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Résumé de Harry Potter, les raisons d’un succès

Isabelle Smadja est Docteur en Esthétique et agrégée de philosophie. Son livre Harry Potter, les raisons d’un succès, publié en novembre 2001, explore les quatre premiers tomes des aventures de Harry Potter, et les raisons pour lesquelles tant de personnes sont attirées par ces livres. Nous reprenons ici ses principaux arguments.

J.K. Rowling décrit un monde magique très proche du monde réel. Dans ses livres, le monde sorcier est même plus réel que le monde Moldu : alors que le monde Moldu est caricatural, celui de Poudlard est moins manichéen, et la découverte de ce monde plus nuancé le jour des 11 ans de Harry symbolise le passage à l’âge adulte. En parlant de sorciers, J.K. Rowling parle en fait de nous-mêmes.

L’utilisation des sorciers pour parler des hommes a trois fonctions, qui constituent les trois axes de l’ouvrage d’Isabelle Smadja : tout d’abord, cela présente une fonction esthétique, en introduisant une part d’exotisme. D’autre part, cela donne une fonction psychanalytique, et permet de déjouer la censure du Moi, en feignant de parler d’un autre monde, et non de nous-mêmes. Enfin, il y a une fonction pédagogique : le message moralisateur passe mieux par le biais de la magie.

Fonction esthétique

Harry Potter est un conte de fées moderne, mais qui prône un certain nombre de valeurs anciennes. En puisant dans toutes les mythologies, ainsi que dans l’histoire contemporaine, J.K. Rowling permet à toutes les cultures de se retrouver dans ses livres. Elle prône ainsi un retour au savoir encyclopédique, à l’humanisme.

Une autre recette du succès est dans l’extrême cohérence de l’intrigue, où tout a une explication – même la haine que Voldemort éprouve s’explique par son enfance. En donnant les explications au lecteur, J.K. Rowling l’implique, et elle lui donne même des indices en même temps qu’à ses personnages (par exemple le nom de Flamel apparaît dès le début du tome 1).

Enfin, le monde sorcier présente une partie de rêve. Le Poudlard Express représente la frontière entre le rêve et le monde réel

Psychanalyse

La vie de Harry appelle à l’inconscient du lecteur. En caricaturant les désirs refoulés de l’enfant, J.K. Rowling lui permet de les assumer et de les justifier. Ainsi, l’extrême injustice chez les Dursley justifie la haine envers son cousin (presque un frère), ce qui peut rappeler à l’enfant un sentiment de haine qu’il ressent malgré lui envers un frère ou une soeur avec qui il doit partager l’amour de ses parents.

Harry est aussi confronté au complexe d’Œdipe. Le sacrifice de sa mère, pour lui sauver la vie, en est le symbole. Et alors que les figures de remplacement du père sont nombreuses, la mère de Harry n’est jamais vraiment remplacée : certes, Molly s’attache à Harry, mais il ne se sent jamais totalement à l’aise avec elle, et McGonagall est trop stricte pour être une mère.

Dumbledore, lui, est une figure paternelle sans en avoir les défauts, puisqu’il laisse Harry libre de ses mouvements. Sirius remplace aussi en partie James, même s’il est moins responsable. Hagrid, qui introduit Harry au monde de la magie, est aussi un confident. Lupin et même Rogue sont parfois des figures paternelles : tous ces hommes présentent différentes facettes du père idéal, alors qu’aucune femme ne peut prétendre remplacer Lili.

Morale

À la fin de chaque tome, Dumbledore livre la morale de l’histoire. J.K. Rowling fait ainsi passer ses opinions, comme l’importance de la connaissance : l’érudition d’Hermione est indispensable, et les livres sont si importants qu’ils en deviennent vivants.

Pour J.K. Rowling, la souffrance est nécessaire au passage au monde adulte. Harry doit d’abord souffrir chez les Dursley, ce qui lui permet d’aborder la célébrité avec modestie ; il doit également souffrir face aux Détraqueurs. Supporter les Détraqueurs, ce serait assumer la mort de ses parents, et devenir adulte – et lorsque c’est trop difficile, le chocolat lui permet de revenir à l’enfance.

De nombreuses autres convictions de J.K. Rowling transparaissent : elle condamne le racisme et les distinctions sociales prônées par les Malefoy, l’aristocratie (Lord Voldemort), l’attrait de la gloire (Lockhart), les journalistes fouineurs (Rita Skeeter), la peine de mort (Buckbeak innocent mais condamné)…

La lutte entre le Bien et le Mal et bien évidemment au coeur des aventures de Harry Potter. Mais alors que le Mal prend de nombreuses formes différentes, de la méchanceté des Dursley à la dictature de Voldemort, le Bien revient toujours sous la forme d’une lutte non-violente pour des valeurs morales. J.K. Rowling justifie le droit de désobéissance, lorsqu’il est nécessaire pour défendre le Bien (pour sauver Sirius des Détraqueurs, il faut enfreindre la loi, mais c’est justifié). La principale question sur le dénouement du livre est donc, selon Isabelle Smadja : comment vaincre le Mal sans utiliser des moyens qui relèvent eux-mêmes du Mal ?

Harry Potter, les raisons d’un succès est publié chez PUF, dans la collection « Sociologie d’aujourd’hui ». 15€ (2 Gallions 6 Mornilles).

Isabelle Smadja sera présente sur le salon de discussion Sphère-Limpide ce soir, samedi 3 février, à partir de 21 h.

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