment hyper intéressant. 

F : Le polynectar c’est intéressant parce que, souvent, on dit que les gens ont de l’empathie, qu’ils arrivent à se mettre à la place des autres… Mais là, le polynectar te met littéralement dans la peau des autres. C’est comme une sorte de métaphore et c’est super intéressant les sentiments que ça suscite chez Ron, même s’il ne le verbalise pas beaucoup après la fuite du Ministère. J’ai regardé un peu dans le livre, il n’en parle pas beaucoup non plus. Mais là, je pense que la conférencière a un peu extrapolé en disant que ça avait de l’impact et qu’après il était différent…etc. Je pense qu’elle a assez raison là-dessus. Le seul truc que je peux ajouter c’est qu’en fait Reg Cattermole, ils le méprisent tous un peu. Ce qu’elle dit, la conférencière, c’est que pourtant en terme de capacités magiques, de skills, les gens de la maintenance magique sont souvent les seuls à être capables de résoudre certains problèmes techniques. C’est intéressant parce que dans le passage du Ministère, il pleut dans les bureaux et Yaxley et les autres du Ministère sont bien incapables de résoudre ce maléfice. Finalement, on se rend compte que c’est un métier… « maintenance magique » c’est très péjoratif et pourtant c’est un métier où il y a des compétences importantes. On peut penser à pas mal d’autres trucs dans la saga, Rusard est assez méprisé pour son métier aussi, les elfes de maison font le ménage et pourtant ils ont des compétences magiques au-dessus de celles des sorciers… 

A : En plus ils ont une double-discrimination parce que Rusard est cracmol et les elfes de maison ne sont pas des humains, c’est une population qui a été mise en esclavage. Il y a vraiment une association d’idées assez forte sur : si tu fais de la maintenance, du ménage…etc, c’est parce que tu n’es pas un sorcier, soit parce que ton espèce est inférieure, soit parce que tu es un humain mais tu n’es presque pas un humain complet parce que tu n’es pas un sorcier d’un point de vue sorcier. 

M : Je ne sais plus si c’est moi qui ai extrapolé toute seule ne écoutant la conférence ou si elle le dit explicitement, mais il y a un lien à faire entre cette expérience de Ron en tant que gars de la maintenance et le moment où, à la fin, il pense aux elfes de maison. C’est d’ailleurs le moment qui finit de charmer Hermione. Il y avait un peu cette idée que sans cette heure qu’il a passée dans la peau du gars de la maintenance, il n’aurait peut-être pas eu ce réflexe de penser aux elfes de maison, à la fin. 

C : Elle le mentionnait en disant que cette expérience lui permettait de… je crois qu’elle a dit textuellement que ça lui apprenait l’empathie. Il me semble qu’elle a insisté là-dessus. 

M : C’est ça. 

A : Après ça, il avait un peu plus que la capacité émotionnelle d’une cuillère à café. (rires)

C : Elle a aussi mentionné l’importance de la rencontre avec Arthur dans l’ascenseur, où Arthur, lui, voit Reg. Il n’y a pas de mépris, c’est un petit mot gentil, un « bon courage » parce que c’est un moment difficile, ce n’est pas pour rien qu’il est angoissé, il y a sa femme qui passe en procès juste après. 

F : Et puis Arthur ne méprise pas son métier, en fait. C’est quelqu’un de très pratique, lui, ce qui l’intéresse, ce sont toutes les bricoles moldues.  C’est un personnage qui ne va pas du tout mépriser quelqu’un pour ce qu’il fait ou pour le métier qu’il a, en l’occurence la maintenance. Il est un des seuls à être conscient des compétences que ça peut recquérir, à trouver que c’est un métier digne comme un autre… Parce que, justement, lui aussi est dans une place où il est dans un sombre bureau du ministère. Mais il fait ce qu’il aime et ce qui lui semble avoir du sens et être important. C’est intéressant, le passage où ils se croisent dans l’ascenseur. Ça fait bien résonner tout le mépris qu’on peut avoir envers certains métiers, surtout dans notre monde mais dans le monde magique aussi. 

M : Oui, et la manière dont, en tant qu’enfant, qui grandit à Poudlard…etc, ils sont tous isolés de cette réalité du terrain. On peut se dire que Ron, mine de rien, en tant que fils d’Arthur, il ne devrait pas avoir ce type d’aprioris mais il les a. Il y ce côté : tant qu’on ne se met pas à la place de l’autre, on ne peut pas savoir. C’était intéressant. 

A : Je pense que symboliquement, il y a aussi un truc qui est intéressant par rapport à cette rencontre avec Arthur, c’est que Ron, à ce moment-là, il a dix-sept ans, ils sont partis de la maison… Tu es à un âge où tu penses que tu ne peux plus rien apprendre de tes parents. Je trouve que la réaction qu’a Arthur, c’est quelque chose qui montre du respect et de grandes capacités humaines, et qui montre aussi, d’une certaine manière, qu’en tant que grand adolescent, il a toujours des trucs à apprendre de ses parents. Ce ne sont pas forcément des compétences pratiques, ce sont plus des compétences humaines. Je trouve que c’est aussi un beau symbole de ce qui peut encore être transmis humainement. D’autant plus venant d’Arthur, qu’on ne voit pas super impliqué dans l’éducation de ses enfants, beacoup moins présent…etc. Je trouve que c’est un beau symbole. 

C : Il lui donne la réponse, finalement. 

A : Oui. 

F : Oui, il lui donne le sort qui lui permettra de… – 

C : Oui, ça renforce. 

M : C’est vrai. Donc chouette présentation aussi ! 

F : Sujet original. 

M : On ne peut que renvoyer nos auditeurs au tout dernier épisode de Salut les Sorciers ! qui traite le personnage de Ron. On va dire que c’est un petit bonus à cet épisode. 

A : J’avais lu une analyse, il y a quelques années, sur ces trois personnages dont Harry, Ron et Hermione prennent l’apparence, et sur à quel point chacun des sorciers et sorcières dont ils prenaient l’apparence révélaient un peu quelque chose de leur identité et leur donnaient une leçon. C’était peut-être moins développé sur le cas de Ron parce que ça parait un peu des trois mais ça me donne envie d’aller retrouver cette analyse. 

F : Oui, pas mal ! 

C : Intéressant. 

M : Il y avait une autre présentation, je l’avais mise dans la catégorie analyse symbolique et thématiques et parallèle littéraire mais, finalement, c’est aussi un peu une analyse de personnage… Je l’avais beaucoup aimée, c’est « The Modern Prometheus : Severus Snape and the Subtle Science and Exact Art of Techne” de Mark Anthony Lewis. Je ne sais pas qui l’a suivie… Chouette, je crois que tu l’as suivie ? 

C : Oui. 

A : Moi, je ne l’ai pas suivie celle-là. 

F : Moi non plus. 

M : Elle était trop cool cette présentation, déjà parce que Mark Anthony Lewis est trop cool. Je ne le connaissais pas mais il avait un style plutôt sympa. C’était un peu une analyse de personnage, pas seulement sur Severus Rogue mais aussi sur Voldemort, un petit peu. Je n’ai pas traduit le titre mais c’est « Le Prométhée moderne, Severus Rogue et la science subtile et l’art exact de la technè” Et qu’est-ce que la technè ? C’était un peu le sujet de la présentation puisque c’est le terme à l’origine de la technologie, qui correspond un peu plus largement à l’activité et l’art de l’esprit et des beaux-arts, donc c’est un peu plus large. Le titre évoque un parallèle que Mark Anthony fait entre Rogue et Frankenstein puisque la manière dont Rogue décrit l’art des potions est probablement une référence directe que Rowling fait avec le discours du professeur qui inspire le docteur Frankenstein dans le livre « Frankenstein ou le prométhée moderne », dans sa vision de la science. Il y a toute une idée de Frankenstein qui est le nouveau Prométhée. Prométhée est aussi un symbole mythologique autour de la question de l’éthique, autour de la science et de la responsabilité du créateur sur ce qu’il crée. Frankenstein, qui est le Prométhée moderne, c’est pour ça. Il crée quelque chose juste parce qu’il peut le faire et l’orgueil de pouvoir le faire, et il crée le monstre sans aucune considération éthique et de responsabilité vis-à-vis de ça. Ça fait écho à la manière dont Rogue présente ce que c’est que l’art des potions. On sent que, derrière, il parle plus largement de la magie noire, en fait. C’est quand même de ça dont il parle aussi. C’était très intéressant dans la manière dont il faisait référence de Robert Johnson, que je ne connaissais pas, qui développe aussi le fait que la technée n’est pas seulement la responsabilité de ce qu’on créé mais c’est la responsabilité d’avoir créé, donc aussi de tous les usages que peuvent avoir nos créations et nos inventions. En gros, on ne sait pas ce que c’est qu’une création tant qu’on ne connaît pas le contexte de son usage. C’était assez intéressant et c’est toute la question qu’il pouvait y avoir, par exemple, autour de la bombe nucléaire. Est-ce que le créateur de la bombe nucléaire est responsable de son usage ? Du coup, la réponse est oui. C’était mis en parallèle avec Rogue et Voldemort, dans leur rapport à la magie. Voldemort, dans ce cas là, est clairement Frankenstein. C’est celui qui ne prend aucune responsabilité sur son rapport à la magie et ce qu’il peut faire avec la magie. Alors que Rogue semble essayer quand même de prendre un peu de responsabilités sur les conséquences de sa fascination pour la magie noire et de faire amende, un peu. C’était très intéressant. Après, il y a eu toute une partie que je ne vais pas développer où il fait des parallèles politiques, pour se positionner par rapport à des exemples contemporains, de Frankenstein de notre monde. C’était vraiment intéressant et bien présenté, ça permettait de repenser ce terme de technée. Et de repenser le fait d’être « maître des potions » et pas « professeur ». Il mettait en lien ce statut de maître avec cette idée de responsabilité vis-à-vis du savoir. Très intéressant ! 

