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La Chronique de l’Inutile : Graup, sa vie, son oeuvre, sa conception du jardinage.

Aujourd’hui pour vous, Graup, le petit bonhomme de frère tout en mousse et en lichen d’Hagrid.


Vous vous en souvenez certainement, même si sa présence dans les livres est considérablement limitée. Peut-être vous a-t-il marqué parce qu’il faisait cinq mètres de haut. Alors qu’en fait, c’est tout petit pour un géant, cinq mètres. Ou parce qu’il appelait notre mademoiselle Je-Sais-Tout préférée « Hermy ». Ou encore parce que sa passion, sa vocation, la raison d’être de toute son existence est de déraciner tous ce qu’il trouve à sa portée, qu’il soit pin ou pédoncule.

Mais malgré son étrange intérêt à prendre les arbres pour des culbutos, Graup arrive souvent en tête de liste des personnages les plus inutiles de la saga. Prenez deux minutes pour réfléchir à ce que l’absence de Graup aurait changé à l’histoire. Réponse : Rien. Sauf peut-être pour Hagrid qui aurait possiblement réussi à conclure avec madame Maxime lors de leur charmante randonnée à travers l’Europe, s’il n’avait pas eu besoin de ramener avec lui le rocher ambulant qu’est son petit frère adoré, et n’aurait donc peut-être pas eu à finir ses jours avec un Scrout à pétard et un molosse bavouilleux pour seule compagnie.

Mais si Graup n’apporte pas grand chose d’un point de vue scénaristique, à mes yeux, toute son importance réside dans sa relation avec Hagrid. Depuis le tout début de la saga, Hagrid est présenté comme un marginal, un personnage un peu à part ; effrayant et monstrueux au premier regard, maladroit, gaffeur, négligent. Il a été abandonné par sa mère, a perdu son père peu après son entrée à Poudlard, et a été renvoyé lors de sa troisième année, mais il a, malgré tout, un cœur d’or.

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Au fil de l’histoire, Hagrid se voit affubler divers animaux de compagnie plus étranges et effrayants les uns des autres ; Norbert le dragon, Touffu, Aragog et sa flopée d’adorables bébés dévoreurs de chair humaine, les sombrals, sans oublier les Scrouts à pétards. Tous sans exception sont décrits comme dangereux et même si ce genre d’affirmation est difficile à contredire (Que celui qui est prêt à adopter Aragog lève la main !), on peut imaginer que ces créatures représentent pour Hagrid un moyen de montrer que ces bêtes sont bien plus que des êtres sanguinaires prêts à ne faire qu’une bouchée de la communauté des sorciers, mais que, tout comme lui parce qu’il est demi-géant, ces créatures sont rejetées, craintes, en raison de leur apparence ou de leur réputation, sans qu’on prenne le temps de s’y intéresser véritablement.

Parvati Patil, par exemple, est horrifiée lors du cours sur les sombrals dans L’Ordre du Phénix, s’exclame qu’ils « portent malheur », et cela lui suffit pour être terrifiée par ces créatures. Hagrid en revanche, va balayer ces superstitions et expliquer que les sombrals sont intelligents et très utiles, il souhaite que les élèves acceptent leurs différences et comprennent à quel point ce sont des créatures extraordinaires. Alors si son amour pour ces créatures peut sembler incompréhensible par moments, l’important est qu’il leur en donne, sans se préoccuper des préjugés et des idées reçues qui les entourent, contrairement au reste de la communauté magique.

Ceci pris en compte, on peut très facilement comprendre que lorsqu’il a eu vent de l’existence d’un demi-frère géant persécuté par ses semblables parce qu’il était trop petit, Hagrid, le demi-géant qui avait perdu toute sa famille, ait tout fait pour l’aider et le ramener avec lui pour lui donner une vie meilleure dans la forêt interdite (même si cela impliquait de la partager, les forêts de plusieurs hectares en bordure de château, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un centaure).

Et toute l’importance de Graup réside pour moi dans le fait qu’il est un membre de la famille d’Hagrid et que ce dernier va lui donner autant sinon plus d’amour et d’attention qu’à toutes les créatures dont il s’est déjà occupé. En éduquant et en prenant soin de son petit frère géant, Hagrid montre qu’il n’aime pas seulement les créatures monstrueuses, mais qu’il est prêt à tout pour rendre heureux le seul membre de sa famille qu’il lui reste. Et cela est d’autant plus vrai lorsqu’il demande de l’aide à Harry et Hermione ; il ne veut pas laisser Graup seul, il ne veut pas l’abandonner comme il l’a lui-même été.

De plus, le fait que cela se produise au moment où Ombrage fait tout pour le décrédibiliser et le renvoyer de Poudlard souligne l’opposition entre les deux personnages et la façon dont Hagrid et la communauté des géants sont perçus dans le monde magique ; à Poudlard, dans les yeux de Harry et sous la protection de Dumbledore, Hagrid est vu comme un homme au grand cœur, malgré ses bourdes et sa cuisine désastreuse. Mais en dehors de Poudlard, pour des personnes comme Ombrage ou Cornelius Fudge qui sont des membres éminents du gouvernement et sont donc supposés avoir reçu une certaine éducation, il reste un hybride à l’apparence effroyable qui a davantage sa place dans un zoo que dans une école.

Ombrage, lors de son inspection du cours de soin aux créatures magiques, ne cherche pas à comprendre Hagrid, elle le catalogue immédiatement comme quelqu’un dépourvu d’intelligence et hautement dangereux. Elle incarne tous les préjugés du monde magique envers les hybrides et les créatures de toute sorte. Le simple fait qu’Hagrid ait eu autant de mal à le ramener jusqu’en Ecosse puis besoin de le cacher une fois à Poudlard, montre à quel point les préjugés envers les « créatures à intelligence presque humaine » comme dirait Ombrage, sont profondément ancrés dans la culture du monde magique.

Les sorciers n’ont pas conscience de ce qu’ils infligent aux autres êtres magiques (la fontaine de la fraternité magique en est un bon exemple) tant leur éducation les a poussé à considérer certaines créatures comme dangereuses. La réaction de Ron lorsqu’il apprend la véritable nature d’Hagrid, parle d’elle-même : « Harry, les géants…sont…Ils ne sont pas très agréables» : son éducation exclusivement sorcière l’a formaté à considérer tous les géants comme des créatures assoiffées de sang.

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Alors qu’Hagrid, malgré les attaques constantes d’Ombrage ou des élèves de Serpentard, malgré son statut d’ « hybride », malgré l’avertissement de Firenze, continuera de protéger son frère coûte que coûte. Et tous ces efforts portent leurs fruits, puisque Graup montre à plusieurs reprises de l’affection pour Hagrid, le réclame après qu’il ait fuit Poudlard (« HAGGER ! »), fait des progrès en anglais (mais la concordance de temps c’est pas encore ça.), et finira même par assister à l’enterrement de Dumbledore.

Et si Hagrid ne comprend pas à quel point Harry et Hermione sont réticents à l’idée d’apprendre l’anglais au jardinier en herbe, c’est certainement tout simplement parce qu’il ne conçoit pas que l’apparence seule de Graup puisse les effrayer. Car au fond, qu’y a-t-il d’effrayant chez un bébé géant qui ne déracine que la moitié de la forêt interdite ? Probablement rien, du moment qu’il ne touche pas aux merveilleuses citrouilles d’Hagrid.

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