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Rencontre avec Jim Kay, le nouvel illustrateur d’Harry Potter

La semaine dernière, Bloomsbury annonçait qu’une nouvelle édition illustrée d’Harry Potter était en préparation. L’illustrateur Jim Kay, interviewé par The Guardian, a partagé sa joie d’avoir été choisi pour le projet, ainsi que sa vision et son admiration de l’univers d’Harry Potter. Voici une traduction de cette interview publiée ICI


Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous aviez été choisi pour illustrer la série Harry Potter ?

Les scientifiques disent que le Big Bang doit être suivi par le Big Crunch. J’ai l’impression d’avoir expérimenté cette théorie ; lorsque j’ai appris que l’on me confiait ce travail, ça a été une véritable explosion de joie, immédiatement suivie par une implosion de terreur paralysante. De mon point de vue c’est, sans aucun doute, le meilleur job que l’on puisse vous confier. J’ai ce besoin compulsif de tout contrôler, alors que l’on me donne l’opportunité d’imaginer les personnages, les vêtements, l’architecture, les paysages de ce qui est probablement l’univers fantastique le plus élaboré de toute la littérature jeunesse, eh bien disons que ça me rend extrêmement enthousiaste. Cependant, je suis également conscient de l’énorme responsabilité que cela représente, je veux m’assurer que je donnerai le meilleur de moi-même.

Y a-t-il un personnage ou un lieu que vous avez particulièrement hâte d’illustrer ?

Ce serait comme d’essayer de choisir l’objet le plus brillant de la caverne aux merveilles d’Aladdin : dès que vous ramassez un trésor, vous apercevez un autre joyau. Je ne pourrais même pas choisir une créature magique préférée pour le moment (peut-être un sombral ou un botruc, mais les gobelins sont aussi des personnages exceptionnels, et il ne faut pas oublier les trolls…vous voyez mon problème !). Je m’amuse beaucoup à imaginer les personnages, mais pour le moment, ma partie préférée est la conception de Poudlard. C’est la première fois que je dois construire quelque chose qui n’est soutenu que par magie – c’est plus dur qu’on ne le pense.

En tant qu’artiste, comment abordez-vous un travail comme celui-ci ? Par où commencez-vous avec un éventail de possibilités aussi large ?

Ça parait évident, mais vous commencez par le texte. L’histoire est la clef, je veux donc faire tout mon possible pour mettre en valeur la richesse de l’univers de Rowling. Ensuite, il y a toute une période de recherches, beaucoup de recherches. Les livres m’ont donné un autre regard sur les gens. Je suis toujours en train de scruter les foules à la recherche de visages intéressants. Pour un illustrateur, il n’y a pas de gens laids ou bizarres, ils sont tous intéressants. Heureusement pour moi, des personnes très intéressantes résident à Kettering. Les musées et les bibliothèques sont les endroits où je préfère puiser mon inspiration. Vous pouvez voir des choses comme une paire de chaussures médiévale, une vieille horloge ou un singe empaillé qui vous donnent tout de suite des idées pour les personnages de l’histoire, les choses qu’ils feraient, leur manière de marcher. Mon problème, c’est que lorsque je me mets à développer mes croquis, j’ai la fâcheuse tendance à réduire au minimum les éléments les plus fantaisistes. Ça prend du temps d’intégrer l’idée que, pour ce job, je peux me permettre quelques extravagances. Au dessus de mon bureau, le message “C’est du fantastique, idiot” me rappelle quotidiennement que j’ai le droit de m’amuser un peu.

Etes-vous un fan d’Harry Potter ? Si oui, quels sont vos premiers souvenirs de votre lecture de la saga ?

Je SUIS fan d’Harry Potter, même si, comme à mon habitude, j’ai rejoins la fête un peu tard. En fait, j’ai d’abord entendu la merveilleuse version audio de L’École des Sorciers lue par Stephen Fry avant de lire le livre, dans un premier temps parce que je m’étais retrouvé assis dans une rame de métro remplie d’écoliers qui parlait de Potter avec enthousiasme. Ce sont mes souvenirs d’une rentrée scolaire dans une nouvelle école qui m’ont vraiment permis de m’identifier à Harry Potter (nous avions déménagé lorsque j’étais jeune, et j’avais dû aller dans une nouvelle école immense où je ne connaissais personne). En tant qu’adulte, j’avais oublié combien l’école pouvait être difficile, et tout m’est revenu en mémoire, tout particulièrement en lisant L’Ordre du Phénix : l’angoisse des examens ! C’est incroyable de penser que tout l’univers d’Harry Potter, les rues, les magasins, les créatures magiques, les personnages, toutes ces choses extraordinaires proviennent du cerveau d’une seule et même personne ! Je trouve ça magique, que la matière grise de quelqu’un puisse en inciter d’autres à lire, jouer, et permettre la naissance de nouvelles idées. C’est comme un sortilège qui rebondirait d’une personne à l’autre, qui se relancerait au fur et à mesure. Je veux faire perdurer ce sortilège et, si possible, y ajouter ma petite touche personnelle. J’espère qu’au fil des ans, nous pourrons voir de nombreux illustrateurs s’y essayer, de la même manière qu’Alice au pays des merveilles inspire les artistes depuis plus d’un siècle.