A : Effectivement, ça donne très envie d’aller l’écouter. C’est un sujet qu’on avait abordé… je me demande si ce n’était pas dans une conférence aux Imaginales, on en avait parlé ensemble. On avait abordé, de manière générale, dans l’ensemble du monde magique, à quel point la notion de responsabilité et de conséquences des actes magiques était complètement évincée. On apprend à des élèves, dans les premières années, à transformer des lapins en chaussons, sans aucune réflexion de ce que ça implique d’un point de vue éthique, scientifique… Rogue est un super bon point de départ mais je pense que presque tous les sorts et manifestations magiques qu’on voit dans les bouquins pourraient être passés à la moulinette de cette analyse. 

M : Ah bah oui, parce que pour Rogue, c’est son fameux discours : « Je peux vous apprendre à emprisonner la mort dans un flacon, à empoisonner l’esprit d’un homme… ». Il y a ce côté « Wahou ! » et après, quand tu réfléchis deux secondes, tu te dis « Eh, mais ça ne se fait pas ! ». Ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on doit le faire. C’est vraiment toute cette question-là. Je ne savais pas que ce monologue de Rogue était un clin d’oeil direct à Frankenstein. Je ne connais pas assez Frankenstein pour avoir capté ça. Quand ils mettaient les deux extraits en parallèle, c’est la même structure. C’est quasiment une citation. 

A : Intéressant. 

M : C’était un peu notre transition pour parler d’autres analyses. Là c’était à cheval entre l’analyse de personnage et l’analyse plus thématique, plus générale. Il y avait une conférence sur le Quidditch, que je voulais écouter et que je n’ai pas encore pris le temps d’écouter. Heureusement, Chouette l’a fait ! 

C : Il y a toujours plein de conférences sur la symbolique du Quidditch dans la saga. Il y en a eu encore une par Barbara Purdom. Mais là c’était Caitlin Harper qui faisait une conférence intitulée « Why Quidditch makes as much sense as it needs to » donc « Pourquoi le Quidditch fait juste autant sens qu’il doive faire ». Globalement, elle revenait sur les principaux reproches faits au Quidditch. Il y avait trois parties dans sa présentation. La première, elle expliquait que tous les sports sont bizarres, autant que le Quidditch. En termes de durée, le cricket peut durer très longtemps. Pour les cognards, même s’ils ne sont pas magiques, il y a d’autres sports où l’environnement peut venir faire obstacle, par exemple les cours de golf… Au niveau des règles, ce n’est pas particulièrement flagrant que certains sports fassent sens. 

M : Genre le rugby, faire des passes en arrière pour avancer ! 

F : Attention sur le rugby ! (rires) 

M : Attends, c’est ma spécialité, alors je peux ! 

A : Marjolaine dit ça avec beaucoup d’amour. 

M : J’ai écrit une thèse sur le sujet. 

F : C’est vrai ? 

M : Oui. Je ne l’ai aps soutenue mais je l’ai écrite. 

F : C’est impressionnant, j’ai envie de la lire du coup ! Tu m’enverras ça ! 

C : Elle, visiblement, son point d’accroche n’était pas tant le rugby mais le hurling. Je ne sais pas si vous voyez ce que c’est ? 

A : Absolument pas. 

M : Pas vraiment, je sais juste que c’est bizarre. 

C : J’ai dû chercher longuement pour retrouver comment ça s’écrivait. 

F : Le hearling ? C’est le saut de haie ? 

M : Non, c’est un jeu gaellique où ils jouent avec des crosses et ils tapent autant sur la balle que les uns sur les autres.

F : C’est la Quidditch ! 

C : La liste de blessures possibles recensées qu’elle a faites… 

M : C’est du football gaellique mais avec des battes en plus. N’importe quoi ! 

C : En plus, il y a des règles ultra tarabiscotées ! Tu n’as pas le droit de faire quatre pas supplémentaires si tu tiens le palet à la main, tu peux le faire sauter, mais pas plus de deux fois, sur ta crosse, tu as deux manières de marquer mais ça ne fait pas le même nombre de points… Ça fait très Quidditch, tant sur la violence, sur la complexité des règles… Donc voilà, le Quidditch n’est pas particulièrement violent, donc. On peut se décrocher les orbites autrement. Elle a utilisé cet exemple pour faire la transition avec les évolutions d’un sport, en expliquant qu’en 2010, c’est un sport traditionnel qui existait pendant des centaines d’années, ils ont soudainement décidé d’imposer des casques pour les joueurs. Ils en ont eu marre de se fracasser le crâne. Elle explique qu’il y a d’autres changements qui ont pu avoir lieu au niveau du comptage des points, au niveau des règles… dans d’autres sports. Par exemple, avec l’arrivée de la technologie et la manière dont on l’a intégrée pour compter les points, par exemple en escrime. Elle rattache ça au Quidditch en expliquant qu’il y a eu, globalement, pas mal d’évolutions du Quidditch. On ne sait pas comment ça peut évoluer mais, globalement, ça reste inscrit dans une histoire. Elle a notamment parlé du fait que le vif d’or apparaît dans le Quidditch quand il y a une sorcière excentrique qui arrive sur le terrain, qui lâche un vivet doré et qui promet plein de gallions à celui qui arrivera à attraper la pauvre bête. On ne sait pas comment va évoluer la population de vivets dorés s’ils n’avaient pas été incorporés au Quidditch. Pour la citer  : « la sport répond au monde autour comme n’importe quel objet social, culturel…etc ». Elle revient sur la fameuse phrase Rowling qui explique qu’elle a inventé le Quidditch après une dispute avec son copain de l’époque, pour l’embêter. En fait, ce n’est pas exactement ce qu’elle a dit, c’est ce qu’on a tous retenu mais ce n’est pas ce qu’elle a dit. Contextuellement, elle a expliqué qu’elle l’a inventé lors d’un voyage avec ledit copain. Ce qui embête les hommes, pour elle, ce sont les règles de certains jeux, donc elle s’en inspire pour vif d’or. En fait, ça ne fait pas sens dans notre contexte précis. En l’occurrence, c’est particulièrement intéressant parce que si ça fait peu de sens pour les moldus que nous sommes, ça caractérise la société sorcière, ça paraît évident aux sorciers; Elle fait un parallèle avec Ron qui ne voit absolument pas l’intérêt du football qui passionne Dean Thomas, juste parce que ce n’est pas sa culture. Le sport et le pouvoir de définir ce qui fait sens sont des éléments éminemment politiques, qui dépendent énormément du contexte, ça dépend de la personne qui est au pouvoir, ça dépend des personnes qui vont faire l’histoire…etc. D’un point de vue littéraire, ça fait évidemment aussi, d’un point de vue symbolique, le fait que ce soit un sport qui mette un élu au centre. C’est le personnage le plus important dans le jeu et, évidemment, ce rôle revient à Harry. Ça dit quelque chose de la saga. Ce que disait aussi un petit peu Barbara Purdom. 

A : Par rapport à la citation de Rowling, il me semble que ce qu’elle avait dit surtout c’est qu’elle avait ressenti le besoin, après avoir eu des disputes avec son copain, d’un sport pour fédérer les gens en tant que société. C’était aussi beaucoup ça qui était à l’origine de la création du Quidditch, le sentiment qu’il fallait quelque chose pour véritablement créer un sentiment de groupe, d’appartenance et que la meilleure chose pour ça, c’était un sport. Je trouvais ça assez intéressant sur le symbolique du sport dans la vie, en tant que construction sociale. 

M : Carrément. C’est clair que Rowling comprend très bien la sociologie du sport. La manière dont elle écrit l’histoire du Quidditch, « Le Quidditch à travers les âges »… Pour ceux qui ont lu Norbert Elias « Sports et civilisations », il y a un peu des trucs comme ça, sur comment la violence dans le sport évolue en même temps que la manière dont on contrôle la violence dans la société…etc. Le fait que le Quidditch soit violent n’est pas anodin. La violence est à la fois très réglementée et très peu réglementée dans le Quidditch, ça en dit beaucoup sur le rapport à la violence dans la société magique en général. Rien que ça, je pense qu’il y a une lecture « éliasienne » à faire. C’est très intéressant, surtout au niveau du rapport entre les règles et la culture, ce qui fait sens ou pas… Par exemple, ça a du sens que dans le rugby on fasse des passes en arrière parce que ça impose au sport d’être une opposition entre deux lignes, donc il y a un côté très militaire et très « on joue à la guerre ». Ce sont deux lignes qui s’affrontent et le but est de trouver la faille dans la ligne adverse, de créer une faille par l’affrontement, pour passer dans le territoire adverse. C’est très différent du football au pied, même si c’est un peu la même idée. C’est beaucoup plus la guerre de tranchées. 

A : Ce que je trouve intéressant, c’est le Quidditch moldu, maintenant nommé Quadball. C’est un sport qui est très récent mais qui a énormément évolué, qui a vu ses règles évoluer tous les ans, si ce n’est pas plus régulièrement, depuis sa création, pour des raisons diverses. Tantôt, ça va être pour des raisons de sécurité, de protections des joueurs…etc, mais des fois ça va être pour des raisons beaucoup plus pratico-pratiques et matérielles. Typiquement, il y a une époque où les terrains étaient ovales, puis les terrains sont passés rectangulaires parce que c’était juste plus pratique, que ça prenait moins de place quand il fallait faire des tournois avec plusieurs matchs en même temps…etc. Il y a plein d’éléments et des questions qui peuvent paraître triviales mais qui jouent énormément sur l’évolution d’un sport. Il y a aussi eu des notions de : il faut que ça puisse être regardé, comment faire en sorte que ça soit facile à suivre pour les spectateurs… ? 

M : Il y a plein d’études, par exemple, sur l’influence de la télévision, du fait que le sport est télévisé, sur l’évolution des règles de ces sports. Je connais que les exemples dans le rugby mais c’est évident. J’imagine que dans le Quidditch, l’évolution de la manière dont sont faites les tribunes, a dû faire évoluer ce qu’on avait le droit ou pas de faire. Il y a toujours la réaction de « Il se passe quelque chose, il y a des accidents… ». Ça, c’est mentionné aussi dans « Le Quidditch à travers les âges ». On crée des règles en réaction à quelque chose qui s’est passé. Tous les sportifs essaient de détourner, de tirer à leur avantage pour la performance, trouver des failles dans les règlements pour être meilleurs. Ça créé des dérives et, à chaque fois, les nouvelles règles sont là pour corriger les dérives. Ça se voit énormément dans le rugby où il y a de nouvelles règles tous les ans aussi. 

F : Les nouvelles règles du rugby sont pas mal faites pour augmenter le spectacle, aussi. 

M : À la fois pour augmenter le spectacle et protéger la santé des joueurs. 

F : Oui, c’est clair. La course-poursuite entre règlement et comportement des joueurs se voit pas mal de le cyclisme, aussi. Dès que tu interdis un produit dopant, il y en a trois autres qui vont apparaître dans les équipes et être prescrits aux joueurs. C’est une lutte sans fin. Il y a besoin d’ajouter de nouveaux produits interdits à la liste chaque année. 

M : On peut imaginer que dans le Quidditch, c’est pareil. Au niveau de l’évolution des balais aussi, certainement. 

F : Oui, les balais beaucoup trop rapides, ingérables. 

A : Il y avait eu, je me souviens, une analyse… – je crois que c’était à la Leakycon – sur à quel point c’était injuste qu’Harry puisse jouer dans une compétition d’école avec un Éclair de Feu, même déjà avec un Nimbus 2000, parce que tous les élèves ne peuvent pas se permettre ça. Pour une compétition scolaire, est-ce que ce n’est pas donner un avantage énorme à une maison pour un motif purement financier ? Il n’y a pas de sponsors, les élèves financent eux-mêmes leurs balais ou empruntent un balai à l’école. C’est une sélection sur l’argent, quoi. 

F : En termes d’équité, c’est une catastrophe. 

C : Est-ce que Lucius Malefoy n’est pas un peu le sponsor de l’équipe des Serpentard, en deuxième année ? 

A : Justement ! 

C : Est-ce que c’est pour ça qu’ils n’ont pas le droit d’avoir leur propre balai en première année ? Est-ce qu’il y a un lien ? Pour que les cours de vol soient plus équitables ? 

A : Pour moi, la raison pour qu’ils n’aient pas le droit d’avoir un balai, c’est juste parce qu’ils ne savent pas les piloter. Tu ne donnes pas un truc dangereux à un gamin qui ne sait pas s’en servir ! 

M : Mais on leur donne des baguettes, tout va bien. 

F : C’est un peu étonnant, ça ne ressemble pas à Poudlard… 

A : Mais ils ont des cours ! 

F : Ça ne ressemble pas trop à Poudlard de ne pas mettre un truc dangereux dans les mains d’enfants… 

M : C’est vrai ! 

A : Ça doit dater d’avant Dumbledore, il n’a pas vu la nécessité de changer cette règle jusqu’à ce que Harry arrive. Là, il l’a changée. 

M : Bref, en tout cas, le Quidditch, il y a de quoi faire et je pense que ce ne sera pas la dernière conférence qu’on aura. C’est sympa d’avoir ce point de vue plus sociologique et pas que alchimique ou symbolique, qui sont très intéressants aussi mais… c’est bien de revenir à autre chose. 

A : Ça change. 

M : Puisqu’on parlait de Quidditch et des dangers et de la violence dans le Quidditch… Je parlais tout à l’heure du manque d’interdisciplinarité et de disciplines différentes présentes dans la Conference, mais il y avait quand même une qui m’avait attiré l’œil mais je n’étais pas dispo à ce moment-là. C’était sur l’ostéologie, je ne sais pas exactement de quoi ça parlait à part que ça parle d’os. Chouette, tu peux nous dire si ça a bien parlé de nonos, cette conférence ? 

C : Ça en a parlé ! Par contre, je ne sais pas traduire le titre, si quelqu’un veut le faire… 

M : Je ne sais pas ce que ça veut dire « Osteological discrepancies ». Je ne sais absolument pas. 

A : « A discrepancy » c’est un décalage. 

C : Aaaah, d’accord. Ça explique… – 

M : Ça y est, elle a compris la conférence ! (rires)

A : Là, dans le sens, c’est plus… « osteology », la science des os, et un décalage, un truc qui ne va pas. 

M : Un os déplacé ! 

A : Un os dans le potage ! (rires)

C : L’os dans le potage, en l’occurrence, c’est le trente-troisième os du bras d’Harry Potter. Dans le tome 2, Dobby lance un cognard à la poursuite d’Harry, qu’Harry se casse le bras et que Lockhart, décidant de faire le boulot de Mme.Pomfresh à sa place, fait disparaître la totalité des os du bras de Harry… Un peu plus tard, Mme.Pomfresh va chasser tout le monde de l’infirmerie en déclarant que « ce pauvre garçon a trente-trois os à faire repousser ». La grande question posée par Elizabeth Young, qui a donc fait des études d’ostéologie, c’était : comment Rowling est-elle arrivée à ce résultat de trente-trois ? Il y a trente os dans le bras, en l’occurrence. On peut éventuellement compter la clavicule et l’omoplate mais ça donne trente-deux. Il en manque toujours un. 

A : Les sorciers ont un os en plus pour activer la baguette magique. (rires) 

C : C’est une des hypothèses. 

A : C’est vrai ? 