Quel est votre personnage préféré dans l’univers d’Harry Potter ?

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C’est comme choisir votre album préféré, ça change tout le temps. J’ai un faible pour Neville, en particulier à cause de sa maladresse, mais on ne peut qu’admirer Hermione parce qu’elle passe des heures à la bibliothèque, elle est le ciment du groupe, l’histoire serait bien différente sans elle. Je veux en savoir plus sur Severus, il y a tellement de profondeur dans ce personnage. Mais visuellement, c’est forcément Hagrid, il a un cœur extraordinaire, enveloppé dans un corps énorme et pitoyable. Je considère la cabane d’Hagrid comme une prolongation de son corps ; il fait partie de Poudlard tout en gardant une certaine distance.

Quels étaient vos livres préférés lorsque vous étiez enfant ?

Je me souviens être assis dans mon lit avec un tome de la série Adventure de Willard Price dans les mains et une énorme livre documentaire comme L’Encyclopédie de l’histoire naturelle sur les genoux. Vous voyez, les livres de Willard Price racontaient l’histoire de deux frères qui partaient à la recherche d’animaux exotiques rares dans des pays lointains et finissaient toujours par se retrouver dans tout un tas de situations rocambolesques. Alors je lisais leurs aventures, puis j’allais me renseigner sur les animaux qu’ils avaient trouvés. Ces encyclopédies étaient si lourdes que j’en avais des fourmis dans les pieds au bout de quelques chapitres, mais peu importe, j’étais au paradis des intellos.

Qui sont vos illustrateurs préférés (classique ou contemporain) ?

Oh zut, il y en a tellement. Eric Ravilious pour ses toiles, Edmund Dulac pour ses couleurs sophistiquées, je trouve qu’Alexis Deacon est un dessinateur stupéfiant, peut-être l’illustrateur le plus doué qui existe. J’adore aussi le travail de Ian Miller; il réalise des illustrations magnifiques de châteaux, de chevaliers, de gobelins, et d’orques. J’adorerai voir sa vision d’Harry Potter,mais je pense qu’il faudrait des enfants plutôt courageux pour oser pénétrer dans le Poudlard de Miller.

Comment décririez-vous votre style artistique ?

J’ai tendance à adapter mon style à l’histoire, ce qui me complique considérablement la vie, mais c’est une bonne chose d’avoir à se démener continuellement. Si quelque chose n’est pas au moins un tout petit peu effrayant, ça ne vaut pas la peine de le faire. Je suis toujours en train d’apprendre en matière d’illustration, j’ai encore l’impression d’être un débutant (L’Ecole des Sorciers sera mon troisième livre). J’espère ne jamais m’arrêter d’apprendre, parce qu’il y a tellement de choses que je voudrais essayer, j’ai l’impression d’avoir à peine survolé le sujet.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent devenir artiste ou illustrateur ?

J’ai rencontré beaucoup d’enfants qui disent qu’ils ne savent pas bien dessiner ou peindre, et pensent donc que toute carrière artistique est impossible pour eux. C’est très triste, parce qu’ils ont souvent des idées incroyables, les idées sont pour moi les biens le plus précieux de tous ceux qui travaillent dans un domaine artistique. Dessiner ou peindre, c’est un peu comme jouer de la guitare, si vous vous exercez régulièrement, vous vous améliorez, alors il ne faut pas s’en faire pour ça, concentrez-vous sur vos idées, couchez-les sur le papier, parce que c’est ce qui vous différencie des autres. Et n’oubliez pas que si vous avez une idée brillante, son éclat sera perceptible même sur le plus laid des dessins, de la même manière qu’une excellente chanson peut naître de seulement trois accords de guitare.

Avez-vous une routine particulière en matière d’illustration ?

C’est extraordinairement ordinaire. Se lever, promener le chien, passer toute la journée et toute la nuit à dessiner, jeter tout le travail du jour à la poubelle, et aller se coucher en esperant que demain sera un de ces jours où quelque chose échappera à la poubelle. En ce moment, la poubelle mène 3-0. J’espère que demain, je marquerai quelques points.

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