C : C’est la toute dernière ! C’est l’hypothèse la plus populaire dans le fandom. Elle a dénombré trois options. La première, c’était une prise en compte des plaques de croissance qui ne sont pas des os mais d’espèces de tissus osseux qui sont situés entre les os des enfants quand ils sont en pleine croissance et qui disparaissent quand la croissance se termine… Saut que ça aurait fait trente-six ou trente-huit mais il y une erreur assez commune qui permet d’arriver à trente-trois. Mais ça ne la satisfaisait pas trop. Sa deuxième idée, c’était qu’il y avait une erreur dans le compte des phalanges intermédiaires : on a deux phalanges dans chaque doigt mais une seule dans le pouce. Il arrive fréquemment que les gens se trompent et rajoutent une phalange quand ils comptent. Et donc la troisième option, c’était la plus intéressante : l’os mystère. Effectivement, elle a proposé que les sorciers ont un os supplémentaire quelque part. Elle a aussi proposé que ça puisse être un sésamoïde, je ne sais pas si on dit la même chose en français, un os tout petit, de la taille d’un petit pois, qui se forme dans les tendons. Ce n’est pas quelque chose qui est très connu donc elle n’était pas très sûre. Elle a proposé aussi que, peut-être qu’étant donnée la manière dont les os sont interconnectés, un autre os pourrait disparaître, par exemple une côte. Globalement, c’est le contenu de la conférence, avec beaucoup d’explications sur les os. C’était vraiment super ! 

M : C’était pour ça que je disais qu’il faut qu’il y ait plus de variété ! Franchement, qui aurait pensé, à part quelqu’un de spécialiste des os, à remarquer et à le prendre comme prétexte ? 

C : Il y a beaucoup de gens qui se sont posé la question, apparemment. 

A : Du coup, je te confirme bien qu’on dit sésamoïde aussi en français. 

C : On essaiera de retenir le terme. 

M : C’est bien, on apprend plein de choses sur les os en même temps, c’est cool ! J’aime bien l’idée de l’os mystère. 

A : J’ai dit ça complètement sans avoir écouté la conférence… Sans vouloir me jeter des fleurs, je trouve que c’est la meilleure option ! 

C : Peut-être que, justement, les sorciers ont une phalange en plus pour tenir leur baguette ! Associons les deux idées… 

A : Mais oui ! 

M : Super, je suis contente que tu l’aies suivie et que tu nous ait refait le compte-rendu. J’étais tellement frustrée que l’autre ne parle pas du tout… c’était une école d’ostéopathie, je ne sais plus… 

A : Oui, c’était une prof en école d’ostéopathie. 

M : Ça ne parlait pas du tout d’ostéopathie. Très décevant. 

A : C’était juste comment ils ont organisé une soirée Harry Potter. 

M : Bien plus passionnant, en tout cas, d’après le titre, c’était la conférence que je n’ai pas suivie non plus mais le titre me vendait un peu du rêve « Secrets and Lies, Deceptions in the Harry Potter Novels ». Qui a suivi cette conférence ? 

A : Je l’ai suivie. 

F : Également. 

A : Au début, j’étais à fond et j’ai été très vite très déçue donc j’ai progressivement décroché. 

F : Moi j’ai bien aimé. 

M : Alors dis nous tout. De quoi ça parlait ? 

F : C’est David Martin qui faisait cette conférence. Il expliquait comment les secrets, les mensonges des différents personnages de la saga structuraient chaque tome. Chaque tome se déroule un peu dans un même schéma narratif où au début du livre, il y a des choses secrètes, cachées, ou alors des mensonges et, ensuite, des révélations. Par exemple, dans le premier tome, on ne sait pas ce qui est caché dans Poudlard, ensuite on ne sait pas qui veut s’emparer de la Pierre… Puis on découvre, avec les héros, toujours en même temps qu’eux, que la Pierre est cachée à Poudlard, puis que ce n’est pas Rogue mais c’est Quirrell. C’était la base de la démonstration. Ensuite, ce qui était intéressant, c’est qu’il détaillait que chaque tome d’Harry Potter, ce n’est pas nouveau, est construit comme un roman d’énigmes assez classique. Au cours du récit, on a des indices qui nous sont fournis et le but, au moins de cinq tomes parmi les sept, c’est ce qu’en littérature anglaise on appelle un « Whodunit », c’est à dire « Who has done it ? » donc « Qui a fait ça ? ». Dans presque chaque tome d’Harry Potter, l’objectif pour le lecteur est de découvrir l’identité du criminel, ce n’est pas toujours un criminel mais généralement c’est le bad guy. Dans le 1, ça va être Quirrell. Tout le tome est concentré sur l’identification de qui a fait tout cela, donc Quirrell à la fin. Le 2, c’est Jedusor/Ginny. Dans le 3, c’est le retournement de situation énorme où on découvre que c’est Pettigrow qui a fait ce qu’on croyait tous que Black avait fait. Dans le 4, c’est Croupton Junior qui a manigancé toute l’histoire de la Coupe de Feu. Et ensuite, jusqu’à la fin, c’est à chaque fois : qui ? C’est une construction de roman très classique, utilisée par Agatha Christie, par tout un tas d’écrivains anglais et pas seulement anglais. Je trouvais ça assez intéressant, c’était assez bien expliqué. Ensuite, il va un peu plus en détail en montrant que dans chaque tome, il y a un peak scene, un sommet où un gros secret nous est révélé, un gros mensonge est démenti… Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas seulement des secrets mais aussi des mensonges qui vont être devinés, décryptés. Si je prends un exemple… Par exemple, dans le 2, il y a toujours cette dualité : Lockhart qui ment et qui raconte qu’il est un aventurier extraordinaire et, à la fin, on révèle qu’en fait c’était un mensonge, que ce n’était pas vrai. C’est encore un exemple de tandem mensonge/révélation qui est hyper structurant dans le roman. Si on prend le tome 2, cette histoire de Lockhart est quand même assez importante. Il est présent jusqu’à la fin, jusqu’au dénouement. Il y a aussi la technique de Rowling pour cacher les révélations de ces secrets ou de ces mensonges à ses lecteurs. Elle aime utiliser les diversions. En anglais, j’ai découvert ce mot, on dit « red herring ». Je trouve ça intéressant parce que ça veut dire « hareng rouge ». 

M : Je connaissais le terme de red herring mais je ne savais pas que ça voulait dire hareng rouge. 

F : Ipiu, tu confirmes ? Je crois que c’est un hareng. 

A : Oui oui, c’est ça. 

M : Je connaissais le terme mais je ne savais même pas que ça voulait dire hareng ! 

F : Je ne crois pas qu’on ait d’équivalent en français, en plus. 

A : Non, pas vraiment. 

F : « Diversion », j’ai trouvé juste ça. 

A : Petite sidenote (ndlt : anecdote) mais si vous avez lu les Orphelins de Baudelaire, il y a tout un truc autour de ça, sur le jeu de mot autour de red herring et ce symbole. je ne sais plus comment ça avait été adapté en français mais avait dû être un cauchemar. Ça me donne envie d’aller revérifier. C’est assez connu. 

F : Je l’ai compris comme ça, moi. Le red herring, c’est vraiment le récit ou le personnage que tu vas suivre, que tu vas vraiment remarquer, alors qu’en fait il fallait regarder ailleurs. Par exemple, dans le tome 2, le trio croit que c’est Malefoy qui ouvre la Chambre… 

A : Dans le tome 1, ils pensent tous que c’est Rogue qui essaie de tuer Harry… 

F : Exactement. Ça montre aussi une certaine régularité, une permanence dans la façon d’écrire de Rowling. Il y a une grosse structure. Moi, j’ai trouvé ça assez cool de révéler tout ça. Ce sont des choses qu’on savait mais c’était quand même assez bien expliqué et construit. Après, il a fait un truc super chelou, qui n’avait rien à voir avec ce qu’il a raconté… Ipiu, je ne sais pas si tu es arrivée jusque là. Il fait un parallèle avec la deuxième Guerre Mondiale… 

A : Non, je confirme, je n’étais pas là. 

F : En gros, il compare Fudge avec Chamberlain dans les années 30, tous les dirigeants occidentaux mentaient au grand public et se mentaient à eux-mêmes aussi en disant qu’Hitler ne représentait pas de danger alors qu’en réalité, il les endormait gentiment, faisait la course à l’armement et préparait la deuxième Guerre Mondiale. La comparaison avec Fudge est complètement pertinente, on peut noter la même montée des menaces dans la société sorcière entre le tome 4, le tome 5…etc. Ça, ça va, la comparaison est pertinente. Et puis après, il a trouvé un truc que j’ai trouvé assez incroyable. Dans le tome 3, quand Hermione et Harry remontent le temps avec le Retourneur de Temps, ce jour-là qu’il appelle leur « longest day » parce qu’ils ont remonté, je crois, de trois heures, donc finalement ils vivent une journée de vingt-sept heures… Eh bien ce jour-là, c’est le June, 6, 1994, donc le 6 juin 1994, cinquante ans jour pour jour après « le jour le plus long », le Débarquement allié du 6 juin 1944. Là, je ne sais pas ce que vous en pensez… Je n’avais pas vu du tout ce truc. Il y aurait un parallèle avec la deuxième Guerre Mondiale fait par Rowling sur cette date. C’est vrai que la coïncidence est assez incroyable. Ça marche. 

A : J’avoue que je trouve ça très très très far fetched (ndlt : tiré par les cheveux). Autant, j’adore trouver des symboles, des parallèles, des trucs comme ça, mais j’avoue que là… 

M : C’est marrant mais je ne vois pas le rapport. 

F : Eh bien le longest day, c’est un jeu de mots… 

M : Oui, mais symboliquement ça ne veut pas dire grand-chose parce que ce qui se passe ce jour-là n’a rien à voir avec le Débarquement. Ce n’est pas comme si le parallèle se faisait avec le jour de la bataille de Poudlard… 

F : C’est sa théorie, il explique que c’est un petit clin d’œil qui vient nourrir toute une analyse de la saga que tu peux faire comme un parallèle de la deuxième Guerre Mondiale, de la montée des extrêmes, du nazisme en parallèle aux Mangemorts…etc. En fait, ça ne vient pas vraiment donner du sens, simplement c’est un clin d’œil. Il est persuadé que Rowling l’a fait délibérément, il explique ça. 

A : Ça, j’avoue, j’ai vraiment du mal à croire qu’elle l’ait fait délibérément parce que vu le nombre d’erreurs de dates qu’il y a, j’ai du mal à croire qu’elle ait réussi à bien calculer cette date là précisément. Ce n’est pas vraiment le fort de Rowling en matière d’écriture, les dates. 

M : Ça me fait penser à une thématique qui était pas mal abordée dans une des premières conférences que j’ai suivies. Je ne voulais pas l’aborder parce qu’elle était un peu pointue… C’était un peu dans la même idée. C’était la « The House of Riddle, Oedipus, The King and Intertextual Salience”. La saillance intertextuelle, en gros, c’est attirer l’attention du lecteur sur des parallèles avec quelque chose qu’il sait déjà. En l’occurrence, c’était pour explorer les références avec l’Antiquité et en particulier avec Oedipe et plein de thèmes dans Oedipe…etc. Ce sont des références que tu ne peux comprendre que si tu connais très très bien l’histoire d’Oedipe, par exemple, et que tu arrives à faire référence à la comparaison entre le fils qui tue le père, le corps du père, l’automutilation d’Oedipe et de Voldemort… Il y avait plein de parallèles mais ça me fait penser à cette idée que ce qui compte là-dedans, c’est ce que le lecteur apporte. Quand on est spécialiste de l’Antiquité, forcément, on va les voir. Quand on est spécialiste de la seconde Guerre Mondiale on va voir ça, on peut peut-être calquer plus de choses parce qu’on est spécialiste d’un truc qui ne soient pas forcément… – 

F : Oui, il y a un gros biais cognitif. Lui, il est peut-être fan de la deuxième Guerre Mondiale, il fait des reconstitutions et il a réussi à trouver ça. 

M : Fan de dates. 

F : C’est un computer scientist, c’est un informaticien. Il est assez marrant, d’ailleurs, parce qu’il est un peu influenceur. C’est @thehufflepuff sur Instagram. 

M : Ah, mais c’est David Martin, c’est celui qui a participé à… – 

F : Un Tournoi des Quatre Maisons ou des Trois Sorciers, je ne sais plus. 

M : Le Tournoi des Quatre Maisons, le jeu télé.

F : Oui. C’est un personnage du fandom, il est rigolo. Plus sérieusement, j’ai quand même bien aimé son analyse sur la structure narrative, sur comment les secrets et les révélations structurent chaque livre. À la fin de sa conférence, il fait cinq minutes assez marrantes sur comment détecter les mensonges, comment dire des mensonges… Comment dire des mensonges ? Il faut bien connaître ce que l’interlocuteur souhaite entendre. Par exemple, Dumbledore, quand il ment à Fudge en disant qu’il veut organiser une armée dans le tome 5, c’est le meilleur mensonge possible puisqu’il dit à Fudge exactement ce qu’il veut entendre, c’est à dire qu’il monte une armée pour renverser le ministère. Fudge tombe dans le panneau et l’objectif du mensonge de Dumbledore, qui est de dédouaner Harry et les autres, fonctionne à plein. C’était intéressant. Après, il donne aussi des conseils pour détecter les mensonges. C’est pas mal, il essaie de dire comment détecter les mensonges de J.K Rowling qui en fait plein, qui fait des omissions, des cachotteries dans tous ses tomes. Il donne un exemple : elle ne parle jamais de Croupton Junior dans le tome 4, alors que c’est le fils du personnage principal, qui a une histoire, elle n’en parle pas, il n’apparaît pas… Finalement, si on voulait deviner l’identité de celui qui avait mis le nom de la Coupe de Feu, c’est peut-être là qu’il fallait regarder. Il finit là-dessus. 

A : Ça rejoint un peu la règle de : c’est toujours qu’on soupçonne le moins. C’est toujours celui dont on parle le moins, qui est le plus discret, le plus en retrait… C’est souvent, effectivement, comme ça que ça fonctionne. 

F : Le Quirrell quoi. 

A : Qui est le moins soupçonnable ? Qui a l’air d’être le plus inoffensif ? C’est lui, alors ça veut dire que c’est lui le meurtrier. 

F : Voilà. J’ai bien aimé. 

M : Je pense que c’est pas mal, comme type de conférences, pour s’initier un peu à toutes ces analyses de structures littéraires…etc. Mine de rien, ce sont des trucs qu’on a déjà entendus mais qu’on a accumulés par des lectures de plusieurs articles, des écoutes de plusieurs conférences… Là, de les avoir condensés, dans une seule… – 

F : Oui, c’est très condensé et c’est très agréable à écouter. Moi, je n’ai pas trouvé ça désagréable. Ça change un peu du ton parfois très académique que certains ont. Il ne se prend pas la tête, c’est un retraité, il est tranquille… mais tu sens quand même qu’il a une connaissance bien sérieuse de la saga. 

A : Moi, je pense qu’effectivement ce qui m’a fait décrocher c’était peut-être le côté trop simpliste. J’avais l’impression d’avoir déjà entendu ce qu’il disait dix fois. 

F : Tu as lu trop de trucs aussi ! (rires) 

A : En soi, effectivement, c’est intéressant. J’ai regardé en accéléré les slides [ndlt : diapositives] après et il y a effectivement des parallèles qui sont assez cool. Le truc que tu cites à la fin sur la détection de mensonges… J’aimais bien la mention, qui est était intéressante d’un point de vue plus plus symbolique. Dans les trucs que Rowling dissimule, il y a sa foi. 

F : Oui, il dit ça effectivement. 

A : Le fait qu’elle est chrétienne et qu’elle n’en parle pas.

F : Elle ne veut pas qu’on interprète. 

A : Elle ne le dit qu’à posteriori parce que si elle définit un peu trop ouvertement comme chrétienne, toute la symbolique de sa saga éclate au grand jour, la fin est complètement devinable à dix-mille kilomètres. 

F : C’est très intéressant, elle dit que tous ses personnages sont de gros menteurs : Voldemort, Hermione, Dumbledore… Surtout Dumbledore. Mais, en fait, c’est Rowling la meilleure en mensonge et en misdirections [ndlt : mauvaises directions] comme elle dit. Et aussi, c’est assez accessible pour ceux qui ne sont pas hyper à l’aise avec l’anglais, ont un peu de mal à comprendre parfois, quand ça va trop vite… Lui, c’est plus facile à comprendre, je trouve. 

M : Est-ce que « The House Elf Problem” était facile à suivre ? C’est Chouette qui a suivi celui-là, je crois ? 

C : Oui, relativement. Je me suis précipitée dessus parce que ça parlait d’elfes de maison. (rires) C’est toujours très intéressant. J’avais manqué, en lisant l’intitulé, la deuxième partie. En fait, la deuxième partie rend ça encore plus intéressant. Pour traduire, c’est « Le problème des elfes de maison : enseigner Harry Potter dans un mouvement culturel tendu ». Ce n’est pas une conférence axée sur l’analyse symbolique… enfin si, un petit peu, mais ce n’est pas la symbolique pour la symbolique, ce n’est pas une étude littéraire à proprement parler. C’est un retour d’expérience sur le fait d’enseigner Harry Potter. Je crois que c’est le retour d’expérience le plus intéressant que j’aie entendu en trois ans. Elle utilise Harry Potter comme terrain de travail pour aborder des questions de racisme avec des jeunes. Je n’ai pas retenu de quel âge à peu près, il me semble que c’étaient des ados… Elle fait un parallèle entre l’esclavage des elfes et l’esclavage historique. Elle insiste bien sur le fait que les textes sont destinés aux jeunes et que c’est ça qui en fait un moyen de médiation parfait pour aborder plein de points importants que les chercheurs ont pu étudier, qui sont évidents, mais qui sont plus subtils pour les enfants et qui, du coup, vont davantage les impacter. Ils ne vont pas faire la parallèle forcément mais ça peut leur apporter des questionnements, ça peut les guider un peu dans l’apprentissage des comportements à avoir. L’exemple par excellence c’est la question du comportement d’Hermione quand elle apprend qu’il y a des elfes de maison à Poudlard. Au lieu d’écouter les elfes, elle va essayer d’agir à leur place et, finalement, elle va être complètement contre-productive puisqu’elle rajoute du travail à Dobby. Le fait qu’elle cache des vêtements partout est perçu comme extrêmement insultant par les elfes de maison et les conduit à laisser Dobby s’occuper tout seul de la salle commune de Gryffondor. Je ne sais plus si elle a prononcé l’expression mais c’est un clair parallèle avec le comportement de white savior (ndlt : « sauveur blanc ») notamment. Dans les moments très intéressants, elle a aussi évoqué une situation où un jeune, pendant qu’il parlait des elfes de maison, lui a dit « Oui, mais il y a Hokey, et Hokey et sa maîtresse ont l’air de bien s’entendre ». Elle a blêmi, elle ne s’y attendait pas du tout. Donc de l’importance d’expliquer que le problème avec l’exclavage ne s’arrête pas aux seules maltraitances, que ce n’est pas parce qu’il y a un elfe de maison qui, effectivement, n’est pas particulièrement maltraité, que ça peut légitimer quoi que ce soit. Elle a aussi pris d’autres exemples : Kreattur qui s’entend très bien avec Regulus mais, finalement, sa relation avec Regulus conduit à encore plus de maltraitance. Peut-être un autre point important : un jour, en commençant à parler de parallélisme racisme et esclavagisme des elfes de maison, il y a un jeune qui lui a expliqué que lui trouvait ça très dégradant, très blessant comme comparaison. Ce qui, effectivement, semble complètement légitime et évident quand on parle. Ensuite, elle a fait un travail pour expliquer que c’était plus un parallélisme au niveau des concepts. J’avais envie d’en parler parce qu’elle évoquait aussi d’autres éléments comme le fait que la situation des elfes de maison est une porte ouverte pour imaginer d’autres solutions. En l’occurrence, elle est autrice de fanfictions et elle a écrit une fiction pour explorer l’idée que, pour elle, si Dumbledore avait permis aux elfes d’accéder à une éducation universelle, la situation aurait peut-être été différente. Elle a écrit une fanfiction très sympa à ce sujet où, justement, il y a une elfe de maison qui va commencer à assister à tous les cours… 

M : « A Dish of Muggle and Squib” c’est ça ? 

C : Oui. 

M : Ça donne envie ! Il y avait une table ronde pour faire un retour d’expérience avec plein d’enseignants qui parlaient de l’évolution de comment ça se passe quand on utilise Harry Potter en classe. Il y en a qui parlaient de questions très pratiques genre : est-ce qu’on fait lire tous les tomes ? On a un temps limité donc est-ce qu’on fait lire tous les tomes aux enfants ? Comment on fait par rapport au volume de lecture ? Après, il y avait des questions plus thématiques sur toutes les controverses…etc, comment on les aborde… C’était bien d’avoir un exemple précis et développé sur l’utilisation de la question des elfes de maison, c’est intéressant. Surtout les réactions des jeunes qu’on n’anticipe pas forcément, effectivement. J’ai envie de lire la fanfiction du coup ! 

C : Elle est vraiment bien, la fanfiction. J’étais un petit peu déçue, au début, parce que ce n’est pas centré sur l’elfe de maison, il n’arrive qu’au deuxième ou troisième chapitre. C’est vraiment très sympa, ça fait sept chapitres donc ça se lit très bien. 

M : On mettra un lien dans l’article qui accompagne l’épisode. C’est un sujet qui fait un peu transition avec l’autre gros morceau de cette Harry Potter Conference, dont on a parlé en introduction… Ce sont les questions de positionnement du fandom vis-à-vis de Rowling, principalement. Il y a eu, notamment, la plénière avec l’invitée d’honneur qui était Loretta Ross et qui s’intitulait « Calling in, calling out ». Là, c’est un format de conférence plus long, avec un long échange après. Loretta Ross est une universitaire et activiste américaine qui a un parcours assez impressionnant. Elle est notamment spécialiste des combats féministes et en particulier des féministes noires-américaines pour la justice reproductive. Elle est aussi spécialiste de l’analyse du suprémacisme blanc. Elle était là pour présenter des thématiques qu’elle développe plus récemment sur sa vision de la manière de s’engager et de réagir face aux personnes qui portent des idées qu’on veut combattre. Elle analyse surtout la manière dont les clivages, on l’a remarqué, sont de plus en plus violents, surtout en ligne. Elle réfléchit un peu à comment désamorcer ça et comment sortir de la spirale un peu destructive. C’est sa manière un peu plus élégante et approfondie de dénoncer la cancel culture qu’on voit. C’est ce qu’elle appelle le « calling out« . Elle propose d’autres manières de réagir que le calling out. Je n’ai pas de traduction pour toutes ces expressions : calling in, calling out… 

A : J’y ai beaucoup réfléchi et je trouve ça extrêmement compliqué. 

M : C’est dur. 

A : J’avoue que ça m’a trituré le cerveau pendant tout le temps où j’écoutais sa conférence. C’est un truc sur lequel j’ai envie de me pencher. 

M : Oui, ce serait bien de trouver des équivalents, mais c’est assez explicite. Elle explique toutes les différentes manières dont on peut réagir. Calling out, c’est vraiment la façon qu’elle considère comme la plus évidente et le premier réflexe, c’est de dénoncer publiquement. Mais ça n’invite pas la personne en face à une discussion, ça la met directement dans une situation d’affrontement. Après, elle détaille les autres façons qu’on pourrait avoir de réagir, avec l’idéal du calling in : on ne dénonce pas ce que la personne dit mais on essaie de l’inviter dans la discussion, dans le dialogue. Elle dit toujours « utilisez l’amour et le respect comme une tactique pour inviter la personne à changer », en gros. C’est un peu ça. Il y a d’autres trucs intermédiaires que j’ai trouvés pas mal, c’est le calling on… C’est quand on reconnaît qu’on ne peut faire ni du calling in ni du calling out parce que ça demande trop d’énergie de faire l’un ou l’autre. Il faut reconnaître qu’on n’est pas la meilleure personne pour le faire et que c’est une manière de se préserver de ne pas s’engager dans ce type d’affrontement/échange. Il y a le calling off : c’est un peu la même chose, c’est dire qu’il n’y a pas d’obligation de s’engager dans une discussion qui nous blesse ou qui est improductive. En gros, si ça nous fait du mal c’est qu’il y a un trauma qui nous blesse et qu’on a plus à perdre qu’à gagner à s’engager dans l’échange. Elle a une citation qui est assez belle, c’est qu’on ne peut pas faire de calling in si on saigne encore de son trauma ou de la blessure infligée. C’est pour légitimer un peu nos réactions face à des choses qui nous font du mal ou qui font du mal à d’autres gens. Pourquoi on parlait de tout ça ? évidemment, c’était pour appliquer à la situation avec Rowling et à la situation du fandom vis-à-vis de Rowling. C’était hyper intéressant parce que ça oblige à pas mal d’introspection, à réfléchir comment on se positionne, comment on a envie de réagir…etc. Parfois, c’était un peu dur parce qu’elle évoque beaucoup de choses, que ce soit dans son parcours à elle ou des émotions qu’on a tous eues. C’était assez émouvant. Le débat que ça a suscité aussi c’est qu’évidemment, quand elle nous présente tout ça, ça a l’air assez idéal d’être tous dans le calling in mais que ce n’est pas si facile que ça. Donc ça crée des discussions assez intéressantes. Je ne sais pas ce que vous en avez pensé ? 

A : C’est un truc que j’ai beaucoup aimé, justement. En tant qu’activiste et… je ne sais pas exactement quel serait l’équivalent de son titre en France, ce n’est pas vraiment enseignant-chercheur, ce serait un peu plus haut gradé… 

M : Directrice de recherche, je pense. 

A : Oui, directrice de recherche. À aucun moment je n’ai eu la sensation, dans sa présentation, qu’elle disait « C’est ça que vous devez absolument faire ». Il y avait vraiment beaucoup de bienveillance et de compréhension, d’empathie. Il faut prendre en compte son propre parcours et ne pas essayer de faire ce qu’on pense qu’on devrait faire si on n’en a pas les capacités émotionnelles, physiques… Ça ne doit pas nous aliéner non plus. Je trouvais ça important d’entendre ça de la part de quelqu’un qui a littéralement consacré toute sa carrière à se battre et à défendre ses idées, qu’elle dise « c’est important de le faire mais il faut aussi le faire en accord avec ses propres capacités ». Il y a vraiment ce côté « ce n’est pas une compétition ». Ça peut paraître un peu logique mais je trouve que c’est un domaine où c’est particulièrement important de le rappeler. Une chose qui m’a marquée, au tout début de sa présentation, quand elle parlait de la médiatisation de ces propos, c’est la différence de réception et d’écho que vont avoir les invitations à la conversation et les invitations à la violence. Il y aura toujours des propos controversés, problématiques… qui vont toujours inciter plus de gens à déverser leur haine, alors des propos des posés vont inciter les gens à participer à un débat et à se joindre à une conversation. Je trouve que c’est très intéressant comme perspective parce que c’est un problème qui est récurrent dans les médias, dans la façon dont on interagit sur les réseaux sociaux aujourd’hui… C’est quelque chose qui a été beaucoup critiqué, le rôle des médias dans la banalisation de l’extrémisme, du fachisme…etc. Je trouvais que ça englobait assez bien cette notion. Ça s’applique de manière générale mais ça s’applique aussi extrêmement bien au contexte de J.K Rowling où c’est extrêmement facile de présenter les choses comme tu en as envie et presque de présenter tes sections commentaires comme un défouloir pour les opinions des uns et des autres, plutôt que d’avoir un propos construit et de proposer aux gens de comprendre avant de parler. 

M : Je l’avais dans mes notes mais j’avais un peu oublié, tu l’as mentionné, elle avait une manière hyper incisive (et en même temps bienveillante) de dire « Il faut se rendre compte à qui ça profite, cette manière d’encourager les divisions. Ce sont les extrêmes ». Elle parlait du suprémacisme blanc qui a cette stratégie de dévictimiser les victimes et de guerre contre la vérité. À qui ça profite d’encourager les divisions ? Ce sont les extrêmes, le fachisme… Ce sont tous ceux qui vont en profiter. Quand on est dans la calling out, on est pris dans un piège qui nous dépasse, où on est un peu manipulé. 

C : Elle rappelait aussi que c’est une arme qui était d’abord et avant tout utilisée et qui a été inventée par justement… – 

M : Les systèmes- 

C : En mettant en valeur les extrêmes, on efface la voix de toutes les personnes intermédiaires. Elle commençait en disant qu’il n’y avait pas que les féministes transphobes et les personnes trans misogynes. Il y a l’extrême majorité au milieu dont, finalement, on ne parle plus pour scénariser cette confrontation. 

M : Oui, pour accentuer ces deux camps et oublier ce qu’il y a au milieu. Il y avait toute cette question de l’empathie nécessaire, de comprendre ce que ça fait d’être called out et de réfléchir à la réaction de quelqu’un qui est en face… Même si c’est un calling out légitime, dans le sens où il faut que la personne se rende compte qu’elle a dit des choses sur lesquelles elle doit revenir et réfléchir. La réaction d’être called out c’est forcément de la… – 

C : De l’agression. 

M : Oui, de la protection… Je n’ai plus le mot ! 

C : De la défense ? 

M : Oui, c’est ça ! On est tout de suite en position de défense ! Et du coup, quand on est en position de défense, on ne rentre pas dans l’échange. Ce n’est pas un type d’échange qui est productif. Elle dit qu’on se sent embarrassé, en colère. Il faut comprendre aussi, quand on « attaque » quelqu’un pour lui dire « Ce que tu as dit, c’est de la merde », de se rendre compte de ce que ça fait à la personne. Elle, elle décrypte ce qui s’est passé avec Rowling comme ce résultat-là, même si après il y a pas mal de gens qui ont qu’il ne faut pas oublier que le calling in est arrivé et qu’elle l’a refusé. Mais il y avait en même temps du calling out, donc elle a retenu ça. Ça a cristallisé et amplifié la réaction et l’escalade qu’on a vues. C’était un décryptage assez intéressant, de faire cet exercice d’empathie avec qui on n’est pas d’accord. Ça aide beaucoup à avoir un petit espoir de renouer le dialogue, même si ce n’est pas évident. 

C : C’était intéressant dans la mesure où ce n’était pas le type de discours auquel personnellement je m’attendais. Ce n’est pas un discours qui est très fréquent, j’ai l’impression. Juste parce que Rowling a refusé le dialogue, comme le rappelaient les gens dans la discussion après rapidement…. Et aussi parce que ça présentait une autre vision des choses. On va en parler juste après mais les échos avec les autres discussions après ça… 

M : C’est vrai que ça posait une lecture des autres discussions assez marquante. Mais les autres discussions, en même temps, contrebalançaient ce côté presque… forcément, on peut admirer sa philosophie, à Loretta Ross mais il y aussi le côté « Bon bah, on ne peut pas tous être aussi parfaits ! ». C’était un peu ça. Je ne sais pas comment vous l’avez ressenti mais il y avait aussi ce côté-là. 

C : Le moment où elle explique qu’elle est allée parler anti-racisme à des suprémacistes… C’était impressionnant. Ça force le respect. 

M : Voilà, c’est ça. Elle dit « Mais je ne suis pas surhumaine ! ». Ouais, si, un petit peu quand même… (rires)

A : Juste après Superman. 

C : C’est ça. 

A : Je pense qu’une des autres conférences qui faisaient fort écho et qui complétait celle-ci c’était celle de Bryan Satterley ?? dont on a un petit peu parlé dans l’introduction. C’était « Cambridge with Cancelling Queer Fans, J.K Rowling and theHJalf-Blood Fan ». 

M : J’annonce : ça m’a fait pleurer cette conférence. 

A : Moi aussi. Je pense que je n’ai jamais été aussi émue sur une conférence de la Harry Potter Conference. C’était vraiment focalisé sur le fandom, comment on vit sa vie de fan après ça et surtout comment cette prise de position est perçue par le reste du fandom, entre ceux qui décident de… « I quit, je me casse » et ceux qu’il définit comme les half-blood (ndlt : sang-mêlés) qui disent « Non, moi je reste dans le fandom ». Il dit qu’en restant on trahit les nôtres, d’autant plus pour les fans LGBT+ qui resteraient, qui restent dans le fandom. C’est vraiment une trahison de ceux qui ont été directement visés par les propos de J.K Rowling. Il y a un déchirement identitaire assez proche. Moi, la phrase que j’avais retenue et qui m’a vraiment beaucoup émue c’était « En partant, on demande de créer une rupture, de laisser mourir une partie de notre identité ». On est beaucoup, en tant que fans, à s’être construits avec Harry Potter. Renoncer à ça, c’est laisser mourir cette partie-là de nous. Et en même temps, c’était presque une double-peine parce que ce type de parcours, c’est quelque chose qui est malheureusement un phénomène assez répandu pour tous les fans queer qui sont dans cette situation où ils doivent renoncer à une partie de leur identité, dans le sens où ils ne sont pas acceptés par la majorité de la société comme ils sont. Il y a toujours, à un moment ou à un autre, dans leur vie de personne de queer, où ils doivent effacer leur identité pour ne pas être victimes d’homophobie, de transphobie, de lesbophobie, de biphobie…etc. 

M : Il a une expression hyper forte, il dit que ce sont des blessures qui en rappellent d’autres. Ce que ressentent les half-blood fans, toute l’expérience commune de la perte, du deuil… tout ça ce sont des blessures qui en rappellent d’autres dans leur expérience queer. J’ai trouvé ça… pfiou. OK. C’était assez fort la manière dont il le dit. Tout ça en incarnant Ombrage, en plus ! On ne l’a pas reprécisé. 

C : Et en précisant pourquoi. Ça aussi, c’était ultra touchant. 

M : Oui, pourquoi il choisit Ombrage comme personnage ? En l’incarnant, il contrôle les bullies (ndlt : harceleurs, intimidateurs) qu’elle représente. C’est pas mal. 

A : Il y a toute cette personnification… Il y avait déjà eu, je ne sais plus si c’était l’année dernière ou il y a deux ans, une présentation… Je crois que c’était lui qui l’avait faite, justement. Il se présente lui-même comme un homme cis gay, qui est également drag queen. Son personnage est inspiré de Ombrage mais, il y a deux ans, il était vraiment dans un cosplay, une tenue de Ombrage. Les décrets d’éducation de Ombrage étaient directement mis en parallèle avec les prises de position de J.K Rowling, avec ses tweets, avec les essais sur son site, avec la façon dont elle va financer des associations homophobes, transphobes au Royaume-Uni pour aller dans le sens de ses convictions politiques… Il y avait aussi cette position très forte d’incarner ce personnage qui est un des plus détestables de l’univers et dont les pires travers sont directement associés à ce que peut faire Rowling aujourd’hui. C’est une prise de position qui est très forte et qui amène beaucoup d’émotion. 

M : Vous voulez quand même rebondir sur l' »auteur mort-vivant » pour finir ? 

C : Juste très rapidement. Il en a parlé et il disait qu’il avait adoré, c’était un peu en rapport. 

M : Déclaration d’amour pour Jennifer Duggan.

C : Qui a précisé qu’il n’était pas à l’origine de l’expression « auteur mort-vivant », d’ailleurs. Ça rend peut être moins bien en français mais c’était dit undead author. C’est une référence à la grande théorie de la mort de l’auteur. Globalement, Jennifer Duggan en parlait dans une conférence sur les créations de fans, notamment les fanfictions mais elle a aussi un peu parlé d’illustrations et autres. Ce qu’elle expliquait c’est que, en termes d’approches dans la création de contenu au sein d’un fandom, il y a deux approches possibles. Il y a l’approche affirmative où on va se situer dans la continuation de l’œuvre mais ne rien modifier, et il y a l’approche transformative. Harry Potter offre tout particulièrement prise à une approche transformative, y compris en ce qui concerne les contenus LGBTQIA+, par exemple avec le Polynectar en ce qui concerne tout ce qui est « transformation ». La communauté a évidemment vu, s’en est saisi, que ce soit par le travail de couple fictifs homosexuels, Drarry et compagnie… qui sont très très populaires, ou un travail sur le gender bending (ndlt : fait de défier, modifier, jouer avec les normes de genre) avec un Harry trans ou doté de la faculté de changer de genre. Ça, j’avoue que je ne l’avais pas vu en français mais apparemment c’est courant dans le fandom anglophone. Pour en venir à l’auteur mort-vivant, Rowling a été l’une des premiers auteurs à encourager publiquement le fandom à créer. Le poids de ses paroles était d’autant plus important au sein du fandom du fait du public. Selon la conférencière – visiblement elle s’appuyait sur des études -, selon les disciplines d’études, selon les personnes qui étudient, selon les fans… la parole de l’auteur peut avoir plus ou moins de poids. Évidemment, pour un public qui était plus sensible à la question de tout ce qui se situe en dehors de la norme (c’est un message très explicite dans Harry Potter), la parole de Rowling était très importante. Elle l’était d’autant plus qu’il y a les réseaux sociaux qui sont venus l’accentuer mais elle l’était déjà auparavant. Rowling qui incite à l’appropriation par les fans, c’était très important mais elle se situait quand même dans une sorte de paradoxe où elle incitait à l’appropriation…etc mais elle continuait à s’exprimer, à ajouter du contenu et surtout à donner son avis sur le contenu créé par les fans. La mort de l’auteur, c’est l’œuvre complètement aux fans. Cet auteur mort-vivant, c’est un auteur qui offre son œuvre aux fans, qui encourage l’appropriation et qui, pourtant, donne son avis et donne des validations ou, au contraire, des invalidations du contenu qui est produit. Factuellement, elle fait une différence entre le bon et le mauvais fandom. Elle accepte ce qui s’aligne sur sa vision et refuse le reste. 

M : Ce qui était marrant aussi c’est qu’il y avait une autre présentation qui était un peu dans la même idée mais plus précise, sur les spitefics donc les fanfictions motivées par volonté de répondre à Rowling. C’était Ben Cromwell qui montrait à quel point c’était un phénomène massif, les fanfictions qui sont accompagnées d’un tag qui fait référence au fait qu’on n’est pas d’accord avec Rowling ou que ça a été écrit pour répondre à Rowling…etc. C’est un autre exemple d’auteur mort-vivant, en fait. La création se fait en réaction à l’auteur, pas pour l’achever mais pour lui répondre. J’ai l’impression, en tout cas, que c’est un autre déclinaison de l’auteur mort-vivant. 

C : Ou une réaction à cette position d’auteur mort-vivant. 

M : Oui, les deux… C’est à la fois dire « Bon, c’est vraiment à nous » mais en même temps s’il n’y avait pas eu ces propos de Rowling, ça n’aurait pas pris une ampleur aussi massive, ce courant de fanfictions en particulier. 

C : Ça a multiplié le nombre de fanfictions qui incorporent la question de la transidentité, que ce soit en fanfiction ou en illustration. Un autre truc que Jennifer Duggan mentionnait c’était les memes impliquant Rowling directement. 

M : Il y a même eu une présentation spécifique pour les memes mais c’est une autre histoire. Il y a eu tellement de présentations dans cette Conference ! 

C : C’était très riche. 

F : C’était super intéressant tout ce que vous avez dit sur les conférences que je n’ai pas pu suivre. C’était cool, merci ! 

C : On a hâte de voir ce que ce sera l’année prochaine. 

M : Oui, on espère qu’ils vont garder cette énergie-là. Je pense qu’on peut le répéter mais c’est très accessible, on paie très peu cher pour suivre ces conférences. Je parle en connaissance de cause de savoir combien ça coûte normalement d’assister à un colloque ou à ce genre de choses… Ça coûte des sous de l’organiser. 

A : C’était quinze euros ? 

F : Quinze dollars. 

A : Donc un petit peu moins, treize euros cinquante, quelque chose comme ça… 

M : Voilà, donc on ne peut qu’encourager les auditeurs à qui ça a donné envie et qui se disent qu’ils sont capables d’aller écouter tout ça à surveiller pour l’année prochaine, pour pouvoir suivre ça aussi. Je ne sais pas pour vous mais moi, comme d’habitude, ça m’a donné plein d’idées pour des nouveaux épisodes ! J’espère que ça donnera des idées aux rédacteurs, moi j’ai envie de voir un article sur Peeves sur la Gazette, qui reprend tout ça… 

F : Bonne idée ! 

M : Je ne crois pas qu’on ait d’article un peu fouillé sur Peeves. 

A : Je trouve que c’est chouette, ça donne toujours envie de revenir l’année suivante. C’est toujours bon signe ! Même si c’est quelque chose qui est assez développé aujourd’hui, les conférences de fans, Harry Potter en tant que sujet d’étude de manière sérieuse à l’université, ça reste un événement assez unique. Il n’y a pas vraiment d’autres événements équivalents ailleurs, en tout cas dans le monde anglophone. Il y en a peut être des plus petits dans d’autres langues mais je ne serais pas en mesure de les suivre, de manière très personnelle. Ça permet de prendre un peu le pouls de l’évolution des analyses de fans et universitaires sur Harry Potter donc c’est très cool. 

M : Ça reste le paradis des Serdaigle, il faut le dire ! 

A : C’est ça. 

M : Un jour, on ira sur place, peut-être… 

F : Il y a quelques Poufsouffle quand même, pour rassurer les auditeurs. Il y a quelques Poufsouffles qui nous font quelques conférences un peu drôles et pas trop sérieuses. 

M : Des Serpentards aussi… 

F : Qui se cachent. 

C : Lori Kim n’est pas Serpentard par hasard ? (rires)

M : On n’a pas mentionné Lorie mais elle a fait une super présentation sur son bouquin. À suivre parce que je pense que la critique de son bouquin va arriver sur la Gazette ! 

C : Oui ! 

M : On reparlera de Lori Kim à ce moment-là. 

A : Merci à vous de nous avoir écoutés, merci à Chouette et Florean de nous avoir rejoints une fois de plus dans cette épisode pour qu’on puisse se dédoubler et parler de toutes les conférences possibles de cet événement. Merci à Salem pour le graphisme, Kalegula pour le générique et merci d’avoir à Marjolaine qui fera le montage de cet épisode ! 

C : Bon courage ! 

M : Merci. 

A : Vous pouvez retrouver tous les épisodes d’ASPIC et les autres podcasts de la Gazette sur la page Studio Gazette sur Facebook, @studio_gazette sur Instagram et @studiogazette sur Twitter. Vous pouvez aussi échanger avec sur le serveur Discord de la Gazette du Sorcier, le Kiosque des Sorciers ; on a des chans dédiés à ASPIC et à Salut les Sorciers ! donc si vous voulez discuter avec nous plus en détails des épisodes, n’hésitez pas à nous rejoindre ! Vous pouvez aussi laisser un avis sur vos plateformes d’écoute préférées et, si vous aimez notre travail, vous pouvez aussi nous soutenir sur Tipeee : tipeee/gazette_sorcier. 

M : Et cher auditeur, n’oublie pas… 

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La conférence plénière de Loretta Ross est disponible en ligne. Vous pouvez retrouver nos épisodes sur les éditions 2020 et 2021.

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